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Critiques de Shûsaku Endô (124)
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Silence

Le silence règne sur les montagnes. Sur la mer. Sur un pays. Aux cieux. Ce silence oppressant, aussi lourd à porter qu'une croix sur son épaule. le Japon s'est ouvert aux portugais, pour le commerce. Les portugais y apportèrent la paix du Christ ou du moins leur religion. Des prêtres convertirent les paysans au christianisme. La foi devant le Seigneur fut grande et pleine d'espoir. Mais le Japon est-elle une terre d'asile pour cette religion ? Des bruits venus de cette île font état de persécutions sur ces néo-chrétiens. Bravant le danger, l'incertain, le voyage, les années, la mer, la maladie, la piraterie, la mort - quelle expédition ! – deux envoyés de Dieu débarquent sous une lune éclairée - et sa bienveillance clarté ? - sur cette terre si hostile aux ouailles du même Dieu.



Une plage déserte, une croix au sommet de la montagne, une pluie déchirante, mauvaise augure...



Je chemine donc en silence (le silence étant ce qui me caractérise le mieux) cet extraordinaire voyage (autant que celui d'un samouraï du même auteur) avec tous les questionnements qui s'imposent. Sur la foi. Sur Dieu. Sur la barbarie humaine. Sur l'âme. Entre chaque question intérieure, tu me réponds par un silence. Un silence que j'accepte au début comme une mise à l'épreuve de ma foi. Mais le silence devient torture, la torture s'en prend à des paysans, les paysans sont crucifiés, noyés, saignés. le silence demeure. L'homme meurt. le silence oppresse, divise même mon esprit. J'attends que tu me répondes, Dieu, sur ce que tu attends de moi, de nous, simples missionnaires venus répandre ta foi et ta compassion sur la terre, une terre boueuse et devenue bien silencieuse.



La nuit, tandis que la lune monte, je regarde le ciel et ses étoiles qui clignotent comme autant d'âmes venues s'évaporer dans les volutes de la Voie Lactée. La mer se démonte contre les falaises de cette île silencieuse. La pluie se fracasse dans un bruissement continu et hurlant. Ai-je envie de hurler mon cri de douleur et de désespoir à la face de ce monde ? Pourtant je n'entends que le bruit des vagues et le croassement des corbeaux répondants au coassement des grenouilles. Lugubre. Funeste. Les missionnaires espèrent, attendent, prient. Pour leur salut. Pour celui des chrétiens. Pour celui des âmes perdues. Croyant ou pas, j'assiste impuissant à ces séances de torture organisées par le chef suprême. La torture physique devient psychologique. Ne pas les tuer. Ne pas en faire des martyrs. Un missionnaire soumis qui renonce à sa religion aura toujours plus de poids et de force qu'un missionnaire mort. Là est la vraie torture, le faire douter de sa foi, de son Dieu, jusqu'à l'apostasie. Un Dieu qui a choisi de garder le silence, un silence si oppressant qu'il en est devenu incompréhensible pour qui veut garder la foi devant tant de cruauté humaine. Comme un signe d'abandon.



[...]
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Le fleuve sacré

Les voies qui mènent au fleuve sacré, but ultime des hindous au terme de leur vie, sont diverses. Ainsi les japonais qui effectuent le voyage guidé par Enami, un guide blasé de recueillir les mêmes remarques sur le mode de vie des autochtones, sont venus chercher, qui, la réincarnation de l’épouse partie trop tôt, qui des souvenirs pixelisés, qui encore un repos de l’âme tourmentée par les terribles réminiscence de la guerre en Birmanie. Pour Mitsuko, c’est encore plus complexe, car elle ne sait pas exactement ce qui la guide sur les traces d’Otsu, un prêtre qu’elle fit souffrir lorsqu’ils étaient étudiants dans la même université.



C’est donc avec ce petit groupe hétéroclite que Shukazu Endo nous offre de faire la visite des lieux touristiques de l’Inde, à ceci près que nous n’en ressentirons les odeurs et que nous ne percevrons les couleurs qu’à travers les mots de l’auteur.



Suivre l’itinéraire ce chacun des personnages est très captivant. Chaque histoire est singulière et riche de ressentis. Mitsuko, particulièrement éveille l’intérêt , par la complexité de ses motivations et le double aspect de sa personnalité.



Si l’autre semble un peu s’égarer dans la deuxième moitié du roman, avec des redites, des lacunes dans le récit, et si l’issue aurait pu laisser présager une suite (mais l’auteur a disparu en 1996, et ce roman publié en 1993 laissera au lecteur le loisir d’imaginer les conséquences de leur pèlerinage. Ou alors faire l’aphorisme taoiste, qui dit que le but du chemin est le chemin.)



Belle lecture , grâce à la sensibilité bien exprimée de l’auteur et au parcours proposé au coeur de l’Inde moderne et de ses contrastes.
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Le fleuve sacré

L’œuvre de Shûsaku Endô, écrivain japonais de confession catholique, est empreinte de mysticisme. Son roman “Le fleuve sacré” paru en 1993 se déroule en partie en Inde, le titre faisant bien sûr référence au Gange qui arrose le nord du pays.



Les quatre personnages principaux, en quête de spiritualité, font partie d’un groupe de touristes nippons atterrissant à Dehli en cet automne 1984.

Assez curieusement, peu de temps avant d’entreprendre ce voyage dont chacun espère tirer quelques bienfaits, ces trois hommes d’un certain âge et cette jolie trentenaire sont passés tour à tour par “la case hôpital” :

Le premier de ces messieurs vient de perdre sa femme emportée par un cancer foudroyant.

Le deuxième a vu s’éteindre à petit feu l’ami qui lui a sauvé la vie quatre décennies auparavant pendant la campagne de Birmanie.

Quant au troisième, remis d’une opération chirurgicale de la dernière chance, il pense souvent à son compagnon le mainate mort dans sa cage sur le toit de l’hôpital.

Mitsuko est à ses heures perdues accompagnatrice bénévole en milieu hospitalier et son dévouement est inversement proportionnel au peu d’estime qu’elle a de soi.



La personnalité et le cheminement de ces quatre protagonistes sont longuement évoqués à seule fin de montrer combien les aléas de la vie peuvent brusquement chambouler les certitudes, les croyances, les orientations de chacun.

La première moitié du roman permet de voyager sous maintes latitudes et notamment en France dans les Landes ainsi qu’à Lyon. Le lecteur appréciera ce petit tour du monde offert par un Shûsaku Endô particulièrement inspiré.



“Le fleuve sacré” dans sa seconde partie s’essouffle un peu, à l’image du débit du Gange dont les méandres invitent à la purification ou à la mélancolie.

Varanasi, haut lieu de l’hindouisme où la pureté et la saleté, le sacré et le profane, la charité et la cruauté se combinent et se côtoient en même temps, est l’ultime destination de ce voyage perturbé au final par une actualité tragique : l’assassinat de la Première ministre Indira Gandhi.



Ce premier contact avec Shûsaku Endô est plus que satisfaisant dans la mesure où le message véhiculé, loin de tout arbitraire, transpire de tolérance. Par les temps qui courent, dieu que c’est appréciable !



