AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Stéphanie Chaillou (53)


[Elle] est née le 18 juillet 1964 dans une famille pauvre. Ce n'est pas noté sur sa carte d'identité [...] qui s'en tient exclusivement aux informations administratives. [...] D'un point de vue strictement virtuel, Marie Hélène Coulanges a un avenir aussi ouvert que les champs qui bordent la maison familiale. Même s'ils sont hypothéqués.
Commenter  J’apprécie          130
Marilène a en horreur la sécurité recherchée par sa mère. Ce besoin impérieux que sa mère a de savoir que l'argent va rentrer. Qu'il ne manquera pas. Et qu'il y en aura toujours. Même si c'est peu.
Commenter  J’apprécie          120
Le premier remède à la 'misère du monde', c'est la mise au jour de la richesse dont elle est porteuse. Car le mal intellectuel premier n'est pas l'ignorance, mais le mépris. C'est le mépris qui fait l'ignorant et non le manque de science. Et le mépris ne se guérit par aucune science mais seulement par le parti pris de son opposé, la considération.

• Jacques Rancière, 'La philosophie et ses pauvres'
(cité en préambule)
Commenter  J’apprécie          120
J'ai beau ne pas me sentir différente des garçons, mes camarades de classe. Beau savoir que nos cœurs sont semblables, que les aspirations de nos cœurs sont semblables. Savoir qu'en chacun de nous il y a la même faim, la même soif, les mêmes terreurs, la peur du noir, des loups-garous. Je découvre soudain que nous n'avons pas les mêmes horizons, les mêmes espoirs. La maîtresse me rappelle qu'ils sont des garçons et que je suis une fille. Que j'ai un corps, un cœur et une âme de fille.
Louise, ce n'est pas pour toi le foot.
Commenter  J’apprécie          90
Ce besoin que j'avais d'un autre. Un témoin à mes côtés. Une personne qui me parle, me rassure, me dise que j’existe, que je n'étais pas un rêve, un souffle, une palpitation vaine et éphémère.
Commenter  J’apprécie          90
Pourtant, je n'aimais pas particulièrement la victoire. Je n'avais pas le goût du triomphe ou de la domination. Ce n'était pas pour dominer que je voulais battre les garçons. Mais je n'acceptais pas cette différence qui était faite entre eux et moi. Cette idée que quelque chose nous distinguait. Comme si nous étions autres, nous les filles. Autres. Et que c'étaient eux la norme. eux, l’Étalon.
Commenter  J’apprécie          80
Rentrée scolaire 1970. Quand Mme Laveau demande à ses élèves ce qu'ils veulent faire plus tard, ils répondent qu'ils veulent être fermiers, comme leurs parents. Certains disent : moi, je veux être vétérinaire. Marilène, elle, ne dit rien. Elle ne sait pas ce qu'elle veut faire plus tard. La seule chose qu'elle sait, c'est qu'elle ne veut pas avoir une vie semblable à celle de sa mère. Elle ignore comment c'est, une vie qui ne ressemble pas à la vie de sa mère. [...]
Mme Laveau a fait des études. Elle a lu des livres. Marilène veut bien ressembler à Mme Laveau. Il y a dans le visage de Mme Laveau une paix qui fait envie à Marilène.
Commenter  J’apprécie          80
Elle a dit que la liste de ce qu’elle exécrait, à l’époque, était longue. Qu’elle ne pouvait pas l’énumérer. Que c’était le monde en entier qui lui était insupportable. Qu’elle ne parvenait plus à supporter. Le monde en son entier. Tout. Le ciel. Le vent. Les arbres. Les nuages. Les bouches des gens. Les bus. Les mots qui sortaient des bouches. Le bruit des klaxons. Les femmes enceintes. Les journaux. Tout. Tout ce qui était là sous ses yeux. Tout ce qui était dit. Tout ce qu’elle savait. Ce qui adviendrait. Tout. Elle ne pouvait plus rien supporter.
Commenter  J’apprécie          80
« On enregistrait, sans le savoir on enregistrait, les sons, les odeurs, les cris, les mouettes, la mer, le lointain, on disait, demain, demain, on avait un père, une mère, on était petits, quelques centimètres, des kilos, un souffle. »
Commenter  J’apprécie          80
Une vie pauvre, songe-t-elle soudain, une vie de jours additionnés. Une vie qui ne produit rien de plus que de la fatigue et du sommeil.
Commenter  J’apprécie          70
« Je ne sais pas ce que mes enfants ont perçu de ma vie. De quoi ils se sont rendus compte. S'ils ont senti, ressenti les mouvements qui m'agitaient. Qui agitaient ma femme aussi. Nos pleurs, nos détresses. Les limites de ce que nous touchions avec nos corps, nos esprits, nos larmes. Ce que nous touchions, que nous ne pouvions pas modifier, contre quoi nous butions. Cette expérience que nous faisions, que nous avons faite, de notre échec, nos rêves brisés, la fin des espérances, l'enfermement, la pauvreté. Non, je ne sais pas jusqu'où ils ont senti tout ça. Mais la pensée des mes enfants au coeur de cette vie que nous avons eu. Qui a été la mienne, celle de ma femme aussi. Cette pensée-là me terrifie. Elle me cloue.
Commenter  J’apprécie          73
p163: Elle dit la privation. Ce qu'enlève la privation. Les possibles en moins que représente la pauvreté pour celui qui est pauvre. Ce qu'il ne fera pas. ne verra pas. Ne mangera pas. Les livres qu'il ne lira pas. La musique qu'il n'écoutera pas. Les voyages qu'il n'imaginera pas. Les maisons qu'il n'habitera pas. Les mers dans lesquelles il ne se baignera pas. Les rêves qu'il n'aura pas. Les futurs auxquels ils ne songera pas. Les histoires qu'il ne se racontera pas. Les avenirs qu'il n'aura pas.
Commenter  J’apprécie          60
Je ne sais pas si j'étais heureuse. Si le terme est adéquat. Je n'étais ni heureuse, ni malheureuse . Mais mes parents étaient tristes. Il y avait, à l'intérieur d'eux, une forme d'absence qui ne les quittait pas. Une torpeur qui les enlevait au monde, à la joie.
Commenter  J’apprécie          50
Marilène se sent empêchée, et ce qui l’empêche est ce qui l’identifie. Sa famille. D’où elle vient. Les paysages. Les temps. Les émotions de son enfance. Ce à quoi, sans le vouloir et sans le choisir, elle appartient encore.
Commenter  J’apprécie          50

