Vêtue d'une blouse grise élimée, la préposée de la poste refuse de me remettre la lettre recommandée qui m'est destinée. «Vous devez me présenter un document administratif justifiant de votre pseudonyme», déclare-t-elle. Cette femme bornée me connaît pourtant bien, mais elle prend plaisir à m'emmerder. Lorsqu'une fonctionnaire, planquée derrière un guichet, abuse de sa petite autorité, je perds mon sang-froid : je la traite d'imbécile, me condamnant de la sorte à ne plus recevoir de courrier. Pour sortir de cette impasse, j'ai négocié avec un flic, désireux d'accéder à la contre-piste des arènes de Nîmes, l'échange d'un passeport contre la réalisation de son rêve.
Domb Pseudo Casas est à présent le nom qui figure sur mon passeport numéro 04FC24726, délivré le 01-09-2004. Telle est mon identité officielle. Pseudo avec un P majuscule. Suivant les circonstances on me désigne donc indifféremment sous les noms de Casas, Pseudo ou Domb. Il est arrivé que mon agence de voyage fasse inscrire le deuxième sur certains de mes billets. Ainsi m'appelle-t-on Monsieur Pseudo lorsque je voyage sur les lignes de la compagnie Iberia. Monsieur Pseudo... Et si de mes trois noms celui-ci était vraiment le bon ?
Aucun de mes noms ne me convient vraiment.
Casas est un nom d'artiste, dit-on; en espagnol, il signifie «maisons». En octobre 2003, ma demeure a été détruite par une inondation et, en octobre 2005, ma nouvelle habitation a été attaquée au cocktail Molotov et à l'arme à feu par des individus cagoules. Des anti-corrida sans doute. La nature d'abord, et les hommes ensuite, s'en sont pris à mes casas, mes maisons, et de ce fait à mon nom.
J'ai vécu ces événements comme une alerte.
Si je possède un passeport, je n'ai toujours pas de carte d'identité. La dernière me fut délivrée il y a plus de quinze ans, avant que ne soient modifiées les conditions d'accès à la nationalité française. Soucieux de régulariser ma situation, je me suis rendu à la mairie de Nîmes, la ville où je suis né.
Le 7 août 2002, la responsable du service Accueil de la mairie m'a fait parvenir un courrier référencé CS/56
Chez Camacho, le numéro 40 a fait de la résistance.
Impossible de l’enfermer. Il ne voulait pas se laisser embarquer
dans le camion destiné à le transporter. Il faut
dire que les toros ont une redoutable mémoire, et
que le 40 avait déjà été piégé. Clac, clac… il s’en
souvenait du claquement sec des portes métalliques
qui se ferment. Il a donc fallu aller chercher
les vaches. Car, c’est bien connu, les mâles ont la
fâcheuse manie de suivre les femelles, ce qui leur
fait souvent faire de grosses bêtises. C’est ce qui lui
est arrivé au 40 : il a suivi les vaches qui sont, elles,
ressorties du camion par une porte que l’on avait
laissée ouverte. Elles ont retrouvé leurs espaces
champêtres, et lui, le 40, il est resté enfermé dans
sa prison roulante.