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Citations de Shôhei Ôoka (31)


Ne serait-ce que pour juger si elle est bien prise ou non , une photo est susceptible d’un grand nombre de lectures différentes. Il semble qu’en général personne ne trouve sa propre image ressemblante. Non qu’elle nous ressemble pas en réalité , mais seulement par ce qu’elle ne ressemble pas à ce que nous voudrions être: tel est le cas le plus fréquent.
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Quand le cœur d'un amoureux se rend à la vérité, combien triste est la vérité !
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A peine Michiko se fut-elle avoué son amour qu'elle ne pensa qu'à l'étouffer. Elle avait beau n'aimer plus son mari, il lui semblait que son devoir d'épouse lui interdisait irrémédiablement de reporter ses sentiments sur un autre homme. Encore moins sur le cousin Tsutomu.. Elle lui avait trop longtemps donné, dans l'histoire de son cœur, le rôle d'un jeune frère chéri, pour ne pas trouver soudain monstrueux d'avoir à parler d'amour à son sujet.
Michiko n'avait encore jamais connu l'amour. Ce qu'elle en avait lu, jeune fille, dans les romans, était généralement voué à une conclusion funeste. Elle ne se sentait ni la force, ni le désir de l'affronter. On peut penser que dès lorigine, en effet, la passion même dont elle avait brûlé pour son mari nétait pas de l'amour.
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Il se promenait souvent seul au bord de la mer. Les jours de beau temps, au soir, on pouvait voir le mont Fuji de l'autre côté de la baie de Sagami. Il avait l'air plus grand qu'au Crû, plus gros, précédant à droite la chaîne de Tanzawa, à gauche sa troupe de volcans alignée de Hakone à Amagi ; sa silhouette se détachait nettement dans le ciel au couchant. La grande faille qui traverse l'archipel du Japon avait produit ce cône parfait, parce que au long des âges de formation de la Terre le cratère ne s'était jamais déplacé, expulsant continuellement laves et scories, ainsi que Tsutomu se rappelait l'avoir lu dans la bibliothèque du vieux Miyaji. S'il avait assez de patience, leur amour aussi, peut-être, trouverait les moyens et l'occasion de se réaliser un jour...
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Le ciel était couvert. Le Fuji était coiffé de nuages épais, les conifères portaient des traces de lave récemment projetée large et verdoyant, le pied de la montagne s'offrait seul au regard. Le hall de l'hôtel était désert; des échantillons de roches volcaniques, des spécimens de papillons des plaines s'y imprégnaient de poussière.
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Au loin, sous des nuages que le soleil couchant teignait d'un rouge pivoine, parut le mont Fuji. Les pentes en étaient déjà toutes couvertes de neige et seules, autour du sommet, les projections de lave laissaient leurs traces noires.
La beauté de ce cône volcanique avait autrefois représenté pour lui l'éternité de leur amour : c'est maintenant la mort qu'elle évoquait.
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Le désir d'Akiyama était bien sûr alimenté par les coquetteries de Tomiko, mais tirait son origine de l'insatisfaction charnelle où le laissait sa propre épouse. II fût allé depuis longtemps chez des prostituées sans sa parcimonie naturelle et une terreur maladive de la contamination vénérienne. Tomiko, femme mariée, ne présentait aucun risque sur ce point et il n'y avait pas besoin de la payer ; elle remplissait donc toutes les conditions. [...]
De tels calculs sont plus propres qu'on ne croit à déclencher une banale affaire d'adultère, mais demandent évidemment en outre l'immoralité des participants.
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- Papa, dis-moi ce que je peux faire ?
La tombe ne répondit évidemment rien, mais Michiko se rappela la fermeté des principes sur la vie et la mort dont, en digne fils de samouraï, son père s'enorgueillissait quelquefois.
- Quand j'étais enfant, les Japonais s'ouvraient encore le ventre. Le seul but de l'interdit chrétien du suicide est d'empêcher que les esclaves ne ruinent leur maître en se tuant l'un après I'autre. Le confucianisme est bien loin de cette pensée molle ! On meurt, et s'il faut mourir, on se tue. Voilà comme doit agir le Sage. Notre hara-kiri est dans le droit fil de la pensée de Confucius.
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Et si à ce moment-là la colère était capable de me faire vomir, c’était que je n’étais plus un homme.
