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Citations de Steven Pinker (37)


comme ils étaient dans les champs,, Cain se jeta sur son frère Abel et le tua. Avec une population mondiale quatre habitants au total, cela fait un taux d'homicide de 25%, c'est-à-dire mille fois plus élevé que dans les pays occidentaux de nos jours.
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Le langage n'est pas un produit culturel qui s'apprend comme on apprend comment dire l'heure ou comment fonctionne le gouvernement de son pays. Au contraire, c'est une partie distincte de la structure biologique de notre cerveau. Le langage est un savoir-faire complexe et spécifique qui se développe spontanément chez l'enfant, sans effort conscient et sans apprentissage formel, qui s'articule sans qu'il en connaisse la logique sous-jacente, qui est qualitativement la même chez tous les individus et qui est distinct d'aptitudes plus générales pour traiter les informations ou se comporter avec intelligence. C'est ainsi que certains spécialistes de sciences cognitives ont décrit le langage comme une faculté psychologique, un organe mental, un système de neurones et un module de traitement de données, mais je préfère le terme, archaïque je l'admets, d'instinct. Il rend l'idée que les gens savent parler plus ou moins dans le sens où les araignées savent tisser leur toile. Le tissage de la toile d'araignée n'a pas été inventé par quelque araignée géniale et restée inconnue. Il ne dépend pas d'un enseignement approprié ni d'un talent en architecture ou d'un savoir-faire en matière de construction. Bien plutôt, les araignées construisent des toiles parce qu'elles ont des cerveaux d'araignées qui les poussent å tisser et leur donnent la compétence pour y réussir. Bien qu'il existe des différences entre les toiles d'araignées et les mots, vous devriez considérer le langage de cette manière. (p. 16)
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Un autre changement majeur dont nous avons fait l'expérience est l'intolérance croissante au recours à la force dans la vie de tous les jours. Il y a quelques dizaines d'années encore, l'empressement d'un homme à utiliser ses poings en réponse à une insulte était un gage de respectabilité. Aujourd'hui, un tel comportement trahit un rustre et témoigne d'une impulsivité mal contrôlée, pour laquelle une thérapie de gestion de la colère semble indiquée.
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Et qu’on réserve un cercle spécial dans l’enfer des journalistes aux scribouillards qui, en 2021, alors qu’étaient déployés des vaccins contre le Covid efficaces à 95 %, ont sorti des articles sur des vaccinés ayant contracté la maladie. Par définition, cela n’avait rien d’une nouvelle – on savait bien qu’il allait y en avoir – tout en garantissant de faire fuir des milliers de personnes loin de ce traitement salvateur.
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Il est bon de se rappeler pourquoi le nationalisme néo-théo-réactionnaire et populiste est une faillite intellectuelle.

J'ai déjà expliqué à quel point il était absurde de rechercher un fondement moral dans des institutions qui nous ont apporté les croisades, l'Inquisition, la chasse aux sorcières et les guerres de religion européennes.

L'idée que l'ordre mondial devrait être composé d'États-nations ethniquement homogènes et mutuellement antagonistes est tout aussi ridicule.

Les gens se considèrent comme appartenant à de nombreuses tribus qui se chevauchent souvent : leur clan, leur ville natale, leur pays d'origine, leur pays d'adoption, leur religion, leur groupe ethnique, l'université où ils ont passé leur diplôme, leur parti politique, leur employeur, leur association de bénévoles, leur équipe sportive et même leur marque d'équipement photographique. (Si vous voulez voir le tribalisme s'exprimer sous son jour le plus féroce, jetez un coup d'œil à un groupe de discussion "Nikon ou Canon" sur internet.)

Il est vrai que les professionnels du marketing politique peuvent proposer une mythologie et une iconographie qui incitent les gens à privilégier une religion, une ethnie ou une nation en tant qu'identité fondamentale. Avec le bon dosage d'endoctrinement et de coercition, ils peuvent même les transformer en chair à canon. Cela ne signifie pas que le nationalisme soit une pulsion humaine.

Rien dans la nature humaine n'empêche qui que ce soit de se sentir fier d'être à la fois français, européen et citoyen du monde.

N'oublions pas pourquoi les institutions internationales et une conscience mondiale se sont formées à l'origine.

Entre 1803 et 1945, le monde a testé un ordre international fondé sur des États-nations luttant héroïquement pour la grandeur. Ça ne s'est pas très bien passé...