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La fille que j'ai abandonnée

A lire le titre, je me suis senti légèrement piteux, et c'était même moins une lettre…Parce que, vraiment, si tu cherches bien mon grand, n'as-tu jamais de ta vie laissé tomber une gentille fille ? Hein ? Donc, c'est avec un léger sentiment de culpabilité que j'entamai la lecture de ce roman, histoire de lire, enfin, le célèbre et original Shûsaku Endô. Original parce que de confession chrétienne, ce qui au Japon est une rareté. S'il a largement exploité ce thème dans ses romans les plus connus, Silence, et le Fleuve sacré, La Fille que j'ai abandonnée, qui au départ ne semble pas aborder cette thématique, va finalement y venir puissamment.



L'histoire se déroule au sortir de la seconde guerre mondiale, pour l'essentiel dans l'agglomération de Tokyo. Le Japon vaincu est occupé par l'armée américaine, l'économie est exsangue, beaucoup de gens sont miséreux. Yoshioka est un étudiant qui vit en co-location avec un ami dans un logement miteux qu'ils ne font rien pour rendre propre. Outre leur rêve d'ascension sociale, ils ne pensent qu'à découvrir les filles. Yoshioka va passer une petite annonce (papier bien sûr, avant l'ère des sites web de rencontres !). Ce profil d'étudiant est valorisant, et va attirer la petite ouvrière Mitsu. Elle est plutôt laide, laborieuse, d'une générosité désarmante (elle ne peut s'empêcher de donner le peu qu'elle gagne aux pauvres et aux faibles), trop aux yeux de Yoshioka qui la trouve idiote de sensiblerie et n'a pensé qu'à une rencontre unique pour profiter d'elle sexuellement (bon, un one-shot, quoi !). Mitsu a le coup de foudre, lui fait son affaire, mal et à la va-vite, non sans avoir remarqué que Mitsu a une curieuse tache rouge au bras. le jeune homme disparaît ensuite sans plus penser à cette souillon. Il trouve un bon boulot, y noue une idylle avec Mariko, la fille du patron, dont il découvre rapidement qu'elle travaillait à l'usine avec Mitsu à l'époque de leur rencontre. Yoshioka éprouve peu à peu un vague sentiment de culpabilité à l'égard de Mitsu. Qu'est-elle devenue ? Il va tenter de la retrouver. S'il y parvient assez vite, elle qui l'aime toujours est anéantie : elle se pense gravement malade…et si le destin de Yoshioka va poursuivre sa linéarité, devenu jeune cadre dynamique, il épousera Mariko, celui de Mitsu, qui donnera encore tout son coeur pour les faibles, va se retourner à plusieurs reprises et de manière inattendue.



J'ai trouvé ce roman assez bouleversant. Il témoigne de la misère, et des épidémies qu'un pays peut connaître lorsqu'il est détruit par la guerre. La pauvre Mitsu est une fille pleine de naïveté, qui se dévoue pour les autres en s'oubliant, en se privant de tout, et le sort s'acharne sur elle. Elle est une invisible, qui a renié sa famille, voudrait aimer la terre entière quand elle ne reçoit d'amour de personne. On a envie de crier à l'injustice. Yoshioka et elle se partagent le statut de « tête d'affiche », mais souvent dans leurs vies parallèles, eux qui n'ont pas la même destinée sociale. Un très bon roman, souvent émouvant, jamais larmoyant, duquel, des deux personnages aux caractères plus complexes qu'il n'y paraît, s'impose en majesté la figure de Sainte Mitsu.



Ce roman se lit avec plaisir, le style est agréable. Il m'a paru assez occidental, et moderne. Point de folklore ici, c'est une histoire universelle. Car ce qui m'a touché ici, c'est le rejet de l'autre, l'exclusion parce qu'on est pauvre, moche, gros, handicapé, malade, ou étranger, bref, un sujet qui est et sera toujours d'actualité dans tous les pays du monde (et qui malheureusement se décline aujourd'hui en d'autres fractures de toutes sortes). Ce rejet de la différence commence à l'enfance, et provoque des souffrances indélébiles. Et puis évidemment cette terrible fatalité, ce traître destin qui peut nous faucher demain au coin de la rue, et qui fait douter de Dieu lorsqu'il frappe d'abord les Justes. Je ne suis pas croyant, et pourtant, le message de l'auteur, dont la foi déborde du livre, m'a d'abord touché par son humanité.

On pourra éventuellement s'étonner que le romancier ait lancé des pistes d'inflexion du scénario sans finalement les exploiter, inexplicablement. Par exemple, Yoshioka sortant avec Mariko, ne peut s'empêcher d'aller une fois aux prostituées, se fait surprendre par un collègue, qui commence à lui faire du chantage...Yoshioka pense comme nous avec angoisse que Mariko va l'apprendre, et puis finalement non, tout s'arrête. Et je pense encore à deux points précis, assez cruciaux, mais que je ne citerai pas, de peur de trop en dire !



Un dernier point important : l'auteur a écrit ce livre en 1964, et au soir de sa vie, trente ans plus tard, il signe une postface dans laquelle il dit s'être inspiré de l'histoire vraie d'une femme pour le personnage de Mitsu. Il affirme également : "Dans La fille que j'ai abandonnée, j'ai tenté d'esquisser un parallèle entre Mitsu et Jésus, abandonné lui aussi, par ses disciples d'abord, et par nous tous ensuite, dans notre vie quotidienne. Mitsu n'a pas cessé, depuis, de revivre en moi."

Il faut aussi avoir en tête que l'auteur a été de santé fragile durant toute sa vie. Atteint de tuberculose, il a beaucoup tiré de son expérience personnelle pour écrire sur la maladie et les hôpitaux.



L'oeuvre de Shûsaku Endô est assez restreinte en quantité, mais apparemment elle n'est faite que de grands livres. De quoi poursuivre la découverte de cette voix à part, mais d'une portée immense dans la littérature japonaise.

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Silence

Le sujet est vieux comme le monde et ça continue d’ailleurs ! D’un côté : évangélisation, persécutions, guerres de croyances, exactions, tortures et atrocités… et de l’autre la Foi, sa force et le don de soi pour sauver ses prochains et …se sauver.

Ce livre nous révèle un pan de l’histoire du Japon du XVII siècle, nous sommes en 1638 les chrétiens sont chassés et persécutés, une rumeur arrive à Rome, le père Ferreira grand missionnaire estimé aurait apostasié sous la torture. Deux Jésuites Portugais, Sébastien Rodrigues et François Garpe ayant eu Ferreira pour chef spirituel, décident de partir et d ‘enquêter sur ces rumeurs d’apostasie…

Le livre nous est conté sous forme de journal nous vivons les doutes, les souffrances et la révolte de Sébastien Rodrigues. Le silence, c’est le silence de Dieu devant la souffrance, l’indifférence de tous et de tout devant la mort.

Shusâku Endô écrit merveilleusement, j’ai été touchée par la force et la beauté du récit. Son écriture est poétique, malgré la dureté du sujet. La nature tient sa place, le clair de lune et son éclairage énigmatique, la nuit noire et l’angoisse qu’elle engendre. Enfin comme en opposition au Silence de Dieu, son récit est aussi très sonore, par exemple, les cris de la cigale qui reviennent incessamment dans les moments tragiques, la pluie qui tambourine souvent, les enfants qui chantent …

J’ai aimé la chute qui donne toute sa dimension au récit, mais je reste toutefois mitigée, trop de parallèles « simplistes » entre certains évènements et la vie du Christ (enfin c’est mon opinion)

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Silence

Japon, début de la période Tokugawa, le pays se referme comme une huitre, expulse les Espagnols et les Portugais, chasse et persécute les chrétiens. Trois jeunes prêtres partent au Japon pour enquêter sur la rumeur prétendant que leur mentor a renié sa foi et poursuivre son œuvre évangélisatrice.



