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Citation de babel95


Le soir au dîner, l'enfant observe son père. Elle l'observe ramasser chaque grain de riz avec les baguettes sans en échapper un seul, manger sans rien laisser dans son bol. Il lui semble petit et ratatiné.
L'enfant ne lui dit pas que le k de knife est muet. Qu'on l'a envoyée chez le directeur, qu'on lui a expliqué les règles et pourquoi les choses sont comme elles sont. Ce n'est qu'une lettre, lui a-t-on dit, mais cette simple lettre, là toute seule, la première du mot, était le motif même de sa présence chez le directeur. Elle ne raconte pas qu'elle s'est entêtée à dire que la lettre k n'était pas muette. Elle ne pouvait pas l'être, a-t-elle insisté :
- Elle est devant ! C'est la première ! Il faut qu'elle ait un son ! et elle a hurlé comme si on lui avait enlevé quelque chose d'important.
Elle n'avait pas renoncé à ce que son père lui avait dit, à ce premier son, là. Et aucun de ces gens, avec toute leur vie de lecture et de bonne éduction, ne pouvait l'expliquer.
En regardant son père manger, elle pense aux autres choses qu'il ne sait pas. Aux autres choses qu'elle devra découvrir par elle-même. Elle veut dire à son père que certaines lettres, même si elles sont là, on ne les prononce pas, mais elle décide que ce n'est pas le moment.
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