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Critiques de Stefan aus dem Siepen (24)
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La corde

Les idées les plus simples sont souvent les meilleures. De fait, celle qui ouvre le roman de Stefan aus dem Siepen est d'une simplicité déconcertante : dans un passé indéterminé, ni tout à fait médiéval ni tout à fait moderne, un village est établi à l'orée d'une immense forêt, petit monde bien ordonné et sans autre souci que celui des jours qui passent. Un jour, on découvre une corde serpentant dans l'herbe d'un pré et qui se perd parmi les ombres de la forêt. On tire vainement dessus : quelque chose la retient. C'en est dès lors fini de la quiétude de ces villageois : obsédés par cette corde, il leur faut découvrir l'origine de son mystère.

Le récit épouse délibérément la forme du conte, et on pense inévitablement aux frères Grimm pour ses influences. Le tableau de cette forêt profonde, les énigmes qui s'y dissimulent et les loups qui la hantent : tout renvoie le lecteur à de lointaines et délicieuses inquiétudes d'enfance. Quant au personnage de l'instituteur Rauk, qui mène la troupe des paysans au son aigrelet de sa flûte, il semble sorti de la célèbre ballade de Goethe, le Preneur de rats. Bref, il y a ici une évidente profusion de références, que l'auteur s'amuse à mettre en scène dans une langue claire et alerte mais sans envolées lyriques : la narration se veut d'abord efficace. Pour autant, elle ne se contente pas trop sagement de la ligne droite que suggère la corde : on s'intéresse à l'expédition mais aussi à ceux qui rebroussent chemin, et surtout à ceux qui sont restés au village, et qui désespèrent bientôt de jamais revoir les absents.

Très vite se pose la sempiternelle question, l'éternel point Godwin de la littérature allemande contemporaine : cette fable est-elle ou non une parabole sur le nazisme ? Les extraits de presse que reproduit la quatrième de couverture et ceux que j'ai pu trouver ici ou là n'en font pas mention. L'auteur lui-même l'a à moitié démenti. En ce qui me concerne, pourtant, j'ai été frappé de certains motifs qui courent en filigrane sous le récit. Il est inutile de chercher ici un tableau du nazisme en tant que système totalitaire. Ce qui intéresse manifestement l'auteur, c'est plutôt la racine de tous les fascismes, à savoir la perversion d'un groupe d'individus frustes par un chef charismatique : Rauk ne séduit en effet les paysans que pour mieux les entraîner. Il est d'abord le Verführer (le séducteur, au sens de corrupteur), avant de devenir explicitement le guide (le Führer) de l'expédition. Rauk, de plus, n'est qu'un nabot malingre, mais dont l'art oratoire recèle une puissance cachée. Il se défait de ceux qui contestent son pouvoir et subjugue les autres, au point de transformer ces braves paysans en pillards aventuriers qui n'ont plus ni feu ni lieu. Oubliés, les femmes, les enfants, les travaux de leurs champs, et toute morale : il n'est plus question que de poursuivre la quête, aveuglément, sous l'aiguillon de leur chef fanatique, et sans retour possible. Il leur faudra continuer coûte que coûte, marcher encore et encore, aller toujours plus loin dans l'inconnu et dans l'horreur, ainsi que le chantaient en leur temps les Jeunesses Hitlériennes : « Wir werden weiter marschieren ». Et quand leur monde tombe en ruines et que le mythe qui les avait enchaînés s'effondre, il ne reste plus de place que pour la violence et la cruauté de l'épilogue.

Une fable intelligente sur le cynisme des chefs, le caractère meurtrier de leurs illuminations, et sur la soumission consentante de l'individu. C'était là quelques-uns des ressorts originels du nazisme, les plus universels sans doute, et je crois qu'il est plus que jamais utile de lire ce genre de texte aujourd'hui.
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Le géant

Il a beau s'appeler le géant, c'est un roman de dimension et d'intensité modestes que propose Stefan Aus Dem Siepen. L'auteur allemand y décrit avec tendresse la vie d'un homme victime d'une croissance hors norme prisonnier aussi bien des petites misères du quotidien que des turpitudes de notre époque.

