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3.89/5 (sur 33 notes)

Nationalité : Portugal
Né(e) à : Porto , le 06/11/1919
Mort(e) à : Lisbonne , le 02/07/2004
Biographie :

Sophia de Mello Breyner Andresen était une des plus importantes poétesses portugaises du XXe siècle. Elle a hérité du patronyme d'un ancêtre danois débarqué au Portugal par hasard.

Née d'une famille aristocratique, engagée politiquement à gauche, elle fut de tous les combats qui ont porté la démocratie au Portugal. Elle a suivi des études de philologie classique à la Faculté des Lettres de Lisbonne.

Avec un premier recueil de poésie publié à compte d'auteur en 1944, Sophia entame une carrière littéraire encouragée par Michel Torga, qui fera d'elle un écrivain national. Distinguée avec le prix Camões en 1999, elle est devenue la première femme portugaise à recevoir le plus important grade de la littérature de langue portugaise.

Poète avant tout, la "grande dame de la littérature portugaise" est aussi l'auteur de contes simples et limpides qui, par leur richesse et leur beauté formelle, séduisent les lecteurs de tout âge.

Elle s'est marié à Francisco Sousa Tavares, journaliste, politicien et avocat, en 1946. Elle est la mère de 5 enfants dont Miguel Sousa Tavares, avocat et journaliste de renom.
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Source : Wikipedia
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Vidéo de

Sofia de MELLO BREYNER – Entretien avec Bernard Pivot (Antenne 2, 1988) L'émission "Apos'", présentée par Bernard Pivot, diffusée le 13 novembre 1988 sur Antenne 2.


Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
PAYSAGE 

Dans l’air passaient soudain des oiseaux,
L’odeur de la terre était amère et profonde,
Et au loin les chevauchées de la haute mer
Secouaient sur le sable leur crinière. 
(...)
C’étaient les chemins et leur démarche lente,
C’étaient les mains profondes du vent,
C’était l’appel libre et lumineux
De l’aile fugitive des grands espaces. 

C’étaient les pinèdes où le ciel se pose,
C’étaient le poids et la couleur de chaque chose,
Leur quiétude, secrètement vivante,
Et leur exhalaison qui me construit.

C’était la vérité et la force de la vaste mer

Dont la voix s’élève quand se brisent les vagues,

C’était l’éternel retour et la clarté

Des plages où le vent court droit devant lui.
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Sophia de Mello Breyner Andresen
Un léger tremblement précède l'aube
Lorsque mer et ciel dans la même couleur bleuissent
Et que sont plus claires les lumières des bateaux de pêche
Et que par-delà les insanités les rumeurs
Extasiée notre vie se contemple
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Sophia de Mello Breyner Andresen
Me voici
Déshabillée de tous mes manteaux
Loin des devins des magiciens et des dieux
Pour rester seule face au silence
Face au silence et à la splendeur de ton visage

Mais tu es l’absent parmi les absents
Ni mon épaule ne me soutient ni ta main ne me touche
Mon cœur descend les escaliers du temps que tu n’habites point
Et la rencontre avec toi
Ce sont des plaines et des plaines de silence

Sombre est la nuit
Sombre et transparente
Ton visage est au-delà du temps opaque
Et je n’habite pas les jardins de ton silence
Car tu es l’absent parmi les absents
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TERREUR DE T'AIMER
Terreur de t'aimer dans un site aussi fragile que le monde.
Mal de t'aimer dans ce lieu d'imperfection
Où tout nous casse et nous rend muet
Où tout nous ment et nous sépare.
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PARCE QUE

Parce que les autres se déguisent et toi non
Parce que les autres évoquent la vertu
Pour acheter ce qui ne mérite pas pardon.
Parce que les autres ont peur et toi non.

Parce que les autres sont des tombeaux chaulés
Où en silence la pourriture fermente.
Parce que les autres se taisent et toi non.

Parce que les autres s'achètent et se revendent
Et leurs gestes produisent encore des dividendes.
Parce que les autres sont habiles et toi non.