En me procurant ce livre je m’attendais à apprécier une œuvre d’aventures me permettant de découvrir de l’intérieur (j’entends de la part d’un japonais) les coutumes, les codes, les décors du Japon du XVIIème siècle. Il s’est révélé beaucoup plus âpre, dur, difficile à soutenir, non pas parce qu’il est mauvais, mais au contraire parce qu’il est cruellement efficace dans les images qu’il veut nous faire partager.



Car le livre est surtout consacré à la résistance du prêtre catholique Sébastien Rodrigues face aux autorités japonaises qui veulent le pousser à apostasier. Rien n’est épargné à Sébastien, ni au lecteur. On voit se mettre en marche une machine bien huilée de déstructuration de la personnalité, enchainant interrogatoires contradictoires, supplices surtout subis par ses brebis chrétiennes et que seul sa renonciation pourra stopper, mépris affichés par ses geôliers suivis de démonstrations d’amitié (pour provoquer une empathie envers ses bourreaux). C’est peu de dire que Sébastien est déstabilisé. Ce n’est pas un martyr des premiers temps, fier, droit et inflexible. Il doute et nous le fait partager, longuement, par vagues de dépressions et de résolutions. Et le plus dur pour lui, c’est ce silence que Dieu maintient devant les cris de ses croyants suppliciés, devant le calvaire de son ministre, devant la perte pour la foi de tout un pays.



Le style d’écriture est changeant. Il commence de manière épistolaire à travers les lettres de Sébastien et se poursuit par un texte écrit à la troisième personne mais maintenant le point de vue du prêtre. C’est donc par les yeux d’un catholique que le Japon et les japonais nous sont présentés, un catholique en proie à des attaques violentes, intérieures et extérieures, sur sa foi et sa raison. Il a autre chose à faire que de nous faire partager le point de vue japonais. Ses interlocuteurs sont vus de manière superficielle. C’est ce que j’ai trouvé de plus frustrant, comme visiter ce pays exotique et rester à l’hôtel 4 étoiles sans possibilité de véritable immersion.



Mais à travers les interrogatoires contradictoires l’auteur, japonais et catholique, nous fait saisir les points de vue théologiques dissonants : Sébastien croit à l’universalité de sa foi, les japonais croient qu’une religion est transformée lorsqu’elle est implantée dans un nouveau sol, jusqu’à devenir méconnaissable. C’est la lutte de l’Un contre le Multiple, l’unité contre la diversité, une forme particulière de dualité Yin-Yang.



Un livre exigeant, mais superbe. Ne l’emportez pas à la plage pour vous détendre. Prenez le temps ; supportez les longueurs, vous serez récompensés.

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Le Dernier souper et autres nouvelles

Je découvre Shûsaku Endô (1923-1996), l'auteur de Silence avec ce recueil de trois nouvelles présentées comme représentatives de son oeuvre. Elles ont été écrites entre 1959 et 1985.



Shûsaku Endo est l'un des grands écrivains japonais contemporains. Né a Tôkyô en 1923, ses parents divorcent quand il est petit. Il est élevé par une mère chrétienne très pieuse et baptisé à l'âge de 11ans. Il reçoit une éducation catholique stricte auprès de missionnaires français, part étudier à Lyon mais il se sentira mal à l'aise toute sa vie,  comme s'il portait un vêtement inadapté à son corps .



L'écriture est sobre, intime, pas rébarbative du tout et donne matière à réflexion. Un plaisir.



1.Les ombres :

Le narrateur rédige une lettre adressée à un vieil homme fatigué qu'il a reconnu par hasard dans un petit restaurant à Shibuya. Il a vu qu'il se signait en cachette. Autrefois, cet homme occidental était un prêtre beau et fort. le petit garçon l'admirait et le craignait. Il était d'une grande rigueur morale et il s'est occupé de sa mère dépressive pendant des années. Mais il était aussi très dur, presque sadique, sans compassion pour le petit garçon malade. Et puis il y a eu l'incident…

Cette nouvelle très autobiographique est remarquable. La foi du petit garçon est liée à l'amour pour sa mère et au respect que lui inspire le prêtre. Et tout d'un coup il se sent trahi « jusqu ‘aux racines ». L'adulte a du mal à oublier les tourments subis, il est incapable de s'approcher de l'homme, peut-il lui pardonner ?



2. Le retour :

Ce récit est composé de trois histoires imbriquées.

Le narrateur vient de perdre son frère. Il décide de placer l'urne funéraire dans le petit caveau où repose sa mère morte trente ans plus tôt. Mais il n'y a pas assez de place. Il faut exhumer ce qui reste du corps de sa mère avant de le faire incinérer. Il appréhende évidemment ce moment. A la maison, une cousine de sa femme lui demande de voler le chien de son voisin car celui-cit le bat à mort...Le narrateur prépare un nouveau livre sur un missionnaire japonais de la fin du XVI siècle. Alors qu'il y avait des persécutions contre les Chrétiens au Japon, Miguel Nishida décida quand même d'y retourner à la recherche d'un endroit pour mourir…



3. le dernier souper :

Un homme alcoolique apostrophe le narrateur dans un bar. Il a appris qu'il était médecin. Il veut un diagnostic sur le champ. le narrateur est psychiatre. Il lui conseille de revenir le consulter à l'hôpital. le foie est très atteint. le narrateur va le conduire à avouer la source de sa souffrance. le récit fait référence à un épisode terrible de la guerre en Mandchourie.
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Une femme nommée Shizu

Le titre de ce recueil est celui de la dernière des dix nouvelles rassemblées de l'auteur de Silence, nouvelles qui s'étalent de 1959 à 1985. Petit passage en revue de quelques-uns de ces récits…



Les derniers martyrs

A travers le sort de trois jeunes hommes, et plus particulièrement de Kisuke, un grand et gros gaillard pleutre et geignard, l'auteur nous conte l'histoire de ces japonais d'un village de Kyushu qui ont été évangélisés…Les autorités exigent qu'ils se couchent et abjurent leur foi. Mais pour la plupart, récalcitrants, ils seront torturés et suppliciés. Kisuke qui a vite apostasié, reviendra pourtant quelques années plus tard, hanté par sa conscience et porté par une voix céleste, auprès de ses camarades toujours enfermés. Un texte qui sonne comme une esquisse de son futur grand roman Silence.



