Sophia Jarion

Elle recula d’un pas, horrifiée. (...) Sa vision se flouta subitement. Sans qu’elle en ait parfaitement conscience, les larmes lui emplirent les yeux et dévalèrent son visage en un flot incontrôlé. Elle s’essuya du revers de sa manche. Elle remarqua enfin les nombreuses mouches qui tournoyaient dans les airs autour du cadavre. Leurs mouvements pourtant aléatoires lui évoquèrent un ballet macabre. Une danse dégoûtante.

Ses pieds se dérobèrent. Ses genoux fléchirent. La gravité entraina son corps en une chute lente mais inexorable vers le sol carrelé de la cuisine. En pleine conscience, elle ordonna à ses bras d'amortir l'impact mais plus aucun muscle ne lui obéissait. L'arrière de sa tête heurta le coin de l'îlot centra et une douleur aiguë lui vrilla le cerveau. Malgré l'engourdissement de ses sens, elle perçut l'épais filet de sang couler le long de sa nuque. Le liquide visqueux colla ses cheveux à sa peau. Etalée au sol, seule au centre de la pièce, elle ressemblait à une marionnette abandonnée par son créateur. Cligner des yeux devint impossible. Ses cornées séchaient et elle brûlait d'envie de se frotter les paupières.
Respirer fut laborieux. Il lui semblait qu'un poids éléphantesque appuyait sur son thorax, l'obligeant à puiser dans ses dernières réserves pour parvenir à inspirer. Une lueur de compréhension traversa ses pupilles. Elle allait mourir. Sans pouvoir lutter, elle se sentit glisser vers les ténèbres.

Elle remarqua enfin les nombreuses mouches qui tournoyaient dans les airs autour du cadavre. Leurs mouvements pourtant aléatoires lui évoquèrent un ballet macabre. Une danse dégoûtante.