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Citations de Sigridur Hagalin Björnsdottir (149)


Il arrive aussi que se produisent des choses qui rassemblent l'humanité toute entière, unissent le destin de tous les être humains, comme si un dérèglement subit de la gravité terrestre engendrait un brusque rétrécissement du monde. En l'espace d'un instant, l'humanité devient plus proche, et chaque être se rappelle l'endroit où il se trouvait quand il a appris la nouvelle.
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Les causes de l’effondrement de la civilisation il y a plus de trois mille ans demeurent inconnues. Elles sont sans doute multiples et complexes, c'est probablement la conjugaison de plusieurs facteurs qui a fait tomber ces géants dorés de leur piédestal. Ces sociétés ont peut-être dû faire face à des invasions barbares, aux révoltes du peuple opprimé contre la corruption de la classe dirigeante, à des changements climatiques brutaux, des récoltes désastreuses, des famines, des épidémies ou des catastrophes naturelles. Mais on peut gager que l'explication est plus simple : ces sociétés fossilisées ont tout bonnement été incapables de s'adapter à de nouvelles conditions.
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Olöf a étudié les anciennes méthodes de conservation en recréant les conditions de vie dans les fermes islandaises des siècles passés. La moitié des apports énergétiques provenait alors des graisses, précise-t-elle, principalement du beurre sans adjonction de sel. La plupart du temps, ce beurre était conservé dans des panses de brebis ou dans des récipients spéciaux dénommés gradisur, coffres gris. L'appellation elle-même indique que le beurre s'y conservait assez mal. On le gardait longtemps, il servait parfois de monnaie, mais il rancissait puis moisissait en prenant un goût extrêmement fort et aigre.
On dit parfois aujourd'hui qu'une chose pue le beurre, précise Olöf, et ce n'est pas un compliment. Elle soulève le couvercle d'un de ces coffres. L'odeur est indescriptible et en même temps familière, comme si les effluves de siècles de disette avaient imprimé sa trace dans nos gènes.
Cela vous semblera sans doute incroyable, mais la moisissure qui couvrait ce beurre était à la fois une bénédiction et une malédiction, poursuit Olöf en prélevant à l'aide d'un bâtonnet un échantillon de moisissure grisâtre qui s'est formée dans le coffre pour le déposer dans une éprouvette. Nos recherches ont montré que ce champignon n'est aucunement toxique. La plupart du temps, il contient des nutriments indispensables, par exemple de la vitamine C.
De la vitamine C ? s'étonne Hjalti. Olöf acquiesce d'un hochement de tête. Oui, nous avons trouvé la réponse à l'une des questions les plus brûlantes de l'histoire de notre pays - d'un point de vue nutritionnel - d'où provenait la vitamine C ? Pourquoi la population ne souffrait-elle pas de scorbut en Islande alors qu'il n'y avait pour ainsi dire aucun légume frais si on exclut les baies, les herbes des montagnes, et à la marge le goémon ? Nous pensons avoir trouvé la réponse dans la moisissure et l'odeur fétide de ce beurre.
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Mille et une choses nous attachent les uns aux autres : paroles, voix, caresses, sang, textes, chansons, lignes, routes, messages sans fil. Parfois, ce lien s'exprime simplement parce que nous voyons le même soleil monter dans le ciel, parce que nous écoutons la même chanson à la radio, récitons le même texte en le murmurant, la tête ailleurs, tandis que nous faisons la vaisselle après le dîner.
C'est ce qui s'appelle faire partie d'une société. D'une nation, ou du genre humain. Tout dépend de l'endroit où on place la ligne de partage.
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Nous assistons actuellement à l'agonie du livre, répond le vieux professeur avec un sourire triste. La lecture est en recul que ça nous plaise ou non. Nous sommes témoins de la plus importante révolution intellectuelle depuis l'invention de l'imprimerie qui a permis aux gens du commun il y a presque six siècles d'accéder à l'écrit. Le moment est venu depuis longtemps de tourner la page.
P 241
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Einar scrute les lieux baignés d'une douce lumière et il sait, il est certain que sa sœur est venue ici, sa présence flotte encore dans l'air bien qu'elle soit en train de s'estomper comme l'odeur du café qu'on vient de boire, ou les rides sur les eaux tranquilles d'une rivière après qu'on y a jeté sa ligne.
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Son corps semblait trop grand pour lui, comme si la silhouette de l'homme qu'il allait devenir avait déjà pris forme, mais qu'il ne la remplissait pas encore entièrement.
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Cette photo glissée dans un vieux recueil de poèmes a sans doute servi de marque-pages. Je la retrouve par terre dans notre ancienne chambre, on l'a oubliée dans le déménagement, la poussière s'y est déposée, elle s'est gonflée sous l'effet du froid et de l'humidité qui, comme la nostalgie, envahissent les maisons désertes que plus personne ne chauffe.
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Un jour viendrait, peut-être, où même les accouchements seraient faciles. La vie deviendrait plus facile, ici, en Norvège. Mais quand ? l'impression d'épuiser ses forces, à Butangen, contre les restes les plus tenaces des temps anciens le submergeait de façon récurrente. Le changement, l'avènement de la raison faisaient leur chemin en Europe, quand lui-même ne disposait que d'une chaire et d'une caisse des pauvres au aigre contenu pour affronter le froid et l'indigence, la tuberculose et la faim, l'obscurantisme et la superstition.
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En temps de famine, l'unique objectif de l'être humain est la survie. L'ensemble de ses autres préoccupations est remisé, ses rapports sociaux sont entièrement gouvernés par un seul instinct : se nourrir. Les valeurs morales s'effondrent, le lien social se délite, les familles se déchirent. Tout respect des lois et des règles de vie commune est aboli. Des émeutes éclatent, la population erre, désemparée.