Un homme de cinquante ans

Un enfant, Chiba, trouve dans la compagnie de son chien Noiraud la complicité et le réconfort dans sa détresse de voir ses parents se déchirer. Après leur divorce, il faut quitter la maison, dans un dernier regard pour ce chien fidèle tel un frère. Autour de la cinquantaine, Chiba, marié à une femme qui ne comprend pas son amour pour son vieux chien Blanchot, fait un peu de danse de salon pour revivre un peu, dans le contact de sa jeune partenaire de piste. Mais surtout, il va connaître simultanément deux drames personnels : son frère et son chien sont au seuil de la mort…



Adieu

L'auteur, lorsqu'il était étudiant à Lyon, a été le témoin du drame vécu par ses logeurs, un couple de personnes âgées. Ils ont vécu en Algérie française, et y ont perdu leur fille prématurément. Ils ne s'en sont jamais vraiment remis. L'homme est oisif et boit, sa santé est très précaire. Sa femme pleure toujours sa fille disparue. L'étudiant découvre que la femme ne donne pas son traitement médicamenteux à son époux…et ne cesse de répéter que si elle disparaît la première, elle ne sait pas ce qu'il va devenir…



Le retour

L'auteur fait exhumer sa mère décédée pour la rapatrier dans son village natal. Les souvenirs émergent, la nostalgie le gagne…



La vie

Le narrateur se souvient de son enfance dans la Mandchourie (nord-est de la Chine) occupée par le Japon. Enfant perturbé par la mésentente chronique entre ses parents, il va rencontrer un jeune soldat puis un Mandchou succédant à la bonne de ses parents, deux figures bienveillantes passées furtivement dans sa vie…En se remémorant ces visages, il éprouve émotion et compassion, et peut-être au fond de lui une forme de culpabilité pour l'attitude méprisante, voire xénophobe des japonais à l'égard des chinois.



Un homme de soixante ans

Un homme de soixante ans, Endô lui-même, nous raconte le temps qu'il voit défiler, le mort qu'il sent déjà rôder dans ses rêves…Les souvenirs d'enfance, mais aussi récents, se pressent, bientôt bousculés par le présent et son lot d'évènements dramatiques…La compagnie fidèle d'un chien, le sort qui frappe son frère, et le parfum discret de sa jeune partenaire de danse, pour exister encore malgré les difficultés du couple et ce corps qui s'ankylose. Une variation/évolution d'un homme de cinquante ans, écrite précisément dix ans plus tard, et un caractère une fois de plus autobiographique...



Une femme nommée Shizu

L'auteur assiste dans un théâtre japonais à la pièce « La chanson, c'est ma vie ». La scène se passe en 1930, le héros est un chanteur célèbre, et sa femme est Shizu Watanabe. Très vite, les souvenirs d'enfance du narrateur reviennent, lorsqu'il vivait avec sa mère à Dalian, en Mandchourie. Il y voyait souvent une « tantine », une femme célibataire qui semblait attendre un homme vivant au Japon. Cette femme n'était autre que Shizu…L'occasion d'une superbe balade au parfum d'enfance, au temps de l'école et du chien fidèle compagnon, dans ces contrées enneigées et glacées l'hiver, où des kyrielles de fleurs différentes s'épanouissent aux beaux jours.



La quasi-totalité de ces nouvelles ont un caractère fortement autobiographique, on y retrouve des constantes qui marquèrent ce grand écrivain. Son enfance dans le froid du nord-est de la Chine, la Mandchourie, conquise par le Japon, le traumatisme causé par la mésentente de ses parents, l'amour pour les chiens ses amis de solitude intérieure, les problèmes de santé et la mort qui ne sont jamais loin, et discrètement en toile de fond sa foi catholique…Ces récits couvrent la majeure partie de la carrière de l'écrivain, déroulant ainsi le fil de sa vie. C'est sa force, même si du coup une certaine redondance m'a fait parfois rester sur ma faim. Ces pages sont des images qui reviennent à l'auteur, il nous fait ainsi partager ses joies, ses souffrances, ses doutes sur la vie, mais l'action est ténue, comme d'ailleurs chez nombre d'écrivains japonais.



Endô est un écrivain particulièrement attachant, au style qui allie rigueur et simplicité, traduisant souvent une nostalgie pudique et un grand humanisme. Je le rapprocherais d'un Yasushi Inoue, c'est dire qu'il est au top de mes préférences nippones !

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Silence

Avec « Silence », prime mon questionnement religieux. A une époque où les Tokugawa ferment l'archipel aux étrangers, hormis un minuscule comptoir néerlandais près de Nagasaki, une mission jésuite parvient jusqu'au Japon pour évangéliser, avec tous les risques que cette présence chrétienne comporte sur ce territoire. Avec ce livre, puis après avec le film de Scorsese, je me questionne toujours sur la pertinence de cet acharnement à imposer la vision chrétienne dans un pays qui possède déjà ses propres codes religieux avec le shinto et le bouddhisme. La Foi, me dira-t-on permet toutes les audaces. Jusqu'à la souffrance et la mort. Je comprends ce qui meut nos pères jésuites. Mais je m'étonne toujours du peu de cas que l'on fait de la pensée d’autrui. Obligés d'apostasier, du moins en apparence, nos héros vont peu à peu prendre conscience que leur acharnement est voué à l'échec. Entraînant leurs convertis dans leur chute.

Shusaku Endo était chrétien. Ce dilemme le touchait donc personnellement. A travers cette fiction, il cherchait certainement à clarifier sa pensée, à réfléchir sur sa foi.

Dans ce livre, deux visions du monde s'affrontent ! Qui a dit que toutes les religions recherchent la même réponse ? Ce livre pose les bonnes questions et aide à la réflexion religieuse.
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L'extraordinaire voyage du samouraï Hasekura

Extraordinaire.

Je vais vous raconter le destin du samouraï Hasekura.

Il n’est pas un samouraï de haut rang, juste un simple brigadier au service de sa Seigneurie, le Daimyo d’une province japonaise. Le Conseil des Anciens lui ordonne de partir pour la Nueva España (le Mexique actuel) pour établir des relations commerciales avec les espagnols. Nous sommes dans les années 1670 et le Japon veut s’ouvrir sur le Monde. Le Japon, cette minuscule île, qui ne connait rien ou presque du Monde, qui n’a que de rares échanges commerciaux avec Manille et quelques comptoirs indonésiens.



En parallèle, il y a le padre Velasco, un moine top ambitieux, qui veut évangéliser le Japon, qui en veut aux Jésuites colonisateurs, qui veut devenir humblement l’ambassadeur du Vatican, le super évêque venu prêcher la bonne parole et apporter la voix du Seigneur Jésus sur cette île qui vénère tout un tas de dieux pour des raisons bassement matérielles.



Samouraï Hasekura et padre Velasco (en tant que traducteur) vont se retrouver dans une même galère, un grand navire et traverser les océans vers un immense inconnu. Trois autres samouraïs – d’un rang tout aussi inférieur - accompagneront Hasekura ainsi que quelques centaines de marchands japonais flairant les bonnes et futures affaires avec ce pays lointain.



Dans ce roman ‘historique’ de Shusaku Endo, il est question d’un long voyage en mer vers l’inconnu, de découvertes d’un nouveau monde, d’une nouvelle culture, d’apprendre à s’ouvrir sur les autres, de les comprendre. Mais il est aussi question de sonder l’âme humaine, de découvrir les ambitions de chacun. Les mensonges, les non-dits, les trahisons sont multiples comme si l’âme humaine semble pourrie de l’intérieur. En fait, j’ai l’impression que seuls ces miséreux samouraïs semblent honnêtes envers les autres, mais surtout envers eux-mêmes. Le padre me parait douteux, et peut-être que sa foi est un peu trop forte pour les hommes, peut-être que son ambition est démesurée et en disproportion avec ce que devrait être les espérances d’un prêtre… D’ailleurs, je n’apprendrai à le connaître réellement que sur les dernières pages. Car ce livre, une fois commencé, ne vous lâchera plus tant vous avez envie de découvrir le terminus de cet extraordinaire voyage du samouraï Hasekura.



