Emmanuel eut l'impression de se trouver dans l'un de ces fameux cauchemars où il se réveillait en sursaut, soulagé que rien ne soit réel.
Les belles choses ne durent jamais longtemps.
Toutes ces femmes étaient jolies, sans flaflas et sans artifices. Raphaël avait toujours détesté les beautés plastiques à la personnalité vide et arrogante. Mais fréquenter une femme comme Sofia, à la beauté aussi troublante, représentait quelque chose d’inédit pour lui, tout comme sa force intérieure, sa douceur et son absence de cynisme. Quelquefois, lorsqu’il l’observait à la dérobée, il se demandait ce qu’elle pouvait bien faire avec lui. Comme si elle dégageait une aura inaccessible.
Le jeune homme regrettait la coke qu'il s'était mise dans le nez. Il aurait dû se sentir plus détendu, mais cette saloperie semblait plutôt provoquer l'effet contraire. Ce n'était pas de bonne augure dans ce genre de situation, car il fallait garder la tête froide. Les gens nerveux ne prenaient jamais de décisions raisonnées et ne savaient pas comment faire face aux imprévus.
Dans sa conception du bonheur, la beauté se classait dans les premiers rangs. Il lui était difficile d’imaginer qu’une personne belle puisse être malheureuse.
La vie était trop courte pour perdre son temps en tergiversations à n’en plus finir.
Les alcooliques ne paraissent pas toujours saouls, Carmen. Ils peuvent être fonctionnels aussi.
Sofia avait trente-neuf ans mais en paraissait dix de moins. Elle se maquillait à peine, juste un léger mascara qui soulignait ses longs cils. À l’inverse, Renée se fardait tous les jours et envisageait sérieusement de recourir au Botox.
Pourtant, Renée n’était pas heureuse. Comme s’il lui manquait toujours ce petit quelque chose que les autres avaient, et elle pas. Elle n’était pas laide, mais pas particulièrement jolie: de taille moyenne, les cheveux châtain roux, les yeux bruns. Les hommes ne se retournaient pas sur son passage.
De plus, Esther collectionnait les aventures. Ou plutôt, les histoires sans lendemain. Non qu’elle était volage, mais plutôt à la constante recherche de l’homme idéal. Elle tombait rapidement amoureuse. Ce qui faisait fuir les hommes.
Elle aimait bien Sofia, mais c’était plus fort qu’elle: elle était jalouse de sa collègue. Pourtant, Sofia ne faisait rien pour attiser les regards. Pas de déhanchement provocant, nulle tenue affriolante – pas besoin, même un sac à patates la rendrait attrayante – et elle ne jouait pas les femmes fatales. Elle donnait plutôt l’impression de vivre dans sa bulle. Elle n’était pas qu’une simple beauté plastique qui dégagerait froideur et condescendance, au contraire, de Sofia il émanait une candeur et une douceur angéliques.