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Citations de Stéphane Audeguy (130)


Il existe des violences propres à la douceur. Puisqu'elles nous emportent, appelons-les des ravissements. Cet enfant qui s'agrippe à notre jambe ; sa main dans la nôtre, guidant sa marche hésitante ; le duvet léger de son cou ; les petits plis de ses mollets. Ce sont des exemples.
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En 1889, la France se prend pour un empire et bruit comme un bazard, Jules Ferry a imposé l'école obligatoire ; il a également écrasés des paysans, très loin, de Paris, dans des rizières, qui sont si différents de nos paysants que personne, ou presque, ne s'offusque.
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Libéré de l’effort de guerre, le système économique japonais prend là une avance considerable sur la majeure partie de ses voisins asiatiques.
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Et maintenant Vincent se prénomme Actéon. C’est l’été. Il y a bien longtemps qu’il convoite ce dix-cors. Deux jours plus tôt, Actéon s’est approché, face au vent, du hallier où l’animal a pris l’habitude de s’abriter. Il est venu juste avant l’aube, pour être sûr de son absence, après s’être enduit de crottes de renard et de sanglier. Il a lentement contourné la reposée afin de repérer l’emplacement des refuites.
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Visage, paysage

Puisqu'ici je me suis placé sous le patronage de quelques rêveurs définitifs qui sont tout ce qui me rattache à la littérature, sans doute faut-il rappeler ce qu'il en est, étymologiquement du rêve : un délire et un vagabondage. Si naïves soient-elles, les tentatives de peintres tels que Matthaüs Merian pour voir dans le paysage une figure humaine expriment à mes yeux une affinité profonde, et réciproque : car si le paysage est le visage d'un pays, il n'est pas moins vrai que celui d'un homme, pour peu qu'il ai vécu, est paysage - ce que le cinéma, par le gros plan, nous fait sentir mieux que tout autre art, ainsi que la photographie : profil de falaise de Samuel Beckett, visage lunaire de Robert Desnos. Et Proust lui-même, pour faire apparaître dans l'imagination du lecteur les taches roses du visage de Gilberte, choisit l'échancrure d'une haie d'aubépines (Du côté de chez Swann). Pour le dire autrement, le paysage est à la nature ce que le visage est au corps : sa partie organisée, structurée selon des principes humains, et variable d'une culture à l'autre. Le visage est cette partie que nous offrons en permanence au regard de l'autre - du moins dans notre civilisation ; et nous héritons ce trait du christianisme, comme en atteste la belle légende de cette Véronique qui, placée sur le chemin de croix, recueillit sur un linge une image de la face sainte qu'elle essuyait, et dont une étymologie, aberrante mais au fond juste, fait l'auteur de l'image vraie, vera ikon ; et la tradition, la patronnes des photographes. Il faut ainsi se représenter le calvaire de Jésus : un visage torturé dominant un mont, le Golgotha, la victoire du visage sur la montagne. Encore qu'à mes yeux les plus belles noces du visage et du paysage ne se célébrèrent pas en Judée voilà deux milles ans de cela, mais à la Renaissance, dans le jardin du condottiere Orsini, près Bomarzo, au nord du Latium, là où l'homme, les monstres et les dieux entraînent le paysage dans une fête de figurations monstrueuses. Et me fascinent encore ces deux en-deçà du paysage et du visage : la montagne et la mer. Il ne m'a jamais paru souhaitable de les opposer, en tant que les deux présences défigurées et majeures, de la puissance, de l'énergie vitales : de l'une à l'autre, simple variation, si j'ose dire ainsi, d'un même degré de viscosité, sac et ressac incessant, plis et déchirures infinies, rage identique du mouvement, colère ici chronique, là olympienne : démesurée toujours.
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Opera Mundi

