Il y a de ça quelque temps, se déroula en Corse un événement plutôt inhabituel. Jugez donc :
Nous étions début décembre et on s'apprêtait à fêter Noël. Tout comme les rues qui se déguisaient, les coeurs se remplissaient d'envies, les enfants s'inventaient des cadeaux à venir et des poches qu'on allait remplir de présents. Mais étrangement, on avait aucune nouvelle du personnage principal de ce temps-là, le père Noël. Il n'avait répondu ni aux lettres, ni aux mails qu'on lui envoyait. En ville certains prétendaient l'avoir aperçu du côté du marché, d'autres assuraient qu'il était passé par la gare; mais ce n'était que des rumeurs. En fait personne ne l'avait rencontré. Si bien que pour la plupart des gens, il semblait bel et bien avoir disparu.
C'est une histoire d'hommes et d'animaux dans un pays où l'appétit de liberté est du goût de chacun. Tout le revendique... Les pierres s'amoncellent en pic unique; les taureaux qu'on ne tue pas dans ces fêtes barbares, errent dans des pâtures du bout du monde léchées par la mer. Et lorsqu'on les rencontre sur un chemin de randonnée, ils vous invitent d'un seul regard pesant à prendre une autre route qu'eux.
Il y eut un jour, puis deux, trois encore ou Dieu créa le monde.
Au dernier de ces jours, dimanche le septième, il s'assoit satisfait. Et, se penchant sur les courbes de son fauteuil, il contemple la terre qu'il vient d'achever...
... Qu'elle est belle!
Cette année-là, insolent de lumière l'automne régnait en maître à la marge d'un été qui tardait à s'éteindre. Un temps, pour occuper un de nos dimanches désoeuvré, nous avions décidé d'une ballade au coeur des montagnes de l'île.
Au frais matin, nous nous retrouvons au pied de monts en muraille qui se dressent abruptes, accolés contre l'azur. Un chien de rencontre nous montre le chemin. Plus tard aux environs de midi, c'est un petit pré vert d'altitude qui nous rassemble pour la pose.
Elle dessinait sa ville...
Alors les squares prenaient des allures de savane où l'été, contre trois bananes, des éléphants vous arrosaient de leur trompe réfrigérée. Un service de girafes tirant des calèches remplaçait les taxis jaunes. Au carrefour du front de mer, un singé costumé en roi d'opérette, réglait la circulation. Plus loin, sur le trottoir une jeune fille et un paon faisaient un concours de roue... A travers la feuille à dessins la ville prenait un air fantastique, et quand le soir venu, l'enfant rentrait dans son quartier, elle n'eut été qu'à moitié étonnée de voir s'envoler par-dessus les tours des immeubles, un vautour d'argent que chevauchait un perroquet rigolard criant à tue tête "bonne nuit, M'sieurs Dames".
Certains jours de la semaine, la masure devenait l'univers de Julie. Une seule pièce l'occupait, vide de meubles à l'exception d'un vieux fauteuil usé et d'une grosse malle sur laquelle on pouvait lire écrit en pointes dorées : "Au bazar du grand monde".