On découvre ainsi la fragilité de Tilman qui au fur et à mesure qu'il grandit se heurte partout à ses limites, engendrant une vie de solitude et de désarroi.

Mais point de tumulte ni de fracas. Ni d'incessant flux mental ou de longs monologues intérieurs. Avec une écriture élégante, classique, à la musicalité ancienne, l'auteur permet à Tilman d'activer un autre récit de soi. Il laisse la possibilité à un jeune homme issu d'une famille modeste aux aspiration très ordinaires de s'élever autant physiquement qu'intellectuellement.

Car si les obstacles physiques sont difficiles à surmonter, on espère voir le jeune homme s'affranchir des barrières toutes aussi douloureuses que sa condition d'origine, sa famille ou encore sa culture lui imposent. Et voir l'humanité d'un être triompher d'un corps monstrueux …



Deuxième roman de S. Aus dem Siepen que je lis et force est de constater que l'auteur aime partir d'une histoire simple et la propulser dans une dimension morale ou philosophique proche du conte, attirant l'attention du lecteur sur le contraste saisissant entre les faits ou les personnages.

Certes, on ne peut ressortir qu'ému de cette lecture, frappé par le cheminement personnel effectué par Tilman confronté à la stigmatisation, au rejet et parfois même à la monstruosité des autres. Mais le roman aurait gagné en force d'attraction si l'auteur, toujours doté d'une écriture scrupuleuse, avait économisé sur le luxe inouï de précision. Il verse dans une forme de prolixité informative qui affecte la bizarrerie inhérente au récit.

Le géant demeure toutefois une lecture agréable.

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La corde

Qu’est-ce qui peut bien pousser des paysans d’un hameau isolé à abandonner la veille des moissons femmes, enfants, champs au risque de mettre en péril les récoltes ? Une guerre ? Une invasion ? Nabilla ? Rien de tout ça pour Stefan Aus Dem Siepen qui a plutôt imaginé une corde qui « s’étirait sur sept ou huit pas dans la prairie, jusqu’à la lisière de la forêt où elle disparaissait entre les troncs, dans les fourrées ».





Un objet aussi anodin qu’une corde va bouleverser la quiétude d’un village jusque-là à l’abri des aléas, une communauté rurale séculaire appartenant à un temps où on chassait avec des flèches et observait le ciel pour décider du moment de la moisson.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les villageois ont décidé de suivre cette corde qui se prolonge dans cette forêt noire bleutée dans laquelle ils n’ont osé que trop rarement s’y aventurer.

Cette expédition qui réunit tous les hommes de la communauté et prévue le temps d’une journée va s’éterniser, enchaîner les hommes pendant des jours jusqu’à un stade psychique et éthique qu’aucun n’aurait atteint dans ses occupations quotidiennes…





Quel roman étrange que cette fiction qui oscille entre conte, légende, roman à suspense mâtiné de psychologie sociale. C’est un récit sans grande envergure mais qui exerce un pouvoir captivant d’un effet comparable à cette corde sur les villageois. On ne peut pas lâcher le bouquin.

Avec une écriture qui utilise à merveille le pouvoir inquiétant de la forêt sombre et primitive, un style qui donne un corps et une âme à la nature, aux silhouettes noires des arbres, Stefan Aus Dem Siepen a su créer un roman d’ambiance propice à une impression d’inquiétude diffuse, un sentiment de menace vague. Avec des paysans sensibles aux manifestations de la nature, « à l’écoute des bruits qui [emplissent] l’obscurité », l’auteur articule un suspense convaincant.

Il aurait pu nous épargner quelques tics d’écriture privant le lecteur de son pouvoir d’imagination en interprétant un peu trop souvent les attitudes et les évènements. Malgré tout, il parvient à rendre l’absurde inquiétant, le prévisible dangereux.



