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Citations de Stéphane Audeguy (130)


Il était heureux, déclara-il, de l'avoir sauvé ; mais le vieil homme le corrigea sèchement : Yacine avait condamné l'animal à ne plus jamais pouvoir vivre dans la savane, parmi les siens.
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Je n'ai pas connu ma mère: voilà ce qui pourrait être le -motto- d'un inceste surmonté. Et sinon quoi ?
J'en reviens pour finir, à son appétit de vivre. Sabine Julienne était l'un de ces êtres rares qui vous font comprendre qu'il faut beaucoup de temps, de ténacité, de fortitude pour parvenir à faire cette chose apparemment très simple : vivre sa vie. Et nous pouvons dire que c'est un véritable exploit. J'ai évoqué les conditions objectivement difficiles qu'elle a rencontrées, tout au long de son existence. En tant que femme, née en 1937, elle eut à lutter contre de lourds déterminismes sociaux pour accéder à une certaine liberté. Elle surmonta ces déterminismes autant qu'il lui était possible. (...)
Ma mère n'était pas un exemple. simplement une personne singulière, d'une joie et d'une puissance de vie admirables. Son souvenir m'accompagne. Qu'il accompagne le lecteur de ce livre, en lui faisant penser à d'autres êtres de cet ordre, et je serai content. (p. 147)
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Ces deux êtres si rares ne devaient-ils pas être protégés non seulement de la méchanceté des hommes, mais aussi de la férocité des animaux sauvages, de la peur des animaux domestiques, de leur propre inadaptation, en somme, à quelque monde que ce soit ?
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Le lecteur du présent ouvrage aura compris que pour moi rien n'a plus d'importance qu'écrire et aimer, qui sont les deux façons de dire : il était une fois. (p. 146)
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Les gens du peuple comme ma mère ont beau n'avoir jamais étudié la sociologie, ils savent très bien reconnaître un système patriarcal quand ils en voient un ; surtout quand ce système les opprime. (p. 55)
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Je n'ai pas écrit une ligne dans ma jeunesse. A dix ans, j'avais mieux à faire qu'écrire : je jouais par exemple, ou j'écoutais la nuit passer les trains (...) Ensuite j'ai trouvé mieux encore, du côté de l'amour et des arts. Quand j'ai donné un premier roman à publier à un éditeur, j'avais atteint l'âge de quarante ans. (...)
et puis je me suis épargné le ridicule des oeuvres de jeunesse. J'écris pour augmenter ma puissance de vie, et si cela augmente celle d'autres que moi, je m'en réjouis; le reste est littérature. (p. 72)
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Le coeur de la littérature n'est pas stylistique. C'est une affaire d'intensités, c'est une affaire de pulsion, c'est une affaire vitale, c'est une affaire politique et sociale. (p. 73)
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Nous naissons d'une nuit infiniment obscure. A l'image du célèbre tableau de Courbet, le ventre des femmes est l'origine du monde; il est aussi celui de toutes les fictions. (p. 26)
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Mais, je le répète, je reste persuadé que nous recréons en permanence notre histoire et notre passé, comme font les Etats et les sociétés (p. 34)
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Il pourrait bien s'agir ici, justement, d'un tombeau. Ce fut après tout un genre littéraire. En un sens, j'ai toujours aimé les cimetières. On y apprend tout ce qu'il faut savoir des hommes et des nations, de leurs rêves de grandeur et de vie après la mort, de leurs hantises aussi, de leur terreur du néant. (p. 12)
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Il est dans l'existence des liens que l'on fait et défait au gré des envies, des servitudes du temps, des hasards de l'existence. On se marie, par exemple, on redevient célibataire. mais on ne cesse jamais d'être l'enfant de ses parents. (p. 38)
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Si les enfants sont bel et bien appelés à jouer, dès leur plus jeune âge, un certain rôle, s'ils se prennent d'ailleurs à ce jeu, ils développent aussi, évidemment, toutes sortes de façons de réagir aux missions qui leur sont assignées, de l'obéissance à la désertion la plus radicale. (p. 68)
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La beauté m'a toujours paru liée à la liberté; en ce sens précis, mon travail d'écrivain est lié à ma mère- ce qu'elle ignorait précisément parce que la leçon de liberté qu'elle m'avait donnée fit que ma vie personnelle, artistique et autre, n'a guère ressemblé à ses goûts, à ses idées en la matière-, si nous parlions ensemble avec plaisir, c'était précisément sur cet horizon de liberté. (p. 132)
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De toute les façons, rien n'aurait pu le préparer à cette expérience [il s'agit d'une usine moderne de tissage entièrement mue par la force hydraulique]. C'était comme si des dieux en colère avaient lâché sur la terre des myriades de criquets bruissants. C'était surtout le cri inhumain d'une divinité qu'il avait jusque-là adorée sans y penser : le Progrès.
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Et Jean Dubois, qui avait en sa prime jeunesse dévoré tous les romans de chevalerie du vieux temps dans un poussiéreux cabinet de lecture du quartier Saint-Merri, où il avait grandi, se fit l'impression d'être un chevalier déguisé de la légende, flanqué de son lion fidèle ; quant à Hercule[*], petit, mais loyal et vaillant, il faisait un écuyer tout à fait acceptable.

