AVANT UNE AUBE
Je ne veux pas d'une aurore intruse
Révèle, douceur, forme pure de l'ardeur,
Alors que tu me sais morne et dure paroi offerte à
toute vomissure,
Révélez, cieux, mon amour de Ton Nom : la Nuit.
p.63
ÉCHARDE
Pourquoi près des jouets
au fond d'un seau d'enfant une écrevisse inerte
et le long hululement de douleur et de mort
d'un chat-huant cloué contre la porte ?
Pourquoi cette vipère plaquée sur la tour
de la maison du rêve où rêve mon enfance
un sifflement de peur à la vue d'un vautour ?
Pourquoi ce frelon d'or sous le talon dur
et la frayeur, cet hippocampe noir, un nain
qui passe dans ma chambre et dans ses deux
miroirs .
p.13
INTIMITÉ
Chante, ô toi, ton amertume de vivante ; chante-la
dans une solitude d'arbres qui font rêver à de
longs oiseaux morts.
Ô vous, jours d'argile, fils d'or de mon amour dont
vous tissiez la trame,
Vous me donniez un silence ponctué de
frémissements d'ailes,
Ô amour, ô granit.
p.41
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Des chiens éblouis par des lampes de rêve
Aboyaient aux renards entrant dans une aurore.
Les oiseaux, ciel d'amour des nuques renversées
Et des regards noyés dans une ombre de joie,
Chantaient un sang vainqueur
Et je dois un aveu :
Renaissait pour l'amour-enfant,
Un jour d'amour et d'amant et de fange.
p.22
AVANT UNE AUBE
Géantes
Lignes de campagnes éperdues
Flore d'une jungle
Tanière
Vous traquez l'être aux épaules en voûtes dans
l'acuité du pervers.
Toi clef de voûte d'une connaissance de l'amour
vrai
Viens animer un pays de ta douceur opiniâtre.
p.54
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Dans une rue
Ce n'était certainement pas l'été
Il y avait un perron, des persiennes closes battues de
pluie,
Non ce n'était pas l'été
Le vent d'ailleurs était trop dur
La maison trop rebelle
Et pourtant une femme vint dans la maison rebelle.
p.10
INTIMITÉ
Le soir le chat-huant accompagne le jeteur de sable,
Avant le sommeil, des phares contemplent la
demeure de l'orage, le rêve d'un enfant, le
chemin de fer…
Je me souviens très fort du temps du bonheur.
p.43
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Dame à la nuque de terre froide
Dame dont les phalanges se crispent dans l'humus
Tu n'es pas,
Losanges d'arlequin
Masque de fête révolue,
Mais celle qui se retourne contre moi
Quand je tremble
Quand je te croise à l'aube.
p.14
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Dans une voix
Dans une angoisse de rails de nuit
Dans un songe à mi-versant, sur une belle colline,
Dans une forêt
Vers un immense plan d'eau immobile où ne se
reflète plus la demeure que tu sais
Tu m'investis.
p.36
ÉCHARDE
Ô mon errante, ma sauvegarde
Ce soir, grain nocturne
Dans une pénombre d'où sort
Et se tord un long vers au corps exaspéré…
Sur la plage mouillée prête pour le soleil
Commence à mourir
Un jour de lèpre.
p.30