Cette tension enveloppante serait sans intérêt si elle ne mettait pas l’humanité des hommes à rude épreuve. L’énigme de la corde, quelle que soit l’issue de cette aventure, a vraisemblablement pour ambition de mettre en lumière la "corruptibilité" des hommes. De simples paysans pondérés et méfiants, Stefan Aus Dem Siepen en fait des hommes pulsionnels, plus sensible au discours séduisant d’un instit habile avec une flûte de pan qu’à la raison…des hommes qui abandonnent tout pour obéir à un orgueil aveugle et satisfaire des instincts primaires, allant jusqu’à repousser la ligne d’horizon des scrupules et du mal.

Implacable progression qui laisse planer un sentiment de jusqu’au-boutisme, et imaginer le pire dans la violence et la sauvagerie. Implacable conclusion qui montre la puissance de l’effet de masse ou comment le comportement d’un individu est différent de celui qu’il aurait s’il était seul dans la même situation. Le sentiment de responsabilité qui retient les individus disparaît et ouvre la porte à toutes folies …

Roman curieux, efficace, fascinant.





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La corde

Je n’ai pas lu de littérature allemande depuis quelques temps. Aujourd’hui je vous propose un roman qui a connu un vrai succès en Allemagne.

Un roman qui m’a totalement envoûté et que j’ai lu d’une traite, il faut dire qu’il est court (150 pages).



Dans un village en bordure d’une forêt profonde, à la veille des moissons, la découverte par Bernhardt d’une corde dont il n’a jamais vu la pareille. Le lendemain soumis à la curiosité du village il tente de voir d’où vient la corde mais sans succès .

« La corde est longue ! croyez-moi ! j’ai fait un bon bout de chemin, mais je n’ai pas trouvé l’autre extrémité ».



L’envie de savoir gagne peu à peu le village, oubliant les moissons les hommes décident de pénétrer dans la forêt pour en avoir le coeur net.

« Plus d’une douzaine d’hommes, sac plein de provisions sur l’épaule, couteau de chasse et outre d’eau en cuir à la taille,étaient rassemblés, impatients, prêts au départ, étreignant leurs femmes d’un geste distrait. »

La durée de cette incursion dans la forêt prévue pour la journée, passe à deux puis trois journées.

Les femmes inquiètent guettent le retour des hommes à l’orée de la forêt

« Une lune gris pâle se leva au-dessus des arbres, indifférente. Sachant pourtant que leurs maris ne reviendraient plus ce soir-là, les femmes trouvèrent réconfortant de patienter encore un petit moment ».



Une communauté villageoise en proie à l’obsession, à une curiosité irrépressible qui lui fait tout oublier. Un groupe sensible à une parole habile, séductrice, véhiculée par l’instituteur Rauk qui a trouvé là le plaisir de prendre une revanche sur des paysans plus ou moins incultes. C’est un peu le joueur de flûte du conte.

Le groupe doit trouver assez vite de quoi se nourrir et est en proie aux tentations communes à tous les hommes : rancune, colère, envie. La violence n’est pas loin. Certains vont choisir de faire demi-tour.



Un roman très habile qui porte sur les obsessions humaines, sur « l’avidité et la folie des hommes »

Impossible de fermer le livre, on est comme le groupe obsédé par cette corde, curieux nous aussi de la suite et inquiet que le retour à la normalité soit impossible.

Interroger sur un parallèle avec la montée du nazisme l’auteur dit non ce n’est pas ce qu’il a voulu même si certains mécanismes à l’oeuvre dans le roman aient pu être ceux utilisés par les nazis.

La traduction est parfaite et fait ressortir une belle langue, riche, fine, expressive, recherchée.



Une belle parabole que je vous invite à découvrir.




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Le géant

Un conte philosophique qui comme son nom nom l'indique, fait réfléchir. Car faire une taille hors norme doit être non seulement compliqué dans la vie de tous les jours, le regard des gens doit être pesant. Mais on oublie une chose toute simple: Comment vivre, travailler quand rien n'est à votre taille? Comment aimer?



Tilman est grand, très grand, mais la taille de son corps n'est pour lui, pas le plus important, il veut grandir intellectuellement, il veut apprendre...



