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Citations de Stéphanie Perreault (7)


Peu à peu, le manuscrit prenait forme... dans sa tête... À chaque moment : en lavant sa vaisselle, en marchant dans les rues, la nuit, quand il ne dormait pas, en regardant le ciel par le vasistas de sa mansarde... Il faut que ce soit une histoire toute simple... Un homme... Un jeune homme... Qui rencontre une femme... Non ! Une jeune fille... Une très jeune fille... Ils s’aiment... Un amour fou ! Un amour idéal, comme dans les livres, mais elle meurt, d’une maladie incurable... Alors... C’est après que ça ne collait plus... Il hésitait... Le jeune homme continuait à vivre, avec cet amour mort, avec ce fantôme... Ou bien...
« Monsieur ! Vous ne voulez pas monter avec moi ? On crève de froid, ce soir. On se réchaufferait, tous les deux. Hein ? Dites ! Vous ne voulez pas monter ?... »
La fille se tenait dans l’embrasure de la porte d’un couloir, juste à côté de la librairie, à l’angle de la rue des Martyrs et de la rue Victor-Massé.
Il ne l’avait pas vue. En général, il n’y a pas de filles à cet endroit. Elles se tiennent sur le boulevard, plus haut, ou bien à l’autre bout, rue de Douai.
Elle crevait de froid.
« Vous ne voulez pas monter ? On voit personne, ce soir... »
Elle était très jeune, dix-huit, dix-neuf ans, pas plus. Fardée, bien sûr, mais... pas comme les autres filles... Un maquillage... Un maquillage de vendeuse, ou de dactylo... Pas celui d’une pute.
Ses vêtements non plus ne ressemblaient pas à ceux des putes. Elle portait une robe, pas une minijupe, une robe trop légère pour la saison et... une sorte de petite casquette de velours rouge... On dirait qu’elle a un coquelicot sur la tête. Ce doit être ses cheveux blonds qui font ça...
« Vous ne voulez pas ! Monsieur ?
— Non !... Mademoiselle !... Je suis fauché ! »
Il s’était senti obligé de lui donner un prétexte pour ne pas la vexer.
« Tout le monde est fauché, ce soir. Montez quand même ! J’ai pas vu personne. Vous me donnerez ce que vous voudrez. Au moins, on aura chaud un moment... »
Il se fit violence...
« Non, mademoiselle ! On m’attend.
— Mademoiselle ! Ça faisait longtemps qu’on ne m’avait pas appelée comme ça... Vous ne voulez vraiment pas ? Tant pis, alors. À une autre fois.... Bonne soirée !... Monsieur !...
— Bonne soirée à vous aussi...
— Dites, monsieur ! Vous n’auriez pas l’heure ?
— Il est huit heures moins vingt, mademoiselle.
— Oh ! Seulement ! Elle n’en finit pas cette journée... »
C’est ainsi que Louis Chemilly rencontra Jacqueline Berthier, qu’on appelait aussi Jacky ou encore Casquette...
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Lorsqu’ils arrivèrent près du village, le paysage se dévoila devant elle. La rivière s’élargissait à cette hauteur pour presque former une baie et le soleil se miroitait sur les flots, dessinant d’étranges stries mouvantes en surface. Les arbres étaient toujours dénudés de feuilles, mais au sol, on voyait de jeunes pousses vert tendre pointer déjà leurs petites têtes à travers les feuillages d’automne épars, que le vent n’avait pas emportés et la terre pas encore absorbés. L’air était frais et sentait le sucre qui caramélise lorsqu’ils croisèrent le magasin général où on se doutait que madame Lafortune devait produire de la tire afin de réconforter les plus jeunes arrivants.
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Le printemps déjà pointait le bout de son joli nez. Bientôt un vivant timide commencerait à percer la terre, de nouvelles générations succéderaient aux anciennes et d’un jour à l’autre, le paysage changerait. Déjà le soleil dardait de ses rayons tout de la glace qui encore emprisonnait la terre, les bois ou les bâtiments, et d’instinct malgré que rien ne fût encore pourtant vraiment joué, tout du vivant sentait que bientôt s’achèverait le règne blanc.

De partout une eau claire et pure, instinctivement, viendrait grossir la rivière, comme si, par intelligence naturelle, elle savait d’avance ce qu’elle avait à faire. Chaque goutte trouverait son chemin, suivrait les pentes et finalement viendrait s’ajouter à ce qui n’était plus entièrement tapis de glace gelée, mais déjà, sur ses côtés, petits ruisseaux courants.
Bien qu’on allait souvent voir ce qui se passait chez Sainte-Croix et qu’on y veillait à tout, chez les Providence, on évitait pourtant de trop parler de lui, car les fois où l’on avait abordé le sujet Rose-Aimée n’en avait que manifesté davantage d’angoisse. Elle sombrait alors dans une sorte de langueur mélancolique qui lui assombrissait le caractère et la rendait aussitôt inexplicablement soucieuse.

