AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Toocha


Toocha
17 septembre 2017
- Les dieux grecs devaient te paraître enfantins !
- Pas du tout. Je les ai aimés autant que les dieux de mon enfance, et même davantage. La manière dont ils se mêlaient aux péripéties humaines, exacerbant notre propre sentiment, infléchissant les destins au hasard de leurs amours et de leurs disputes, faisait de l'Olympe une immense aire de jeux cruelle et joyeuse. Leurs déesses avaient un meilleur potentiel que nos divinités orientales. Héra la jalouse, Artémis la sauvage, Aphrodite la jouisseuse ou Déméter la tenace.
- Je parie que ta préférée était Athéna.
- Oui, pour l'intelligence, la manière de s'affirmer l'égale de ses frères, de tenir tête à son père. Si tu les analyses, tu verras que les déesses grecques représentent les facettes d'une même femme. J'ai été tour à tour Déméter - j'aurais été capable de descendre jusqu'en enfer chercher un de mes enfants -, Artémis solitaire ou Aphrodite lascive. Héra, je m'y retrouve dans sa fibre manipulatrice. J'ai assisté des hommes de pouvoir. Ils se croyaient forts, responsables de leurs actes, tandis que dans l'ombre je les activais comme des marionnettes. L'homme de pouvoir est le plus manipulable de tous car il ne doute pas de lui-même. Il ne se méfie pas, il ne voit rien d'autre que son propre accomplissement. Les hommes sans pouvoir connaissant la fragilité des choses, ils doutent, ils regardent à deux fois avant d'agir, ils pèsent le pour et le contre, ils se méfient de leur entourage. On ne les influence pas comme ça. Zeus n'est rien sans Héra mais il serait bien en peine de le reconnaître. Athéna, par son côté viril, passe à côté d'une partie de la vie. Elle ne voit pas les faiblesses, elle ne sait pas s'attendrir. Pour des raisons que tu comprendras facilement, je me suis prise d'affection pour Hermès, le dieu des marchands, des voleurs, des voyageurs, des messagers. Nous vivions, Stéphanos et moi, sous son aile tutélaire. Je ne suis qu'une messagère, vois-tu, qui transmet ses messages d'un siècle à l'autre. J'aimais ce dieu léger, farceur et malin. Ce n'était peut-être pas l'intelligence profonde et maline d'Athéna dont le cerveau est une machine de guerre, mais cette finesse-là me plaisait. J'ai connu quelques Athéna au cours de mon existence, des femmes admirables, capables de déclencher les passions et de briser les vies, mais malheureuses, trop seules, incapables de compassion tant pour elles-mêmes que pour les autres. C'est pourquoi elles ont obtenu la mienne. Cela me touche aussi, ce vain combat pour l'impossible maîtrise de soi-même.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}