A l'occasion du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, rencontre avec Sophie Gallo Delva autour de l'édition Les p'tites moustaches dont deux ouvrages : "Jeanne Lanvin" et "Soie sauvage".
Et puis, même s’ils ont du mal à l’avouer, ils aiment les inventions de Sonia. Chaque jour, elle crée pour eux de nouveaux contes, des tours de magie, des trouvailles merveilleuses... Son imagination semble sans limites. Sans elle, leurs jeux perdraient un peu de leur sel.
Aujourd’hui pourtant, la chef de bande semble à court d’idées. Elle s’adosse contre le tronc du chêne et pointe vers eux un menton interrogateur.
Je ferai des tenues de rêve pour les dames de la cour, pour les dames riches, pour la reine peut-être. je fabriquerai des habits aussi beaux que les vôtres !
Devant son enthousiasme juvénile, la marquise laisse échapper un petit rire flûté.
- Joli programme ! Mais sais-tu coudre, au moins ?
Vexé, il réplique avec ardeur :
- Bien sûr que je sais coudre ! Ma mère m'a appris. Elle dit que bientôt, je serai meilleur qu'elle !
Ce que je voudrais, c'est être comme les autres. Qu'on arrête de me regarder comme une bête curieuse ! Quand je me promène avec un chou doré ou des hortensias bleus sur la tête, si tu savais comme je me sens ridicule !
Je sais qu'on dit la mode futile. Mais moi je pense qu'il est nécessaire de créer de la beauté, justement parce que le monde ne tourne pas rond, parce que le monde est cruel, parce que le monde est laid parfois. La beauté peut nous consoler de tout !
La vraie noblesse n'a que faire d'une particule.
"Alors elle raconte. Le rapt du chandail gris, son désarroi, la gigue endiablée des petits pois sur le sol de la cuisine... Les mots se bousculent, impétueux, pour dire le chagrin et la colère, le sentiment d'injustice et celui de la perte. Elle parle sans réfléchir comme on libère un flot trop longtemps contenu.
A bout de souffle, elle finit par conclure :
- En me prenant mon pull, c'est comme si ma mère m'avait arraché la peau. Comme si elle m'avait écorchée vive."
Les rêves d'enfant qu'on n'a pu assouvir nous accompagnent toute la vie.
Duperrier la dévisage avec méfiance. Les idées d'Adrienne, il a appris à les accueillir avec circonspection. Elle soutient fermement son regard.
-Puisque nous voilà sortis d'affaire, je voudrais organiser un meeting dont les bénéfices iront aux sinistrés de Mendoza.
Le mécanicien hausse un sourcil incrédule. Cette fille, décidément, l'étonnera toujours. Tête à claques, mais d'une générosité sans faille à l'égard des modestes, des sans-grades, des damnés de la Terre.
Des cheveux rouges, flamboyants, incendiaires, qui encadrent de leurs épis en bataille un visage semé de taches de son. Au milieu s’étirent des yeux émeraude, assombris en cet instant précis par la colère.
Elle est Sonia-la-rouge, celle qui flamboie et provoque les orages. Celle qui n'a peur de rien.