Parce que les autres marchent à l'ombre des abris
Et avec le danger main dans la main tu marches.
Parce que les autres calculent et toi non.
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Sophia de Mello Breyner Andresen
Malgré les ruines et la mort,
Où s'achèvera toujours chaque illusion,
La force de mes rêves est si forte
Que de tout renaît l'exaltation
Et mes mains jamais ne restent vides.


(" Malgré les ruines et la mort")
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ÉLÉGIE
     
Apprends
À ne pas t’attendre car tu ne te trouveras pas
     
À l’instant de dire oui au destin
Incertaine et muette tu t’arrêtas
Et les océans lentement t’entourèrent
     
À cela tu donnas le nom d’Orphée Eurydice –
Incessante et intense la lyre vibrait à côté
Du défilé réel de tes jours
On ne distingue jamais le vécu et le non-vécu
La rencontre et l’échec –
Qui se rappelle l’écoulement si fin du sablier
Quand s’élève le chant
Voilà pourquoi la mémoire assoiffée veut remonter à la surface
En quête de la part de toi que tu refusas de donner
Dans le rauque instant de la nuit la plus tue
Ou dans le jardin secret au bord du fleuve
En juin
     
-
     
ELEGIA
     
Aprende
A não esperar por ti pois não te encontrarás
     
No instante de dizer sim ao destino
Incerta paraste emudecida
Ε os oceanos depois devagar te rodearam
     
A isso chamaste Orpheu Eurydice –
Incessante intensa lira vibrava ao lado
Do desfilar real dos teus dias
Nunca se distingue bem o vivido do não vivido
O encontro do fracasso –
Quem se lembra do fino escorrer da areia na ampulheta
Quando se ergue o canto
Por isso a memória sequiosa quer vir à tona
Em procura da parte que não deste
No rouco instante da noite mais calada
Ou no secreto jardim à beira rio
Em Junho
     
     
Recueil Musa/Muse, 1994.
     
(Traduction du portugais par Joaquim Vital)
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JAMAIS PLUS...

Jamais plus
Tu ne marcheras sur les chemins naturels.

Jamais plus tu ne pourras te sentir
Invulnérable, réelle et dense -
Perdu pour toujours
Ce que tu recherchas par-dessus tout :
La plénitude de chaque présence.

Et ce sera toujours le même rêve, la même absence.
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J'ECOUTE
J'écoute mais je ne sais pas
Si ce que j'entends est le silence
Ou dieu

J'écoute sans savoir si j'entends
La sonorité des plaines du vide
Ou la conscience attentive
Qui des confins de l'univers
Me déchiffre et me fixe

Je sais juste que je chemine comme celui
Qui est vu aimé et reconnu
Et c'est pour cela que je mets en chaque geste
Le risque et la solennité
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C’était un après-midi de fin Novembre, qui déjà n’avait plus rien d’automnal.
La ville dressait ses murs de pierres obscures. Le ciel était haut, désolé, couleur de froid. Les hommes cheminaient en se poussant les uns les autres sur les trottoirs. Les voitures passaient à toute vitesse.
Il devait être quatre heures de l’après-midi, par un jour sans pluie ni soleil.
Il y avait beaucoup de gens dans les rues ce jour-là. J’allais sur le trottoir, en toute hâte. Quand tout à coup je me trouvai derrière un homme pauvrement vêtu, qui portait dans ses bras un enfant blond, un de ces enfants dont la beauté est presque impossible à décrire.
Une beauté de matinée d’Été, la beauté d’une rose, celle de la rosée, unies à l’incroyable beauté d’une innocence humaine. Instinctivement, mon regard se fit un moment prisonnier du visage de l’enfant. Mais l’homme cheminait très lentement et moi, portée par le mouvement de la ville, j’en vins à le dépasser. Mais en le dépassant je tournai la tête pour regarder une dernière fois l’enfant.