Une belle histoire, d'un point de vue important, celui du géant, de celui qui fait nous fait lever la tête, met une mine étonnée sur nos visages, mais lui que pense t'il de tout cela, en souffre t'il?



Une réflexion nécessaire sur la différence, quelle qu'elle soit.



Merci à L&P conseils, une fois de plus...
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La corde

Un roman qui ressemble à un conte ce qui m'a beaucoup plu. Un jour, un villageois trouve une corde qui s'enfonce dans la forêt. Hier, elle n'était pas là. Elle semble si longue qu'un groupe d'habitants de ce village isolé décide de la suivre. Ils devaient revenir pour midi et se retrouvent toujours en forêt après plusieurs jours. Nul n'arrive à se résoudre à rebrousser chemin, le groupe pèse lourd et cette corde rend fou.

Ils en oublient femmes, enfants et la moisson. Ou plutôt, ils se cherchent des excuses pour continuer leur périple.... que diraient les autres s’ils revenaient sans réponse?

La corde est un conte sur l'envie d'obtenir toujours plus et jusqu'où la quête de toujours vouloir mieux peut mener.



Un roman singulier à tenter pour changer de style de lecture. Il ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui.

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La corde

J'enchaîne les contes, que se passe-t-il ? Jamais deux sans trois !

Mis en évidence à la médiathèque, la couleur automnale de la couverture a fait jouer la corde sensible, un bon moyen de resserrer les liens, la forêt en avril ne se découvre pas d'un fil, oui, je vous entends, la ficelle est un peu grosse.



Je n'avais pas été emballé par la série sur Arte, mais envie de découvrir l'original, pour savoir s'il tient la corde. Eh bien, j'ai été aspiré, non pas par le câble, le visionnement était en clair, mais par la qualité de l'écriture.

Comme pour le Parfum de Süsskind, j'aurais aimé le lire en allemand, mais la traduction de Jean-Marie Argelès est plus que suffisante, elle est même sublime.

Das Seil se lit très bien en français, se relit devrais-je écrire, car je fis plusieurs retours en arrière bien qu'il n'y eût point de flash-back, ou plutôt de Rückblende, pour rester dans la langue d'origine.



Mieux vaut court et attractif que long et soporifique, ce petit conte m'a occupé plusieurs jours. Les descriptions de la nature ambiante m'ont régalé, (voir dans les citations), j'avais l'impression de faire partie de l'histoire et j'ai cheminé avec les personnages le long de la corde, car, comme eux, je voulais savoir ce qu'il y avait au bout.

Comme pour Jack et le haricot magique, c'est un voyage sans fin, une quête qui s'avérera absurde, hors de l'espace et du temps, car la corde s'étire à l'infini.

Un petit village isolé où les habitants mènent une vie tranquille et prévisible, rythmée par les saisons et les travaux des champs. Mais un soir, l'un d'entre eux fait une balade et trouve une corde qui sort de terre et mène dans la proche forêt.

Telle est l'idée de départ que Stefan aus dem Siepen a imaginée pour débuter son récit. Et me voilà moi aussi embarqué comme dans un conte de Grimm, une histoire extraordinaire avec une sombre forêt interminable peuplée de loups féroces où les personnages vont devoir résoudre une énigme.



L'auteur réussit à saisir certains traits du fonctionnement de la société.

Un village se transforme et abandonne sa routine pour essayer de comprendre un mystère, les gens quittent leur existence réglée de villageois pour un but furtif, pour un peu de gloire, la curiosité l'emporte sur la raison.

Persuadés qu'ils vivent une aventure exaltante dont ils devraient rapporter quelque chose d'exceptionnel, ils poursuivent jusqu'au b(o)ut pour ne pas revenir bredouilles et finalement sont sur la corde raide, la corde de la discorde.

« La corde est longue ! Croyez-moi ! J'ai fait un bon bout de chemin, mais je n'ai pas trouvé l'autre extrémité ! »



L'auteur alterne deux points de vue, celui de ceux qui sont restés à la maison, essentiellement les femmes et les enfants, et celui des participants à l'expédition, dont deux meneurs, un paysan et l'instituteur.

