AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sigismund Krzyzanowski (43)


les philosophes qui parlent du monde aux hommes voient le monde, mais ne voient pas que, dans ce même monde et à trois pas d'eux, leur auditeur meurt tout simplement d'ennui (p.128)
Commenter  J’apprécie          40
Proverbe Russe

« Ton coude est tout près, mais le mordre tu ne pourras jamais »
Commenter  J’apprécie          40
La fournaise enflammait les forêts. Les selves d’Amérique et les jungles des Indes flambaient, noires de fumée.
Commenter  J’apprécie          30
Il était dans son "moi" comme dans une chambre sans chauffage.
Commenter  J’apprécie          30
C'est quand même vrai, sourit un jour Stynski alors qu'ils étaient déjà presque arrivés chez eux, cet aujourd'hui, quel innommable fatras, regardez un peu cette croûte extérieure qui recouvre la couche de papiers placardée sur la colonne d'affichage : des femmes qui mettent en valeur leurs lèvres, des hommes qui mettent en valeur ce qui en sort - on dirait que tout ça vient d'un vieux bouquin aux pages collées entre elles.
Commenter  J’apprécie          30
La mode du N°11 111 s'amplifiait non de jour en jour, mais presque de minute en minute. Un bel esprit faisant l'exégèse du chiffre 11 111 déclara que l'individu désigné par ce nombre était "cinq fois unique". Dans les magasins de vêtements pour hommes, on mit en vente des vestes de coupe particulière, dénommées les "coudines", avec des rabats amovibles (à boutons), permettant à loisir et sans retirer son vêtement de s'exercer à se mordre le coude. Beaucoup de gens devenus coudomanes cessèrent de fumer et de boire. [...] autour de l'os du coude on portait d'élégants adhésifs rouges et de fausses cicatrices imitant morsures et égratignures fraiches.
Commenter  J’apprécie          30
Deux aphorismes de Münchhausen, p. 28

Un vieux fromage de Limbourg n’a pitié de personne et pourtant il pleure.

Une huître n’a pas le temps de se faire une opinion sur l’odeur du citron, qu’elle est déjà gobée.
Commenter  J’apprécie          30
Impossible de protéger la vie lovée entre nos os temporaux de celle qui tourbillonne autour de nous, impossible de penser en marchant dans la rue sans voir celle-ci. J'ai beau concentrer mes idées, j'ai beau mettre ma pensée à l'abri des impulsions extérieures, cela reste impensable. La rue m'envahit : elle se faufile sous mes paupières baissées, elle frappe à mes tympans, exaspérante et brutale, elle use de ses pavés mes semelles élimées. On n'échappe à la rue qu'en tournant dans une ruelle ; on n'échappe à celle-ci que pour tomber dans une impasse. Et cela recommence. La ville martèle mes tempes de ses hurlements, de ses crissements, de ses lettres arrachées aux mots ; elle cherche à pénétrer mon crâne jusqu'à le remplir du clignotement bariolé de ses lambeaux.
Commenter  J’apprécie          20
L'unité de notre vision du monde...

- Je vous interromps : on ne peut pas dire "notre vision du monde".
On m'a raconté autrefois l'histoire d'une communauté d'étudiants qui habitait une mansarde et dont les membres ne possédaient en tout et pour tout qu'un seul pantalon, ce qui les obligeait à sortir à tour de rôle. Un seul pantalon pour une douzaine de jambes, certes, c'est pauvre... mais en être réduit à une misère philosophique telle qu'une seule vision du monde doive suffire pour tous, vous conviendrez que...