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" Justement, le temps est une drôle de créature. Il semble avancer et s'écouler en formant un courant linéaire et continu, mais en réalité, il s'enroule sur lui-même, rebondit par moments sur les pierres plates d'une rivière, se suspend et reprend haleine dans les abîmes tranquilles, pourrit dans les bourbiers puis se jette du haut des falaises en cascades affolées. Parfois, on ditait qu'il refuse de se conformer aux lois de la physique et qu'il recule, en quête de son origine."
p.19
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Si je meurs, la vie dans cet endroit suivra son cours, tout redeviendra comme avant. Le ciel sera limpide ou menaçant, l'angélique et le cresson effaceront la trace de mes pas, le cormoran et le troglodyte mignon continueront de veiller et le renard de chasser entre les rochers et les bancs de sable. je ne manquerai pas beaucoup à mes moutons, ils iront brouter les algues sur le rivage. En réalité, tout çà n'a aucune importance.
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Je n’ai rien d’autre à faire qu’écrire. Convoquer mes sou­venirs et écrire. Autrefois, je me suis donné le titre d’historien du temps présent, ce que je trouvais assez chic. Me voilà bien puni, je peux donc aujourd’hui rédiger les annales de ce qui est advenu, regretter le passé et céder à la ­nostalgie, cerner le temps jadis, rappeler comment le lien s’est rompu, comment la lumière a décliné et comment la nuit s’est abattue.
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Chaque fois que je lis un mot, ma mémoire le stocke pour toujours, les créations des écrivains sont mes seuls amis, les personnages de roman mes seuls amants. Mon esprit m'a enfermée dans une prison dont les barreaux sont les mots, il m'a isolée du royaume des vivants, des individus de chair et de sang.
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- Imagine qu'il n'y a plus aucun bruit et que ton esprit n'abrite aucun mot.
- Imagine un lieu et une époque où il n'existe aucun mot pour définir quoi que ce soit, où les choses sont là sans que tu aies besoin de les nommer. Avant que nous ayons appris à parler, pendant que nous gazouillions comme des oiseaux, avant que les mots régissent le monde.
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Je les observe, nous sommes plus calmes, nous avons moins peur les uns des autres. Il se passe toujours quelque chose quand des gens s’assoient autour d’une gamelle de soupe chaude, partagent un repas et rompent le pain ensemble, disait toujours Leifur. Le cerveau fabrique une hormone, de l’ocytocine, qu’il fabrique également pendant l’acte sexuel et chez une mère qui allaite son enfant. Un amour de nature chimique. La tendresse pardonne et supporte tout, mais peut-être se résume-t-elle à une hormone, à cette force qui nous soigne en nous unissant. Leifur plaisantait, la science apporte ses réponses, mais après tout, chacun croit ce qu’il veut.
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Ce blondinet rustaud est le thermomètre de cuisson de ta chère Elin. Elle le plonge régulièrement dans sa confiture pour prendre la température de la nation , et quand les gens seront suffisamment habitués aux manières brutales de sa petite ordure blonde, , elle passera à l'action. Cela s'appelle du fascisme, mon cher Hjalti.
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Elin affiche un sourire radieux.
Nous optons pour l'optimisme.Nous devons arrêter de répéter constamment que nous avons perdu le contact avec le monde extérieur. Il n'est pas sain de se concentrer sur ce qu'on a perdu. Au contraire, nous devrions proclamer : Nous avons retrouvé notre indépendance !Proclamons-le ensemble : Allez, l'Islande !
La salle reprend en choeur, les spectateurs assis devant leur télé font de même. Elin rit, ouvre grand ses bras, attrape la main de l'économiste et la lève bien haut, ensemble, nous en sommes capables ! Nous l'avons été jadis et nous le serons encore.
Une vague d'agitation parcourt la salle, quelque chose se fraie un chemin à travers l'assistance et vient mettre à mal cette belle fraternité : dix épouvantails, tout de noir vêtus apparaissent, le bas du visage dissimulé sous un foulard, l'un d'eux tient un porte-voix.
A QUAND LES ELECTIONS ?
L'assistance les hue et les siffle, certains tentent d'arrêter les trouble-fêtes.
ELIN OLAFSDOTTIR, DE QUOI AS-TU PEUR ? A QUAND LES ELECTIONS ?
La salle est en effervescence, les coups pleuvent, les cris retentissent, les gens prennent leurs jambes à leur cou pour se mettre à l'abri avec leurs enfants, les officiers de police et les sauveteurs remontent le courant. Hjalti retient le photographe et l'empêche de prendre des clichés des agitateurs.
Il lui montre la fanfare qui interprète à tue-tête "Le pays de mon père". Ainsi s'achève la retransmission en direct de la Fête de l'hiver dans la grande salle de Laugardalshöll.
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Il a ajouté que les universités devraient redéfinir leur rôle et fermer les départements désormais inutiles : "Nous consacrons des millions à l'enseignement du français, de l'espagnol et de la littérature. Or ces crédits seraient bien plus utiles s'ils étaient consacrés au développement de solutions durables susceptibles d'assurer l'autosuffisance alimentaire et l'avenir de la nation.
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Il ne ­comprend pas comment il est possible que les gens ­cultivés et intelligents qu’il fréquente quotidiennement, ces gens avec lesquels il assiste à toutes ces réunions et dont il ­partage les repas à la cantine, puissent être à l’origine de telles horreurs, d’un tel enfer, de cette violence sans limites, de cette famine et de cette merde.
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