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Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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L'extraordinaire voyage du samouraï Hasekura

L’action débute en 1613, dans le Japon de l’ère des Shoguns. Ieyasu Tokugawa a depuis sa prise de pouvoir procédé à une profonde réorientation politique. Il a quasi unifié le Japon. Seule la région d’Osaka reste fidèle à son prédécesseur Toyotomi Hideyoshi, plus guerrier. Tokugawa a renoncé à une politique agressive contre la Corée, mais a refermé le pays aux missionnaires chrétiens, persécutés. Il projette de développer le commerce avec leurs pays d’origine en Europe et leurs colonies. Les seigneurs locaux réunis en Conseil des Anciens vont apparemment traduire en actes cette volonté en désignant quatre émissaires, des samouraïs de rang modeste, pour voguer vers la lointaine Nueva Espagna (le Mexique). Rokuemon Hasekura sera ainsi accompagné de Matsuki Chusaku, Tanaka Tarozaemon et Nishi Kyusuke. Ces samouraïs paysans espèrent en acceptant être récompensés par la restitution de terres confisquées à leurs familles. Ils seront flanqués de quelques aides japonais, d’un équipage espagnol, et du père francisquain Velasco, tout exprès libéré de prison pour leur servir d’interprète.

Le voyage est très long et se déroule dans des conditions difficiles, notamment d’hygiène. Arrivés au Mexique, une première déception frappe les émissaires, puisque le Vice-roi les renvoie en Espagne où se prendrait la décision de commercer ou non avec le Japon. En outre, des mouvements de révoltes sporadiques des indiens mexicains contre les colonisateurs catholiques sèment le doute sur le prétendu bonheur qu’apporterait l’évangélisation. Matsuki Chusaku, très sceptique et critique contre Velasco, choisi de rester au Mexique pour repartir pour le Japon dès que possible. Velasco va pourtant conduire les japonais en Espagne, où il devra convaincre un nouveau conseil de prélats de l’église catholique. Il devra plaider la cause de l’expédition, contre le redoutable père jésuite Valente, qui prétend que toute nouvelle tentative d’évangélisation du Japon est vaine. Velasco, par sa passion, ne lâchera rien, persuade enfin les samouraïs insensibles et récalcitrants de se convertir au catholicisme, même s’ils semblent le faire non par conviction mais par pur intérêt pour la réussite de la mission. Velasco emmènera les samouraïs jusqu’à Rome dans l’espoir d’une intercession du pape en personne. Pourtant, soit la stratégie politique japonaise a changé, soit ils ont été bernés dès leur embarquement au Japon, en fait probablement un peu des deux…, ils apprennent en effet que le Japon a désormais abandonné toute idée de commercer avec les nations européennes, et n’accepte plus la moindre incursion de prêtres catholiques sur son territoire…Pire, il fera bientôt payer un lourd tribut aux japonais qui se seraient convertis au catholicisme. Le retour au pays sera terrible…



Ce roman aurait pu prendre la forme d’un récit d’aventure, d’un roman de mer, avec rebondissements et coups de théâtre relatés avec emphase. Il n’en est rien, l’action est relativement limitée. La composante psychologique, politique et historique prend largement le pas. Pourtant, le tour de force d’Endô est de rendre le récit passionnant de bout en bout tellement l’écriture est riche de qualités. En premier lieu, le traitement des composantes en question est totalement maîtrisé. L’écrivain possède une connaissance remarquable de cette période de l’histoire de son pays et des relations orageuses qu’il a entretenu avec le monde chrétien, et il s’y entend pour composer une psychologie subtile pour chacun de ses personnages. Rappelons qu’Endô était un japonais catholique, mais il semble ne pas juger ni les japonais, ni les européens, ni les catholiques, ni les anti-catholiques, ce qui donne au roman une puissance de vérité extraordinaire qui l’ancre complètement dans un contexte historique bien réel. Tous les personnages sont ambivalents, et pas nécessairement, ou du moins pas uniquement par calcul, mais surtout parce qu’ils sont humains avant tout. Et objectivement, tous leurs arguments sont entendables pour justifier leurs actes.

Si Velasco ne cesse de se persuader de son amour pour le Japon, il n’oublie jamais sa propre destinée, se rêvant en évèque du Japon et en grand évangélisateur de cet archipel indomptable et retors. Sa personnalité est complexe. Passionné, il semble particulièrement investi dans son engagement pour le Japon, mais c’est aussi un opportuniste qui n’oublie jamais ses perspectives de carrière. Doté d’un orgueil démesuré, il juge beaucoup les autres, et pas en bien. Ainsi, il n’échappe pas à la tendance implacable des occidentaux à se croire supérieurs aux autres peuples du monde, même s’il ne nie pas l’intelligence des japonais, dont il croit bien cerner la psychologie (pour lui, ils sont systématiquement et exclusivement guidés dans leurs actions par le bénéficie qu’ils peuvent en tirer). Il déteste les jésuites, qui ont cruellement échoué dans leur mission et prétend que sa stratégie serait meilleure. Sa foi apparaît ainsi parfois sujette à contestation, faute de constance dans sa charité chrétienne et d’un esprit quelque peu calculateur et même manipulateur…

Les émissaires japonais semblent largement ballotés, et s’ils ont une part de naïveté, ils ne sont pas complément dupes des desseins de Velasco. Leur sens de l’honneur est implacable, l’amour de leur terre et de leur famille inébranlable, qualités qui s’imposent clairement sur toute idée de croyance, et encore moins en un Dieu unique et personnifié comme l’est ce misérable Jésus.



Une autre force de ce roman est sa relative concision, 360 pages, qui permet de ne pas trop se perdre en longues descriptions de paysages ou digressions, mais de se concentrer sur les réflexions des personnages et les seuls éléments de contexte historique nécessaires au parfait suivi du fil du récit. Enfin, la construction du récit m’a semblé également pertinente pour bien éclairer la psychologie des personnages. Au sein de la dizaine de longs chapitres, l’auteur fait alterner la voix du narrateur (la sienne), et celle du père Velasco qui tient un journal. On ne s’y perd jamais, la structuration est limpide, et les transitions se font naturellement. Une telle structure met en évidence le propos principal de l’auteur, à savoir l’enjeu d’évangélisation du Japon, largement avortée (même si la région de Nagasaki le sera partiellement), porté par son personnage central Velasco, davantage que son samouraï Hasekura, du reste rarement désigné par son nom mais par cette sorte d’appellation générique et générale, « Le Samuraï », comme emblème d’une culture totalement étrangère à la culture chrétienne.



Un très grand livre, particulièrement enrichissant pour comprendre ce douloureux pend de l’histoire des relations nippo-occidentales. Il traduit l’incroyable force intérieure du Japon et des japonais pour résister aux assauts religieux et idéologiques des occidentaux, quand quelques années auparavant, les Philippines voisines avaient été entièrement évangélisés et hispanisés.



Ce roman prouve à mon avis une nouvelle fois qu’Endô, vu son envergure littéraire, mériterait une plus large diffusion de son œuvre ne France, où on ne l’a finalement redécouvert que depuis quelques années à la suite de l’adaptation de son roman Silence au cinéma par Martin Scorcese. Il est quand même dommage qu’outre ce roman-phare, la quasi-totalité des éditions françaises de ses ouvrages soient désormais épuisées !

