AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.38/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Née en 1986, Sophia de Séguin a fait des études de lettres puis appris la programmation informatique à l'école 42, dont elle est désormais l'une des ambassadrices. La Séparation est son premier texte publié.

Ajouter des informations
Bibliographie de Sophia de Séguin   (1)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Joaquim me disait qu’il «était lui-même» avec moi; c’était parce que j’étais éperdument amoureuse, silencieuse, sa petite chatte dévouée; il ne se méfiait de rien, n’en avait rien à faire, était tout à son aise. J’aimais tant Joaquim parce que je n’attendais pas son amour en retour, rien de lui, seulement qu’il accepte le mien, et qu’il me fasse jouir, c’était un contrat, un contrat d’amour univoque, bien établi dès le départ. J’étais, aussi, étrangement confiante avec lui. Les choses étaient bien claires, d’une certitude absolue. Il y avait quelquefois des larmes et de la violence, c’était pour en jouir mieux, lorsque la honte d’être méprisée dépassait quelquefois –c’était rare – le plaisir orgueilleux de demeurer avec ma passion dévorante, cette passion inconnue de lui, dont je lui offrais le spectacle. p. 89
Commenter  J’apprécie          130
Je savais, et depuis longtemps, que, par sa faute, j’étais timide, silencieuse, et réservée jusqu’à l’autisme. Je devinais aisément que ma solitude et mon refus du monde avaient à voir avec elle. Je ne pouvais pas ignorer qu’elle était la raison principale de mon incapacité à aimer. Elle était aussi, j’en étais certaine, responsable pour la duplicité de mon âme, qui me condamnait à me voir toujours faire, à observer le monde sans y être nulle part. J’avais bien compris pourquoi j’avais tous ces désirs furieux, inarrêtables, de ventre ou de cervelle. Il me fallait bien reconnaitre que mon désir de tout expliquer, de tout comprendre, qui confinait à la folie, venait de cette éducation. Et je suis désormais convaincue que c’est elle, ma glorieuse mère, qui m’a faite géniale. p. 35
Commenter  J’apprécie          20
Adrien est un type conservateur, type XIXe siècle, intéressé par la Représentation, l’Histoire, la Transmission – des majuscules. Moi je suis bien une fille de mon époque: hypermoderne, fascinée par le langage, les raisons de mon existence, muette, folle, prisonnière d’images. 
J’accorde, sûrement pour m’excuser d’avoir une si mauvaise mémoire, et tellement de paresse, beaucoup trop d’importance à l’oubli, à la faculté d’ignorance après avoir beaucoup lu ou appris. Un genre de résilience. La seule façon d’inventer quelque chose, d’avoir l’âme neuve et pure. p. 13
Commenter  J’apprécie          20
La plupart des hommes, ceux qui ont de l'orgueil et de la pudeur - je ne parle pas des séducteurs, des cœurs tièdes, je ne parle pas des lavettes et des petits maris, qui réclament le même soin qu'on prodigue aux handicapés et aux enfants en bas âge -, supportent très mal d'être repoussés par les femmes, et ne supportent pas d'être compris par elles. Plus leur orgueil est grand, moins ils acceptent les froideurs et le mépris, plus ils vont conquérir, réclamer l'unisson et l'amour extraordinaires. Ils endurent alors tous les mépris, tous les outrages, s'acharnent le plus longtemps possible, menaçant d'en mourir. Mais aussitôt qu'elles les aiment, l'affaire - c'est presque malgré eux - a perdu sont attrait. Il s'agit moins, toutefois, d'une satisfaction narcissique (désir assouvi, femme vaincue, etc.) que d'une inquiétude narcissique : que la femme les comprenne, comme ils le réclamaient tellement, qu'elle voie le fond piteux de leur âme, le verre vide où tremble une pauvre honte, cette pissotière de l'âme est inenvisageable. Ils auraient trop de douleur, trop peur de dévoiler leur laideur. Ils préféreront donc toujours passer pour celui qui trahit, pour le méchant homme, que de laisser voir cette vérité-là.
Commenter  J’apprécie          10