Ce fut alors que je vis l’homme. Immédiatement, je m’arrêtai. C’était un homme extraordinairement beau, qui devait avoir dans les trente ans et sur le visage duquel étaient inscrits la misère, l’abandon, la solitude. Ses vêtements qui, d’avoir perdu leur couleur, étaient devenus verdâtres, laissaient deviner un corps rongé par la faim. Ses cheveux étaient châtain clair, partagés par une raie, assez longs. Sa barbe qui aurait dû être rasée depuis plusieurs jours, poussait en pointe. Étroitement sculpté par la pauvreté, son visage laissait voir la beauté de l’ossature. Mais plus beaux que tout étaient ses yeux, ses yeux clairs, brillants de solitude et de douceur. À l’instant même où je le vis, l’homme leva la tête vers le ciel.


Comment dire son geste ?
Le ciel était haut, muet, couleur de froid. L’homme leva la tête dans l’attitude de quelqu’un qui a franchi une limite, n’a plus rien à donner et se tourne vers l’ouvert en quête d’une réponse. Son visage ruisselait de souffrance. Son expression était tout à la fois celle de la résignation, de l’épouvante et de l’interrogation. Il marchait lentement, très lentement, du côté intérieur du trottoir, rasant les murs. Il marchait bien droit, comme si son corps tout entier se dressait dans l’interrogation. Tête levée, il regardait le ciel.
Mais le ciel n’était qu’étendues, vastes étendues de silence.


Tout se passa en un instant, voilà pourquoi, moi qui me souviens nettement du vêtement de l’homme, de son visage, de son regard et de ses gestes, je n’arrive pas à revoir clairement ce qui se passa en moi-même. Ce fut comme si je m’étais retrouvée vide, à regarder l’homme.
La foule n’arrêtait pas de passer. C’était le centre du centre de la ville. L’homme était seul, tout seul. Des îlots de gens passaient sans le voir.
Moi, je m’étais arrêtée, mais en vain. L’homme ne me regardait pas. Je voulais faire quelque chose, mais je ne savais pas quoi. C’était comme si sa solitude avait été au delà de tous mes gestes, comme si elle l’avait enveloppé et séparé de moi, qu’il était trop tard pour prononcer la moindre parole, qu’il n’y avait plus de remède. C’était comme si j’avais eu les mains liées. Ainsi parfois, dans les rêves, nous voudrions agir et ne le pouvons pas.
L’homme marchait très lentement. J’étais arrêtée au milieu du trottoir, à contre-courant de la foule. Je sentais la ville qui me poussait et me séparait de l’homme. Personne ne le voyait, lui qui marchait très lentement, si lentement, tête levée, un enfant dans les bras, rasant les murs de pierre froide.


Aujourd’hui, je pense à ce que j’aurais pu faire. Il aurait fallu me décider rapidement. Mais j’avais l’âme et les mains lourdes d’indécision. Je ne voyais pas. Je ne savais qu’hésiter et douter. Voilà pourquoi j’étais arrêtée là, impuissante, au milieu du trottoir. La ville me poussait et l’horloge sonna.
Je me rappelle que quelqu’un m’attendait et que j’étais en retard. Les gens, qui ne voyaient pas l’homme, commençaient à me voir, moi. Il était impossible de rester sur place. Alors, tel un nageur que le courant emporte et qui renonce à lutter pour se laisser mener par le flot, je cessai de m’opposer au mouvement de la ville et me laissai emporter par la vague des gens, loin de l’homme.
Mais pendant que j’allais sur le trottoir, cernée d’épaules et de têtes, l’image de l’homme restait présente devant mes yeux. Et naquit en moi la sensation confuse qu’en lui il y avait quelqu’un ou quelque chose que je reconnaissais. Rapidement, j’évoquai les lieux où j’avais vécu. Je déroulai à l’envers le film du temps. Les images défilèrent, vacillantes, un rien frissonnantes et rapides. Mais je ne trouvai pas. Et je tentai de réunir et de revoir tous mes souvenirs de portraits, de livres et de photographies.
Mais l’image de l’homme demeurait isolée : tête levée qui regardait le ciel avec une expression d’infinie solitude, d’abandon, d’interrogation.
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