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Silence

Ce n'est rien dévoiler de l'intrigue que de dire que le silence dont il est question dans cet ouvrage, et lui donne son titre, est le silence de Dieu. Un silence si impénétrable, même dans les épreuves les plus douloureuses qu'endure Sa créature, que le doute aura pu germer dans l'esprit du père Rodriguez, missionnaire de la foi catholique parmi les plus fervents. Il était convaincu du bien-fondé de sa mission au point de quitter son Portugal natal et partir pour le Japon prolonger l'oeuvre d'évangélisation engagée par François-Xavier au 16ème siècle.



Après une période prospère pour la propagation de la foi catholique en cette terre lointaine, les autorités locales, en la personne des shoguns successifs, ont décidé de mettre un terme à la contagion. Ils se livrent alors à une répression féroce des tenants du dogme. Ils font oeuvre d'un machiavélisme tout asiatique pour obtenir des prédicateurs investis de leur mission, non pas qu'ils quittent la pays ou meurent courageusement, mais qu'ils abjurent leur foi.



Sans connaître encore l'auteur, cet ouvrage a retenu mon intérêt à la seule lecture de la quatrième de couverture. Un ouvrage contre le prosélytisme de toute nature, en particulier en matière de religion. Cette propension délétère à vouloir convaincre l'autre d'adopter ses croyances, et imposer l'hégémonie sur les consciences d'une doctrine instituée en vérité absolue. L'histoire est pleine de ces entreprises qui de la séduction évoluent, au fur et à mesure que la notoriété leur donne du pouvoir, vers l'incitation puis la contrainte.



"Nous ne débattrons pas du juste où du faux de votre doctrine" fait dire Shûsaku Endô à son contradicteur. Les japonais ont la leur. Elle honorera tout aussi bien Celui qui règne sur tout ce qui naît, croît sur terre et la quitte un jour.



Silence, un ouvrage pour dire aux prédicateurs de tout poil de rester chez eux, dans le même mutisme que celui du grand ordonnateur des choses de ce monde vis-à-vis de Sa créature. J'adhère.

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Un admirable idiot

Cette année, je me suis lancé dans l’œuvre de Shusako Endo. Les premiers romans étaient tous des récits historiques, racontant des moments difficiles rencontrés par les missionnaires catholiques et les Japonais convertis. Aussi ai-je été surpris en constatant que le dernier en date, Un admirable idiot, était résolument moderne, l’action semblant se dérouler au moment de son écriture, soit au tournant des années 1960. Le style est complètement différent.



En effet, Takamori Higaki et sa sœur Tomoe reçoivent la visite de Gaston Bonaparte, un lointain descendant de l’illustre famille impériale française. Le fameux idiot du titre du roman. Seulement, celui-là, il est faucher et, pour parfaire deux ans d’études de japonais, s’invite chez son ancien correspondant d’enfance. Évidemment, il s’ensuivra de multiples péripéties.



Un admirable idiot est surtout un roman sur les différences culturelles. Gaston, malgré toutes ses bonnes volontés, est très maladroit et accumule les bêtises. C’est à se demander s’il n’est pas réellement simple d’esprit, fou. Toutefois, ce qui aurait pu devenir gênant, voire lassant, se transforme en aventures loufoque pleine de rebondissements. Gaston trouve le moyen de s’empêtrer dans les mésaventures d’un gang de rue mené par un certain Endo (un double de l’auteur), il devient un otage encombrant qui sympathise avec ses kidnappeurs. Pire…. Non, je préfère ne rien dire vous laisser le découvrir.



En somme, Un admirable idiot est léger, drôle. Il ne faut pas chercher beaucoup plus et c’est correct ainsi. Je l’ai lu rapidement, en quelques heures. J’ai l’impression que Shusako Endo a eu beaucoup de plaisir à écrire cette histoire et qu’il espérait que ses lecteurs en aient autant.
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Un admirable idiot

Un jeune homme japonais, Takamori, a invité à Tokyo un correspondant français, qui s'appelle Gaston et serait un descendant de Napoléon. C'est sa première visite au Japon. La famille d'accueil, la tête farcie d'idées préconçues, est tout en émoi à cette idée d'héberger un Français, qui plus est de noble ascendance. La soeur de Takamori, Tomoe, pas encore mariée, a même quelque espoir de trouver là son héros, qu'elle préfèrerait à l'étudiant efféminé et maniéré qui la poursuit de ses assiduités. Mais quand Gaston arrive enfin au port de Yokohama, à fond de cale du bateau, c'est la douche froide : Gaston est un colosse au visage chevalin, et va rapidement donner l'image d'un garçon simplet.

Voulant découvrir le pays et les Japonais, Takamori lui fait découvrir le quartier branché et assez chaud de Shinjuku. Ce premier contact sera traumatisant pour Gaston qui va être roué de coup par un petit groupe de jeunes. Gaston, plein d'indulgence envers les Japonais, et qui ne veut pas gêner, va préférer quitter sa famille d'accueil contre leur volonté, dans l'espoir de rencontrer de nombreux Japonais bienveillants...C'est le début d'aventures au cours desquelles il rencontrera un chien galeux qu'il appellera Napoléon (ou Chien-san), une prostituée, le vieux chiromancien Chotei, et surtout, Endo, un truand tuberculeux dont on découvre au fil de l'histoire qu'il recherche pour s'en venger les deux canailles, Kobayashi et Kanai, qu'il tient pour responsable de la mort de son frère en 1944, pendant la guerre. Takamori et Tomoe qui s'inquiètent vont tenter de retrouver la trace de Gaston...



Shûsaku Endô sait raconter les histoires, et c'est encore le cas ici avec une oeuvre qui passe pour sans prétention au regard de ses plus grands livres. Pourtant, le récit qui s'annonçait léger, et éventuellement sous les hospices d'une romance entre Tomoe et Gaston, va peu à peu se noircir, jusqu'à virer au fait divers épouvantable.



La personnalité de Gaston est marquée foncièrement par la bonté, l'attachement instinctif et irrépressible aux êtres faibles ou supposés l'être, comme chien-san, ou encore Endo qui pourtant le menace et se sert de lui, mais dont la mauvaise santé lui serre le coeur. L'oeuvre tire sa force de ce côté "Des souris et des hommes" de Steinbeck, tout en virant dans le dernier quart à un suspense diabolique, comportant une longue scène en trio façon "Le bon, la brute et le truand" avec déchaînement de violence en sus.



Au terme semi-ouvert, le lecteur est abasourdi que la trajectoire prévisible ait pu dévier à ce point ! Certes, on n'y croit pas totalement, tant il paraît fou que Gaston se soit fait embringuer dans une histoire pareille, et que Tomoe joue un rôle aussi peu significatif pour infléchir le destin tragique et implacable de Gaston, pour lequel pourtant elle commence à ressentir un petit penchant.



Comme souvent chez Endô le catholique, le coeur pur et gorgé de bonté de son héros est mal payé en retour, on pense par exemple à La fille que j'ai abandonnée. le roman est aussi prétexte dans son entame, dans un mode bien plus léger que dans Silence, à mettre en exergue les incompréhensions et attentes déçues entre les cultures européenne et japonaise. Si Endô se moque de Gaston qui s'émerveille naïvement de tout ce qu'il voit de japonais autour de lui, il n'oublie pas non plus de moquer ses compatriotes sur leurs attentes - clichés envers Gaston le Français. Enfin, cette oeuvre comporte sans doute des allusions autobiographiques dans le nom utilisé de Endo, comme lui tuberculeux, et qui a perdu un frère durant la guerre.



