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3.88/5 (sur 37 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Bruxelles , 1988
Biographie :

Sophie d’Aubreby est une écrivaine belge.

Elle vit et travaille à Bruxelles.

"S’en aller" est son premier roman.

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Sophie d'Aubreby est la lauréate 2022 du prix du premier roman de la Ville de Limoges. Cette autrice Belge est récompensée après 3 tours de scrutin pour les membre du comité de lecture et c'est la voix qui compte double du président, Franck Bouysse, qui a donné le ton.


Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Hélène quitte la maison à l’aube. Carmen y reste, regardant chaque matin la porte se refermer derrière elle. Le rai de lumière qui rétrécit puis disparait dans l’embrasure de la porte, désormais close. Alors se déploie la tentation de la réclusion. Le bonheur des mal-taillés pour le monde. Celui qu’il y a à regarder, ce monde, par la fenêtre entrouverte.
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Par ses questions, par les réponses qu’il attend d’elle, il lui dessine un rôle nouveau. Sans intérêt la plupart du temps mais proposé avec tant d’évidence qu’elle l’embrasse sans opposer de résistance. Pour lui donner sa consistance, il fait d’elle sa conseillère, son experte. Il l’interroge sur les couleurs, sur les matières, demandant ici la confirmation que ce bleu lui correspond, vérifiant là que ce chapeau est le bon. Elle répond parce qu’elle est polie. Parce qu’on ne lui a pas appris à garder son souffle pour les choses qui importent. Elle ne sait pas qu’elle en a le droit. Elle ne sait même pas ce qui l’intéresse. Elle obéit, d’une certaine manière. Même si aucun ordre, jamais, n’est formulé. Ainsi l’entretient-il de sujets quelconques, légers. Déguisant l’absolue banalité du domestique en dilemme de la plus haute importance. Ainsi lui instille-t-il dans le crâne des pensées, des réflexions, des considérations qui lui étaient étrangères.
Elle le regarde la prendre par les épaules, enfoncer ses doigts dans la peau tendre de ses clavicules et l’asseoir en appuyer dans le moule de l’épouse. Elle le laisse faire. Les choses vont vite, elles se répètent, elle n’a pas le temps de penser, de prendre conscience, d’en concevoir une opinion. Elle répond, et ça devient une habitude.
Les sujets sont variés, mais c’est toujours à lui qu’ils se rattachent – d’elle il ne sait rien.
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Il y a des deuils dont on voudrait ne jamais se remettre, pour pouvoir ne jamais s'habituer vraiment à la perte.
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Beaucoup de cases prévues par défaut restent vides. Le nom d’épouse. L’identité de l’époux. Le nombre d’enfants. Les normes qu’elle a passé sa vie à botter en touche lui reviennent dans ces minces feuilles de papier coloré. Elle ne s‘est jamais mariée. Elle n’a pas eu d’enfant. Voilà ce que dit l’administration de sa vie, voilà ce que le société retient. Rien du reste, rien des fiertés, rien des ruptures. Sa vie tient tout entière dans les creux qu’elle laisse sur ces formulaires. Il faut les lire en négatif, il faut tout interpréter parce que ce langage-là, le langage officiel, n’a pas prévu de case pour ses choix à elle.
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Quand elle entre, Carmen lit, allongée sur le banc de corde, un tissu roulé en boule derrière la nuque. Elle pose son doigt sur la page et lui jette un sourie silencieux, avant de reprendre sa lecture. Hélène s’adosse à un mur face à elle et se laisse couler au sol. Elle dit, les yeux rivés au mur d’en face:
- C’est normal qu’on ne danse pas de la même façon. Nos corps sont différents.
Elle pose son livre et se redresse. Hélène ajoute :
- Des oiseaux sans ailes.
Les larmes sur son visage redessinent son portrait à l’encre de Chine.
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À mesure qu’elle approche de leurs dos épais, elle découvre à leurs pieds les harengs qui se débattent. Ils fouettent l’air, éperdus. Leurs queues minuscules reflètent la lumière grise et diffuse du ciel, que rien ne distingue de la mer. Les nuages, gorgés du soleil qu’ils cachent, obligent à plisser les paupière. Elle regarde les filets, les bouches qui s’ouvrent, rondes et agitées, les yeux qui se révulsent, les oiseaux qui s’y reflètent ; et se demande ce que ça fait, d’étouffer d’un trop-plein d’air.
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Elle ne trouve pas tout de suite les mots pour raconter l’horreur. L’horreur, pourtant qui a été pensée scrupuleusement, à l’aide de mots choisis scrupuleusement. Des mots durs, rigoureux, pesés.
Malgré cela, aucun ne vient pour décrire ce dont elle a été témoin. L’autre versant de l’horreur. Le sien. Elle n’arrive pas à s’appeler victime, elle dit : d’autres ont souffert plus que moi. Le mot pour sa condition n’existe pas. Pour l’histoire non plus. Butant sur chacun, elle se dit : aucun ne suffit.
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Elle ne le heurte pas trop fort, pour ne pas avoir l’air de le provoquer. Mais juste assez pour être crédible. Il s’agit de ne pas éviter délicatement son contact en passant à côté de lui. Comme une anguille, comme elle l’aurait fait dans n’importe quelle autre situation. Comme on apprend aux petites filles à le faire depuis la nuit des temps. Ne pas s’écarter de l’itinéraire. Ne pas se mettre spontanément de côté. Contrefaire leur assurance effrontée. Occuper l’espace. Marcher droit. Cogner ce qui doit l’être. C’est-à-dire: ce qui commet l’erreur d’entraver sa route. Se souvenir, surtout, de ne pas s’excuser après. Ne pas oublier où elle évolue, ni qui elle est désormais. Lutter contre ses réflexes est un travail continu. Déconstruire le corset de manières cousu à même sa peau et se fabriquer, en mimant ceux qui l’entourent, une attitude autre, masculine, requiert une attention constante. À chaque seconde renouvelée. De nouvelles postures toujours à se recoudre au corps. Voûter les épaules, le dos. Dissimuler sa poitrine, bandée sous la toile. Ne rien laisser paraître de la grâce spontanée, des manières intégrées depuis toujours.
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À bord, l’âge des membres de l’équipage tangue entre quinze et soixante ans. Avant ça on n’est pas efficace. Après ça on meurt.
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Elle n’est plus que ses yeux et la faible vibration entre la peau et les muscle. Sans doute la nouveauté y est-elle pour quelque chose. Sans doute n’aurait-elle pas été capable de voir de cette manière chez elle, le spectacle eût-il été le même. C’est que de ne rien connaitre, il n’y a que cela à faire : laisser la beauté opérer, s’y résoudre.
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