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Citations de Silvina Ocampo (68)


«La peur de ma peur me fait peur.»
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"Certains sont offensés de naissance."
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MÉMOIRE DES PLUIES
     
Combien de fois les pluies de l’aube m’emportèrent
en rêve sur leur chemin lentement et heureuse,
vers le cristal des champs, entre des files de pins,
recherchant les bienfaits d’une lumière étonnante;
     
Combien de fois les ai-je vues revenir aux fenêtres
éteintes, parmi les arbres égarés dans les tumultes
purs de leurs ondes, enlacées aux rubans
du souvenir qui peuple ces murs transparents.
     
Je les entendis, éblouie, frapper sur les lucarnes
avec la suave insistance qui précède les éclairs,
alors que dans le feuillage luisaient les gemmes
liquides où baignent les fleurs et les tiges.
     
Toujours dans ces rumeurs je perçus l’écho d’un piano
qui séduisait le jardin de ses douces distances,
et découvris dans la façon de ces tissages
une profonde serre, bleu ciel en été,
     
Les colonnes et les statues asiatiques d’un temple,
des meutes qui dévalaient au pied d’une pente,
un Mercure entre platanes et senteurs extatiques
qui mouraient en désordre dans la nuit.
     
Je vis dans les trames troubles les déluges antiques
qui enfermaient les arbres, les tours et les hommes,
les villes naissantes et les champs blonds de blé.
dans des tombeaux de boue qui n’avaient pas de noms;
     
Et dans les trames distinctes, seuls, prédestinés,
les noms préférés tournaient en cercle
jusqu’à trouver en dociles mètres amoureux
les vers remémorés, les vers promis.
        
pp. 113-115
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Immortalité

Je suis morte tant de fois, o mon aimé,
d’une douleur insolite dans ma poitrine!
Je suis morte tant de fois dans mon lit
d’obscurité, d’amour désespéré,
que peut-être une mort véritable
me méprisera-t-elle comme ce volubilis
qui sans pitié en vain fut anéanti,
et qui resurgit dans la dure solitude
de ses fleurs rouges en détresse,
dans l’ombre furieuse de ses feuilles.
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Sur le sable

Je voudrais pénétrer dans les profonds reflets,
pénétrer dans la lumière de ces grands miroirs
que la mer forme dans les sables de ses rivages,
et dans leurs profondeurs horizontales, loin,
mourir, vivre à peine.
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Elle dessinait souvent des visages
avec des crayons de couleurs ou de craie,
sur le sol du kiosque,
sur le mur des maisons,
sur la terre avec une branche,
sur une vitre embuée avec un doigt,
sur un savon avec les ongles.
Elle savait écrire la lettre A majuscule parce qu’elle ressemblait à une cabane,
le s parce qu’il ressemblait à un cygne,
le o parce qu’il ressemblait à un œuf,
le i parce qu’il ressemblait à un petit soldat.
Mais dessiner un visage englobait pour elle
toutes les lettres.
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Nous avons vingt-cinq ans. C'est beaucoup, c'est déjà trop.

(dans «Cornelia face au miroir»)
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Notre destin commun, écrivains qui obéissons à l'appel de la vocation et non à l'appât du lucre, est une perpétuelle afin d'éloigner le moment le moment de prendre la plume. Aussi c'est avec empressement que la réalité se charge de nous les fournir et c'est avec une sympathie subtile qu'elle s'associe à notre paresse.
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Comme les personnes respectables sont absurdes!