Un admirable idiot est donc un roman divertissant, rythmé, qui réserve des surprises et se lit avec plaisir.





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La Mer et le Poison

Publié en 1958 au Japon, La mer et le poison est le premier roman de Shusaku Endô. Et c'est déjà un coup de maître. Si le style m'a semblé légèrement moins abouti que dans les sommets de sa production future, l'atmosphère empreinte d'étrangeté, de malaise, de mélancolie et de cruauté de ce roman m'ont fait l'effet de devoir s'imposer longtemps dans ma mémoire.



Sa construction est doublement originale, car elle casse l'unicité de temps ET de narrateurs. L'histoire commence sans doute à l'époque d'écriture du roman à la fin des années 1950, mais cela pourrait être quelques années plus tard. le narrateur vit à Tokyo et souffre d'un pneumothorax, maladie chronique du poumon qui l'oblige à se faire suivre en subissant régulièrement des piqures dans la plèvre. Son médecin est le docteur Suguro, un taiseux déjà assez âgé, dont le geste thérapeutique à la technique parfaite intrigue son patient, tant le soin est réputé difficile à exécuter sans faire souffrir le malade. Son passé est mystérieux…A l'occasion d'une invitation à un mariage à Fukuoka, la grande ville maritime du sud du pays, le narrateur rencontre un médecin qui a bien connu Suguro. Intrigué, le narrateur retrouve un article d'un procès qui s'est tenu à Fukuoka peu après la seconde guerre mondiale…L'affaire est brièvement résumée en page 28 : « …pendant la guerre, des internes de cette faculté avaient utilisé comme matériel d'expériences médicales huit pilotes prisonniers de guerre. Ces expériences visaient principalement à déterminer la quantité des pertes sanguines entraînant la mort, celle du sérum injectable à la place du sang, le temps de survie d'un homme à l'ablation des poumons. le nombre des employés de l'hôpital ayant assisté aux vivisections était de douze, parmi lesquels deux infirmières. le procès s'était déroulé à F. d'abord, à Yokohama ensuite. Je trouvai en fin de liste des accusés le nom du docteur Suguro, sans mention sur son rôle dans les expériences. le professeur qui les avait dirigées s'était suicidé peu après, les principaux accusés avaient tous été condamnés à de lourdes peines et trois seulement n'avaient fait que trois ans de travaux forcés : le docteur Suguro était parmi ces derniers. » le patient un peu inquiet retourne une fois chez le docteur Suguro, qui semble encore accablé par ce lourd passé…



Mais à la page 33, nous plongeons subitement dans cette vieille histoire. Vont alors se succéder les voix de plusieurs narrateurs, quelques-uns des acteurs de cette barbarie. Nous entendrons donc le docteur en question, Jirô Suguro, simple 3ème assistant, Akira Toda, médecin 2è assistant, mais aussi l'infirmière Nobu Ueda, qui ont agi sous l'autorité du Patron, le professeur Hashimoto. Parmi les autres personnages clés, le professeur-adjoint Shibata, le 1er assistant Hiroshi Asai, et l'infirmière-chef Oba. Mais avant de relater ces moments d'horreur, l'auteur prend soin de camper son contexte : les personnages font leur boulot du mieux qu'ils peuvent dans cet hôpital, et sont confrontés à des cas désespérés, en particuliers des pneumothorax sévères. Certains s'attachent à leurs malades, d'autres sont plus imperméables à la souffrance, mais ce sont des êtres apparemment normaux. Suguro et Toda sont assez proches, et encore peu expérimentés, Asai est un séducteur porté sur les femmes et la bouteille, le patron Hashimoto est un vieux médecin las dont la femme impose sa présence généreuse mais envahissante à l'hôpital. Apparemment, il a une aura particulière, car les deux infirmières en pincent intérieurement pour lui…le pouvoir, sans doute. Cette équipe file un mauvais coton lorsque la vieille patiente préférée de Suguro décède avant l'opération de la dernière chance envisagée, et que le même type d'opération avancée tout exprès pour une jolie jeune femme de la famille du Patron échoue, provoquant sa mort…C'est la chute annoncée du professeur Hashimoto qui a dirigé l'opération, et de ses assistants…Quand arrive l'ordre, militaire, de se livrer à l'horreur absolue, la vivisection, le mot est lâché avec insistance par l'auteur, de prisonniers américains.



Si l'opération est un peu décrite, sur un prisonnier seulement (et heureusement), l'auteur prend soin de s'élever, et nous avec, en pénétrant la conscience des personnages. Nous allons vivre leur anxiété, leurs tiraillements, leurs répulsions, leur indifférence, leur lassitude, les remords (ou pas). Suguro et Toda semblent comme se regarder eux-mêmes accomplir mécaniquement ces gestes inhumains comme des machines, et s'étonner de ne pas ressentir de l'écoeurement, de la compassion ou un sentiment de révolte. Ils sont embarqués dans cette histoire comme des pantins sans libre-arbitre. Ils auraient pourtant pu refuser de participer.



Etrange atmosphère, extrêmement pesante, ce huis-clos hospitalier laisse comme seule fenêtre sur l'extérieur une échappatoire plus inquiétante que réconfortante, la mer, une mer toujours sombre, grise, terne, présentée comme un monstre implacable, comme le symbole du destin funeste qui attend le Japon. Car c'est bien une ambiance de débâcle qui imprègne ces pages, désespérante et vénéneuse. Il y a de la casse dans les vies de ces personnages, avant même l'opération de vivisection, et évidemment après c'est encore pire, les narrateurs sentent bien qu'ils devront rendre des comptes, ceux-là se posent au moins la question de la culpabilité. La force de Endô est de replacer cette question de la culpabilité individuelle dans une double perspective de culpabilité collective de l'équipe, mais aussi finalement du Japon. La fin de la guerre approche, le Japon court à sa perte, les personnages ne se font plus guère d'illusions, alors advienne que pourra dans ce naufrage général. Endô interroge sur les crimes de guerre commis par son pays, sur sa responsabilité. Il glisse par-ci par-là quelques mots en allemand dans le texte, pour mieux souligner la fascination nippone à l'époque pour la dérive totalitaire allemande, et le pacte qui unira les deux pays, pour le pire.



Un livre dérangeant, qui peut totalement rebuter par le propos et même sa construction, son intrigue avant tout psychologique, mais pour moi un grand livre. Et quel titre ! Car La mer et le poison, c'est bien à la fois l'association des deux éléments marquants du livre, et sur un plan plus métaphorique, de la mer comme implacable destinée d'un pays, dont il est entièrement tributaire, pour le meilleur et pour le pire, et du poison comme la noirceur qui s'insinue dans le tréfonds de l'âme humaine et qui diffuse ses relents vénéneux.



Un livre épuisé en langue française, qui gagnerait à être réédité d'urgence !

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Silence

Plongée dense et noire dans les affres de la foi, la chrétienne, qui s’enlise dans les marécages d’un Japon insaisissable et hostile…

L’histoire qui nous est racontée là est hypnotisante, pas étonnant que Scorcese ait porté en lui pendant des années l’envie de la mettre en images : un contexte méconnu, de l’action, et surtout une belle profondeur entraînent le lecteur presque malgré lui dans les méandres de ce riche roman.



