Parmi les instruments de l’émancipation, le suprême est la dévotion. La contemplation de la forme réelle du Soi véritable (l’Atman qui est identique au Brahman) est dite dévotion.
Je ne subis ni aversion, ni attirance,
Ni avidité, ni égarement ;
Je n'éprouve ni orgueil ni envie ;
Je n'ai ni contrainte, ni intérêt, ni désir,
Ni délivrance à espérer :
Forme de la Bienheureuse Conscience,
Je suis Shiva, je suis Shiva.
Ayant abandonné les trois désirs, voyant le chemin de la libération et assurant le maintien du corps avec le nectar des aumônes, les Fortunés réalisent dans le secret de leur cœur la Lumière supérieure à la Prakriti et qui est appelé le Soi Suprême.
Ni existant, ni inexistant, ni à la fois existant et inexistant, ni grand, ni petit, ni masculin, ni féminin, mais Source unique, ceux par qui l'Absolu est ainsi médité avec leur mental unifié, ces Fortunés resplendissent. Les autres sont enchaînés par les liens de la transmigration.
(Huitaine des Fortunés, les sannyasins nantis d'Absolu)
Seul, existe Brahman, l'Un sans second ; ce Brahman qui est au delà de tout attribut - qui n'est pas composé de parties - qui est plus subtil que le plus subtil - absolu et pur de toute souillure ; en Lui, il n'y a pas de trace de dualité ! (verset 468)
Cet univers visible a sa racine dans le mental ; il cesse d'exister dès que le mental est annihilé.
Par conséquent, dissous ton mental en le concentrant sur le Soi suprême : ce Soi est ton intime Essence ! (verset 407)
Le mot Upanishad est formé de la racine sad [détruire], des préfixes upa et ni, et du suffixe nommé kvip. Une Upanishad est ainsi nommée, car elle affaiblit puis détruit le cycle des expériences commençant avec la naissance. (p. 95)
Après avoir soutenu la pensée : « Je suis le corps », la personne stupide en reste là hélas !,
et même après avoir compris : « ce corps est à moi », elle est comme le spectateur du pot constamment.
Commentaire :
Nous nous identifions au corps ; nous nous prenons pour lui. Quelle erreur stupide pourtant ! Le corps n'est pas ce que je suis ; il est ce que j'ai, il m'appartient. Śaṅkara prend l'exemple d'un pot : le pot est à moi, il n'est pas ce que je suis ; il est ce que je vois. De même pour le corps.
L'univers est une série ininterrompue de perceptions de Brahman ; il n'est donc, à tout égard, rien d'autre que Brahman.
Désormais, en toute circonstance, observe cet univers avec les yeux de l'âme illuminée, et maintiens ton mental dans la sérénité.
Est-ce que celui qui a des yeux pour voir, a jamais distingué à la ronde autre chose que des formes ?
Hormis Brahman, il n'est rien qui puisse captive l'attention d'un Être de réalisation. (verset 521)
L’action est incompatible avec la connaissance métaphysique puisqu’elle est accompagnée du sentiment d’ego. Mais dans le Vedanta, il est enseigné que la connaissance métaphysique est la conviction : « Je suis le Soi immuable. »
L’action qui se produit est basée sur le sentiment « je suis celui qui accomplit l’action, cela m’appartient ». La connaissance métaphysique concerne la réalité en tant que déjà existante ; dans les Veda, les actions prescrites s’adressent à celui qui se croit capable d’agir.
La connaissance annihile les facteurs de l’action tout comme elle annihile la notion que l’on puisse voir de l’eau dans le désert [dans le cas d’un mirage]. Après avoir reconnu que cela est vérité, comment pourrait-on s’engager dans l’action ? (p. 93)
Bien que le soi soit en tout temps et dans toutes choses, il ne peut briller
nulle part, sauf dans la conscience, tout comme une réflexion ne peut
apparaître que sur une surface polie.