(dans «Cornelia face au miroir»)
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Vous voyez qu'il pleut dans la chambre.
Intéressé, j'inspectai la pénombre.
- Ces bassines, poursuivit-il en donnant un coup de pied dans un objet, sont destinées, non seulement à recueillir l'eau quand il pleut, mais à provoquer des insomnies et une musique imprévisible. Je pourrais jurer que chaque goutte de pluie qui tombe dans ces récipients produit un son infinitésimalement différent de celui qui le précède et de celui qui le suit. J'ai écouté plus de cinq cents pluies dans cette chambre.
J'allais lui dire : Vous aimez beaucoup la musique.
Je demandai prudemment:
- Pleut-il souvent?
(L'imposteur)
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Tout compte fait, en quarante ans d'existence, ce n'est pas beaucoup : aimer dix-huit fois ce n'est pas une preuve d'inconstance ni de manque de sérieux. C'est seulement la preuve qu'il est impossible de vivre sans amour.
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Aucun instrument de musique, ni la cornemuse, ni la fuya japonaise, ni le nébel hébreu, ni la flûte traversière chinoise, ni le naïou roumain, ni l'aulos grec, ni la réunion de tous ces instruments ne pourrait produire un concert aussi étrange : le son venait du fleuve, dans un accompagnement de tambours, et il paraissait fait de petits sifflements répétés. La place vers laquelle montait cette musique était plongé dans l'obscurité et mouillée par la pluie qui rendait luisantes les statues et les plantes du bassin. Sous les bancs il n'y avait ni les papiers, ni les pelures de fruits, ni les excréments habituels. Les chiens accouraient, à la recherche d'un éventuel os enterré. Cachées dans l'ombre, des petites filles sourdes-muettes s'étaient attardées sur les balançoires et elles s'en donnaient à cœur joie ; leurs tabliers volaient au vent : on ne voyait ni leur visage, ni leurs mains ; on aurait dit des fantômes, des Eriynes de plâtre. Des femmes en deuil, ayant une odeur d'orange, portaient des torches.
(La création)
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Mes prévisions étaient involontaires. Il n'était pas difficile de les reconnaître ; elles se présentaient accompagnées de certains signes qu'on ne pouvait confondre, toujours les mêmes: une brise légère, un rideau de brume, une mélodie que je ne pouvais chanter, une porte en bois sculpté, une froideur dans les mains, une petite statue de bronze dans un lointain jardin. Il était inutile que j'essaie d'éviter ces images : dans les régions glacées de l'avenir la réalité est impérieuse.
(Autobiographie d'Irène)
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Dieu a fait le monde pour donner du bonheur . Mais ce bonheur , ou est-il ? Dieu l'a caché avec beaucoup d'art et de sagesse. Je ne peux que Le louer pour les merveilleuses incertitudes dans lesquelles il nous laisse la plupart du temps .Personne ne peut simplifier ce qui est aussi simple . Les gens parcourront le monde à la recherche d'anesthésiques ou de remèdes sublunaires :ils les ont tous à leurs pieds .
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Epitafio de un aroma
     
Entre estambres futuros y corolas,
ayer cuando bajaron los relentes,
perecí en un jardín que regalaba
sombras con forma de árboles, y el agua.
Me enlazaban dos cintas : aquí están :
más que mis pétalos duraron, pálidas,
como las cintas de la gente muerta.
La misma asociación de flores, tácita,
las parecidas manos, el cuidado,
la estación y la sangre de la tarde
no podrán repetir exactamente
los túneles oscuros de mi aroma :
infinitos serán en la memoria
los complejos caminos del perfume;
también será infinita la falaz
reaparición de todos los momentos.
Y aunque los días quieran restituirla,
y aunque se asocien muchas circunstancias
— repetición de frases o de gente,
la misma inclinación de una cabeza —
ya no existe tampoco la persona
para quien fui en secreto destinado.
     
     
(de « Enumeración de la patria », 1942)
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La tristesse m'a parfois consolée.
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Quand un homme n'aime pas, ses étreintes deviennent maladroites. Il a trop de bras, trop de jambes, il est plein d'os, de coudes, de genoux.
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Vais-je mourir avant d'avoir quinze ans ? J'ai compté les heures pendant lesquelles Miss Fielding m'a empêchée de penser depuis que je suis couchée : cinq heures aujourd'hui, trois hier, huit avant-hier : seize heures au total. Si je meurs avant mes quinze ans, je ne lui pardonnerai pas.
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Mon héroïne préférée était la petite sirène d'Andersen parce qu'elle ne parlait pas.
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De quelle couleur étaient donc ses yeux ? Le premier jour où je l'ai vue ils m'ont paru bleus, mais aujourd'hui, sous cet éclairage qui fait une lumière froide, la couleur bleue a viré au violet, presque au noir. J'ai toujours attaché de l'importance à la couleur des yeux des personnes que je viens de rencontrer : les yeux et les mains sont la première chose que je regarde, ce qui me captive le plus. Tant que je ne les connais pas j'ai l'impression de ne pas connaître véritablement un être.
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