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Citation de letilleul


Un tunnel ?
Oui, ce doit être un tunnel.
Un corridor sans fin. Un couloir d’acier dans lequel on te précipite d’un coup sec.
Une force irrésistible te projette en avant.
On t’a bousculé, tabassé, puis jeté là sans que tu puisses opposer la moindre résistance.
On t’a peut-être drogué. Cela pourrait expliquer ton mal de crâne. La bouillie qu’est devenu ton cerveau.
As-tu encore toute ta tête ? Sans doute, puisque ces pensées sont les tiennes. Mais elles ne te sont d’aucun secours. Pas plus que les silhouettes que tu devines autour de toi.
Qui sont-ils ? Tu ne les vois pas mais tu peux les entendre. Ils parlent à voix basse.
On dirait qu’ils veulent t’alerter.
Ils parlent dans une langue étrangère. Ils chuchotent de plus en plus fort.
Tu voudrais échapper à leur souffle insistant sur ta nuque, tes oreilles, tes tympans…
Tu voudrais sortir mais tu n’es plus maître de tes mouvements. Tu es un caillou emporté par la vague.
La peur te paralyse. Le sas est hermétiquement clos. Où que tu te tournes, pas la moindre lueur.
Pour calmer ton angoisse, tu écoutes les murmures.
Un mot court de bouche en bouche. Un son bref, un mot fait d’une seule syllabe. Les étrangers le répètent en boucle, ils s’y accrochent comme à une bouée. À croire que ce mot, c’est tout ce qu’ils possèdent.
Ils le martèlent pour que tu ne puisses pas l’oublier. On dirait qu’ils veulent le graver dans ton esprit.
Mais bientôt tu entends autre chose. Un autre son bref, une syllabe différente. Puis une autre. Et une autre encore.
Pourtant, quelque chose te dit que c’est le même mot.
Tu butes contre une paroi. Tes mains tâtonnent dans l’obscurité. Es-tu emprisonné dans une cellule ? Un sas ?
Tes mains reconnaissent une serrure.
Qui t’a donné la clé que tu introduis dans le mécanisme ? Tu oublies la question, tu t’agaces de ne pouvoir ouvrir. La clé remue, s’agite comme une anguille. La serrure résiste et, rejetée hors du trou, la clé forme des hiéroglyphes indéchiffrables dans le creux de ta main.
Les hiéroglyphes se transforment aussi vite que le mot, la syllabe de tout à l’heure. Et comme lui, comme elle, ils se gravent dans l’espace vierge de ton esprit.
Vierge ?
Ton passé, ta mémoire… Quel choc les a abolis ?
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