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Citations de Stéphanie Marchais (12)


C’est eux.
J’entends leurs chiens.
… !
La forêt.
Cours vers la forêt cours/
Quelqu’un court, est-ce que c’est moi ?/
Plus vite/
Mais la terre est trop rouge, mes pieds butent sur les mottes gelées venues du fond des arbres et qui vous enlacent les jambes/
Zamolkni ! réprime tes pensées ils vont t’entendre cours/
Oui je/
Cours sans regarder par terre/
Mais je, devant moi je, des troncs brûlés défilent et cette odeur d’aiguilles froides qui m’attrape la gorge, aïe ma tête/
Tais-toi/
Oui, je me suis cognée/
Cours/
Je cours/
Cours sans ouvrir les yeux, cours de tout ton corps, chasse ce que tu sens/
Je sens que je ne suis plus une femme/
Avance/
Oui/
Cours/
J’ai peur/
Je sais/
J’ai peur de ne plus savoir comment être une femme/
Cours dans les cendres de la forêt, oublie le mal, sois dans tes jambes/
Mais mon anorak me gêne/
Garde-le/
Oui/
On ne sait jamais/
Il est trop lourd/
On ne sait pas où te mène ta fuite/
C’est vrai mais/
Tais-toi, dans tes jambes sois/
C’est vrai ça je ne sais pas où je vais je n’ai aucun projet, ma vie est tout entière dans cette course à travers les brûlures/
Hod ! plus vite/
Qui je suis sinon une vieille veste de l’armée traquée par des chiens de rage/
Ne pense pas/
Qui je suis, ma vie se fait et se défait à l’instant, au rythme de mes bras qui poussent et ouvrent les branches devant moi/
Tu t’essouffles/
Je sais bien/
Inutilement/
Oui, si elle s’arrête/
Arrête de penser/
Si elle s’arrête maintenant ma vie alors je veux bien, oui je veux bien, parce que c’est rien ma vie c’est rien c’est/
Tais-toi/
Une solitude/
Cours/
Oui/
Fonce à l’aveugle parmi les ombres calcinées/
Calcinées, oui et glacées, je cours je cours, attention le morceau !/
Quoi le morceau quoi cours, ils sont juste derrière/
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Je ne veux pas laisser ma vie prendre l'eau. Je veux encore espérer qu'on viendra me chercher. Même si ça me fait rire en italique. Je n'irai pas ailleurs creuser mon petit trou. C'est ici. Là où j'ai grandi. Que je choisis de m'enliser. Qu'on me coupe les racines et je deviendrai fou. Je veux pourrir dans la boue de mes champs inondés. Exprès. Et mes os acides empoisonneront les terres de mon beau pays.
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Ca m'aurait bien plu quand même quand j'y pense, mais j'avais pas les capacités a dit maman, alors on finit par devenir les mots définitifs qu'on vous répète sans cesse et c'est bien chagrinant d'être trahie par sa langue maternelle.
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DONNA : On dira que c’est du pain noir.
TOM (avalant sa bouchée) : Pas terrible.
DONNA : Je n’ai que ça. Tu as froid ?
TOM (essayant de maîtriser ses tremblements): Jusque là.
DONNA : On va tomber. Retiens-toi.
TOM : Peux pas. Plus confiance. A la météo ils
Portrait de famille sous un ciel crevé disaient quarante jours. Ca fait quatre fois quarante jours qu’il pleut. Ils se trompent toujours. Pas fiables.
Le mois le jour tout ça, je suis perdu. Sais plus. Je ne contrôle plus. Quatre fois quarante jours ça fait combien ?… Ca fait plus.
Jusque là j’en ai. Jusque là. Adieu mes terres sucrées, je suis en deuil.
DONNA : Tonio, tu ne peux pas rester le ventre vide. Essaie.

(Elle lui tend une boulette de tissu, manque de glisser et perd sa boulette qui tombe à l’eau.
Au dehors, bruits successifs de chutes de corps dans l’eau. Chacun frissonne.
Tonio essuie frénétiquement la fenêtre pour voir la fille en l’air.)

TONIO : Elle n’y est plus !
DONNA (désignant les deux hommes qui somnolent) : Moins fort. Je sais que Ravi fait semblant, mais moins fort.
TONIO : Eve a disparu maman ! Il faut que je sorte, que je plonge, que je la ramène sur terre!
DONNA (luttant contre l’engourdissement) : Mais non… Tu prends les choses trop à coeur, demain il fera jour, ou nuit… Le temps tu sais c’est indécis… Tu verras, mon enfant, tu verras bientôt clair… (Elle s’endort).
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SCENE 1

(L’inondation a gagné toute la pièce.)

