Vous connaissez le paysage de la Riviera, n'est-ce pas ? Il produit toujours une impression de beauté, mais un peu fade, comme un carte postale illustrée, il présente mollement à l’œil ses couleurs toujours intenses, à la manière d'une belle, somnolente et paresseuse, qui laisse passer sur elle avec indifférence tous les regards, presque orientale dans son abandon éternellement prodigue.
Cependant parfois, très rarement, il y a des jours où cette beauté s'exalte, où elle s'impose, où elle fait crier avec énergie ses couleurs vives, fanatiquement étincelantes, où elle vous lance à la tête victorieusement la richesse bariolée de ses fleurs, où elle éclate et brûle de sensualité.C'était un pareil jour qui alors avait succédé au chaos déchaîné de la nuit d'orage ; la rue lavée était toute brillante, le ciel était de turquoise et partout dans la verdure saturée de sève s'allumaient des bouquets, des flambeaux de couleurs.