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Critiques de Sophie de Baere (420)
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Les ailes collées

C'est difficile parfois de trouver les mots justes pour retranscrire toutes les émotions ressenties suite à une lecture coup de coeur. Je me sens toute petite, toute fragile, toute perdue d'avoir cheminé quelques jours auprès de Paul et Joseph. J'aurai tant aimé leur venir en aide, leur insuffler un peu d'amour, et cette dernière page qui crie « non non, pas déjà ».



Sophie de Baere est une conteuse hors pair, une photographe de l'âme, de la vie instantanée. Elle observe, elle ressent puis elle claque les mots dans ses mains de velours.



Partez à la rencontre de Paul, ce garçon mal né, mal aimé des siens. Car oui, je vous assure qu'il existe de tous temps des familles qui ne savent pas aimer, ne savent pas communiquer, dont les mères choisissent la bouteille pour oublier un mari absent et volage. Paul est bègue, il bute sur les mots, il est la honte de son père, il est la prison de sa mère. Plus tard, il faudra encore essuyer les brimades à l'école. On ne lui a pas appris à Paul la valeur de sa personne, la confiance, la beauté de la vie. Il n'est encore qu'un enfant lorsqu'il rencontre Joseph sur la plage. Joseph, un garçon libre et ivre de vie, un garçon lumineux. Paul va découvrir avec lui que la vie n'est pas que grise, dépourvue d'amour et de joie. Joseph va marquer Paul dans ses veines, dans ses tripes, dans son destin d'homme.



Vous l'aurez compris, j'ai tout aimé dans ce livre, presque 400 pages et je l'ai trouvé bien trop court encore tant je me sentais en osmose totale auprès de Paul, ses souffrances m'ont chamboulée, sa malédiction familiale, et Joseph qui brille comme l'unique lumière dans la nuit.



Des années quatre-vingt à nos jours, Sophie de Baere signe un roman déchirant sur l'Amour, sur l'absence, sur la résilience et les rendez-vous qui chamboulent les carrefours de nos vies.



Beau comme un diamant brut.

Puissant comme une armée de fantassins d'infortune.

Vibrant comme le sang chaud de la vie, de ses routes incandescentes.

Inoubliable comme ces livres qui s'incrustent dans nos mémoires pour ne jamais en déloger.



Lisez le.

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Les corps conjugaux

💖Sensible, Sophie de Baere que je découvre avec ce très beau roman, l’est assurément.

Dans une très belle et lumineuse écriture inondée de poésie la talentueuse écrivaine touche intensément avec cette histoire d’amour damné au doux parfum de tragédie grecque.

Alice (Alizia)est issue d’une famille d’émigrés napolitains qui trouve ancrage dans la province française.

Son père abandonne le cercle familial lorsqu’elle est enfant laissant sa mère Silvia une femme austère et intransigeante dont le « visage est un tumulte », aigrie et emplie d’amertume.

Avec sa mère, sa sœur Mona et son petit frère adoré Alessandro le « tiot » qui ne ressemble à personne en raison d’un handicap mental, sa vie est monotone.

Alessandro est le seul pourvoyeur de rires de la maisonnée. Inféodées au joug de leur mère sa sœur et elle sont « deux inquiétudes aux pieds nus. Deux cœurs châtrés. »

La plastique parfaite d’Alizia lui vaut d’être chosifiée très jeune par Silvia qui l’inscrit à des concours de beauté.

Alice, cet inespéré objet de revanche, enchaîne les prix et déchaîne les convoitises. Son corps devient unique repère identitaire.

Lassée de se plier aux exigences sans limites de sa mère, d’être modelée et utilisée, de voir sa vitalité « s’éroder » à son contact Alice décide de quitter la prison familiale, refusant cette vie artificielle qui privilégie le diktat des apparences. Elle trouvera l’élan nécessaire après le décès accidentel de son jeune frère pour partir s’installer à Paris.

Cette nouvelle vie en coulisse, anonyme et invisible lui convient.

Et puis c’est la rencontre. Avec Jean, son évidence, l’étincelle inattendue qui mettra le feu à ses sens. « Jean remplace les absents ».

Une attirance naturelle et troublante les lie, ils vivront un amour absolu pendant plus de dix ans. De cette relation fusionnelle naîtra Charlotte.

Bonheur parfait. Jusqu’au jour où sa mère lui dévoile, alors qu’elle est enceinte, un terrible secret et une fois de plus fait voler sa joie de vivre en éclats.

Coup fatal. Alice ne trouve comme échappatoire que la disparition.

Elle abandonne son mari et sa fille adorés sans explications.

S’ensuivra une vie d’errance et d’abnégation.

Une existence impersonnelle presque végétative faite de douleurs marquées par le sceau de la perte et de la fatalité «  La vie n’est en réalité rien d’autre qu’une succession d’éclipses ».

Un très beau portrait de femme forte qui soulève beaucoup de questions dont celle de l’identité génétique, prison invisible, et aussi de la transgression, de la culpabilité et des limites de la vérité.

Mais peut-on et doit-on renier définitivement ses sentiments, son identité, son passé et sa chair?

Une très belle découverte ❤️
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Les ailes collées

« Ton père, c’est un tueur-né. »

Ce père qui rentre tard, prend son dîner « à l’américaine », avec la mère positionnée derrière, le corps immobile et les yeux en alerte, figée de manière à pouvoir remplir son verre de vin ou à lui débarrasser son assiette au meilleur moment, la bonniche de luxe. La bonniche se défoule dans l’alcool. Et entre le père qui chasse et la mère qui boit, Paul, un garçon seul, bègue, sans amour , sans amis. Mais Paul aime la musique et danser, « La danse comme une manière de rejoindre le vent, de s’imaginer un jour plaire aux filles. D’atteindre la mère. »

Et arrive Joseph…..Here comes the sun, Here comes the sun, And I say, it’s all right Little darling…

Vingt ans plus tard Ana…The last rose of summer….