J’étais un envoyé du ciel. Je devais exécuter la colère de Dieu
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Ce qui me réveilla encore une fois, ce fut le son du canon. La nuit était presque terminée. Le bruit et la fumée saturaient le ciel de l’autre côté du cours d’eau. Les explosions qui se rapprochaient de nous se succédaient sur un rythme de plus en plus dense. Le son du canon était violent, très proche, et bientôt mêlé de grondements semblables à des roulements de tonnerre. De l’autre côté des collines, dans le ciel au-dessus de la compagnie que j’avais quittée, un avion de reconnaissance décrivait des petits cercles comme un rapace visant sa proie. Apparemment, c’était là que le bombardement avait lieu.
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Je reçus une gifle. Le lieutenant me dit, très vite, à peu près ceci :
- Imbécile ! On te dit de revenir, et toi tu reviens, comme ça, sans rien dire. Il fallait insister, dire que tu ne savais pas où aller. Alors ils t'auraient accepté à l'hôpital. Ici, nous n'avons pas les moyens de nourrir un tuberculeux comme toi.
p 7
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La bise commença à faire gémir la cime des arbres. La surface du lac s'était soudain couverte de vagues triangulaires. On voyait en quelque sorte leur tête blanche se courber sous les pas du vent qui gagnait le cæur du lac.
La pluie leur battit les joues. IIs se relevèrent et remontèrent sur la route. La plaine de Musashi fumait déjà, les nuages s'amoncelaient. Une fois passé le second barrage de retenue, les deux amants furent emportés par un vent violent qui ne connaissait pas de répit.
Les eaux du lac supérieur surplombaient de six mètres celles du lac inférieur, fermées au fond par les hauteurs qui bordaient les collines à l'ouest et dominées par les montagnes du Kantô, auxquelles une couronne de nuages donnait des airs de femme échevelée. Au bas de cette digue, les eaux tombaient dans l'étang inférieur avec une brume de gouttelettes blanches que le vent, de temne temps, dissipait.
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Il ne croyait pas aimer Michiko. Tout le problème était de savoir, si après avoir affirmé devant la femme d’un autre que l’adultère était légitime. Il devait ou non en octroyer le droit à la sienne. du moins lui faudrait-il feindre de le faire en présence de Tomiko
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Tout ceci n'est peut-être qu'une illusion mais je ne puis mettre en doute ce que j'ai ressenti. Le souvenir aussi est une expérience.
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Les hommes qui n’ont pas connu la guerre sont encore des enfants.
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Quelque chose d’inexprimable me poursuivait. Il était évident que là où j’allais il n’y avait rien d’autre que le désastre et la mort, mais une sombre curiosité me poussait peut-être à explorer ma solitude et mon désespoir jusqu’à l’instant de mon dernier souffle, jusqu’à ce que la mort vienne y mettre fin dans un coin inconnu de la campagne tropicale.
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Les aspects variés de la nature où il est envoyé pour se battre n'ont aucune signification à ses yeux si ce n'est celle qui découle d'un point de vue strictement stratégique. C'est cette absence de signification qui le soutient et qui est la source de son courage.
Au moment où la cohérence de cette absence de signification est ébranlée par la lâcheté, à moins que ce ne soit par la réflexion, le pressentiment de la mort, qui a encore moins de signification pour l'homme vivant, en profite pour s'installer.
p 20
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La mort n’était déjà plus une idée, mais une image palpable. Je m’imaginais sur la rive, le ventre déchiqueté par ma grenade. Je pourrirais sans doute, mon corps se décomposerait en divers éléments, et la majeure partie de ma chair, dont on disait qu’elle était composée aux deux tiers d’eau, se liquéfierait pour aller se mélanger au torrent.
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La femme cria. C'était ce qu'on appelle en japonais un "cri de détresse". Ou plus exactement, c'était un cri de bête qui n'avait aucun rapport avec les sentiments humains tel que la détresse. Si la race humaine en se mettant debout n'avait pu conserver la liberté de sa cage thoracique, elle n'aurait sans doute pas pu produire un pareil hurlement. son visage se tordit, et tout en continuant de crier à intervalles réguliers, ses yeux ne quittaient pas mon visage. Ma réaction fut la colère.
Je tirai. Il me sembla que la balle l'atteignit en pleine poitrine.
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C'était le vide qui croupissait dans le coeur d'une femme, ballottée à Tôkyô durant vingt ans dans les vagues de la société de consommation, changeant de partenaires comme de vulgaires vêtements. Avait-elle réellement vécu jusqu'à présent ? On pouvait en douter. Et maintenant, était-elle vivante ? Ce n'était guère plus sûr. sa vie, dévorée par l'alcool et les hommes, se confondait en vérité avec la mort; et l'on pouvait dire qu'aujourd'hui elle avait déjà cessé de vivre

p130
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