De retour au Nuage Vert, il frotte de l'encre avec un peu d'eau dans un bassin de pierre, et étale une grande feuille de papier sur une table. Tous ces gestes sont lents et réguliers. Retenant son souffle, il trace, en un seul mouvement, un long trait au travers de la feuille, puis ajouter quelques courbes à son sommet. Il vient de peindre l'une des fleurs que nous avons vues tout à l'heure ! Il regarde longuement le tableau qu'il vient de réaliser. Il a l'air satisfait. On voit et l'on sent, à travers cette fleur, le rayon du soleil, la terre mouillée, le chant du ruisseau et la douceur de la brise. Ce qu'il recherche, c'est peindre juste l'essentiel : le vide de la feuille suggère comme par magie ce qui n'y a pas été tracé
Dès lors, lui qui a utilisé de nombreux noms tout au long de sa vie, choisit celui de Pa-Ta-Chan-Jen, "le montagnard aux huit Orients", pour signer ses peintures. Il dispose ces quatre caractères verticalement de façon à ce qu'on puisse aussi en lire deux autres : K'u-chih, "pleurer", ou Hsiao-chih, "rire". Celui qui pleure ou celui qui rit, c'est tout à fait lui !
Mon enfant, si tu veux peindre comme les grands peintres de ce monde, il te faut peindre beaucoup, mais surtout, peindre en écoutant ton cœur.
Je m’appelle Ta’o, et je suis né de la main d’un prince devenu un grand maître. Je vais vous raconter son histoire…