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Citation de Lutvic


Mon ami l'ermite fait des conférences sur Mörike et sur Burckhardt, ses deux favoris : des classiques. Il donnait les mêmes conférences à la société franco-germanique, en France, pendant l'Occupation, de Paris à Bordeaux. D'un air pensif, il me confie combien il regrette cette époque ; il affirme que l'on écoutait mieux alors, que le climat de la France occupée, entre 1940 et 1944, était plus propice aux conférences allemandes que celui de la Ruhr en 1946. Naturellement, me dit-il, j'étais bien conscient de la situation mais pourquoi une nécessité militaire aurait-elle dû m'empêcher de contribuer au rapprochement des cultures allemande et française.
Cela paraît cynique tant que l'on ne s'est pas fait à cette idée, et pourtant la situation était encore plus cynique, si tant est que cela soit possible. Dans sa bibliothèque, je trouve deux exemples destinés à la troupe, mais d'un goût délicat, des poèmes de Hölderlin et de Mörike, imprimés en 1941. On peut donc imaginer que la Grèce ait été envahie par des soldats portant les poésies de Mörike dans leur poche intérieure et qu'après avoir rasé un village russe de plus, le soldat allemand ait repris sa lecture interrompue de Hölderlin, le poète allemand qui a dit de l'amour qu'il est plus fort à la fois que le temps et que la mort physique (pp. 156-7).
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