L'ambiance devient rapidement pesante, la désillusion des hommes devant cette corde qui n'en finit pas, les femmes en attente passive, la moisson qui devrait être faite, la fin d'un cycle agraire associé à la mort et à la résurrection, fauche, récolte, labour, semis.

Un silence s'est installé au village avec l'absence des hommes qui se prolonge.

Que faire ? Reprendre le cours de l'existence en attendant qu'ils reviennent ? On se surveille sans qu'il y ait de chef.

Les mères racontent à leurs enfants des histoires terrifiantes de loups et de chasseurs ramenés de la forêt morts ou mis à mal jusqu'à la fin de leurs jours. Une peur distillée au compte-gouttes s'installe peu à peu.

Les aventuriers traversent un village mort, amas d'habitations sans vie, une alerte pour les inciter à rebrousser chemin, à retrouver leurs familles et à rentrer à temps pour la moisson.

Trop tard ? Ils sont usés jusqu'à la corde, à force d'avoir trop tiré dessus.



Ce petit roman, dont je ne vous dévoilerai pas la fin, écrit à la manière d'un conte, invite à la réflexion sur l'être humain, ses motivations, ses obstinations.

Incapable d'apprendre de ses erreurs, la corde au cou, il est contraint à se répéter.

L'absurdité du cycle de la vie, je vous l'accorde.













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Le géant

Voici un court roman, un conte ou une fable. A travers son personnage de géant, Stefan aus dem Siepen décrit merveilleusement la difficulté à s'intégrer lorsqu'on est différent, le mécanisme de l'isolement, du rejet. Si au début Tilman subit des quolibets, ceux-ci se transforment bientôt en insultes ou moqueries moins amicales. Il préfère alors se retirer, se cultiver, seul.



Un roman tendre et élégant. L'élégance se ressent dans l'écriture, les tournures de phrases et la bienveillance de l'auteur pour Tilman : "Ah ! Qu'en termes galants, ces choses-là sont mises" écrivait Molière dans Le Misanthrope, eh bien c'est une citation qui sied parfaitement à ce roman, qui pourrait également reprendre en partie le titre, car Tilman à force de voir les gens de haut, tels qu'ils sont, avides de sensations, de nouveautés, de nouvelles trash : "Ils traversaient la vie avec le besoin trouble de se délecter du malheur d'autrui, d'ingurgiter quotidiennement une dose de trivialité et de saleté. Ils avaient besoin de leurs amusements de pacotille et ils ne les trouvaient nulle part de manière aussi assurée que dans le franchement exceptionnel, dans le déviant stupéfiant." (p.115), en devient un brin misanthrope. Néanmoins, l'ouverture que lui procurent la lecture et la musique lui permet de relativiser, de prendre la curiosité qu'il suscite comme une chose inévitable et de s'y plier pas forcément de bon gré, mais avec une grande bonté et une certaine philosophie. Plus il grandit, plus il s'apaise et acquiert de réflexion, de recul sur lui-même et les événements, en un mot, de sagesse.



Une belle et profonde réflexion sur la recherche du bonheur, sur la différence et l'acceptation d'icelle par autrui, sur l'amour, sur la culture : la différence entre l'élitisme et la culture de masse qui peut tendre vers le néant lorsqu'il s'agit par exemple des phénomènes de foire, les fameux freaks, entre la beauté et la laideur ; il m'a semblé y voir aussi une critique à peine voilée de la dérive des chaînes de télévision, vers le sensationnel, le laid, la téléréalité...



