Les filles des aciéries ne dansent pas sur Village People. Sur Bruce Springsteen, oui. Sur un Bon Jovi frétillant ou sur un Van Halen bien rugueux, à la rigueur. Parfois le punch aidant, sur un Lynyrd Skynyrd. Mais pas sur une bande de mecs habillés en flic, en ouvrier ou en Indien. Hors de question.
- Chez nous [les Amish], les jeunes d'dix-sept ans sont envoyés à la découverte du monde moderne. on appelle ça rumpspringa. Ils ont l'droit d'tout faire pendant deux ans. Ce délai passé, ils décident ou non d'se baptiser. De rester dehors ou de rejoindre la communauté.
- On va où maintenant ? demanda Sandy.
- Là où toute femme trouve refuge quand tout fout le camp, répondis-je (...) . Chez le coiffeur.
- J'imagine que si j'étais un grand reporter de classe in-ter-na-tio-na-le qui couche avec tout ce qui passe, tu ferais plus attention à moi, n'est-ce pas, Bubbles ? Manque de bol, je bosse comme un taré dans un petit boulot de merde pour nourrir, habiller et éduquer cinq mômes. Qui voudrait d'un mec comme moi de nos jours ? Un mec qui ne fuit pas ses responsabilités ?
Avant, on achetait une maison pour la vie. Maintenant, c'est devenu un placement. On se croirait à la Bourse.
"Tu es mon héroïne, maman", m'avait-elle lancé.
Je me focalisais là-dessus. J'étais son héroïne. J'étais son modèle. Loin devant ses enseignants. Loin devant sa copine percée de partout. Loin devant Dan.
Moi, Bubbles Yablonsky. Sans aucun diplôme. Ex-mère adolescente, coiffeuse. Le prototype de la blonde nunuche.
S'il y avait bien une chose que j'avais apprise avec Dan, c'était de ne jamais se laisser crier dessus par un mec.
Depuis que je suis adulte, les gens de cette ville me prennent pour une de ces blondes nunuches ne pensant qu'au sexe, aux feuilletons télé et aux potins. Le fait que je m'appelle Bubbles Yablonsky n'y est sans doute pas pour rien. Sans compter que j'exerce le métier de coiffeuse, que j'ai la silhouette de Barbie et que j'ai un faible pour les pantalons serrés et les hauts moulants.
D'accord. Je n'ai peut-être pas l'air d'une lumière. Il n'empêche que, sans vouloir me vanter, je sais quelque chose que même la police ignore.
Il n'y avait pas moyen de parler avec Lulu Yablonsky. De la taille d'un nain de cirque et le visage rond comme un bocal à poissons rouges, c'était un mètre cinquante-deux de poudre toujours prête à vous exploser à la gueule.
Le cric devait se trouver dans le coffre. Je n'avais jamais changé de roue, mais je connaissais l'essentiel de la manœuvre : dévisser les écrous, lever la bagnole...
Mais je n'eus pas l'occasion de tester mes compétences. Quand j'ouvris le coffre, ce n'est pas le cric que je découvris. Mais Mac. Un Mac les yeux grands ouverts, une balle dans la tête. Super. Juste au moment où j'avais besoin d'un mécano, j'en trouvai un dans ma bagnole. Seul hic, le lascar avait été assassiné.