Sienna Pratt

Merci à Sienna pour m'avoir envoyé son livre. Ce fut une chouette découverte.
Deux époques, deux histoires qui s'entremêlent avec brio. Celles d'Eartha (20e siècle) et d'Antonio (XVIIe siècle). En temps normal, ce n'est pas un procédé que j'affectionne particulièrement (surtout quand les personnages n'évoluent pas sur la même trame temporelle), mais la plume de l'auteure et le rythme du roman rend la lecture fluide et agréable.
Un univers original : celui de la corporation des luthiers. Sienna a su créer une atmosphère ultra tendue, avec des notes horrifiques ciselées. Le rendu est vraiment très intéressant!
Des personnages humains et animaux clivants : on s'attache ou on déteste assez facilement certains d'entre eux. J'avoue avoir développé un petit faible pour Gremlin
Une quête: retrouver le père de Eartha. Comme le Petit Poucet, la jeune fille va devoir rassembler les miettes de pain, naviguant entre intrigues, dangers et faux-semblants.
Une question me taraude cependant : Comment prononce-t-on le nom de l'héroïne ?
é-ar-ta / i-r-za / é-ar-za / autre ?
Bref, vivement la suite !

Je me faufile le long du quai des Martyrs, entre les arbres et les murs de pierres. Gremlin me précède, comme pour m'indiquer le chemin à suivre. Il bifurque sur la gauche et traverse la place, en longeant le café, rasant le mur. Nous passons juste sous les caméras dont j'aperçois le signal de fonctionnement clignoter. Je ne me souvenais pas qu'il y en avait autant. Elles ont pullulé depuis mon enfermement. On en trouve aujourd'hui tous les cinq mètre environ.

De mon côté, je sais déjà comment procéder. Le bois choisi, j'entame rapidement la phase de conception. Le deuxième jour, je suis prêt à tailler dans le vif. Ma lame dans la main, je cisèle grossièrement ma table, puis le fond. Avant de percer les ouies, je façonne les éclisses, patiemment. En trois semaines, mon premier violon solo est assemblé, conformément aux prescriptions de Niccolo.

Épuisés, ils abandonnent la culture, et notamment la lecture, au suivi passif d’émissions de télévision abrutissantes. Ils ne cherchent plus les informations, ils en sont continuellement abreuvés via leurs smartphones, dans un flot continu particulièrement orienté, qui les maintient dans la peur et le doute.

Comment a-t-on pu à ce point se laisser déborder par le capitalisme qu’aujourd’hui, plus aucun loisir n’est autorisé ? Nous avons été bien naïfs de croire que nos « représentants » avaient des intentions louables à notre égard. Maintenant, il est trop tard.

Mais en apercevant le soleil se lever, je saisis ma chance de vivre un jour nouveau, celui qui m’ouvrira peut-être la porte vers le chemin de la gloire.

- Tu es brillant, mais il te manquera toujours quelque chose, si tu refuses de croire…
— Mais croire à quoi ?
— À la magie de ce monde…

Il crée. En toutes circonstances. Il apprend. À chaque instant.

L’œuvre de ma vie n’est finalement pas ce que je croyais.