Je ne connaissais pas cet auteur allemand au nom étonnant et qui me semble lui aussi très élégant (mes souvenirs d'allemand sont pauvres et lointains, j'espère qu'en cette langue, ce n'est pas une grossièreté !). Il a publié en 2014, un autre roman La corde, qui me tente tant par le thème que par la très belle écriture (félicitations au traducteur) que j'ai découverte avec Le géant. Assurément, je le relirai, en plus son roman est court, vraiment tout pour me plaire.
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La corde

Un beau matin, une corde apparaît dans le village, qui s'enfonce dans la forêt. Elle n'était pas là la veille, mais depuis sa découverte, elle est dans tous les esprits. Les hommes décident vite de partir et de démêler le mystère de la corde. Elle doit bien avoir une fin... Elle doit bien appartenir à quelqu'un... Les enfants leurs auraient-ils joué un tour ? S'ensuit une grande expédition et une quête absurde de la vérité. le petit groupe s'organise, apprend à vivre dans la forêt, sans le confort du foyer. Il y a la brute Raymund, l'enjoué Michael et l'instituteur Rauk qui manie les mots et manipulent facilement l'esprit simple des paysans. Ils les exhortent à continuer quoi qu'il en coûte. Mais la forêt va vite s'avérer hostile, loups et serpents guettent. Les hommes, loin de leur quotidien, oublient tout, perdent leur sens commun et ont assez vite recours à la violence.



C'est un beau conte que nous propose cet auteur allemand, sur l'obstination, la déraison et l'interruption de l'inattendu dans un environnement bien réglé... Je dis conte car aucune indication de lieu, ni de période n'est précisée et les chapitres sont titrés à la manière des histoires pour enfants. On a envie de savoir, même si l'on sent que le pire reste à venir. La fin est très cruelle.



Un peu court cependant, j'aurais aimé un plus grand développement de la psychologie des personnages, le récit restant essentiellement narratif et descriptif. Mais je reste très contente de l'avoir découvert, un peu par hasard d'ailleurs.
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La corde

Une corde attire la convoitise de tous les villageois. Cette corde serpente dans la forêt et semble aller très très loin.

Tous les hommes décident de partir à la recherche du bout de la corde, laissant femme, enfants et moisson en plan.

Ce roman dépeint avec grande justesse la nature humaine tout en donnant une dimension quelque peu irréelle.
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La corde

"Encore une fois, j'ai l'impression de ne pas avoir lu le même livre que les journalistes cités en quatrième de couverture.

Il y est dit que La Corde est un livre sur les obsessions qui habitent les hommes. Je dis que... pas seulement.

En premier lieu, j'y ajoute les dangers qu'encourent ceux qui vivent en autarcie, repliés sur eux-mêmes. Sans ouverture culturelle, intellectuelle ou humaine, rien ne les arme à la première intrusion dans leurs vies.

Ensuite, ..."



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La corde

LA CORDE de Stefan Aus Dem Siepen



Dans un petit village à l'orée d'une immense forêt, la vie s'écoule tranquillement. La saison des moissons approchent, les paysans se préparent. Mais un jour, l'un d'eux trouve une corde posée dans un champ et provenant de la forêt où elle semble attachée. Il la suit un moment mais elle semble interminable. Il réunit les paysans du village et ils décident alors de partir en expédition pour connaitre à qui elle appartient, d'où elle vient et jusqu'où elle va...

Laissant femmes et enfants au village, il entraine ses voisins pour une expédition forestière, de quelques heures voire deux ou trois jours. Mais celle-ci se révèle beaucoup plus longue et périlleuse que prévu...



Un roman alternant divers points de vue : celui de chacun des protagonistes soit partis en forêt, où les conditions sont rudes, soit restés au village, où l'attente est longue... L'ambiance est de part et d'autre assez lourde, et plus les jours passent plus l'angoisse pointe son nez.

Ce roman onirique est en fait un conte. Le style est fluide et le texte facile à lire.

La personnalité de chaque personnage est bien campée. Chacun a son rôle, son caractère, ses faiblesses, sa pudeur, ses affects... Ils constituent une micro société réaliste du meneur aux suiveurs, du paresseux à l'orgueilleux...

L'analyse et la critique de la société est subtile et délicate. Une merveille qui pose moult questions sur soi-même, l'expérience et la vie en général, dont celle-ci : Apprend-on de ses erreurs ?
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La corde

j'ai lu ce livre presque d'une traite ,le texte est court.

j'ai trouvé que l'ossature d'un beau roman était posé sans les développements c'est dommage car il y avait matière
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La corde

Ce roman, non situé dans le temps, ressemble à un conte, à une fable. Avec une idée de départ toute simple - des villageois trouvent une corde dans leur village et décident de la suivre - on est embarqué dans leurs aventures et surtout leurs questionnements, leurs doutes.