[NB : cet Hercule est un petit bâtard adopté par le lion peu après sa naissance. L'histoire est véridique.]
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Mais il y a en ce monde trois immensités qui font battre le cœur des hommes et que rien ne prépare à voir : les montagnes, les mers, les cités. Yacine sentit, comprit, aima immédiatement la ville, ses tumultes, ses foules, ses odeurs composites.
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Le lionceau s'endormit. Les humains se turent. La pirogue filait au ras des eaux, dans un étincellement d'écume. Yacine s'installa sur deux défenses et, sur ce lit d'ivoire étonnamment confortable, il s'abîma dans la contemplation des nuages qui défilaient au-dessus d'eux. Et ces signes intangibles et pourtant réels qu'aucune vie humaine n'épuiseraient jamais la vastitude du monde lui firent venir des larmes aux yeux.
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Yacine était heureux comme on l'est à treize ans. Il marchait depuis l'aurore sur la piste qui le menait au fleuve Sénégal.
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Stéphane Audeguy
Les coups de foudre existent en amitié plus souvent qu'en amour.
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Visage, paysage

Puisqu'ici je me suis placé sous le patronage de quelques rêveurs définitifs qui sont tout ce qui me rattache à la littérature, sans doute faut-il rappeler ce qu'il en est, étymologiquement du rêve : un délire et un vagabondage. Si naïves soient-elles, les tentatives de peintres tels que Matthaüs Merian pour voir dans le paysage une figure humaine expriment à mes yeux une affinité profonde, et réciproque : car si le paysage est le visage d'un pays, il n'est pas moins vrai que celui d'un homme, pour peu qu'il ai vécu, est paysage - ce que le cinéma, par le gros plan, nous fait sentir mieux que tout autre art, ainsi que la photographie : profil de falaise de Samuel Beckett, visage lunaire de Robert Desnos. Et Proust lui-même, pour faire apparaître dans l'imagination du lecteur les taches roses du visage de Gilberte, choisit l'échancrure d'une haie d'aubépines (Du côté de chez Swann). Pour le dire autrement, le paysage est à la nature ce que le visage est au corps : sa partie organisée, structurée selon des principes humains, et variable d'une culture à l'autre. Le visage est cette partie que nous offrons en permanence au regard de l'autre - du moins dans notre civilisation ; et nous héritons ce trait du christianisme, comme en atteste la belle légende de cette Véronique qui, placée sur le chemin de croix, recueillit sur un linge une image de la face sainte qu'elle essuyait, et dont une étymologie, aberrante mais au fond juste, fait l'auteur de l'image vraie, vera ikon ; et la tradition, la patronnes des photographes. Il faut ainsi se représenter le calvaire de Jésus : un visage torturé dominant un mont, le Golgotha, la victoire du visage sur la montagne. Encore qu'à mes yeux les plus belles noces du visage et du paysage ne se célébrèrent pas en Judée voilà deux milles ans de cela, mais à la Renaissance, dans le jardin du condottiere Orsini, près Bomarzo, au nord du Latium, là où l'homme, les monstres et les dieux entraînent le paysage dans une fête de figurations monstrueuses. Et me fascinent encore ces deux en-deçà du paysage et du visage : la montagne et la mer. Il ne m'a jamais paru souhaitable de les opposer, en tant que les deux présences défigurées et majeures, de la puissance, de l'énergie vitales : de l'une à l'autre, simple variation, si j'ose dire ainsi, d'un même degré de viscosité, sac et ressac incessant, plis et déchirures infinies, rage identique du mouvement, colère ici chronique, là olympienne : démesurée toujours.
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