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Citation de mimo26


La jeune femme ne parvenait pas à se défaire de l’image cauchemardesque de son fils mort sur les pavés de la grange, sa
chevelure blonde, poisseuse et noire de sang, sa jambe désarticulée comme celle d’un pantin cassé. L’avenir sans Sam ne semblait
plus être qu’un abîme noir et froid, où toute diversion à sa peine serait vaine et grotesque.
Au fil des semaines, son chagrin devenait lourd et invalidant. Son corps n’était plus que le dégorgeoir de son esprit malade, et les
journées passées à vomir dans un seau le peu qu’elle avalait alternaient avec les suées nocturnes, qui trempaient ses draps. Elle se
vidait de sa sève par tous les pores de sa peau. Ses mèches brunes collaient son front, dessinant autour de sa tête un casque de
guerrière. Ses membres s’amaigrissaient pernicieusement. Colette ne tenait plus debout. Craignant pour sa vie, le docteur Verdier
l’avait transportée à l’hôpital. Elle ne luttait pas, attendant une chimérique délivrance. Mais les infirmières et les médecins, gonflés
de compassion à son égard, ne l’auraient pas laissée mourir. Perdre son enfant comme ça. Pauvre Colette. Ils s’étaient pris
d’affection pour cette femme gracile, pour ce regard bleu changeant, empli de sidération. Bourré de gardénal et alimenté par les
veines, à vingt-sept ans, le corps a des ressources. La tête aussi.
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