Les premières pages, l’écriture m’ont enchantée , malheureusement la suite , l’histoire, les descriptions de cette famille bourge pas très bien définie, dans des rôles stéréotypés, le bahut et sa meute classique, l’homosexualité un ingrédient souvent utilisé pour accentuer l’incompréhension et la bêtise de nos sociétés, ici de surcroît avec même une mère hippie qui y voit le mal……m’ont vite lassée. J’ai trouvé que de nombreuses circonstances étaient exagérées comme les harcèlements. Les personnages , la mère, Paul, Joseph, Cécile, le père m’ont semblée comme morts, inertes , seul vivant étant le reste qui les consume. L’écrivaine l’énonce elle-même , « Paul vivait sa vie d’élève, de grand frère, de fils et de souffredouleur, mais au fond, il sentait bien qu’il ne vivait plus vraiment. »

Ce genre d’histoire dans cette enveloppe de facture classique, où on voit venir les malheurs à la pelle et la violence en est le piment gratuit, malheureusement ni me touche ni m’emballe. Comme écrit l’écrivaine , « Dans les feuilletons de Blanche, les fils aimaient les jolies filles et ne se suicidaient pas. Il n’existait que des bonheurs tièdes et successifs, des enfants qui rient, des adolescents qui se chamaillent un peu puis se réconcilient, des couples qui se disputent et se retrouvent, des ciels sans gros nuages, de savoureuses morales. Pas de brèche possible. Happy end assuré. », oui la vraie vie n’y correspond pas très souvent mais l’alternatif n’est pas forcément noir, noir. L’auteur révèle les personnages trop tard et de façon expéditive, comme le père absent dès le début , un personnage qu’on déteste seulement à travers les déboires du reste de la famille et qu’on rencontrera posthume que vers la fin. Une structure simpliste , du Noir l’écrivaine bascule au Rose, et là j’ai vraiment décollé avec la suite, qui enchaîne avec un nouveau personnage fantoche qui va aussi vite devenir victime. Et que dire de l’analyse psychologique plate de cette nouvelle « fausse vie » que choisit Paul reportant la faute à ses parents, et de toutes ces femmes victimes et naïves qui se laissent abuser, berner par ces hommes qui cherchent le sexe ailleurs, car ici amour je n’en ai pas décelé. Et je me demande aussi, Sophie de Baer qu’est-ce-qu’elle en sait du sexe entre deux hommes, vu comme elle élabore les ressentis ? Elle ne peut juste que les deviner, jamais vraiment savoir. La fin je l’ai trouvé banale.

J’ai vu que sur le site les avis sont très élogieux , moi même ayant succombée à l’excellent billet de dannso que je remercie en passant. Déjà le sujet ne me disait pas grand chose, le reste a suivi de même. Pour moi une lecture facile sans plus, un sujet, des personnages déjà vus déjà lus et une prose trop mielleuse à mon goût. Je n’ai pas aimé.



Un grand merci aux éditions J.C.Lattés et NetGalleyFrance pour l’envoie de ce livre.

#Lesailescollées #NetGalleyFrance

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Les corps conjugaux

J’ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman. Malgré quelques invraisemblances sur lesquelles je me montre dubitative, j’ai été happée par l’écriture que j’ai trouvé terriblement émouvante et de toute grande beauté.



Dans les corps conjugaux, on suit le parcours d’Alice, fille d’immigrés italiens, de son enfance à sa vie de femme.

Alice est une petite fille très jolie, tellement jolie que sa mère ne jure que par sa beauté et lui fait concourir sur tous les podiums de miss. Passée ce stade, Alice se rebelle et décide de voler de ses propres ailes en essayant d’être aimée pour ce qu’elle est et non pour sa plastique parfaite. Sa mère ne lui pardonnera jamais et ne parlera plus à sa fille.

Lorsque Alice rencontre Jean, c’est le coup de foudre, les particules des corps qui s’attirent et s’emboîtent. De cet amour naîtra une petite fille.

Douze ans plus tard, une terrible révélation va enrayer le bonheur conjugal. Alice n’a d’autre choix que de disparaître et de s’enfuir loin, abandonnant mari et enfant, laissés dans l’incompréhension.



On suit ici sans la moindre lourdeur ou apesanteur la vie d’Alice, son cheminement dans sa fuite et son nouveau chemin au plus loin des siens. En parallèle, on découvre les blessures de sa fille Charlotte qui grandira avec peine dans le vide d’une mère partie.

C’est certainement le personnage ici qui m’a le plus émue, tant elle est réaliste et palpable. Tout comme les personnages secondaires qui m’ont semblé tous plus réalistes et concrets que Alice. Alice qui fuit avec aise, loin de tout sentiment de culpabilité. Son départ semble tellement simple et facile à vivre qu’il m’a semblé peu crédible. J’aurai aimé que l’auteure s’attarde davantage sur le drame qui scelle cette famille, qu’elle distille du poison et de la rage dans ses mots.

À côté de ce bémol, ce roman est vraiment très prenant et je n’ai pas vu les heures passer. Très bien écrit, de petits chapitres bien étayés, aucun passage inutile, une plume alerte et hypnotique.



Je passe pour une fois outre mon analyse du fond qui ne me convainc pas tout à fait mais j’accorde un carton plein pour la forme qui est de toute beauté. Au final, c’est un peu ça le plus important dans la lecture, y a t-il eu plaisir, addiction, dépaysement quand on referme la dernière page ? Si c’est oui, c’est un roman de gagné. C’est le cas ici. Je compte d’ailleurs me procurer le premier roman de cette auteure.



