Il y a des questions qui ne trouveront jamais de réponses et d'autres auxquelles personne de normalement constitué ne saurait y donner de sens. Certaines sont anodines et d'autres, existentielles. Elles commencent toutes avec une pensée déclenchée par un événement. On s'interroge sur le bien-fondé d'une action, quel chemin emprunter dans la vie. Ou encore, pourquoi sommes-nous là ? Elles naissent d'une réflexion soumise à notre psyché par la simple volonté de l'esprit. Elles nous poussent à prendre des décisions satisfaisantes, une voie que l'on peut regretter ou dont on ne revient jamais. Ces choix nous appartiennent. Mais alors, qu'est-ce qui motive quelqu'un à tuer? Qu'est-ce qui incite un humain à s'emparer d'une arme et à appuyer sur la détente ou encore à empoigner un couteau et l'enfoncer dans le ceur d'un autre ? Chaque raison est différente. Chaque motivation qui les pousse à le faire est divergente. Tout comme les méthodes. Hormis ceux avec une déficience mentale, tout le monde a la capacité de faucher des âmes. Une majorité est cependant trop effrayée de passer à l'acte.
Tant que vous n’avez perdu personne de précieux, vous n’avez pas conscience d’à quel point certains détails insignifiants peuvent devenir des outils de tortures mentales.
Elle a toujours été rebelle dans l'âme, et si jadis je ne pouvais pas librement la courber à mes désirs, aujourd'hui plus personne ne m'en empêchera. Je vais la détruire et la reconstruire si nécessaire pour qu'elle réponde à mes exigences en commençant par briser toute une vie de rébellion. Je suis devenu expert dans l'art de briser les gens. L'empire que je dirige d'une main de fer, je l'ai bâti sur le sang et ce n'est pas un joli minois comme le sien qui me fera ramollir.
Mais pour moi, tu seras toujours Lake Johansen, la fille qui a brisé le mien pour le reconstruire à partir des éclats de nos deux âmes. Un monstre et un ange ensemble qui vont enflammer le paradis et geler l’enfer.
Tout ce que je parviens à faire est de l’allumer un peu plus. Sa dureté est bien calée contre ma chair, ses bras m’emprisonnant de chaque côté de mes hanches, les paumes posées à plat sur le plan de travail. La tranche s’enfonce douloureusement dans les os de mes hanches tandis qu’il s’appuie plus fort contre moi. Kieran sait parfaitement ce qu’il fait.
Ma curiosité malsaine est de plus en plus attisée par le besoin de savoir à quoi il ressemble aujourd’hui. Je secoue la tête pour rejeter cette pensée inutile et incongrue.
J'ai tout perdu.
La seule famille que j'avais en capacité de s'occuper de moi était ma grand-mère Sophia, la mère de mon père. J'ai dû tout abandonner. Quitter les USA pour venir vivre avec elle à Bordeaux, dans le sud de la France.
J'ai dû faire taire ma douleur, apprendre à vivre sans eux dans un pays où même la langue m'était étrangère. Sauf que Sophia avait ce caractère fort qui faisait que personne ne pouvait se laisser aller avec elle. Malgré la perte de son fils unique, elle s'est montrée courageuse pour moi.
Il y a deux catégories de rêves: les banals sans aucun intérêt qu’on oublie dès l’instant où l’on ouvre les paupières et ceux qui paraissent si réels que l’on s’y accroche après le réveil.
Je ne peux retenir plus longtemps mon rire, même s’il est nerveux. Je ne suis pas de ce genre de fille qui se dévalorise ou qui se la pète. Je suis tout à fait consciente de mon physique. J'ai de longs cheveux blonds méchés, une peau légèrement hâlée, des yeux pers qui varient selon le temps entre des tons de bleu, gris ou même vert ainsi qu’une stature élancée. Sophia disait que je tenais cela de ma mère. Je ne fais pas attention à ce que je mange, et je suis mince.
C'est assez étrange vu l'absence de relation que nous avons eu ces dernières années. Je n'ai jamais eu de scrupule à agir de cette manière avec Sophia. Pourrions-nous considérer qu'il y a une différence entre cacher la vérité et mentir ? À mon avis, oui !
Si quelqu'un vous pose une question et que vous ne lui disiez pas la vérité, c’est un mensonge. Par contre, si d’un autre côté on n’en parle pas, ce n'est pas mentir, mais plutôt cacher la vérité, non ?
Je ne comprends rien de ce que tu racontes, mais si tu veux jouer au gros dur, tu t’y prends comme un manche, dis-je en essayant de garder mon calme, ce qui est sacrément difficile avec ses lèvres qui planent au-dessus de mon cou.
Je suis honteusement un peu excitée. Je n’ai aucune idée de l’apparence du garçon qui se trouve derrière moi, et cette simple perspective me rend fougueuse et courageuse. Est-ce ce que ressent Kieran aussi ?