Elle avait pris l’habitude de s’isoler pour penser à Sainte-Croix et alors que la moindre petite babiole le rappelait à son souvenir, son cœur finissait par surcharger. Elle avait façonné un bracelet fait d’un lacet de cuir sur lequel elle avait fixé une petite croix de métal qu’elle avait remarquée parmi les outils d’Esdras et qu’il avait accepté de lui laisser n’y voyant qu’une retaille sans importance. À côté de la croix, elle avait attaché une petite rose qui la représentait et lorsqu’elle baissait les yeux vers son bracelet, elle se revoyait observant les mouvements de ses doigts, comme fascinée à l’idée qu’en joignant la croix et la petite rose à l’aide de fils, c’étaient leurs destins qu’elle unissait concrètement. Chaque fois qu’elle y réfléchissait, elle sentait son cœur se gonfler de plaisir.

Sans rien en dire à personne un jour elle prépara la terre de chaque côté du chemin de rondin qui menait à la porte de Sainte-Croix pour bientôt y planter une rangée de plants qui fleuriraient l’été venu. C’était seulement par ces petites attentions que tous, sans en parler aux autres, manifestaient combien ils attendaient son retour. Même Esdras qui avait pourtant beaucoup à faire en ce début de saison, avait entrepris de dessoucher, à temps perdu, les troncs calcinés des arbres brûlés pour que les abords fussent plus riants.

L’hiver mugissait ses dernières bourrasques, contrarié qu’il était maintenant dans son dessein de froidure par un soleil qui progressivement envahissait presque tout des journées ; et malgré que l’astre se montra encore un peu timide dans sa clarté, il apparaissait pourtant à chacun après l’hiver comme magnifique et presque éblouissant.

Peu à peu un paysage qui semblait nouveau, puisque une saison enneigée l’avait fait un peu oublier, doucement se révélait ; et chacun redécouvrait le vert tendre qui était propre au réveil de la nature avec étonnement, tel une œuvre qu’un peintre sur une toile blanche, traits à traits commencerait à dessiner.

Au fur et à mesure que les jours passaient, chaque buisson, lisière, ruisseau ou horizon même, à cause de la fonte, davantage affirmait ses contours et reprenait les jolies couleurs de l’arbre de vie.
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Il y eut un grand silence, puis, brusquement, les prêtres et leurs gardes hurlèrent:
- À mort! À mort! À la croix! À la croix!
La foule leur emboîta le pas...
- À la croix! À la croix! À mort! À mort!
Pilate explosa. La colère qu'il contenait depuis si longtemps lui brûla les lèvres.
- Crucifiez-le vous-mêmes!
- Il doit mourir selon notre loi, parce qu'il s'est déclaré fils de Dieu.
- Dis-lui de revenir sur ce qu’il a dit… que c'est sa vie qui est en jeu! Dis-lui, Eusébius...
Je traduisis de mon mieux, mais le condamné ne me fit aucune réponse.
Dehors, les hurlements continuaient...
- Pilate! Cet homme s'est fait roi. Quiconque se fait roi se déclare contre Tibère. Si tu le relâches, tu n'es pas un ami de César...
Il n'y avait plus rien à faire.
La mort dans l'âme, Pilate dit:
- Voici votre roi! Le crucifierai-je?
- Oui! Oui! À mort! À mort! Nous n'avons, d'autre roi que César!
C'était le seul argument qui pouvait faire plier Pilate.
- Prenez l'homme! Et faites en ce que vous voudrez! Moi, je m'en lave les mains!
Rentrant au Prétoire, il ajouta:
- Eusébius! Cette sanction est injuste...Le pire, vois-tu, c'est que, si l'Histoire se souvient de cette affaire, c'est moi qui en porterai la responsabilité. Tu comprends, la croix est, normalement le supplice réservé strictement aux esclaves ou aux voleurs, aux assassins, aux brigands, et à tous ceux auxquels à qui on ne veut pas accorder l'honneur de mourir par le glaive. Si j'en crois ce que je sais de leur loi, ce Jésus devrait être lapidé...
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Vivre d'amour et d'eau fraîche, c'est juste une façon de parler. Même les amoureux mangent...
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"Tu sais quoi, Louis ? Depuis que je suis dans ton livre, j'ai l'impression d'être dans un roman d'amour...
- Mais attends ! Il n'est pas encore écrit mon livre !
- Ca ne fait rien, je le lis déjà !..."
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Dans la vie, les histoires d'amour, ça ne finit presque jamais bien. D'ailleurs, une histoire d'amour qui finit, ça ne peut pas finir bien. L'amour, ça ne doit pas finir...
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