#Lescorpsconjugaux #NetGalleyFrance

#JCLattes
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La Dérobée

C’est une histoire ordinaire, une femme, une mère, une épouse, dans son appartement à Nice, elle vit, elle survit, elle compte les années. Elle s’appelle Claire.

Sa vie s’apprête à être chamboulée quand son amour de jeunesse, Antoine emménage en bas de chez elle.



Sophie de Baere signe avec ce premier roman le portrait du premier amour, celui qui ne s’oublie pas. Si cet amour date d’il y a vingt ans, pour Claire, c’était hier. Claire doucement se dérobe à sa vie ordinaire, elle rassemble les fils de son amour avec Antoine. Elle n’a rien oublié. Dans la lumière de ses souvenirs, elle se souvient comment se marquent les premières fois. Dans la lumière, Claire revoit aussi les ombres qui ont fait fuir ces deux amants de l’été.



De l’aube du premier amour, il y a aussi toute sa genèse, ses codes, ses intrigues, ses échappées belles.



Les corps conjugaux est un roman qui m’avait subjuguée, La dérobée n’est pas en reste même si j’ai eu plus de mal à m’attacher à cette femme accrochée à son passé. La plume reste impeccable et poétique. Mon imagination a fait des caprices. J’imaginais un tourbillon d’émotions mais je suis restée spectatrice d’une femme figée dans ses démons du passé, un peu trop amorphe, un peu trop facile, pour que je m’y attache.
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Les corps conjugaux

Après une enfance et une adolescence de baby doll à s’exhiber dans des concours de beauté pour faire plaisir à sa mère, Alice rompt avec sa famille et sa province pour tenter sa chance à Paris. Elle y rencontre Jean, et après dix ans de parfait amour où lui est née une fille, le couple décide de se marier. Peu après les noces, Alice disparaît sans laisser de traces, plongeant mari et fille dans le désarroi et l’incompréhension. Pourtant, l’explication du mystère pourrait bien s’avérer encore plus dévastatrice que l’ignorance…





Je referme ce livre avec un curieux sentiment d’ambivalence et de perplexité : d’abord peu enthousiasmée par un début en forme de romance assez banale, ensuite sceptique face à certains hasards totalement improbables et désarçonnée par une désinhibition qui n’hésite pas à enfreindre l’un des plus grands tabous pour donner dans le carrément scabreux, j’ai finalement été emportée et impressionnée par le brio avec lequel l’auteur réussit à se tirer d’un exercice on ne peut plus périlleux.





Malgré mes réticences de taille, la puissance de la tragédie qui n’épargne aucun des personnages, tous victimes d’un premier secret de famille que l’absence de mots fera enfanter d’un drame cette fois incommensurable, a fini par déclencher mes larmes, non pas à propos de cet amour impossible et de ce couple que j’ai vu avec incompréhension s’enferrer dans l’inextricable, mais en raison des répercussions sur la fille et le petit-fils.





Si l’on peut rester dubitatif quant aux réelles intentions de ce livre - sincèrement décomplexé, délibérément choquant, ou un tantinet pervers ? -, il faut reconnaître que l’auteur se tire de sa prise de risque avec talent : ce roman qui ne laissera personne indifférent se lit d’une traite malgré les immenses réserves qu’il soulève.


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Les ailes collées

Dans cette petite ville côtière, quelque part à l’Ouest, la famille Daumas cache son jeu. Certes la villa est belle, les signes extérieurs de réussite ne manquent pas, mais les deux enfants vivent un enfer. La mésentente des parents, l’absence du père, et l’alcoolisme de la mère font de Paul l’homme de la maison, celui qui compense les insuffisances des parents.



Paul vit un autre drame : la douleur de lire la déception dans les yeux de son père d’avoir engendré ce garçon chétif et bègue.



Il faudra une rencontre d’où naîtra une profonde amitié pour que Paul s’affirme et trouve une raison de vivre. Joseph modifiera sa vision du monde et lui ouvrira les yeux sur ses propres aspirations. Jusqu’au drame…



L’intrigue est adroite, et le cheminement qui conduit à la scène inaugurale annoncée dans le premier chapitre est suffisamment complexe pour ne pas se laisser deviner rapidement.



On s’attache aux deux personnages, dont la richesse et la singularité les exposent bien sûr aux risques de la bêtise ordinaire.



Les secrets qui hantent et pourrissent les fondations des familles sont ici au coeur de l’histoire, réaffirmant s’il en était besoin la nécessité de ne pas les laisser s’enkyster et ruiner ainsi des destins qui se fondent sur des mensonges.



Beaucoup de sensibilité dans l'écriture, qui ne juge jamais mais analyse avec délicatesse les sujets de la marginalisation, de l’homosexualité et du harcèlement.





384 pages Lattès 2 février 2022

Sélection Prix Orange du livre 2022
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Les ailes collées

Je viens de terminer le livre et je suis bien embarrassée : j'avais déjà noté cinq étoiles, La dérobée, ma lecture précédente de l'auteure, alors comment vous montrer que celui-ci est pour moi bien supérieur. Je suis éblouie par l'écriture, bouleversée par les personnages.

2003 : Paul se marie, le ventre de sa femme est légèrement renflé, un bébé est en route, c'est le bonheur. Pour faire une surprise à son mari, Ana a convié quelques-uns de ses amis, dont d'anciens camarades de collège. C'est le choc pour Paul en les revoyant. Il est brutalement ramené en arrière à l'été 83.

L'auteure va partager son livre en deux parties, l'une en 83, nous parle de l'adolescence de Paul, l'autre en 2003, de l'irruption dans sa vie d'adulte de ce qui avait transformé à jamais sa vie durant cette année scolaire de troisième.