Après 1945, les dirigeants du monde ont dit : " Eh bien, tentons au moins de ne pas répéter cette erreur" et ont commencé à modérer le nationalisme au profit de droits humains universels, de lois internationales et d'organisations transnationales.

Il en a résulté soixante-dix ans de paix et de prospérité en Europe et, de plus en plus, dans le reste du monde.
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Si bien que nous trouvons dans la nature humaine trois causes principales de querelle : premièrement la rivalité, deuxièmement, la méfiance ; troisièmement la fierté.
La première fait prendre l’offensive aux hommes pour le gain. La deuxième pour sa sécurité et la troisième, pour la réputation.
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Pour se faire une idée juste de l'évolution de la violence dans le monde, il est donc indispensable, d'une part d'envisager l'évolution de la violence sur de longues périodes de temps et, d'autre part, de ne pas prendre en compte uniquement les événements ou conflits qui frappent le plus notre conscience, mais d'analyser le plus grand nombre possible de données.
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La disponibilité, bien sûr, n’est pas le seul facteur de distorsion de la perception du risque. Paul Slovic, un collaborateur de Tversky et Kahneman, montre que les gens surestiment également le danger des menaces qui sont nouvelles (le diable inconnu est pire que le diable familier), hors de leur contrôle (comme s’ils pouvaient conduire leur voiture de manière plus sûre que le pilote de ligne aux manettes de l’avion), créées par l’homme (ils évitent donc les aliments génétiquement modifiés mais avalent les nombreuses toxines qui ont évolué naturellement dans les plantes) et inéquitables (lorsqu’ils ont le sentiment d’assumer un risque au profit de quelqu’un d’autre)
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Personne n'est suffisamment rationnel pour trouver du sens tout seul: la rationalité émerge d'une communauté de raisonneurs qui détectent leurs erreurs respectives.
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Aucun aspect de l'existence n'échappe à ce repli de la violence. La vie quotidienne est très différente lorsqu'à tout instant, on doit craindre d'être enlevé, violé ou tué, et il est difficile d'obtenir un haut degré de développement des arts, de l'éducation ou du commerce lorsque les institutions qui les soutiennent sont pillées et brûlées presque aussitôt après avoir été fondées.
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Une version plus lapidaire de l’argument bayésien contre les affirmations paranormales a été énoncée par l’astronome et vulgarisateur scientifique Carl Sagan (1934-1996) dans le slogan qui sert d’épigraphe à ce chapitre : « Les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires. » Une affirmation extraordinaire a une faible probabilité a priori bayésienne.

