Livre "Les Ailes de l'Humanitaire"
Depuis plus de 60 ans, le "continent blanc" rapproche ainsi les hommes. Un statut cependant précaire géré par la convention de Washington de 1959, puis le protocole de Madrid depuis 1991. C'est une "géopolitique en suspens", de l'aveu des spécialistes, puisque la nécessité fondamentale de prolonger ce consensus à compter de 2048, prochaine échéance du protocole de l'Antarctique, tente d'être mise en doute. L'exploitation minière, gazière et pétrolière de ce continent aiguise, en effet, les appétits de bien des industriels, tout comme l'exploitation de la biodiversité présente dans l'océan Austral. Un équilibre d'autant plus fragile à trouver que le sixième continent n'appartient à aucune nation, tout comme la haute mer ou l'espace. C'est même un "bien commun de l'humanité", dont les scientifiques assurent aujourd'hui qu'il est incontestablement menacé, comme l'Arctique, par les effets du réchauffement climatique.
J’aime le vélo, les bivouacs, les cafés, les rencontres, les places de villages, le son des cloches et la nature. J’aime les gens, l’histoire, la géographie, les lacs, les rivières, les forêts, les étangs, les marais et les herbes folles. Une diagonale, le vide, ses pleins et ses déserts m’appellent.
Le cul sur le traîneau, bien engoncé dans mes différentes couches de vêtements, la fermeture Éclair de mon blouson remonté jusqu'au cou, mon bonnet polaire vissé sur la tête, je savoure l'instant. L'aventure avec un grand "A" va enfin commencer.
Un ADN commun réunit en effet les marins, ces gens venus de la Terre, tous prêts à sortir de leur zone de confort, à s’aventurer dans l’inconnu au contact des éléments, à détester le sempiternel principe de précaution et à affectionner la liberté. Devenir marin nécessite d’aimer la nature, d’être à son aise avec les éléments. Il faut du courage, de la ténacité et des efforts infinis. Cela impose aussi d’aller jusqu’au bout de ses forces, de subir l’injustice, de faire taire parfois sa révolte, d’apprendre la modestie, et de ne jamais sortir vaincu. Il faut devenir humble et fier à la fois.
Ainsi se forge un marin, au féminin comme au masculin.
« Marin » : le mot n’a pas de féminin dans la langue de Molière.
Les succédanés « skippeuse » et « navigatrice » lui servent pour le moment de palliatifs. Pourtant, depuis les années 1980, les femmes sont devenues des coureuses du large en solitaire. L’une d’elles a tout déclenché. Nous sommes en 1978. Quatre-vingts ans après Joshua Slocum, le premier navigateur à achever, à bord de son yawl, le Spray, une circumnavigation du monde à la voile en solitaire, une femme réussit le même exploit. Elle est polonaise et s’appelle Krystyna Chojnowska-Liskiewicz. Son tour du monde est le fruit d’un étonnant concours de circonstances.
Parmi mes semblables, je me croyais "un autre". Parmi les Eskimos, je me sentais "l'un des leurs". A leur contact, j'avais appris à aimer. A être aimé. J'avais appris à être un homme. J'étais devenu un homme.
Paul-Emile Victor.
Il n’en demeure pas moins que, dans les années 1990, être femme et même jeune ne suscite pas encore l’enthousiasme des mécènes et des sponsors, à l’inverse du grand public, de plus en plus friand des exploits de ces navigatrices. Opiniâtres, coriaces, déterminées, tenaces, voire rebelles et insoumises, mais surtout imperméables aux esprits machistes, elles doivent néanmoins déplacer encore des montagnes pour pouvoir construire leurs aventures de grand large.
Ce navire polaire est symboliquement baptisé L'Astrolabe, un hommage évident à La Pérouse mais surtout à Dumont d'Urville, grand découvreur de l'Antarctique.
« Marin », le mot n’a pas de féminin dans la langue de Molière.
Les succédanés « skippeuse » et « navigatrices » lui servent pour le moment de palliatifs. Pourtant, depuis les années 1980, les femmes sont devenues des coureuses du large en solitaire