RAVI : Il est interdit de se moquer des pauvres gens qui rament ici.
Donna et Tom se cramponnent en l’air pour les mêmes raisons que moi, mais eux ne savent pas nager, ce qui constitue un handicap supplémentaire. Mon petit-fils est redevenu sauvage et traque les rares mouches qui s’aventurent sur la vitre. Il croit qu’on ne le reconnaît pas sous sa crasse et sa tignasse, mais moi je l’ai reconnu et les plus perspicaces d’entre vous aussi, je suis sûr. Regardez comme il se gratte. C’est étonnant la dextérité nouvelle de sa jambe gauche. Plus rien de mangeable alors on mâche les bouts de tissus noirs que Donna attrape au vol, par la fente du toit. C’est infect. Un goût de veuve.
Je précise que si j’ai mis des lunettes noires, c’est parce que j’ai les yeux rouges. Sous mes airs de vieux con, je tiens à ma pudeur.
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Mon fils, qui ne le sait pas, va partir à ma place. Il s'en va pour moi. Il échappe à tout ça. Moi je reste ici.
Dans la terre détrempée de ma naissance.
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(Un lieu vaste, en périphérie d’une grande ville.)

L’homme : vous et moi nous allons convenir d’une somme, comme c’est l’usage en pareille occasion. Bien ! Je ne veux pas entendre vos tractations ou subir un quelconque marchandage. Votre race est habile à ce genre de négoce et je suis trop fatigué, pour m’offrir encore l’idée d’une humiliation.

(Rire bref.)

Rien n’est jamais d’une absolue clarté, n’est-ce pas ? personne ne peut se contenter d’un fonctionnement binaire et je suis pour le mélange des couleurs, sans coulure intempestive ni épanchement incontrôlé, cela va de soi.
Voyez-vous, je sens à vous parler franchement ainsi dans cet espace clos…puis-je m’asseoir ? non, je vais demeurer debout et marcher, faire les cent pas devant vous, comme une sentinelle vous permettez ?…pour organiser mes pensées, j’en ai besoin. J’ai un grand besoin de mouvement depuis peu, mon travail sédentaire sans doute ou l’afflux soudain de remords, de rêveries toxiques… Ce n’est pas cet endroit confiné qui me procure cette sensation d’oppression au bas de la poitrine, je ne suis pas oppressé non, je suis un bon petit soldat un peu cardiaque qui a besoin, je vous le répète, de circuler !
Respirer oh ne croyez pas que je veuille me donner en spectacle, j’ai horreur de ça. La musique le spectacle, une paire de seins grotesques qui dansent en pleine fumée, sur la table pas débarrassée, à la portée de mains débridées ah non diable ! je veux simplement bien gentiment bouger. Vous comprenez ? Aller librement, la nuque dégagée du reste du crâne, comme des tas d’êtres humains dociles. Voilà.
Voyez-vous je me rends compte en devisant gaiement avec vous, que j’ai choisi sans innocence ce point d’appui comme principe de vie : l’humiliation. Cette cravate me comprime le cou, elle donne l’illusion d’un double menton que je n’ai pas et cette impression m’est fort désagréable ! Je n’ai pourtant pas de ventre et j’ai d’ailleurs toujours tenté de cultiver un esprit en ordre, régnant sur un organisme en parfait état de marche. Mon cerveau continue de dicter ses injonctions à mon corps, prompt à les exécuter. Jamais l’inverse. Always under control! Jamais il ne viendrait l’idée à mes membres de se rebeller.
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Angèle - Un jour Madame, elle ne devra plus rien à personne Angèle, elle aura payé sa dette et pourra enfin vivre sa vie.
Un jour Madame, elle poussera sa mère dehors avec toutes ses miettes et ses vérités, même à 95 ans s'il le faut, y'a pas d'âge pour faire ses poussières.
Un jour elle ne sera plus empêchée Angèle et fera ses valises, sans prévenir personne rien pas une carte postale non mais !

J'étais une enfant calme et unique savez-vous, qui lisait beaucoup et parlait à ses poupées. Mes filles, je ne les coiffais pas, je ne les vêtissais, pas je ne les bisouillais pas mais je les tapais dans les coins du lit exprès pour les abîmer.
Après je les soignais et les bandais à l'endroit du cœur, c'est tendre et frais. J'aurais voulu être chirurgienne pour réparer les gens en morceaux, mais j'avais pas les capacités a dit ma mère, j'étais pas bien douée a dit Thérèse qui savait ce qu'elle disait, alors à la place j'ai fait aide-soignante, c'est pas mal non plus niveau dextérité
C'est mon jour d'indépendance


J'ai pas mon pareil pour trouver une belle veine, mais zut à la fin ça n'a pas le même prestige que chirurgienne socialement parlant!
Ca m'aurait bien plu quand même quand j'y pense, mais j'avais pas les capacités a dit maman, alors on finit par devenir les mots définitifs qu'on vous répète sans cesse et c'est bien chagrinant d'être trahie par sa langue maternelle.

J'ai soif.

C'est mon jour d'indépendance aujourd'hui je suis lasse et j'ai soif.
Offrez moi à boire Madame, vous permettez je m'assois parce que je fatigue debout toute la journée à faire des piqûres et des prises. Visionner d'la fesse.