Ce roman est une merveille, merveille de sensibilité, merveille d'écriture. L'auteure nous fait partager la vie pendant quelques mois à 20 ans d'intervalle de ses personnages, montrant leurs fêlures avec infiniment de pudeur. C'est tout en nuances, en petites phrases à l'écriture ciselée, poétique parfois, précise à d'autres moments. Un livre qui aurait pu à lui seul remplir un carnet entier de citations tant les phrases sont belles.

J'ai ouvert ce livre sans rien en connaitre : je n'avais même pas lu la quatrième de couverture, ni critiques. J'ai voulu le lire à cause de l'auteure. Cela m'arrive très rarement, et je ne regrette pas. Il est bon parfois de ne pas savoir, de découvrir uniquement par les mots écrits par l'auteure surtout quand ils sont si beaux.

Les personnages sont fragiles, cabossés par la vie, qui n'a pas été douce pour aucun d'eux. J'ai été profondément émue par ce qui leur arrive, à plusieurs reprises. J'aurai aimé être là pour les soutenir, leur tendre la main. Ils ont tous fait comme ils ont pu, ils ont souvent échoué, mais ont continué à avancer et réussissent à se retrouver pour quelquefois se perdre à nouveau. Cela parle d'amour, bien sûr, amour conjugal, amour passion, amour entre parents et enfants. C'est puissant, porteur d'émotions intenses. J'ai parfois tremblé pour certains d'entre eux.

Et vous ai-je dit que c'est très bien écrit.

Alors lisez-le.

Je remercie infiniment les éditions J.C. Lattès pour ce partage #Lesailescollées #NetGalleyFrance

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Les ailes collées

En ce 17 mai 2003, l'on célèbre, en toute simplicité, le mariage de Paul et Ana, dont la rondeur du ventre se devine sous les plis de sa robe. Pour faire une surprise à son mari, cette dernière a invité une vingtaine de personnes. Des amis, des collègues, des anciens voisins, Sylvain, son copain de la fac, René, son vieux professeur de piano. Un peu en retrait, Paul reconnaît Pierre-Henri, son ami à l'école primaire... et Joseph Kahn... Aussitôt, saisi, lui reviennent en mémoire cet été 83 et tous ces jours vécus ensemble...

Pour fuir cette maison à tourelle où rien ne dépasse, cette belle vie en apparence, ce soi-disant couple que formait ses parents, lui rentrant tard de son cabinet de dentiste, elle s'enfermant dans le bureau pour y faire on ne sait quoi, Paul a, pour un temps, délaissé sa petite sœur pour aller voir le large. C'est sur cette plage, alors qu'il venait d'effectuer quelques pas de danse, que le regard de Paul croise celui de Joseph...



Paul, jeune adolescent, peine à trouver sa place dans le monde. Dans sa famille, il doit supporter les regards pesants et emplis de honte de son père, l'alcoolisme de sa mère qui courbe l'échine. À l'école, les moqueries de ses camarades. Seul l'amour inconditionnel de sa petite sœur lui donne du baume au cœur. Sa rencontre avec Joseph, cet adolescent libre, lumineux, à la fois mature et insouciant, va le bouleverser au delà de ce qu'il aurait pu imaginer. À son contact, au fil des rencontres et des rendez-vous, des confessions, vont naître des sentiments d'une pureté et d'une profondeur rares que Sophie de Baere dépeint avec force et douceur, acuité et sensibilité. Tragiquement poignante, l'histoire de ces deux êtres cabossés, malmenés, en proie aux rejets et aux doutes, nous émeut, nous enserre et nous font regretter plus que tout ces rendez-vous manqués, ces silences imposés, ces regards haineux, ces renoncements, ces confusions et ces valses de sentiments... Un roman à la fois délicat et violent, émouvant, déchirant...



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Les ailes collées

Je viens de refermer ce roman.



Vais-je m’en remettre ?



Rien n’est moins sûr…



De l’histoire en elle-même, je ne dévoilerai rien, car il faut se rendre entre ces pages vierge. Sans savoir.

Juste vous dire que nous somme en 2003. Paul se marie. Pour lui faire plaisir, son épouse fait venir Joseph, son ami d’enfance.



Flash-back en 1983. Et l’histoire peut commencer.

J’ai refermé ce roman, le cœur battant, un peu essoufflé de tout ce que j’ai trouvé à l’intérieur. En dedans. Profondément enfoui, cette histoire et ce livre là est venu me cueillir en beauté.



Chaque personnage est follement humain, terriblement vrai. Chaque page tournée est un coup au cœur, un bonheur de lire. J’aurai aimé ne jamais terminer ma lecture même si elle prend parfois les allures d’un coup de poing au ventre, d’un tsunami d’émotions tellement justes.



J’avoue avoir eu les yeux mouillés, les tripes tordues. J’avoue avoir été émerveillé aussi par cette plume précise, belle et oh combien indispensable dans le paysage littéraire actuel.



C’est un roman puissant, dévastateur, follement d’actualité et qui raisonne des jours après sa lecture. Sophie de Baere, avec ce troisième opus, déploie ses ailes en grand, en immense et s’envole vers des cieux littéraires que seuls quelques-uns peuvent atteindre.



Un roman bouleversant, inoubliable et écrit à l’encre du cœur, qui ne peut laisser indifférent.



Bref. J’ai refermé un grand roman.



Lisez. Lisez le absolument.



Vous viendrez me remercier.



Promis.


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les ailes collées

1984, Paul est un jeune garçon peu sûr de lui, bègue, moqué par ses camarades. Jusqu’au jour où il va rencontrer Joseph qui va chambouler tout le reste de sa vie.

