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Citation de Alzie


Le Salon de 1859 offre surtout à Baudelaire l'occasion de raconter sa visite de l'atelier de Boudin, effectuée lors de séjours récents, à Honfleur, auprès de sa mère, de janvier à mars et de mai à juin.
C'est peut-être par l'entremise de Courbet, alors en Normandie, qu'il entra en rapport avec l'enfant du pays. Ni ce dernier ni Boudin n'ont raconté cette visite au cour de laquelle le poète découvrit "plusieurs centaines d'études au pastel improvisées en face de la mer et du ciel", autant de preuves que le vrai paysagiste n'abolit jamais la différence qui sépare le tableau des notes hâtivement prises sur le motif. Baudelaire souligne d'abord le dévouement du peintre d'Honfleur à son art.
[...] "Plus tard, sans aucun doute, il nous étalera, dans des peintures achevées, les prodigieuses magies de l'air et de l'eau. Ces étonnantes études, si rapidement et si fidèlement croquées, d'après ce qu'il y a de plus inconstant, de plus insaisissable dans sa forme et dans sa couleur, d'après des vagues et des nuages, portent toujours, écrites en marge, la date, l'heure et le vent; ainsi, par exemple : 8 octobre, midi, vent de nord-ouest. Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pourriez vérifier par votre mémoire l'exactitude des observations de M. Boudin. La légende cachée avec la main, vous devineriez la saison, l'heure et le vent. Je n'exagère rien. J'ai vu. À la fin tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, ces ténèbres chaotiques, ces immensités vertes et roses, suspendues et ajoutées les unes aux autres, ces fournaises béantes, ces firmaments de satin noir ou violet, fripé, roulé ou déchiré, ces horizons en deuil ou ruisselants de métal fondu, toutes ces profondeurs, toutes ces splendeurs, me montèrent au cerveau comme une boisson capiteuse ou comme l'éloquence de l'opium. [...]" (Charles Baudelaire)

Nouvelle vague (p. 118-119)
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