Conversations, 1931
Commenter  J’apprécie          10
Il y avait eu deux tremblements de terre et un tournoi d’échecs : tous les jours deux blancs-becs prenaient place devant soixante-quatre cases – l’un avait une tête de boucher, l’autre de commis de magasin de mode – et par on ne sait quel mystère, blancs-becs et cases se retrouvaient au centre de toutes les préoccupations intellectuelles, de tous les intérêts et de tous les espoirs.
Commenter  J’apprécie          10
Soudain, quelque part en l'air, sur le perchoir d'un clocher, des cloches s'ébrouèrent, se mirent à battre du bronze. Je levai les yeux. Du fronton d'une vieille église, un œil géant, peint dans un triangle, me fixait dans le noir.
Comme piqueté dans le creux du dos par la pointe d'un compas, je frissonnai: "Des briques peintes". Et rien d'autre. Tout en me dépêtrant des brumes filandreuses, je répétais : des briques peintes, c'est tout.
Commenter  J’apprécie          10
Mieux valait se briser contre le futur en se précipitant dans l'inconnu des siècles plutôt que de renoncer à son projet, se laisser écraser par une feuille d'éphéméride, permettre à une balle perdue d'effacer votre idée, et à la date du jour présent d'effacer l'éternité.
Commenter  J’apprécie          10
Il sauta de la vie en marche.
Commenter  J’apprécie          10
"- Asseyez-vous. Vous vous demandez pourquoi il y a sept fauteuils ? Au début, il n'y en avait qu'un. Je venais ici pour converser avec le vide des rayonnages. À ces cavernes de bois noirs je demandais des idées. Patiemment, tous les soirs, je m'enfermais ici en compagnie du silence et du vide et j'attendais. Luisant d'un éclat noir, mortes et hostiles, elles refusaient de me répondre. Et moi, qui avais fini par devenir un dresseur professionnel de mots, je m'en retournais à mon écritoire. Le moment était proche où je devais honorer deux ou trois contrats littéraire et je n'avais rien à écrire. Ô, comme je les haïssais, en ce temps-là, ces gens qui éventraient avec un coupe-papier la livraison fraîchement parue d'une revue littéraire, qui encerclaient de dizaines de milliers d'yeux mon nom martyrisé et traqué ! Un fait insgnifiant me revient à l'esprit : dans la rue, par un froid sibérien, un gamin vend à la criée des lettres dorées pour marquer les bottillons de caoutchouc. Et voilà que l'idée s'impose, ses lettres et les miennes sont vouées au même sort : orner des semelles.
Oui, j'avais le sentiment que moi-même et ma littérature étions piétinés, privés de sens, et n'eût été la maladie, la situation serait restée sans doute sans remède. Subit et pénible, un mal m'a exclu pour longtemps de toute activité littéraire ; mon inconscient a pu se reposer, gagner du temps et se recharger de sens. Lorsque, encore affaibli et à peine revenu à la réalité, j'ai poussé la porte de cette chambre obscure pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis installé dans ce fauteuil et j'ai à nouveau inspecté l'absence de livres, eh bien, figurez-vous que, certes tout bas, ce vide a accepté, d'une voix à peine intelligible, de me parler comme autrefois, en une époque que je croyais irrémédiablement révolue. Comprenez, cela fut pour moi une telle...
Ses doigst heurtèrent mon épaule et il les retira précipitamment.
- Au demeurant, ni vous ni moi n'avons le loisir de nous livrer à des effusions lyriques. On va venir d'un moment à l'autre. Revenons-en aux faits. Je savais désormais que les idées exigent de l'amour et du silence. Naguère gaspilleur de fantasmes, je les ai amassés en les soustrayant aux regards curieux. Je les ai tous enfermés ici même à clef, et ma bibliothèque invisible a réapparu : fantasme contre fantasme, ouvrage contre ouvrage, exemplaire contre exemplaire, ils ont recommencé à garnir ces rayonnages. Regardez par ici, non, plus à droite, sur la planche du milieu, vous ne voyez rien, n'est-ce pas, tandis que moi... "
Commenter  J’apprécie          10
"Cette vision du monde ne correspond pas à mes dioptries".
Commenter  J’apprécie          10
Outre le bureau qui faisait office de cimetière des fictions, ma chambre était meublée d'un lit, d'une chaise et d'une étagère à livres - quatre longues planches occupant tout un mur et qui ployaient sous le faix des lettres. Ordinairement, le poêle n'avait rien à brûler et moi rien à manger. Mais j'avais pour ces livres une vénération quasi religieuse, comme d'autres pour des icônes. Les vendre ... cette idée ne m'effleurait pas jusqu'au jour où elle me fut imposée par un télégramme : "Mère décédée samedi. Présence indispensable. Venez." Le télégramme s'était abattu sur mes livres dans la matinée ; le soir même, les rayonnages étaient vides et je fourrais dans ma poche la bibliothèque métamorphosée en trois ou quatre billets de banque. La mort de celle qui vous a donné la vie est un évènement grave, très grave. C'est toujours, et pour chacun, un coin noir enfoncé dans la vie. Une fois acquittées les obligations funèbres, je m'en suis retourné vers mon misérable logis à mille verstes de là. Le jour du départ, je ne voyais rien de ce qui m'entourait, et c'est seulement à mon retour que l'effet produit par les rayonnages vides a pénétré mon esprit. Après m'être déshabillé et installé à la table, j'ai tourné les yeux vers le vide suspendu aux quatre planches noires. Quoique délivrées du poids des livres, les planches avaient conservé leur courbure, comme ployées sous la charge du vide. J'ai bien essayé de regarder ailleurs, mais, comme je l'ai déjà dit, il n'y avait dans la chambre que les rayonnages et le lit. Je me suis déshabillé et couché dans l'espoir que le sommeil chasserait la dépression. Eh bien non, après un bref répit, la même sensation m'a réveillé. J'étais couché le visage tourné vers les rayonnages et je voyais un reflet de lune tressauter le long des planches dénudées, comme si une vie à peine perceptible était en train de naître - à touches timides - là-bas, dans l'absence des livres. Bien sûr, tout cela n'était que coup d'archet sur des nerfs trop tendus, et quand le jour les eut relâchés, j'ai tranquillement examiné la béance des planches baignées de soleil et je me suis installé à mon bureau pour reprendre ma besogne habituelle. J'eus besoin d'un renseignement et ma main gauche, d'un geste quasi automatique, alla vers les rangées de livres pour ne rencontrer que le vide. Et puis encore une fois, et encore. Dépité, j'ai scruté la non-bibliothèque envahie d'un essaim de poussières de soleil, en faisant un effort de mémoire pour revoir la page et la ligne requises. Mais les lettres imaginaires que renfermait la reliure imaginaire bondissaient dans tous les sens, et au lieu de la ligne que je cherchais, j'obtenais un papillotement bigarré de mots, les lignes se brisaient et formaient des dizaines de combinaisons nouvelles. J'en ai choisi une que j'ai précautionneusement insérée dans mon texte.
Commenter  J’apprécie          10
Dans Retour de Münchhausen, p. 69. Un train alimenté par des livres. Ce train qui doit emmener Münchhausen à Moscou est d’une lenteur singulière. Explication :