Le beau et solaire Joseph, hors cadre, qui vit avec sa mère soixante-huitarde dans un mobil home, après avoir sillonné les marchés de France.

Paul trouve sa vie de famille bourgeoise bien fade en comparaison. Son amitié avec le mystérieux garçon va changer la donne, car Joseph devient vite la coqueluche du collège. Alors ceux, qui, hier lui tournaient le dos, vont soudain trouver à Paul plein de qualités.

Jusqu’à ce que Paul réalise la véritable nature de ses sentiments pour Joseph, bien plus puissants que ceux qu’on éprouve pour un simple un ami. Sauf qu’en 1984, l’homosexualité est encore un tabou honteux et que cette révélation va pulvériser les relations déjà très compliquées parents-enfant au sein des deux familles et Paul va retrouver rapidement son statut de brebis galeuse.

Le sujet du harcèlement scolaire, du rejet de l’autre m’avait attiré à la lecture des billets pour la plupart élogieux sur ce livre. Si cette partie est réussie, je n’ai pas été complètement convaincue par le reste de l’ouvrage.

J’ai déjà eu le plus grand mal à rentrer dans l’histoire, dans l’enfance de Paul, à croire à cette histoire de mère cocue et alcoolique, ça a sonné faux à mes oreilles.

En revanche, une fois passé le décor de cette famille bourgeoise très caricaturale, le roman trouve un second souffle quand l’auteure aborde le thème du harcèlement, les insultes qui vont crescendo, la honte et le repli sur soi de la victime qui se terre en silence.

Si j’ai trouvé son ton assez juste en ce qui concerne les sévices infligés par les harceleurs, la haine qui décuple la violence chez les protagonistes, bourreau comme victime, à force d’enchainer les déconvenues et catastrophes, le personnage de Paul a perdu en crédibilité à mes yeux.

Sophie de Baere tombe dans la surenchère et finit par harceler son personnage en faisant de lui une victime perpétuelle. Les nuages noirs qui s’amoncèlent et pleuvent sans discontinuer au-dessus de la tête de Paul ne semblent lui laisser aucun répit, aucun droit au bonheur.

La troisième partie, le passage de Paul dans la vie adulte n’échappe pas à la règle avec ses rebondissements plombants, pourtant l’évolution de sa relation avec ses parents était finement brossée.

J’ai trouvé ce livre très inégal, avec la partie sur le harcèlement réussie, mais avec des lourdeurs et des personnages parentaux caricaturaux. La volonté de faire de la vie de Paul un calvaire permanent a fini par me peser et cet acharnement a induit une distance au lieu de me rapprocher du personnage.

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Les corps conjugaux

De Sophie de Baere, j'avais adoré le premier roman, La Dérobée.



Je la retrouve ici et j'étais très impatient.



Ce livre est un album de photographies. Vous savez, ces grands ouvrages, un peu abîmés par le temps, la vie et les souvenirs qu'ils contiennent.



C'est une vie entière que Sophie de Baere entreprend de raconter.



Sur les photographies, il y a Alice. Petite fille esseulée par un père parti trop vite. Adolescente, reine de beauté, apprêtée jusqu'à l'obsession par une mère avide de prendre sa revanche sur l'existence. Jeune mariée, heureuse et ivre du grand amour.



Puis les photos se font rares. Comme si la vie s'arrêtait là. Reste quelques clichés de l'ennui, d'une femme abandonnée d'elle-même, follement seule. Et cette grand-mère qui sourit un peu sur la dernière page …



Que j'aime lorsque la littérature me surprend ainsi ! Car au premier tiers de l'ouvrage et jusqu'à sa révélation brutale, dont on ne parlera pas ici, je ne suis pas convaincu. Je m'agace un peu même. Ces hasards un peu faciles m'égratignent la rétine. Et pourtant, la curiosité l'emporte et je continue.



Quelle bonne idée puisque je l'ai dévoré jusqu'à la dernière page au final.

C'est compliqué de parler de ce livre, tant on ne peut rien dire mais juste dire que si Sophie s'attaque à un sujet hautement casse-gueule, elle arrive à écrie des pages merveilleuses sur l'amour, le grand, le fort, le vivant.



Ce roman captive aussi par ses personnages secondaires, qui sont dépeint avec une belle force, un vrai élan, qui les rend terriblement justes, vivants.

Au-delà du livre, c'est l'écriture de Sophie de Baere que je retrouve et je confirme qu'elle fonctionne divinement sur moi. Ses mots comme une caresse. Ses mots comme une claque.



J'ai tourné les pages, j'ai regardé ces instantanés d'une vie terrible. J'ai été touché par tous les héros cassés par le destin qui peuplent ce livre.



Une histoire de corps donc, abîmés, de corps étrangers, de corps qui palpitent.



De corps conjugaux qui se conjuguent d'absence à l'infini.


