Or, si nous défendons par cet essai la profession enseignante dans le système public d’éducation, c’est qu’elle a été nôtre pendant des années et que notre tâche actuelle de chercheuse et de formatrice initiale des enseignants·es nous permet de saisir dans quel esprit la quasi-totalité des aspirant·es à la profession, ainsi que celleux qui la pratiquent depuis plusieurs années, y font leur entrée. Nous pouvons d’emblée avancer que personne ne s’engage dans la profession enseignante pour faire « scorer » leurs élèves aux examens et assurer une place concurrentielle au Québec dans son positionnement économique au sein de l’OCDE !
L’école québécoise n’a pas échappé aux tentacules de l’idéologie néolibérale ; elle est actuellement résolument inscrite dans une économie de marché. Le rôle que lui attribuent les pouvoirs étatiques et marchands se circonscrit conséquemment dans le cadre d’une « économie de la connaissance » au sein de laquelle les individus sont appelés à se constituer un capital humain. Fabre et Gohier avancent même que « le marché apparaît désormais, non seulement comme une réalité factuelle, mais comme une instance de production de sens existentiel et éducatif ». Cette marchandisation du savoir et de l’éducation a des conséquences importantes pour les gens évoluant dans le système scolaire, d’abord pour les élèves qui sont obligé·es de fréquenter l’école, peu importe ses mutations, mais également pour les enseignant·es qui subissent une redéfinition exogène de leur profession. Que devient l’école sous l’emprise de la logique néolibérale ? Que devient le travail enseignant ?
l’école publique québécoise n’a pas changé de mission essentielle : elle doit continuer à former des citoyen·nes qui sont soi et libre, par l’induction dans la culture, par l’appropriation de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être, par l’accompagnement du développement global – intellectuel, physique, éthique et moral, notamment
Être libre, c’est ainsi être reconnu·e comme tel·le et reconnaître la liberté de l’autre