Shlomo Venezia - Auschwitz Birkenau 1
Il m'arrive souvent, aujourd'hui, de me poser la question : qu'aurais-je fait s'ils m'avaient obligé à tuer moi-même ? Qu'aurais-je fait ? Je ne sais pas. Est-ce que j'aurais refusé, tout en sachant qu'ils m'auraient tué sur-le-champ ?
-" Qu'est-ce qui a été détruit en vous par cette expérience extrême ?"
- La vie. Je n'ai plus jamais eu une vie normale. Je n'ai jamais pu prétendre que tout allais bien et aller, comme d'autres, danser et m'amuser en toute insouciance...
Tout me ramène au camp. Quoi que je fasse, quoi que je voie, mon esprit revient toujours au même endroit. C'est comme si le "travail" que j'avais dû faire là-bas n'était jamais vraiment sorti de ma tête...
On ne sort jamais vraiment du crématoire.
" Ou sont ma mere et mes soeurs ? " . Il ne m'a pas répondu et s'est contenté de me prendre par le bras pour m'amener jusqu'à la fenètre . Là , il m'a montré du doigt la cheminée du Crématoire . J'ai regardé , incrédule , ce qu'il me montrait et j'ai compris qu'il me disait en yiddish : " Tous ceux qui ne sont pas venus avec nous sont deja en train de se liberer de cet endroit . "
En revanche , dans mon wagon , un homme que je ne connaissais pas est mort à coté de moi . (...) Il est mort mais nous étions si serrés que le cadavre est resté debout , appuyé entre mon frere et moi sans que l'on s'en rende compte .
Je sais qu'en dehors du sonderkommando des tentatives d'evasion ont eu lieu.Mais quand ils l'ont raconte,personne ne les a cru.Les gouvernements,Churchill et les autres,n'en avaient rien a faire des Juifs,ils voulaient simplement gagner la guerre.S'ils avaient voulu sauver les Juifs,ils auraient pu le faire plutot
Nolte affirme explicitement la specificite de la solution"finale",tout en maintenant fermement qu'elle ne constituait pas une premiere,mais une copie;dans la mesure ou elle visait la complete annihilation d'un peuple mondial,elle(solution finale)differe fondamentalement de tous les autres genocides;elle est l'image en miroir de la complete annihilation d'une classe mondiale visee par le bolchevisme
Témoigner représente un sacrifice énorme. Ca ranime une souffrance lancinante qui ne me quitte jamais. Tout va bien et, tout d'un coup, je me sens désespéré. Dès que je ressens un peu de joie, quelque chose en moi se bloque immédiatement. C'est comme une tare intérieure ; je l'appelle la "maladie des survivants". Ce n'est pas le typhus, la tuberculose ou les autres maladies qu'on a pu attraper. C'est une maladie qui nous ronge de l'intérieur et qui détruit tout sentiment de joie. Je la traîne depuis ce temps de souffrance dans le camp. Cette maladie ne me laisse jamais un moment de joie ou d'insouciance, c'est une humeur qui en permanence érode mes forces.
Seuls les hommes du Krematorium III, dont la participation à la révolte a été immédiatement bloquée par le Kapo Lemke et les gardes allemands, sont restés en vie. Shlomo Venezia faisait partie de ces hommes-là.
Les gens gardaient l’espoir qu’en faisant ce qu’on leur disait, ils seraient épargnés. C’était l’inverse.
Cela me réconforte de savoir que je ne parle pas dans le vide, car témoigner représente un sacrifice énorme. Ça ranime une souffrance lancinante qui ne me quitte jamais. Tout va bien et, tout d’un coup, je me sens désespéré. Dès que je ressens un peu de joie, quelque chose en moi se bloque immédiatement. C’est comme une tare intérieure ; je l’appelle la « maladie des survivants ». Ce n’est pas le typhus, la tuberculose ou les autres maladies qu’on a pu attraper. C’est une maladie qui nous ronge de l’intérieur et qui détruit tout sentiment de joie. Je la traîne depuis ce temps de souffrance dans le camp. Cette maladie ne me laisse jamais un moment de joie ou d’insouciance, c’est une humeur qui en permanence érode mes forces.