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les ailes collées

2003. Paul et Ana se marient. Ana fait une surprise à son mari : elle invite un groupe d’amis qu’il a connus dans sa jeunesse puis perdus de vue, dont Joseph Kahn. C’est qu’elle ignore la nature des relations qui ont existé entre son mari et Joseph vingt ans auparavant, lorsqu’ils étaient adolescents en classe de Troisième dans une petite ville côtière d’Ille-et-Vilaine. ● Une analepse qui s’étend sur la moitié du roman va nous faire connaître ces relations, et aussi leurs graves conséquences, dans les années 1983 et 1984. Dans une seconde partie, nous revenons à 2003 et au couple formé par Paul et Ana. ● C’est typiquement le genre de romans dans lequel je m’engage parce que le début semble intéressant et attirant (je commence toujours par lire l’extrait Kindle, c’est-à-dire le plus souvent les premiers 5 %) – et aussi parce que la moyenne sur Babelio est élevée. ● Pourtant, l’écriture m’a d’emblée rebuté, à la fois par sa présentation fragmentaire sous forme de mini-chapitres d’une page et demie en moyenne, et par son style lyrique trop évident, trop démonstratif – avec notamment une abondance désagréable de phrases nominales. ● Beaucoup de choses sonnent faux dans ce roman où les clichés abondent, notamment une vision stéréotypée et biaisée de l’homosexualité masculine ; en fait je me suis bien demandé ce que l’autrice y connaissait – pas grand-chose apparemment. Elle transpose l’hétérosexualité qu’elle connaît sur l’homosexualité qu’elle ne connaît pas. Quant à la vraisemblance d’un personnage qui serait hétéro sauf pour un seul garçon, elle me laisse plus que dubitatif, c’est à mon avis complètement ridicule. ● Une autre caractéristique de ce roman est son manque total de profondeur. On reste à la surface des choses, même dans les scènes que l’autrice imagine les plus violentes. Pour avoir une idée du harcèlement en collège en raison de l’homosexualité d’un élève qui devient une tête de Turc, et du retentissement sur cet élève, il vaut mille fois mieux lire En finir avec Eddy Bellegueule d’Edouard Louis, d’une authenticité et d’une précision d’analyse infiniment plus grandes. ● Il y a aussi un côté tire-larmes que je déteste et qui d’ailleurs (en tout cas sur moi) n’a absolument pas fonctionné – mais si j’en crois les autres avis, parfaitement sur d’autres. ● La seconde partie me semble un peu meilleure que la première, même si à la fin on retombe justement dans ce pathos détestable et si artificiel. ● Pour finir, je vous offre un petit florilège de cucuteries : « L’amour d’un enfant, c’est la liberté. La vraie liberté. Le reste n’a finalement pas beaucoup de valeur. Le reste, bien souvent, c’est des prisons. […] On dit que le temps qui passe ôte le granuleux et le tranchant, qu’il taille et polit. On dit que chaque année, chaque mois, chaque seconde se mue en un rabot magnifique. Pourtant, encore aujourd’hui, Paul porte son enfance comme une blessure sous la carcasse. […] Avoir subi le mal. Regretter de l’avoir fait. Au fond, qui peut dire ce qui est le plus douloureux ? […] Tu sais, Paul, mon Joseph disait que les amours des hommes sont comme les arbres : pareilles au bois, même abattues, même clouées, elles continuent de travailler. Une part d’elles perdure et vit toujours. »
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La Dérobée

Pénétrer dans ce livre comme à l'orée d'un bois. Comme le suggère sa belle couverture. A pas feutrés. Un peu inquiet. Entendre des battements de coeur et le vide alentour.



Suivre Claire dans ses parties intimes de l'âme. Fouler son coeur meurtri par amour d'adolescent qui la marquera. A vie. Toucher du doigt l'écorce d'un coeur en sommeil. Et voir graver dessus les stigmates d'un amour inoubliable.



La première partie de l'ouvrage se déroule au milieu des années 80, et raconte Antoine, cet amour là, de ceux qui laissent des traces. Qui brûle à l'intérieur.



Puis dans une seconde partie, nous sommes en 2014, lorsqu'Antoine réapparaît brutalement dans la vie De Claire, et va bouleverser son petit univers, construit à la force d'habitudes et de gestes quotidiens. Ceux d'une épouse, d'une mère, d'une femme.



Ce livre semble prendre des chemins sinueux. Je n'ai pas vraiment su sur quel pied danser à la lecture de cette petite pépite. Mélange des genres, touchant, captivant, inquiétant. Autant de qualificatifs qui ne résument pas le plaisir de cette histoire.



Un roman tout en vérités, sans effets de manches inutiles, la promesse d'un nouvel auteur dans le paysage littéraire. Qui pose la question des chemins que l'on ne prend pas. A cause du hasard, à cause du destin … Ces chemins de traverse qui finissent par irrémédiablement se rejoindre et viennent faire voler en éclats une voie toute tracée.



Un livre fort qui pose la question de la passion d'une vie, du couple et de l'usure du quotidien.



Qui s'interroge sur le grand amour. Portrait d'une femme dans laquelle le lecteur peut simplement se retrouver. Avec un coeur qui bat fort et une franche lucidité face à elle-même. Qui pue la réalité. Au sens littéraire du terme.



Sophie de Baere ne se dérobe jamais et creuse une oeuvre hors du commun et complètement marquante. A la fois terriblement cruelle et malgré tout lumineuse. Un peu comme nos existences.

Je suis conquis et au-delà. Encore un peu captif d'une histoire, d'une héroïne et d'un écrivain de grand talent.


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Les corps conjugaux

Ce livre nous parle d'amour. Encore et toujours comme dans les autres romans de l'auteure.

Amour conjugal, amour interdit, amour maternel, ils sont tous là pour le meilleur (un peu) et surtout le pire.

Encore une fois , pour cette auteure, je me suis lancée sans avoir lu le résumé. Je n'ai pas regretté, même si le fond m'a un peu déçue. C'est celui de ces trois romans dont j'ai le moins aimé le sujet: d'abord des invraisemblances, des coïncidences qui me laissent sceptiques et qui semblent n'être là que pour justifier le sujet. Quant au sujet, éminemment casse-gueule (je n'en dirais pas plus) il ne m'a pas choquée. Mais je n'ai pas aimé la façon dont les protagonistes s' auto-fustigent employant des mots très forts pour se juger alors que pour moi ils sont victimes.



Malgré ces petites restrictions sur le fond, j'ai aimé cette lecture. La forme remplit encore une fois toutes ses promesses. L'écriture est de toute beauté. Ciselée, précise par moments, si poétique à d'autres, émouvante toujours.