« Quand je repense à tout ça, maintenant, je me dis que c'est très fragile quelqu'un. Une identité. Ça me frappe, cette fragilité. Cette puissance qui peut se briser d'un coup. Vous êtes là, en cours de vie, en devenir. Vous êtes là, avec les promesses que vous contenez, vos rêves, vos envies. Puis un jour, pour vous, c'est fini. Un jour toutes les promesses que vous vous conteniez ont disparu. Vous ne contenez plus rien, plus aucune promesse. Un jour, vous n'avez rien réalisé. C'est ça qui se passe pour vous. Ça, que vous devenez. Quelqu'un qui n'a rien réalisé, rien fait. »
Commenter  J’apprécie          40
Elle ne comprend pas ce qui se passe. Elle est envahie par une sensation brute. Un bloc dur d’émotions. Et le mot qui lui vient, le seul, c’est « impossible ».
Commenter  J’apprécie          30
En classes préparatoires, Marilène mesure l’étendue de ce qu’elle ignore. Elle mesure son retard. Tout ce qu’elle n’a pas lu. Pas vu. Pas entendu. Elle mesure la largeur du monde. Ce qu’il contient. Et cela la surprend. La surprend et l’effraie.
Commenter  J’apprécie          30

« On avait nos mains, on se les donnait, on se donnait nos mains sur la route, dans la cour, en attendant le car, on se donnait ce qu'on avait, nos mains, nos coeurs, nos billes en verre. »
Commenter  J’apprécie          30
Inventer une présence qui me consolait. Qui me protégeait de ce malheur dont je ne faisais pas le tour, dont il était impossible de faire le tour, de circonscrire, parce qu’il semblait avoir tout pris, tout envahi. Comme si le monde en entier avait été recouvert d’un voile de chagrin. Un voile invisible, mais que l’on percevait pourtant, que l’on sentait, sans pouvoir dire où il était exactement, en quoi il consistait, mais qui modifiait la qualité des choses et des êtres pourtant, leur enlevait leur éclat, les étiolait.
Commenter  J’apprécie          20
Elle a dit que, les yeux des enfants pauvres, elle les reconnaissait. Que ceux des pères humiliés aussi. Qu'il y avait cela en elle, inscrite, la force de ces regards.Leur appels. Et qu'à ces appels elle ne pouvait pas résister. Qu'il n'avait pas été possible de résister.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Stéphanie Chaillou (188)Voir plus

Quiz Voir plus

Adjectifs qui n'en font qu'à leur tête😋

Un bâtiment qui n'est plus une école

Une ancienne école
Une école ancienne

12 questions
86 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , adjectif , sensCréer un quiz sur cet auteur

{* *}