Parti, malgré les persécutions dont sont victimes les chrétiens, à la recherche de Ferreira, un missionnaire qui aurait abjuré sa foi, le jeune prêtre Rodrigues se retrouve à son tour confronté dans la douleur aux limites de sa croyance ; face à l’insondable silence de Dieu devant la souffrance des chrétiens japonais torturés, il est contraint de remettre en question sa vision de la « vérité », jusqu’au sens de la charité chrétienne qu’il place au-dessus de tout.



Outre l’intérêt historique et la qualité du message universel que porte ce texte, c’est en forte empathie, fervente ou athée peu importe, que l’on suit à ses côtés le chemin de croix éprouvant de cet homme habité de grandeur mais en proie au doute, jusqu’à la révélation finale d’une terrifiante beauté.

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Le Dernier souper et autres nouvelles

Comme dans tous les romans ou nouvelles que j'ai lus de cet auteur, à travers ses intrigues et ses personnages, c'est sa pensée chrétienne qui finit par s'imposer et je fini toujours par me questionner sur mes propres agissements. Bien que l'hypothétique suprématie du christianisme sur le bouddhisme, comme dans "Silence", finisse par me décevoir un peu. Non que je n'aie pas la foi, mais je suis plutôt agacé par le manque de tolérance que l'on trouve dans certains ordres ou certaines communautés chrétiennes, passées ou présentes. Cela étant dit, ce petit recueil de trois nouvelles, extraites du recueil "Une femme nommée Shizu", m'a rappelé combien l’œuvre de cet écrivain me touche. C'est surtout par le biais de la faute et du rachat que le lecteur peut s'identifier à ses personnages. C'est à partir de ces notions que Endô conçoit ses intrigues. Que ce soit dans "Les ombres", où le prêtre, par son choix de vie, va décevoir le narrateur. Dans "Le denier souper", c'est encore la faute qui est au centre du récit mais également l'idée très chrétienne du sacrifice. Cette idée du sacrifice, à l'origine du message chrétien, atteint ici les sommets de la rédemption. Endô triture ses personnages avec ses concepts pour les amener à s'interroger sur le sens de leurs actions.

Ce qui me gène quand même un peu, c'est que je vois chez Endô une morale très exigeante. Il demande beaucoup de rigueur morale à ses personnages qui sont excessivement torturés et s'obligent à une remise en question permanente. Endô me fait un peu penser à Mauriac. Je ne sais pas si ses livres sont très lus au Japon. Car le Bouddhisme propose une vision bien différente des actes individuels. Pas d'instance supérieure qui dicte ce que l'on doit faire. S'il y a faute, la faute est une affaire entre soi et sa conscience. Bouddha propose un chemin. A nous de le suivre ou non.

Bon, tout cela pour dire que, en gros, je suis très attiré par les questions morales soulevées par cet auteur mais pas toujours d'accord avec ce qu'il en fait. Je vous souhaite bonne lecture.
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Silence

Le film de Martin Scorcese inspiré par ce livre sort le 8 février prochain et la lecture de ce roman est donc d'une grande actualité. Un sujet rarement évoqué, celui de la persécution des Chrétiens dans le Japon féodal du début du 17ème siècle, un sujet qui résonne douloureusement avec notre actualité, où la situation des Chrétiens au Moyen-Orient est souvent très difficile.

Le livre de Shûsaku Endô est sorti en 1966 et a été traduit en français en 1992 seulement.

"Silence" (en japonais 沈黙 ou Chinmoku) est un roman historique, on y voit plusieurs prêtres portugais, dont Sébastien Rodrigues qui va avoir un rôle important, partir au Japon à la recherche de Christophe Ferreira, un prêtre missionnaire au Japon qui aurait apostasié quelque temps plus tôt.

La découverte d'un pays aux moeurs rudes et d'une société particulièrement répressive et féodale va être un moyen d'éprouver leur foi.

Sébastien Rodrigues et son compagnon, le père François Garpe arrivent au Japon en 1638. La population chrétienne y vit dans la clandestinité. Pour dénicher les chrétiens cachés, les policiers forcent ceux qu’ils soupçonnent de l’être à piétiner une image du Christ (l'épreuve du fumi-e). Ceux qui refusent sont emprisonnés et torturés à mort.

La question de garder la foi ou d'y renoncer va se poser pour le prêtre Rodrigues, en des termes particulièrement cruels dès lors qu'il sera question aussi de la vie de paysans chrétiens.

Ce livre est considéré comme le chef d'oeuvre de Shûsaku Endô.

L'auteur a reçu le prix littéraire japonais Tanizaki pour cet ouvrage. Une adaptation cinématographique (avant celle de Scorcese qui sort bientôt) a déjà été réalisée en 1971. Le compositeur Matsumara en a fait un opéra en 2000 et le musicien écossais James McMillan une symphonie en 2002.

Un livre à découvrir et à méditer.. Le silence, ce serait aussi celui de Dieu? ou de ce que ressentent ces croyants dans ces douloureux moments de crise de conscience..
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Le Dernier souper et autres nouvelles

Il reste peu d'oeuvres éditées encore aujourd'hui en France de Endô Shûsaku : deux romans Le Silence et Le Fleuve sacré, ainsi que ce recueil de trois nouvelles aux éditions Folio 2€.



Auteur de confession chrétienne, la foi, les doutes, l'espoir de rédemption sont des éléments fondamentaux de son univers littéraire.

Dans "Les ombres", "Le retour" et "Le dernier souper", les trois récits ici proposés, ces thèmes sont bien présents, abordés selon différents angles.



Comme dans les deux romans cités plus hauts, j'ai ressenti en lisant ce recueil le profond humanisme de Endô Shūsaku. Qu'il interroge sur les sévères préceptes d'un prêtre ou sur les tourments qui poussent un homme vers un alcoolisme morbide et suicidaire, il le fait en imprégnant son texte de l'esprit de ses personnages. "Le dernier souper" m'a renvoyée à ma découverte de l'auteur avec Le Fleuve sacré où l'on retrouve le témoignage d'épreuves indicibles endurées par les soldats japonais en déroute dans la jungle birmane durant la Guerre du Pacifique.



Le ton des nouvelles, toutes racontées à la première personne du singulier, est largement tourné vers l'introspection. Ce, dans le but de mieux se comprendre bien sûr, mais surtout d'accéder à l'autre, par-dessus éventuels préjugés ou les siècles.



Un auteur accessible et sensible à découvrir sans hésiter pour la beauté de ses textes et de sa personnalité telle qu'elle transparaît dans sa prose.
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La fille que j'ai abandonnée

Yoshioka, jeune étudiant paumé a 2 objectifs : l'argent et les filles. Sans réels sentiments et seulement le besoin d'assouvir son désir, il décide de séduire une jeune fille simple, Mitsu. Après avoir eu ce qu'il voulait obtenir, il abandonne Mitsu qui s'est totalement épris de lui et l'oublie pour se consacrer à la réussite de sa vie.

Un roman bouleversant sur une courte rencontre, entre ces deux jeunes gens raconté de chacun des côtés, qui laissa tout de même une trace indélébile dans leur vie. D'autres sujets sont abordés dans l'histoire, je vous laisse les découvrir...
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