A chaque traverse, ce maudit ver de terre [métaphore pour le train]marquait un arrêt. Désireux de me dégourdir les jambes, je longeai le convoi jusqu'à’ la cheminée de la locomotive qui lançait dans la nuit, noire comme les entrailles de la terre, des semi de grains rouges ; ils donnaient suffisamment de lumière pour que je m’aperçusse que le foyer n’était pas alimenté en bois ou en charbon mais en monceaux de livres. Effaré par cet étrange usage ds bibliothèques, j’attendis qu’une secousse du train se remettant en marche réveillât mon voisin, afin de l’importuner de nouvelles questions. D’autres voyageurs se mêlèrent à notre conversation et bien des choses ne tardèrent pas à s’éclaircir pour moi, notamment la raison de notre progression par saccades, d’une traverse à l’autre :
Voyez-vous, entreprit-on de m’expliquer de toutes parts, notre machiniste est un professeur d’université, un grand érudit qui ne laisse pas passer un livre : jamais il n’en jette un dans le foyer, tant qu’il ne l’a bûché de A à Z. Jamais ! C’est pour cela que nous avançons, bûche après bûche, je veux dire livre après livre, jusqu’à ce que…
Permettez, coupai-je indigné, nous devons nous plaindre, exiger qu’il soit remplacé…
Remplacé ? – de toutes les banquettes, les cous s’allongent d’angoisse. Allez savoir sur qui on tombera ! Prenez l’embranchement d’à côté :là, c’est un machiniste qui ne jure que par l’Anti-dühring ; il ne veut rien entendre, tous les livres, avec lui, atterrissent dans la chaudière par paquets ; ça chauffe à bloc, ça fonce à toute vitesse mais si, Dieu nous en préserve, il tombe sur l’Anti-Dühring, alors là, c’est fichu, il reste rivé à son livre et l’accident est inévitable. Non, autant garder celui-ci ; bien sûr, il est un piane-piane, on avance d’un pouce par jour, mais à marche. En changeant, si ça se trouve, on tomberait sur un gars qui nous antidühringuerait cul par dessus tête dans le fossé, et au lieu de Moscou, on filerait droit chez saint Pierre.
Commenter  J’apprécie          10
À quoi bon avoir de l'esprit jusqu'au bout des ongles, si vous gardez les mains dans les poches ?
Commenter  J’apprécie          00
L'enseigne cherche à attirer un maximum de regards en un minimum de temps. Il lui faut par conséquent étendre le plus possible son rayon visuel d'action tout en gagnant du temps, autrement dit, frapper immédiatement la conscience, en un éclair passer dans le cerveau des passants avant qu'ils ne la dépassent.
Commenter  J’apprécie          00
Les peaux tendues sur les enseignes des tailleurs étaient sans doute à l'origine des reproductions naturalistes des peaux de bêtes. Mais aujourd'hui, elles sont réduites à des formes purement arbitraires, à des blasons divisés verticalement en deux moitiés aux couleurs fortement contrastées. Ici, nous avons affaire à une symbolisation totale de l'image. Il a, bien sûr, fallu un certain temps pour que les différentes étapes soient parcourues.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sigismund Krzyzanowski (97)Voir plus

Quiz Voir plus

Autour du Songe d'une nuit d'été

Comment s'appelle le père d'Hermia?

Philostrate
Philomène
Egée
Robin

11 questions
172 lecteurs ont répondu
Thème : Le Songe d'une nuit d'été de William ShakespeareCréer un quiz sur cet auteur

{* *}