Je lirai sans hésitation son prochain roman, là encore sans en lire le résumé. J'aime découvrir ses histoires par sa plume.





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Les ailes collées

L'histoire que tous voulaient oublier



Sophie de Baere revient avec un roman fort, l'histoire d'un amour contrarié, de victimes de harcèlement scolaire et d'une histoire que tous voulaient oublier mais qui finit par tout emporter. Même vingt ans plus tard.



En ouverture de ce beau roman, nous sommes conviés au mariage de Paul Daumas avec Ana. Cette union, célébrée le 17 mai 2003, ne s'accompagne toutefois pas des traditionnelles certitudes, mais bien davantage d'interrogations. Pour comprendre cet état d'esprit, il faut remonter le temps.

Jusqu'en 1983.

À cette époque Paul et sa sœur Cécile tuaient leur ennui devant les séries télévisées. Ils rêvaient leur vie future plus qu'ils ne vivaient.

«Il ne fallait surtout pas se plaindre. Les Daumas étaient beaux, ils possédaient une belle maison à tourelle, une belle situation, une belle vie, et la beauté, on n'a pas le droit de l'endommager, encore moins de la salir. (...) On doit avoir l'air heureux quand on est beau et riche.»

Mais la réalité est toute autre. Durant cet été, celui de ses 14 ans, à la suite d'une dispute entre sa mère et sa tante, il apprend qu'il est né à la suite d'une étreinte très alcoolisée à l'arrière d'une voiture et sa mère, après avoir constaté que son ventre s'arrondissait, a dû épouser le responsable de la chose. Effacée la belle histoire d'amour entre Blanche et Charles. Fort heureusement, c'est aussi l'été où Paul fait la connaissance de Joseph. Un nouvel ami bien plus libre, bien plus décomplexé, avec lequel il va essayer d'oublier le naufrage familial. Car désormais son père néglige et trompe sa mère, qui va se réfugier dans l'alcool jusqu'au coma éthylique. «Peu à peu, cette femme que Charles culpabilisait de négliger depuis tant de temps lui était apparue telle qu'elle était devenue. Mère dépassée, épouse ternie. Une longue plainte silencieuse et insoutenable, Et maintenant qu'il avait décidé de n'aimer quelle et de la sauver d’un alcoolisme dont il était la cause, il n’y parvenait pas.

C'était trop tard.»

Pour Paul, le drame va se nouer un soir de fête. Il est invité, tout comme Joseph, a une soirée dans la propriété d'une copine de classe. Il va boire un peu trop, mais se souvient parfaitement de la fièvre ressentie, du désir qui monte, de l'envie de laisser communier son corps à ses pulsions. Il se souvient aussi de ce terrible moment où il a été surpris, où ses amis ont compris ce qui se tramait. Et de la violence du harcèlement qui a suivi. «La jeunesse peut être une guerre silencieuse, un champ de bataille où des enfants d’à peine quinze ans sont capables de tuer à bout portant leurs camarades. Et cela, sous les yeux des adultes qui sont censés les protéger.»

Sophie de Baere va alors nous raconter ce qui s'est passé durant les vingt années qui ont suivi. En retraçant les parcours respectifs de Joseph et de Paul, elle nous livre les éléments manquants d'une histoire que tous voulaient oublier, mais qui a laissé des traces indélébiles. On peut y lire un plaidoyer contre le harcèlement scolaire et un appel à davantage de tolérance et d'ouverture d'esprit. On peut aussi se dire que cet ancrage en 1983 peut laisser penser que les mœurs ont – bien – évolué depuis, mais je n'en suis pas sûr. Pour ma part, j'y vois d'abord un roman d'amour. Celui d'une passion incandescente qui vous marque à tout jamais et qui, vingt ans plus tard, reste toujours aussi vivace, malgré les barrages, malgré les obstacles. Un amour fou, comme dans Les corps conjugaux, le précédent roman de l'auteure, désormais disponible en poche. Un amour capable de laisser s'ouvrir Les ailes collées.




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La Dérobée

Voilà une belle histoire d'amour, une histoire tourmentée, une histoire triste, mais une histoire comme malgré tout on a envie de vivre. J'ai été, dès la première seconde de cette lecture, en empathie (même si ce mot est à la mode est a de ce fait tendance à m'agacer) avec Claire.

Le premier livre de Sophie de Baere est construit intelligemment car le lecteur ne sait pas quel tournant l'histoire va prendre, ce roman va-t-il devenir à thriller ? un policier ? ou va-t-il plutôt s'orienter vers un roman disséquant l'âme ?

Si ce roman se lit en quelques heures, il n'est pas pour autant léger et dépourvu de complexité. J'ai pris beaucoup de plaisir avec ce roman et je suis encore plus impatiente de lire son deuxième roman "les corps conjugaux".
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Les ailes collées

On fête les noces de Paul Daumas et Ana, au printemps 2003 et cette dernière lui réserve une surprise : elle a invité un de ses amis d’enfance, Joseph Kahn, en se donnant beaucoup de mal, Paul lui ayant très peu parler de son passé. Mais était-ce vraiment une bonne idée, car en arrivant, en retard, après moultes hésitations, Joseph va déclencher une tornade, faisant remonter des souvenirs douloureux profondément enfouis. Ana est enceinte, ce mariage est le fruit d’un amour et d’un long combat pour arriver à trouver un équilibre.



Paul est le premier enfant de Charles et Blanche, conçu lors d’une nuit quelque peu arrosée, qui les a conduits au mariage. Dans ce couple, l’un des deux aime plus que l’autre, Blanche est tellement en extase devant son mari, qu’elle ne s’occupe que de lui, Paul et sa petite sœur, Cécile, passant après. Charles multiplie les conquêtes, humiliant sa femme qui se réfugie dans l’alcool.