L'homme européen aime à oublier la nature. Le séisme philosophique déclenché par le tremblement de terre de Lisbonne est, à cet égard, le moment crucial où le penseur des Lumière s'est trouvé rappelé au désordre de la nature. Il en est d'autres, de temps à autre : l'éruption du Krakatoa en 1883, que j'ai longuement décrite dans La Théorie des nuages, le tsunami de décembre 2004 en Asie du Sud-Est, l'éruption du volcan islandais Eyjafjöll en 2010. Mais la civilisation technicienne a produit, elle, des impensables d'un nouvel ordre : Hiroshima et Nagasaki, Tchernobyl, Fukushima. Tandis que les technocrates, comme toujours, fournissent le lexique approprié à de nouvelles falsifications : on veut nous faire dire accident au lieu de catastrophe ; et les journalistes docilement s'exécutent. On s'étonnera peut-être de trouver ici, en un essai littéraire, comme on dit, et s'agissant de romans, une référence à ces catastrophes ; j'écris certainement d'avantage en rapport avec ces événements qu'en relation avec ce qu'il est convenu d'appeler mes contemporains, ou même avec le contemporain.

Maintenant souvenons-nous des images de la dernière catastrophe à ce jour, celle de Fukushima : qu'avons-nous vu, dans un premier temps ? Un spectacle étrange, parce que sans victimes : d'abord parce que les médias japonais répugnent à les montrer au public ; ensuite parce que la puissance du tsunami réduisait brusquement tous les objets à une échelle dérisoire : ces petites boîtes que charriaient la vague surpuissante, il nous fallait faire un effort pour y reconnaître enfin d'énormes 4X4. Et c'est cela que l'image nous signifiait : non pas tellement un phénomène naturel, mais celui d'une civilisation matérielle brusquement perceptible pour ce qu'elle est, c'est-à-dire la plus fabuleuse production d'objets de l'histoire universelle. Ce que nous avons vu filer follement sur les plaines cultivées du Japon, ou dans les avenues changées en fleuves de boues, emporté par les eaux noires indifférentes, chalutiers et poteaux électriques, voitures et maisons, bâches agricoles et rails de sécurité, c'est notre monde : celui des choses. Nous avons assisté au choc de deux puissances : d'un côté l'énergie déchaînée de la Nature, d'une violence inouie. De l'autre côté, l'énergie de la civilisation occidentale mondialisée, incarnée dans tous ces objets manufacturés, ici vaincue, balayée.
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Les petits points rouges palpitaient comme un cœur, et c'était exactement ça: Alma avait un cœur maintenant. Un grain de riz avec un cœur battant: c'était Alma. Elle vivait, maintenant, autant qu'une plante et moins qu'un chat.
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Michel a fait dire qu'elle (La Maison) a pour vocation d'aider tous ceux qui veulent créer une activité utile à Kibéra. L'un veut ouvrir un atelier de fabrication de briques et de tuiles. Un autre veut distribuer des prospectus à la sortie des églises pour inciter ses frères à ne pas abandonner ceux qui sont malades. Un autre encore élabore un projet de récupération de sac plastiques, afin de les donner aux habitants, pour y y fassent leurs besoins et les déposent à des points de collecte, au lieu de chier n'importe où.
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[ Incipit ]

Ville éternelle.

Parfois j’aurais voulu être un homme, mon amour Ou alors une femme. Je ne suis pas sectaire. Non que les différences m’échappent, mais que rêver de faire sinon de les mêler ? Encens sucrés des vulves marines, papillons de nuit des caresses secrètes, coquillages de nacre, verges de sang lourd, flancs doux des collines du Lazio où danse la poussière des insectes bleutés, corps fourbus écrasés au printemps de leurs draps, fesses musculeuses qui balancent en cadence, je vous chéris. Mes obélisques et mes colonnes bandent au ciel tout aussi bien que les seins roses de mes dômes. Mes fenêtres s’ouvrent aux désirs du vent qui tord les rideaux. Quatre lettres tirées aux loteries de l’histoire : Roma. Et tous ces grands savants qui se penchaient sur moi ; certains me déclarant femelle, comme une louve ou comme une putain, d’autres disant que je devais mon nom au mâle fondateur qui traça mon enceinte ; d’autres encore, qui se voulaient malins, exhumant un vieux nom de mon fleuve, me proclamaient la fille de Rumon. Moi, je ne disais rien, naturellement ; mais n’en pensais pas moins.
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... rangés par cercles, les hyènes, les vautours et les touristes, un vrai congrès mondial, les meilleurs spécialistes de la charogne aujourd'hui réunis dans une odeur de sang, de merde et de tripes lacérées par les rapaces veules.
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