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Citations de Stéphanie Kalfon (118)


La dynamique des familles obéit parfois aux mêmes règles que la physique des couleurs. Leurs complicités reposent sur un circuit de résonances et d'interférences, dans lesquelles nous sommes chacun des vases communicants. Nous nous reflétons les uns les autres, question de regard.
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Quelle est l'intensité de mon délire et quelles en sont les teintes correspondantes sur la toile de notre famille ? C'est la question qui surgit quand je quitte ma salle.
Car Paul et moi sommes entrés dans notre période « grise ». On vit désaturés dans un jardin qui ne vibre plus, on vit juxtaposés, sans être complémentaires : nous faisons mine d’appartenir au même tableau. Par paresse peut-être, par habitude, par terreur d’une autre vie. Sans commun accord, le silence entre nous a décidé des rôles, comme on attribue des places dans un train : Paul joue le concertiste obsédé par sa Sonate et moi la Pénélope faisant et défaisant mon histoire jusqu'au retour de ma raison. Cela se produit tout seul d’ailleurs, sans animosité, sans grand manque d’amour non plus. Ce mouvement de grisaille a l’allure de l’habituel : il s’arrête bien comme il faut en gares connues, mais ce n’est plus un voyage. C’est un train fantôme.
(P. 84)
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Avec sa bande, il préfère rêver que vivre. Car ça lui est plus difficile de faire la conversation que d'inventer une harmonie. Le quotidien l'éprouve, le harasse. Le réel est terrifiant, il revient le hanter, un vrai boomerang...
Page 84
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Erik Satie était-il fou ?... C'est une grande question de sa vie, une grande tristesse logée au fond d'un malentendu insoluble entre lui et le siècle. À quoi sa voix répond, déçue, dans un murmure : « Tantôt ils font de moi un fou, tantôt ils me représentent comme un être doux d'une platitude qui n'a d'égale que la leur.
Peut-être se trompent-ils.
Et cela me fit une grosse peine. »

(Fin du livre)
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Erik a de nouveau changé de déguisement. Il a troqué son « look Chat Noir » pour un costume bureaucratique, qui lui donne l'allure unique. Chapeau melon. Binocle. Pardessus noir. Veston sombre. Pantalon étriqué. Guêtres immaculées . Et pour finir : un parapluie qu'il protège dès qu'il pleut, de peur de le mouiller. Le tout est volontairement mal adapté à sa taille. C'est fait exprès. Erik a l'air d'un directeur des pompes funèbres. Il tient à rester une provocation ambulante envers tous les conformismes et les bourgeois.
Page 143
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Alors elle disjoncte. Un irrépressible élan la saisit comme de l’électricité: la seule manière de se soulager, c’est de se cogner la tête contre cette porte et, par l’impact sur son front, créer la preuve qu’elle est encore vivante. Alors elle cogne, elle cogne, elle défonce son crâne contre la porte jusqu’à faire apparaître la voix de Jeff qui dans son crâne halluciné répète «arrête, arrête», mais comme c’est la première fois que cette voix apparaît Kate continue pour l’entendre encore dire «arrête, arrête», l’entendre encore dire «arrête, arrête». C’est physique, voilà ce qu’elle cherche, un contact physique et aussi une réponse, à la place de quoi des mains invisibles la repoussent, l’éloignent et la retiennent, mais elle s’en dégage et fonce à nouveau, «je ne sens rien», dit-elle tandis qu’elle se cogne encore à bout de souffle «allez, ouvre! Ouvre!» et elle rit, bam, bam «ouvre», bam «arrête, arrête», «bam», «arrête», un voisin sort, elle sursaute, ahurie, elle demande, insensible au sang qui s’écoule entre ses cheveux, sur ses joues… p. 41
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Me voilà assise dans la cuisine jaune. En face de ma mère. Dans quelques semaines, elle va s'emparer de ma vie, mon chagrin, m'engloutir noyée vivante dans la parole. Pour l'instant, elle me regarde en souriant, me fait asseoir, puis retire du frigidaire quantités de plats qu'elle a préparé d'avance.
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Ce mois d'août, un casse-tête est présenté aux autorités : un nommé Bidault, condamné à mort pour l'assassinat d'un jardinier, doit être exécuté dans la capitale, mai son ne sait où le guillotiner. La prison de la Roquette est démolie, jadis c'était ici qu'on dressait la Veuve. On cherche une solution. On évoque la Place Saint-Jacques, mais les riverains protestent : ils ne veulent pas voir ça. On envisage alors de percer une porte dans le mur de la prison de la Santé et d'exécuter le condamné dans la rue, mais les gens ne veulent pas voir ça. Le condamné est encombrant. Finalement le président Loubet remet la solution à plus tard en graciant Bidault.