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Très singulier, le livre nous fait nous interroger sur l'irruption de l'imprévu dans un train train bien huilé.

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Pourquoi vouloir savoir où mène cette corde? y a t il un sens? Jusqu'où peut pousser la curiosité, surtout quand elle devient irrépressible et vire à l'obsession?

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J'ai trouvé ce roman déroutant. Il se lit très bien, l'écriture est fluide et il nous tient en haleine. Mais il manque de réponses (c'est mon côté pragmatique qui parle! ). A moins que ça ne soit à nous de donner nos propres réponses.

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Une fois refermé, je ne savais pas trop si j'avais aimé ou pas. Mais avec le recul, je le conseille. Il porte à réfléchir. En plus, je l'ai lu dans le cadre d'une LC et ça, ça a été hyper intéressant. Le livre s'y prête énormément, chacun ayant une interprétation, une vision différente.

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Bref, un livre étonnant, très "ouvert", où chacun peut y mettre le sens qu'il souhaite.

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La corde

Un conte, une parabole. Qu'est ce qui peut pousser un paysan qui vit dans un milieu protégé a vouloir suivre une corde qui apparaît un jour. D'où vient t-elle? où mène t-elle? et y'a t-il une personne au bout de cette corde?. Et nous qu'aurions nous fait? Est ce que cette corde est le cheminement de notre vie? j'ai adoré ce livre...
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Le géant

Découverte de l’auteur pour moi, il faut dire que je ne suis pas du tout calée en littérature allemande. C’est une très bonne surprise, j’ai aimé la poésie et les questions que posent ce roman. Ce que j’aime c’est les histoires avec des personnages ordinaires, des personnages qui pourraient être un voisin, une collègue ou qui ressemblent à des proches. Ce roman philosophique est une petite pépite que je ne suis pas prête d’oublier.



Tilman alias le géant est l’homme le plus grand d’Allemagne, il souffre car tout le monde se moque de lui et qu’il ne peut rien faire pour que cela change car c’est une maladie sans remède. On le suit dans sa quête du bonheur, dans son quotidien lourd à supporter tant rien n’est adapté à sa condition. On a tous tendance à ne pas s’intéresser à la différence de nos semblables quand on est pas directement touché, on oublie combien les gestes simples de la vie peuvent devenir problématiques pour eux. Il y a beaucoup de tendresse dans ce roman et la plume de l’auteur est tellement agréable et sensible que je ne pouvais que l’aimer.



Il en a assez d’être une bête de foire, il veut aussi être intelligent et cultivé, la lecture et la musique sont des alliées de taille qui vont l’aider à nourrir son esprit. Il apprend à relativiser, à attiser sa réflexion. Ce que j’ai aimé c’est aussi les questionnements qui découlent de cette lecture c’est toute une réflexion sur les personnes différentes physiquement, les personnes vues comme des monstres , qu’est ce que le bonheur ? est-ce une quête sans fin ? Qu’est-ce que la beauté et la laideur ?



J’ai été très émue par le parcours de vie de cet homme ordinaire au destin extraordinaire, on sent la fin arriver alors qu’on s’était tant attaché à lui. C ‘est un hymne à la tolérance , au partage, à la compassion et à la culture. L’auteur à réussi à être pudique tout en nous faisant ressentir beaucoup d’émotion.



VERDICT



Une petite pépite philosophique dont il ne faut pas se priver. Magnifique.


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Le géant

Ce roman raconte l'histoire d'un homme ordinaire qui parce qu'il a une maladie rare, va connaître une vie extraordinaire. Rien ne prédestinait Tilman Wôltzinger à développer un amour pour les lettres ou la musique. Il aurait été tout simplement un couvreur un peu rustre comme son père.