Un martini blanc.
C'est bien rafraîchissant, ça s'avale comme l'orgeat de ma grand-mère l'été sous le parasol, je croquais les glaçons j'avais mal aux dents, je rigolais en tirant ma langue toute piquée de points blancs.
Thérèse me disputait, elle tape dans les boîtes celle là elle disait et moi je répondais, j'avais de la répartie à cette époque parce que j'étais jeune et sans peur, sacrée Thérèse non mais !
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PRELUDE :

Qu’est-ce que tu donnes de toi, toi, quand tu me touches.
Toi l’autre. Toi l’autre qui n’es pas moi.
Qu’est-ce que tu mets sur la table pour rivaliser avec ma générosité.
Qu’est-ce que tu livres de toi, toi, toi qui me ressembles, qu’est-ce que tu mets dans la balance contre ma nudité.
Contre le poids de ma nudité.
Ma naïveté.
Mon enfance.
Le coût de ma naïveté.
La valeur tarifée de mon enfance.
Je t’ai offert mon corps morceau par morceau, chaque jour un nouveau. Tu connais tout de moi, zone après zone. Tes dix doigts savent les yeux bandés mon territoire de peau.
Mais toi, toi, qu’est-ce que tu t’arraches.
Quelles armes déposes-tu pour avancer vers moi.
Pour faire commerce de mes 7 ans.
7 ans et quelques petites coupures.
Quelles armes déposes-tu pour te saisir de moi.

Moi. Moi qui ne suis pas toi
Si semblable pourtant.
Qu’est-ce que tu lâches.
Qu’est-ce que tu perds.
Qu’est-ce que je peux te prendre.
Qu’est-ce que je peux ôter à toi, toi, l’autre, pour que tu me voies enfin.

Il semble que tu ne sois sensible qu’à ce qui te manque.
Tout, je peux tout emporter de toi, qui ne consens qu’à bribes.
Faut-il que je dérobe ta vie pour que tu considères la mienne.

Va mourir.
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1 - UN HOMME TRANQUILLE


O'WELL : On me veut.
Je cours pour rentrer chez moi avant l’orage mais un éclair dans la poitrine m’oblige à demeurer une main sur la poignée
A contempler la mousse répandue sur les pierres plates, tandis que je souffle.
Les gouttes martèlent les dalles et la force de l’averse affole les bêtes rampantes qui s’échappent des recoins vers des abris plus secs
Je suis trempé.
La pluie s’écrase sur mon cou, brise ma nuque, coule dans mon dos et dévale la pente saillante de mon corps.
Elle ruisselle par terre, entraîne avec elle des débris de toutes sortes vers le caniveau de la rue en même temps qu’elle y verse le butin
invisible de quelques cheveux cassés tombés sur mes épaules, quelques cellules fanées, de vieilles bribes de moi.
Ma chair rejoint l’égout
Là où murmurent les bêtes aux ventres gonflés d’eau.
Elles peuvent désormais exhiber des parcelles de moi en preuve d’existence au peuple du dessous qui attend que je vienne pour mâcher mes os creux et me rendre comme eux.
Absorbé par eux.
Ma chair rejoint l’égout
Elle se fait souterraine
Liquide, obscure
Luisante.
Je me vois mêlé aux flaques d’argile qui tapissent de jaune les sols, frappent les carreaux et introduisent leurs doigts visqueux à l’intérieur des fenêtres des gens
Des gens qui me regardent devenir cascade et déchiré.
Devenir flotte et cailloux bruns pulvérisés contre leurs vitres.
Ma nuque écartelée reçoit la douceur de cette eau qui entre en moi par tous les grains du corps et forme des rigoles dans chaque pli de ma peau que tu pourras laper si tu veux
On me veut.
Je rentre chez moi quand un inconnu se jette sous un porche dès que je me détourne.
Je me retourne parce que je sens l’appui de son regard à l’envers de ma tête nue
Ce qui m’oblige à ployer
A mettre une main au sol
A entrer mes deux pouces dans la boue grasse
Tellement ses yeux insistent
Tellement sa curiosité intrusive me projette par terre mieux qu’une giclée de grêle.
Fléchi comme un mendiant qui demande sa journée, la tête ramassée de peur qu’on lui refuse, c’est dans cette posture que tu me trouverais si tu passais me voir.
Deux genoux contre le bois de ma porte
Les os lavés de pluie.
Forcé de regarder le sol qui m’indiffère
J’attends que ça passe.
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Si je vais à l'école sans croiser un seul chat noir - pas noir et blanc ou noir et roux ou noir et gris - mon père m'emmène avec lui pour toujours. Si j'arrive à sauter à cloche-pied sans tomber jusqu'au panneau là-bas, le grand garçon muet m'aime. Si j'arrive à manger un oeuf à la coque sans faire couler le jaune, les billes s'arrêtent, l'herbe s'arrête, tout s'arrête, je redeviens une petite fille sans touffe et sans seins.
Si dans la minute quelqu'un que je ne connais pas me sourit, je retourne en classe jusqu'aux grandes vacances. Si j'arrive à monter et descendre l'escalier B de l'immeuble 302 sans respirer, je vais à la police et leur dis qui je suis.
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C’est bien, tu as la télévision, c’est moderne. Ça prend toute la tête, et ça remplit le vide aussi…

C’est varié, ça, les variétés.
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