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La vie c'est... papillonner. Et nous envoyons paître le bon Dieu et le diable, avec tous ceux qui nous grondent à l’intérieur ? C'est chic, c'est alcoolique. Demain n'arrivera pas ! Nous sortons du temps puisque nous sommes ensemble. On a le droit d'être qui on veut, personne ne nous regarde, nobody, on peut s'entortiller d'anonymat comme des momies, méconnaissables, tu peux être là-dessous maintenant « Music ! » c'est merveilleux ?
Page 135
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Le souvenir qui lui reste, c'est l'absence de certitude d'avoir été seulement aimée. Un manque de souvenirs. Le souvenir d'un manque.
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Les disparus aussi sont comme la neige, ils n'effacent pas le réel mais le blanchissent, comme on le dit d'un accusé à tord blanchi au seuil de la mort.
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Satie fut méconnu. Insaisissable. Incompris. Peuplé d’une vie secrète dans laquelle peut-être, possible oui, possible, il aura mis le meilleur de lui-même. Or la société a besoin de cohérence. Erik Satie était un compagnon d’errance. Un rébus. L’homme qui possédait deux pianos et qui, pourrait-on dire au vu de la taille de sa chambre, vivait chez eux. Et puis surtout cette énigme : il fut l’homme aux quatorze parapluies noirs identiques.
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Aussi extravagant que cela puisse paraître, aussi catastrophique pour moi dans ses conséquences, cette impensable réponse est la seule qui m'apaise. Je sais bien qu'elle ne correspond pas au dehors des faits: ma petite fille s’est perdue hier soir, un ouvrier l’a trouvée ce matin, nous rentrons chez nous, fin de l'histoire. Pourtant, j’en suis sûre, je n'ai pas retrouvé ma fille. Et cette possibilité m’attire et m'effraie. Je résiste à la suivre, elle ressemble au petit chat qui a entraîné Nina hier soir, elle est une vraie ténèbre; y avancer équivaut à envisager que le soleil ne se lève pas demain. Ne se relève plus de cette nuit. p. 25
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Je m'affole, mon coeur s'emballe. Elle remarque le pointillé de mon souffle, mais au lieu de parler elle émet un petit cri pathétique accompagné d'une grimace d'inconsolable pleureuse qui va pleurer mais non. Finalement non. La peur m'agrafe le ventre. Par mimétisme mon visage se crampe et se tend avec la même grimace qu'elle. Je lui ressemble, elle est satisfaite. Moi, j'ai envie de pleurer, pleurer des siècles et des seaux, elle vient de déclencher en moi une panique assez longue pour durer une vie entière, et je ne sais pas où réfléchir ni où poser mon coeur et elle ne dit rien, non, elle n'abrege pas mon supplice. Elle m'observe. Je disjoncte.
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Nous ne comprenons pas qu'en réalité elle est morte de trouille devant ce tribunal parental qui l'accuse. Qu'il s'agisse d'un violeur ou d'une explication rationnelle, nous voulons confirmer une version de l'histoire et pouvoir blâmer quelqu'un, trouver un responsable pour justifier ce sentiment que notre vie nous a été dérobée.
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Il n'y a pas de mot dans la langue française pour dire quand nous, parents, on perd un enfant. Quel statut on a. Pour les enfants il y a le mot "orphelin" mais pour les parents il n'y a pas de place dans le dictionnaire, ça n'existe pas en français, il est là le scandale...
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Voir le jour se lever est plus utile que d'entendre la symphonie pastorale.
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Quand on est seul, tous les autres se ressemblent.
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Stéphanie Kalfon
depuis toujours il promène sa partition interne hors des musiques à la mode. Taillé pour l’exil, lui se fiche pas mal des « Périmés » et de l’Académie. Ses contemporains se sont embarqués sur un vieux bateau « modern style » et prennent l’eau jusqu’au bout des mâts. Son embarcation à lui, c’est le bout de ses mains. Tout ce qu’elles peuvent dire sans un mot, à leur façon. D’une manière si inimitable qu’elle retient l’oreille de l’Assemblée, elle étonne.
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Où en sommes-nous, chacun, de ce qui fait une vie ? Si on regarde d'un peu plus près les lignes de nos destins, si au lieu d'y voir un fil on se penche vraiment, vertige sur l'invisible, on peut la distinguer, là, en bas de page, ce qui fait la couleur spéciale d'un chemin, le vôtre, le mien. Tous, nous avons une signature de vie.
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