Pour que sa confiance a posteriori soit supérieure à la confiance a posteriori de son opposé, la vraisemblance des preuves étant donné que l’hypothèse est vraie doit être beaucoup plus élevée que la vraisemblance des preuves étant donné que l’hypothèse est fausse. En d’autres termes, les preuves doivent être extraordinaires.
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Ils peuvent prétendre qu’aucun Écossais ne met de sucre dans son porridge, et lorsqu’ils croisent Angus, qui met du sucre dans son porridge, y voir la preuve qu’Angus n’est pas un vrai Écossais. Le sophisme du vrai Écossais permet également d’expliquer pourquoi aucun authentique chrétien n’a de sang sur les mains, pourquoi aucun authentique État communiste n’est répressif et pourquoi aucun authentique partisan de Donald Trump ne cautionne la violence.
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De nombreux faits bien sur sont blessants : l'histoire raciale des États-Unis, le réchauffement climatique, un diagnostic de cancer, Donald Trump. Mais ce sont tout de même des faits, et nous devons les connaître pour mieux y faire face.
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Mais les lois de la logique sont générales : elles s’appliquent que le contenu soit d’actualité, obscur ou même absurde. C’est ce point, et non une simple fantaisie, qui a conduit Lewis Carroll à créer les « sots-ligismes » (sillygisms) dans son manuel de logique symbolique de 1896, dont beaucoup sont encore utilisés dans les cours de logique aujourd’hui. Par exemple, à partir des prémisses « Un chiot boiteux ne vous dirait pas merci si vous proposiez de lui prêter une corde à sauter » et « Vous avez proposé de prêter une corde à sauter au chiot », on peut déduire que « Le chiot n’a pas dit merci4 »
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On dit souvent que s’agissant du changement climatique, ceux qui en savent le plus à son sujet sont ceux qui le craignent le plus ; or pour l’énergie nucléaire, ceux qui en savent le plus sont ceux qui le craignent le moins.
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Beaucoup d'intellectuels ont détourné leur regard de l'évolution de la logique de la violence, de peur que le fait de l'admettre revienne à l'accepter ou même à l'approuver. Ils ont préféré garder l'illusion rassurante du Bon Sauvage, qui fait de la violence un produit arbitraire de l'apprentissage ou un pathogène venu de l'extérieur qui se développe en nous. Cependant, à nier la logique de la violence, on oublie facilement que cette dernière est toujours prête à éclater, et à ignorer les parties de l'esprit qui peuvent mettre le feu aux poudres, on néglige celles qui peuvent l'éteindre. Dans la violence, comme dans tant d'autres sujets préoccupants, la nature humaine est le problème, mais elle est aussi la solution.
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Dans la tradition de la sociologie [vision dite de gauche], la société est une entité organique soudée, et ses citoyens individuels en sont de simples éléments. On pense que les individus sont par leur nature même des êtres sociaux et qu'ils fonctionnent comme des éléments d'un superorganisme plus grand. Telle est la tradition de Platon, Hegel, Marx, Durkheim, Weber, Kroeber, du sociologue Talcott Parsons, de l'anthropologue Claude Lévi-Strauss, et du postmodernisme dans les sciences humaines et les sciences sociales.
Dans la tradition de l'économie ou du contrat social [vision dite de droite], en revanche, la société est un arrangement négocié par des individus rationnels qui servent leurs intérêts personnels. La société apparaît quand des individus acceptent de sacrifier une partie de leur autonomie en échange d'une protection contre les déprédations des autres qui exercent leur autonomie, C'est la tradition de Thrasymaque dans La République de Platon, et de Machiavel, Hobbes, Locke, Rousseau, Smith et Bentham. Au XXe siècle, elle est devenue la base des modèles de l'acteur rationnel ou Homo economicus en économie et en science politique, et pour les analyses coût-bénéfice des choix publics.
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Et puis il y a Irwin, l’hypocondriaque qui dit à son médecin : « Je suis sûr d’avoir une maladie du foie. » « C’est impossible, répond le médecin. Si vous aviez une maladie du foie, vous ne le sauriez pas – on ne sent rien. » Irwin répond : « Ce sont exactement mes symptômes ! »
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Les idéologies de gauche et de droite sont elles-mêmes devenues des religions laïques, qui fournissent aux uns et aux autres des camarades au sein d'une communauté de pensée, un catéchisme de croyances sacrées, une abondante démonologie et une foi béate dans la justesse de leur cause.

L'idéologie politique sape la raison et la science.

Elle obscurcit le jugement des hommes, attise chez eux un état d'esprit tribal et primitif et les empêche de mieux comprendre comment améliorer le monde.

Nos pires ennemis ne sont pas, en fin de compte, nos adversaires politiques, mais... surtout l'ignorance - un déficit de connaissance quant à la meilleure façon de résoudre nos problèmes.
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En définitive, même les relativistes pour qui une vérité objective est impossible et toute proposition le récit d’une culture située n’ont pas le courage de leurs convictions. Les anthropologues culturels ou les théoriciens littéraires qui prétendent que les vérités de la science ne sont que des constructions culturelles préféreront toujours que l’infection de leur enfant soit traitée par des antibiotiques prescrits par un médecin plutôt que par le chant de guérison d’un chaman. Et bien que le relativisme se pare souvent d’un halo moral, les convictions morales des relativistes dépendent d’un engagement envers la vérité objective. L’esclavage était-il un mythe ? L’Holocauste n’a-t-il été qu’un récit parmi d’autres ? Le changement climatique est-il une construction sociale ? Ou bien la souffrance et le danger qui définissent ces événements sont-ils vraiment réels (des propositions dont nous savons qu’elles sont vraies en raison de la logique, des preuves et du savoir objectif) ? Voilà que les relativistes cessent d’être aussi relatifs
Pour la même raison, il ne peut y avoir de compromis entre la rationalité et la justice sociale ou toute autre cause morale ou politique. La quête de la justice sociale commence par la conviction que certains groupes sont opprimés et d’autres privilégiés. Il s’agit de propositions factuelles, qui peuvent être erronées (comme le soulignent les défenseurs de la justice sociale eux-mêmes lorsqu’ils rétorquent que non, les hommes blancs hétérosexuels ne sont pas opprimés).
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