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Citations de Stéphane Baumont (16)


«  À Paris autrefois, c'est-à-dire il y a seulement quelques temps les fêtes foraines avaient droit de cité. La fête ça existait. La musique de carton des manèges à vapeur vous appelait de très loin, et la rumeur heureuse des tours de chevaux de bois et des tours de cochons mêlés au rugissement des lions de chez Pezon, c'était beau, tendre et violent et comme toute fête un petit peu triste en même temps. Les gens allaient à la fête comme ils allaient au bois, au muguet, à Luna-Park ou à Robinson. Aujourd'hui, on dirait que les fêtes, c'est seulement les fantômes des fêtes d'autrefois (…). » Jacques Prévert, « Fête à Mennecey, in Textes divers Oeuvres complètes Bibliothèque de la Pléiade. Gallimard.
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Nous sommes partis dans la nuit, comme autrefois. Comme autrefois, longtemps nous avons marché, trébuché dans l'ombre. Nous avons cherché notre voie difficile. L'aube nous a surpris déjà très haut sur l'arête. Durant des heures encore, nous avons bataillé contre la roche rude, mais amicale. Une fine crête ourlée de glace nous a enfin offert le sommet, pont de clarté jeté sur trois abîmes. Et, moi-même, baigné de lumière, sur cette cime en cet instant je repose. Elle m'appartient, paraît m'appartenir. Mes mains inquiètes la touchent, la caressent. Mais déjà elle m'échappe. Il est plus malaisé de garder que de conquérir. Et bientôt je la quitterai. Je me lèverai, je descendrai vers les hommes. J'abandonnerai ici ce rayonnant vêtement de nuées. Je serai de nouveau pauvre, seul et dénué parmi des millions d'êtres.
Mais non, cela ne se peut. Autour de moi s'étend, fidèle et stable, l'univers de mes sommets passés : tant de cimes, violentes ou graves, qui un jour furent miennes. Et je les possède encore, mais en mon cœur. A jamais elles sont miennes : richesse profondes, inaltérables ; mais farouches, mais secrètes. Mes richesses.
Cimes, jours lointains de lutte, et vous, mes camarades, vivants et morts... Je vous appelle. D'innombrables visages en cet instant m'entourent et me veillent. Et voici que je me dresse, une fois encore, sur un sommet du monde. Au seuil de l'inconnu, je me penche, j'interroge l'immensité du vide. Que de brume sous moi, que de nuit ! Je ne distingue au loin qu'un voile impénétrable et dur. Le ciel ici, l'immensité seule du ciel m'est offerte. Mais je ne sais plus lire les visages de la terre.
En cette minute encore, je suis mon maître. La montagne m'a fait libre. Mais que serai-je demain ? Et où serai-je ?
Veillez en moi, souvenirs, images chères. Soutenez-moi dans cette lutte de chaque jour contre moi-même et contre les liens de la terre. Je vous emporterai, mes cimes, en moi radieuses. Vous êtes ma force inépuisable. Tandis que déjà longuement je me laisse glisser vers la vallée, tandis que déjà ce temple de clarté sur moi se referme, jalousement je garde la vision de ma haute patrie lointaine, de mon royaume pur de rocs et de neige : de ce monde parmi tant d'ombre et de nuit, la seule part où règne la lumière.

Georges Sonnier, "Où règne la lumière"
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Au coeur du désordre des cimes
cherchant le Séjour des Nuages,
Tous marchent en foulant les fleurs
moi seul je pleure le printemps.
Pour ce beau site en vérité
nul propriétaire attitré,
Toutes les montagnes appartiennent
à l'homme épris de la montagne.

Bai Juyi, en promenade au temple "Séjour des Nuages"
Pour Mu-le-trente-sixième, propriétaire terrien
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Ils partageaient encore le même destin. Qu'ils étaient loin de cette rupture déchirante à laquelle la plaine allait les condamner ! Loin de cette vie sordide où subir semble la seule règle possible ! Ils avaient brisé les remparts mornes de leur condition. Ils s'étaient haussés avec leurs mains et leur instinct, sans arme, sans haine, au niveau des plus vastes prolongements de la terre. leur unique désir prenait alors sa raison à la plus noble part de leur ambition. L'or était le ciel. La consécration de leur réussite une poignée de neige.

Michel Désorbay, "La paroi", 1959
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Toute fête est un aveu. Si les nôtres ne glorifient plus un avenir et se suffisent à elles-mêmes, c'est que nous n'attendons plus rien de l'avenir.
Régis Debray
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« La chose fut exquise et fort bien ordonnée.
C'était au mois d'avril, et dans une journée
Si douce, qu'on eût dit qu'amour l'eût faite exprès.
Thérèse la duchesse à qui je donnerais,
Si j'étais roi, Paris, si j'étais Dieu, le monde,
Quand elle ne serait que Thérèse la blonde ;
Cette belle Thérèse, aux yeux de diamant,
Nous avait conviés dans son jardin charmant.

On était peu nombreux. Le choix faisait la fête.
Nous étions tous ensemble et chacun tête à tête.
Des couples pas à pas erraient de tous côtés.
C'étaient les fiers seigneurs et les rares beautés,
Les Amyntas rêvant auprès des Léonores,
Les marquises riant avec les monsignores ;
Et l'on voyait rôder dans les grands escaliers
Un nain qui dérobait leur bourse aux cavaliers. (...) » Victor Hugo, « La fête chez Thérèse », Les contemplations, Livre I.
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«  C'était l'anniversaire de l'Infante. Elle n'avait que douze ans d'âge, et le soleil brillait dans les jardins du palais. Bien qu'elle fût une princesse authentique, et l'Infante d'Espagne, elle n'avait chaque année qu'un anniversaire, comme les enfants des pauvres gens, si bien que tout naturellement le pays entier attachait de l'importance à ce qu'à cet occasion elle passât une bien belle journée. Les hautes tulipes rayées, raidies sur leurs tiges, formaient comme de longues rangées de soldats qui, à travers le gazon, jetaient aux roses des regards de défi, disant : « Nous ne sommes pas moins magnifiques que vous l'êtes à présent. » Les papillons pourprés voletaient alentour, les ailes poudrés d'or, et rendaient visite à chaque fleur l'une après l'autre ; les petits lézards se faufilaient pas les crevasses du mur pour se prélasser au soleil chauffé à blanc ; et les grenades se fendaient et craquaient sous la chaleur, exposant leur coeur tout rouge et sanglant. Même les citrons jaune pâle qui pendaient en telle abondance au treillage délabré, et le long des arcades sombres, semblaient plus richement colorés dans la merveilleuse lumière du soleil ; et les magnolias dépliaient l'ivoire de leurs grands pétales en forme de globes et emplissaient l'air d'un parfum lourd et sucré. (…) Oscar Wilde, « L'anniversaire de l'Infante, in Une maison de grenades. Traduction de F. Dupuigrenet Desroussilles, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard. 
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