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Le ballot gisait au même endroit sous les bouleaux. Aliide s'approcha sans le quitter des yeux, en alerte. Le ballot était une fille. Boueuse, loqueteuse et malpropre, mais une fille quand même. Une fille inconnue. Un être humain de chair et de sang, et non quelque présage tombé du ciel. Ses ongles cassés portaient des lambeaux de vernis rouge. Ses joues étaient striées de rimmel et de boucles de cheveux à moitié défrisés, la laque y formait des boulettes et quelques feuilles de saule pleureur s'y étaient collées. A leur racine, les cheveux grossièrement décolorés repoussaient gras et sombres. Sous la crasse, la peau diaphane de la joue blanche ressemblait pourtant à celle d'un fruit trop mûr, de la lèvres inférieure desséchée se détachaient des peaux déchiquetées, entre lesquelles la lèvre tuméfiée, rouge tomate, était anormalement brillante et sanguine et faisait ressembler la crasse à une pellicule qu'il faudrait essuyer comme la surface vitreuse d'une pomme dans le froid. Une teinte violette s'était accumulée dans les plis des paupières, et les bas noirs translucides étaient troués.
L'herbe qui chatouillait le pied de Zara était la caresse de sa grand-mère, le vent dans les pommiers était le chuchotement de sa grand-mère, et Zara avait l'impression de regarder les étoiles par les yeux de sa grand-mère, et quand elle rebaissa le visage, il lui sembla que le jeune corps de sa grand-mère se tenait à l'intérieur du sien, en quête d'une histoire qu'on ne lui avait pas racontée.
Dans la rue, elle reconnaissait les femmes dont elle flairait qu'il leur était arrivé le même genre de chose. A chaque main tremblante, elle devinait : celle-là aussi. A chaque sursaut que provoquait le cri d'un soldat russe, ou à chaque tressaillement causé par le bruit des bottes. Celle-là aussi ? Toutes celles qui ne pouvaient s'empêcher de changer de trottoir dès qu'elles croisaient des miliciens ou des soldats. Toutes celles dont on apercevait, à la taille de leur blouse, qu'elles portaient plusieurs paires de culottes. Toutes celles qui n'étaient pas capables de regarder droit dans les yeux.
« Le pouvoir ne réussit à personne »
(Poche, p. 296)
L’herbe qui chatouillait le pied de Zara était la caresse de sa grand-mère, le vent dans les pommiers était le chuchotement de sa grand-mère, et Zara avait l’impression de regarder les étoiles par les yeux de sa grand-mère, et quand elle rabaissa le visage, il lui semblait que le jeune corps de sa grand-mère se tenait à l’intérieur du sien, en quête d’une histoire qu’on ne lui avait pas racontée.
L’instabilité mentale le replongeait dans les souvenirs où le feu dénudait les crânes et les tibias, des souvenirs qu’il doit oublier et qu’ils a déjà oubliés, jusqu’à ce que l’âme, s’effilochant, les réveille et les ramène à la réalité […]
(Poche p.381)
N'est-on pas toujours coupable, dès lors qu'on s'enfuit en courant ?
Mais la terreur de la fille était tellement vive qu’Aliide la ressentit soudain en elle-même…Mais maintenant qu’il y avait dans sa cuisine une fille qui dégoulinait de peur par tous les pores sur sa toile cirée … . La peur s’installait là, en faisant comme chez soi. Comme si elle ne s’était jamais absentée. Comme si elle ne s’était absentée. Comme si elle était juste allée se promener quelque part et que, le soir venu, elle rentrait à la maison.
Aliide hocha la tête et se faufila derrière un arbre pour fumer elle aussi une papirossa, afin que le fait de fumer en public ne lui attire pas d'autres jacasseurs. Un printemps particulier. Les printemps particuliers et les hivers particuliers, elle en avait toujours eu peur. 1941 avait été un hiver particulier, il avait fait très froid. Et 1939, et 1940. Des années particulières, des saisons particulières. Sa tête bourdonnait. Il y en avait encore une, maintenant. Une saison particulière. La répétition des années particulières. Son père avait raison, les saisons particulières présageaient des événements particuliers. Elle aurait dû savoir. Aliide essayait d'éclaircir sa tête en la secouant. A présent il n'y avait plus de temps pour les vieilles histoires, parce qu'elles ne disaient rien sur ce qu'il fallait faire quand une saison particulière arrivait. Sinon préparer ses bagages et s'attendre au pire.
Si elle recevait, en se mariant avec Martin, une sorte de sécurité, il y avait une autre chose importante qu’elle obtenait par le mariage. Elle devenait tout à fait comme n’importe quelle femme, ordinaire. Les femmes ordinaires se mariaient et faisaient des enfants. Elle en était devenu une.