AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Erik35


Ainsi donc commence le rêve. Autour de moi, quelque chose attend mon consentement, mon accord, un acquiescement intérieur, et je sais, ou plutôt quelque chose en moi sait que je ne devrais pas céder à une tentation inconnue, car plus le silence semble prometteur, plus terrible sera la fin. Ou, plus exactement, je ne sais rien de tel, car si je le savais, j'aurai peur, et jamais je n'ai ressenti aucune peur. J'attends. De la brume rose qui m'enveloppe, un objet invisible émerge et me touche. Inerte, emprisonné dans cette matière étrangère qui m'enserre je ne peux ni reculer, ni me retourner, et cet objet invisible émerge et me touche. Inerte, emprisonné dans cette matière étrange qui m'enserre, je ne peux ni reculer ni me retourner, et cet objet invisible continue à me toucher, à ausculter ma prison, et je ressens ce contact comme celui d'une main, et cette main me recrée. Jusqu'à présent, je croyais voir, mais je n'avais pas d'yeux, et voici que j'ai des yeux ! Sous les doigts qui me caressent d'un mouvement hésitant, mes lèvres, mes joues sortent du néant, et la caresse s'étendant, j'ai un visage, le souffle gonfle ma poitrine, j'existe. Et recrée, je crée à mon tour, et devant moi apparaît un visage que je n'ai encore jamais vu, à la fois inconnu et connu. Je m'efforce de rencontrer les yeux en face de moi, mais cela m'est impossible, car je ne peux imposer aucune direction à mon regard, et nous nous découvrons mutuellement, par-delà toute volonté, dans un silence recueilli. Je suis redevenu vivant, je me sens une force illimitée et cette créature - une femme ? - demeure auprès de moi et nous restons immobiles. Nos cœurs battent, confondus, et soudain du vide qui nous entoure, où rien n'existe et ne peut exister, s'insinue une «influence» d'une cruauté indéfinissable, inconcevable. La caresse qui nous a créés, qui nous a enveloppé d'un manteau d'or, devient le fourmillement d'une infinité de doigts. Nos corps, blancs et nus, se dissolvent, se transforment en un grouillement de vermine noire, et je suis - nous sommes - une masse de vers gluants, entremêlés, une masse sans fin, infinie, et dans cet infini, non ! je suis l'infini, et je hurle silencieusement, j'implore la mort, j'implore une fin. Mais, simultanément, je m'éparpille dans toutes les directions, et la douleur s'enfle en moi, une souffrance plus vive qu'aucune souffrance éprouvée à l'état de veille, une souffrance démultipliée, une épée fouillant les lointains noirs et rouges, une souffrance dure comme le roc et qui s'accroît, montagne de douleur visible à la lumière éclatante d'un autre monde.
C'est là un rêve parmi les plus simples ; je ne peux raconter les autres, fautes de termes pour en exprimer l'épouvante.
Commenter  J’apprécie          130





Ont apprécié cette citation (12)voir plus




{* *}