Les deux enfants grandissent comme ils peuvent, Paul est affligé d’un bégaiement qui fait de lui le souffre-douleur de l’école, jusqu’à l’arrivée de Joseph qui le prend sous son aile et arrive à le faire intégrer… jusqu’au jour de la fameuse fête anniversaire où tout va exploser : harcèlement, maltraitance, homophobie, sous les yeux des enseignants qui ne font rien du tout… Nous sommes en 1983…



Les parents de Joseph sont très différents de ceux de Paul : sa mère hippie vit dans un mobile-home et prêche la liberté alors que son père de confession juive vit en Israël, ce qui tranche avec le milieu bourgeois coincé de Paul. Mais, comment vont réagir ces deux familles ?



Sophie de Baere aborde avec beaucoup de simplicité, de finesse, les liens qui se tissent entre un enfant dont les parents ont indifférents, autocentrés, laissant leurs deux enfants se débrouiller seuls la plupart du temps, adultes avant l’âge, les rôles étant inversés, handicapé par ce bégaiement qui va lui pourrir la vie, lui apprenant très tôt la violence des autres et le rejet et son ami, dont les parents semblent plus responsables, mais qui grandit quand même marge.



Elle dit très bien, les esprits qui se comprennent, l’un finissant les phrases de l’autre, avec des centres d’intérêt proches, une sensibilité particulière, l’amitié qui se transforme vers quelque chose de plus profond, les réticences, les résistances contre une attirance qu’ils ne comprennent pas forcément, aspirant fort à être comme tout le monde. L’angoisse de la séparation quand les familles les éloignent l’un de l’autre pour tuer l’attirance dans l’œuf…



Certes, il y a des scènes difficiles, avec un collégien grand chef (caïd même) autoproclamé et ses sbires qui le suivent comme un toutou, mais l’auteure évoque l’effet de meute sans trop s’appesantir, ce qui n’empêche pas les émotions de jaillir à la lecture.



J’ai apprécié également le titre du roman : Paul a-t-il les ailes seulement collées ou sont-elles attachées solidement, et l’envol pourra-t-il se faire où les ailes se mettront-elles à fondre comme Icare tentant de se rapprocher du soleil ?



J’ai beaucoup aimé l’écriture ciselée, sensible, pleine de poésie de Sophie de Baere car le thème qu’elle a choisi et la façon de le traiter m’ont bouleversée. On se rend compte du chemin parcouru en vingt ans mais aussi du chemin qui reste à parcourir, car l’homophobie, la détestation des personnes LGBT et les intolérances de tous poils, sont encore bien présent dans la société actuelle.



Sophie de Baere a choisi de raconter l’histoire de Paul en deux parties : alternant l’adolescence en 1983 et 2003, pour sa vie d’adulte, en leur donnant à chacune un titre de chanson « Here Comes the Sun » et « The Last Rose of Summer », ce qui donne évidemment envie d’aller écouter leurs différents interprètes, Nina Simone et le Beetles en particulier.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure dont j’ai vraiment envie de retrouver la plume car je n’ai pas lu ses précédents romans.



#Lesailescollées #NetGalleyFrance !
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Les ailes collées

Paul survit. Nage dans le marasme, dents serrées, profil bas, il encaisse. Il faut dire qu’il n’a pas suivi la voie des autres, ces cons, ces brutes, ces moins que rien qui lui font la misère. Au coin des rues, dans les couloirs. Il faut se fondre dans les ombres, longer le néant et se taire. Paul est un invisible trop visible, une proie à briser, un souffre-douleur, il plie, casse et rompt puis se redresse. Recolle. Colmate. La bêtise et la crasse, ça s’empoche et ça construit … en château de sable ; friable, tout est friable. Paul aime ailleurs, hors des sentiers battus et c’est dans les toilettes qu’on cherchera à laver ses envies, son amour. Ses désirs.

Roman sur la différence, écrit sur l’intolérance, « Les ailes collées » égrène la vérité d’un quotidien aux multiples sévices – la base d’une construction branlante quand on est adolescent. Ne peut-on pas refuser le lisse sans risque ? Le « bien sous tout rapport » ? La vie telle qu’on nous la recommande ?

Je ne vous décrirai pas le contenu. Je ne vous raconterai pas ce qui se tait. Il se lit. Point.

Et puis il se partage pour que les choses cessent.

Une lecture poignante.


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Les corps conjugaux

J'avais beaucoup apprécié "la dérobée" le premier roman de Sophie de Baere. le roman "Les corps conjugaux" m'a encore plus convaincue, c'est un véritable coup de coeur. Comme tous mes coups de coeur ce n'est pas un roman feel good, "les corps conjugaux" est un roman d'amour. Bien sûr il y a des thèmes transversaux mais c'est l'amour qui domine, un Amour contrarié certes, c'est le moins que je puisse dire mais n'est-ce pas là que l'on reconnait le véritable Amour ?



Alice vit le parfait Amour avec Jean et leur fille Charlotte mais du jour au lendemain Alice disparaît, fuit et décide de tout quitter. Nous, lecteurs, savons pourquoi, ce qui n'est pas le cas de Jean et Charlotte.

Le sujet est traité avec une grande intelligence, beaucoup d'émotions.

Il est inutile et surtout dommage de faire un résumé il faut découvrir ce que Sophie de Baere a envie de nous raconter, mais sachez que vous allez vivre avec Alice une grande histoire d'Amour qui va bousculer nos valeurs.

Ce livre est une véritable tragédie.

Je vais surveiller le 3ème roman de Sophie de Baere car sa plume me touche.
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