Le destin en a décidé autrement, atteint d'un dérèglement de l'hypophyse, il ne cessera jamais de grandir. Très vite inapte, il doit penser à la reconversion et s'adapter sans cesse à ce corps qui le rend différent.



On aime le courage, la force du personnage qui ne se plaint pas de son sort et qui retrouve refuge dans les arts ou la culture. C'est un autodidacte, un homme de goût et de mesure. Il connaît plus de difficultés que la moyenne qui mettra son adversité à l'épreuve. Sans orgueil, ni aucune fierté, il va petit à petit apprendre à jouer de son image.



On suit son parcours avec émotion, attachement tant pour ce qui est du quotidien que des étapes humaines. L'écriture est simple et intimiste. On est heureux, malheureux et impressionné par ce "grand" personnage.



Une personnalité hors du commun pour cet homme qui aurait pu en d'autres temps n'être qu'un monstre, un phénomène de foire. Jusqu'à la fin que l'on sait inexorable, il marque les esprits et les coeurs par son humble discrétion.



Laissez-vous tenter par ce récit profond et humaniste qui vous rendra plus fort, plus combatif peut-être plus tolérant et empathique aussi.



A voir !
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La corde

Une idée aussi sobre qu’efficace. Une corde qui nous interpelle en tant que lecteur autant qu’elle sera le motif inévitable d’une aventure humaine incroyable pour ce petit groupe d’hommes dont le quotidien presque ennuyeux bascule un jour pas plus différent des précédents. La

Corde c’est se demander comment l’équilibre d’une vie peut soudainement être magistralement retourné : on s’en étonne encore une fois le livre fini.
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La corde

Imaginez que vous êtes bien installés avec votre famille dans un petit village assez isolé où vous menez une vie tranquille avec un emploi du temps plutôt prévisible, dicté par les saisons. Un jour, vous vous réveillez et vous trouvez une corde qui sort de terre et mène dans la forêt… Telle est l’idée du départ que Stefan aus dem Siepen, l’auteur allemand, a imaginée pour son roman La corde.



La corde en question est trouvée dans des champs à proximité du village. Elle est en bon état et si on tire bien, elle semble être attachée et très longue, disparaissant dans la forêt. La forêt immense est évidemment à l’origine de nombreuses craintes, surtout pour son côté sauvage, inaccessible, mais aussi pour ses animaux, les sangliers ou les loups. Les hommes se réunissent autour de la corde pour élucider le mystère. Bientôt, il y en a un ou deux qui prennent la parole et deviennent les meneurs du groupe. Les paysans s’équipent et partent en forêt, tandis que les femmes et les enfants restent au village. Les hommes ne devraient pas tarder de toute façon…

L’auteur alterne deux points de vue : celui de ceux qui sont restés à la maison et celui des participants à l’expédition. Bien sûr, l’ambiance devient rapidement pesante – la désillusion des hommes devant cette corde qui n’en finit pas, les femmes en attente passive, la moisson qui devrait être faite…



Grâce à ce roman qui est en réalité un conte, l’auteur réussit à saisir certains traits du fonctionnement de la société. Comment un village se transforme et abandonne son petit côté prévisible pour résoudre un mystère, comment les gens quittent quelque chose qui fonctionne depuis des décennies pour un but furtif, pour un peu de gloire. On y croise différents caractères – ceux qui manipulent, dont par exemple Rauk, l’enseignant, sombre et charismatique, d’autres qui suivent, par curiosité ou par habitude.



C’est un roman court qui peut se lire très facilement, mais qui invite à la réflexion, sur l’Homme, ses motivations, ses obstinations. Il y a un passage assez fort sur l’incapacité de l’Homme à apprendre de ses erreurs de telle sorte que notre Histoire est contrainte à se répéter…


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La corde

Ce livre a une puissance et un écho incroyables. Merci à Arte de m'avoir fait découvrir cette fantastique épopée. Chargée de sens, de philosophie. Il y a long à méditer à la lecture de ces lignes, de cette Corde. J'ai aimé le film, j'ai aimé le livre tout pareillement. Et le conseille fortement.
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