Sophie de Villenoisy - Joyeux suicide et bonne année ! .
Sophie de Villenoisy vous présente son ouvrage "Joyeux suicide et bonne année ! " aux éditions Denoël. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/villenoisy-sophie-joyeux-suicide-bonne-annee-9782207133644.html Notes de Musique : Ice Cream par Jahzzar. Vimeo Music. Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
[...] j’ai sorti mon chéquier. C’est la première fois que je me fais un cadeau aussi cher. Il y en a qui s’offrent des bijoux, des thalassos ou des croisières, moi c’est une concession funéraire. Un cadeau personnalisé, mais sans le joli emballage.
Je suis ressortie fourbue, perdue et allégée de presque quatre mille euros ! Le prix d’un six pieds sous terre cosy, avec vue imprenable sur les vers de terre. J’aurais mieux fait de m’offrir une croisière Costa, avec un peu de chance je finissais noyée en mer de Sicile ! Ça aurait plus de gueule. Mais je n’ai ni chance ni panache.

— Qu’est-ce que tu as fait de beau aujourd’hui ? demande-t-il en coupant la deuxième pizza.
Une question on ne peut plus banale, mais que je redoutais un peu. Je ris nerveusement pour masquer ma gêne.
— Heu, voyons voir, j’ai donné ma démission et je me suis occupée de l’enterrement d’une amie.
Sa pizza s’est stoppée net devant sa bouche. Il déglutit un peu vite et manque de s’étouffer.
— Ça va ? je demande en riant.
Je lui tends un verre de vin. Il me regarde, interloqué. Il prend le temps d’avaler une gorgée pour se dégager la trachée.
— Je ne comprends pas, tu pleures après avoir fait l’amour et tu ris quand tu enterres quelqu’un ? T’es spéciale, toi !
Je le prends comme un compliment.
— Tu trouves ?
Et je pars dans un fou rire aussi bête qu’irrépressible. Je ne peux plus m’arrêter. Une vraie folle. Mon Dieu, fallait que ça tombe sur lui.
Il me regarde mi-inquiet, mi-souriant.
— Excuse-moi, tu me rends nerveuse.
— Et c’est bien ou c’est pas bien ?
— C’est bien, je murmure.
Je me dis qu’avec ma nouvelle tête je ferais moins pitié quand les pompiers me trouveront. J’aurai moins l’air d’une vieille fille abandonnée par la vie. D’ailleurs, il faut que je pense à écrire mes dernières volontés. Je demanderai à être enterrée avec mon nouveau manteau et mon écharpe en cachemire. C’est les vers qui vont se régaler.
Avant d'avoir des enfants, je pensais avoir évité le pire...Mais maintenant que j'en ai, je me rends compte que le pire est à venir.
-Si vous avez envie de vous soulager, faites comme Jacques, lâchez les gaz ! Tiens, moi aussi je pète ! dit-elle en imitant des bruits de pets comme une enfant. Ici c’est une pièce magique, vous êtes dans la maison du bonheur, personne ne juge personne !
Ce matin Murielle aurait préféré rester chez elle, mais Yannick avait insisté en parlant d'une réunion "urgente" au journal [ genre Télé Loisirs …]. A part l'arrêt brutal de " Plus belle la vie " ou la sextape de Joséphine ange gardien, elle ne voyait où était l'urgence, et encore moins en quoi cela concernait sa page animaux ?
"Pour ma part, je ne souhaite plus programmer ma mort. Je sais qu'elle viendra et cette certitude me suffit. Peut-être demain, dans un mois ou dans dix ans, peu importe. Ce sera la surprise. J'espère seulement qu'elle sera bonne."
"Je suis gravement carencée en amour et aucune vitamine, aucun complément alimentaire ne pourra me doper. J'en suis réduite à me nourrir des miettes de tendresse que l'on veut bien me donner."
" Jérôme, c'est maman, vous venez quand ? Bon, t' inquiète pas pour les cordons- bleus, c'est des surgelés Picard, ils sont encore bons, mais j'aimerais bien vous voir. Ça va Murielle, son livre ? La pauvre, c'est de plus en plus dur pour les auteurs, pour tout le monde c'est dur, il faut se serrer la vis, moi je serre la vis tous les jours, c'était maman, rappelle-moi."
J’évolue dans un tel désert sentimental que je suis assoiffée de tendresse. Même un chien reçoit plus de caresses que moi.