Mon héros absolu : Tarass Boulba. Je lisais enfant le beau livre illustré, à la campagne, dans les draps frais de mon lit, la nuit calme dehors, cette histoire de violence et de guerre, de cosaques dans les plaines immenses d’Ukraine, au galop, maigres, fiers, beaux d’orgueil, d’astrakan et de cuirs, qui préféraient la mort à l’idée de se soumettre. Je partageai le mépris de Boulba pour l’épouse qui le suppliait de rester au foyer, il la repoussait rudement à terre, dans la poussière, déjà loin, éperonnant de ses bottes rouges aux talons d’argent son cheval. Je trouvais aussi naturel que le vieux cosaque tue, sa main ne tremblait pas, son fils passé à l’ennemi, au cœur trop tendre, qui était tombé amoureux de la fille du gouverneur. Ah, la mort du vieux Boulba sur le bûcher silencieux, dont les cendres emportées par le vent, emportées sur la plaine, ouvrent les naseaux des chevaux, font incliner la tête des derniers zaporogues, et pâlir d’effroi malgré la victoire, les soldats polonais catholiques. Aujourd’hui encore, quand je reprends ce vieux livre, aux pages arrachées, aux couleurs passées, mes mains tremblent et mon front s’enfièvre d’une joie ancienne.
Commenter  J’apprécie          10
Comme je hais les dandys, les poseurs, les mélancoliques, les cyniques, les eaux tièdes, les intéressants, les pisse-froids, les commentateurs ! Ces chassieux je les respecte rarement ( les plus brillants, les érudits ont, il faut bien le reconnaître, quelques séductions) mais tous je les hais. Ceux que j'admire - ceux que j'envie - sont les gens d'action, les entrepreneurs, les artisans, les bornés, les maniaques, les malades, les joueurs, les ivres, ceux qui ne sont semblables qu'à eux-mêmes, ceux qui ont oublié qu'ils avaient été autrement, à qui il n'importe que d'être, les orgueilleux, les laborieux, les riches qui gagnent, aussi ceux qui ont tout perdu, ceux qui ne se préoccupent pas, les très pauvres, ceux qui ont des illusions dures comme le fer, ne se retournent jamais, et jusqu'au bout, avec loyauté, avec une grande bizarrerie je n'aime que ceux qui n'ont aucune recul, pas de recul sur ce qu'ils font, ni sur ce qu'ils sont : les gens très sûrs d'eux ou sûrs de rien (mais absolument sûrs de rien), les naturels et les impulsifs, les colériques et les déments, je les regarde avec amour. C'est pourquoi je préfère le ridicule des hommes bornés qui enfoncent les portes ouvertes aux intelligences, aux précautions, raffineries et dentelles, aux craintes et aux stupeurs des petits-maîtres qui se tiennent au seuil avec des mines, des afféteries et de sgoûts bien étudiés (comme des valets).
Commenter  J’apprécie          00
une impression fugace, qui fait entrevoir, plaisamment, des étreintes et des baisers nouveaux, avec de la fraîcheur, plus de vivacité et de couleur que celle, noire, épaisse comme une encre, qui reste alourdie dans nos veines, qu'on délaye, comme c'est commode, facile et bête la vie amoureuse, par un peu de vin clairet
Commenter  J’apprécie          10
le bon écrivain, l'homme supérieur, celui que la postérité considérera avec une admiration respectueuse, doit, croit on, se refuser aux embrasement faciles et aux enfers de l'imagination; il substitue à l'expression grossière, à toute flamme, un langage éthéré donc imputrescible.
Commenter  J’apprécie          10
sincérité, élégance, économie, maitrise, les supposées qualités du littérateur qui, sans éteindre les émotions ni les feux des passions, les manipule, ranime, avec prudence, justesse, une manière spirituelle, tournure élégante, un souffle sur les braises, du bout du tison
Commenter  J’apprécie          10
J'accorde, sûrement pour m'excuser d'avoir une si mauvaise mémoire, et tellement de paresse beaucoup trop d'importance à l'oubli, à la faculté d'ignorance après avoir beaucoup lu ou appris. Un genre de résilience. La seule façon d'inventer quelque chose, d'avoir l'âme neuve et pure. Un métal rouge encore au sortir de la forge. Comme un phénix s'envole, secouant de ses belles ailes toute la poussière d'où il vient. Voilà le vrai moyen de résister à la mort ou au moins de le croire. Nietzsche avait bien raison, disant que l'excès de rumination et de sens vous flingue à force un homme et une civilisation.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Sophia de Séguin (30)Voir plus

Quiz Voir plus

Vendredi ou La Vie sauvage, Michel Tournier

L'aventure de Robinson et Vendredi se déroule:

Au XVIe siècle
Au XVIIIe siècle
Au XIXe siècle

20 questions
3485 lecteurs ont répondu
Thème : Vendredi ou La Vie sauvage de Michel TournierCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..