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Critiques de Su Tong (54)
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Epouses et concubines

Songlian n'a plus le choix. Etudiante , la faillite puis la mort de son père l'ont poussé à pendre le partie d'être concubine. Elle devint ainsi la quatrième épouse de Chen Zuoqian.



C'est un roman très fort dont l’adaptation cinématographique a fait grand bruit. Le texte est court, va à l'essentiel mais traduit très bien la plongée aux enfers de Songlian.

Dans une Chine où la vie des épouses vaut bien peu, l'auteur s'applique à montrer l'esclavage doré subi par ses femmes.

Jalousie, soumission, rancœur, asservissement sont le quotidiens de ces épouses qui ici doivent en plus subir la faiblesse sexuelle latente du maitre.

Le destin de Songlian est bien sur émouvant, sa rapide glissade vers la folie ou tout au moins une monde où l'abstraction du plaisir est permanente.



Il y a aussi le puits,das lequel deux concubines adultérines ont fini selon la légende . Cette touche de mystère si propre aux romans chinois.

Une lecture facile, sèche , abrupte , ne s'embarrassant pas de détails mais atteignant son but.
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Epouses et concubines

J’ai vu le film de Zhang Yimou à sa sortie. A vrai dire, je n’en garde aucun souvenir. J’étais trop jeune, c’était il y a plus de 30 ans. Je suis tombée sur le roman de Su Tong dont le film est adapté dans une boîte à livres et je me suis dit pourquoi pas… Je n’ai pas été déçue, j’ai beaucoup apprécié cette lecture.



« Epouses et concubines » va à l’essentiel. Là où d’autres auraient proposé une grande fresque de plusieurs centaines de pages, Su Tong choisit la concision. Le roman est court, 126 pages, ce qui ne l’empêche pas de raconter beaucoup. « Epouses et concubines » plonge le lecteur dans la Chine des années 20 qui a encore des allures féodales, notamment pour ce qui est de la condition féminine. Le récit est un huis-clos qui raconte les rivalités des 4 épouses d’un notable.



Du fait de sa brièveté mais aussi de la caractérisation archétypale des personnages et de l’ajout d’un ingrédient quasi-fantastique, le récit a une allure de conte. Mais cette forme n’empêche pas le récit d’avoir un fond social très marqué. Ce n’est pas un hasard si l’auteur place son récit dans la Chine des années 20. Peu avant, en 1919, s’est déroulé le mouvement du 4 mai. Si ce mouvement contestait en premier lieu la colonisation japonaise, très vite le mouvement s’est mué en un mouvement plus global, dénonçant le poids des traditions, notamment à l’égard des femmes. Du coup, l’histoire de Songlian, 4ème épouse d’un notable, est encore plus saisissante. La nécessité de s’attirer la préférence du mari incitent ces femmes, prisonnières d’une cage dorée, à dénigrer leurs rivales et même à comploter les unes contre les autres. La peinture de la vie conjugale de ces épouses réduites à la servilité est criante de vérité. Ce serait un peu l’équivalent du néo-réalisme italien. Sauf qu’il y a aussi cette petite touche de mystère quasi-surnaturel qui ajoute une atmosphère particulière, poétique.



Cette lecture a vraiment été une agréable surprise. Je vais me renseigner sur les autres écrits de Su Tong. Et puis, j’ai bien envie de (re)voir le film de Zhang Yimou.

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Epouses et concubines

N'ayant jamais vu l'illustre film qui en a été tiré, je me suis plongé sans a priori dans ce court roman de Su Tong...Et c'est une belle surprise. L'auteur réussit à faire revivre avec maestria les moeurs et rites de Cour, encore bien archaïques, de la Chine des années 1920. On devine un grand réalisme, avec une trame et un développement conduits avec subtilité et un certain suspense sur le dénouement. Il ne sombre jamais dans le pathos, ou la facilité d'un scénario romanesque à l'eau de rose. L'écriture est de qualité, fluide, les dialogues nous montrent bien le caractère des personnages, qui sont bien typés sur le plan psychologique. J'ai trouvé certains passages particulièrement beaux, comportant des images très poétiques.



Nous voici donc immergés à la Cour du Maître Chen Zuoqian et de ses quatre épouses, dans l'ordre Yuru, Zhuoyun, Meishan, et Songlian. L'auteur va nous raconter les intrigues, jalousies et rivalités entre ces femmes et leurs relations avec le Maître, sous l'angle du point de vue de Songlian.

Les autres épouses ont donné au Maître un ou deux enfants chacune, enfants qui sont aussi de la partie dans ces bisbilles, par leurs chamailleries, leur arrogance, mensonges ou indiscrétion. Si Yuru est un peu "défraîchie" et terne, Meishan est indomptable et fricote en douce avec le médecin de famille, et Zhuoyun qui pourrait bien être la plus épanouie et favorite, mais peut-être aussi la plus vénéneuse...

Notre héroïne est la plus jeune, 19 ans, et très belle. Mais l'auteur réussit à en faire un portrait très complexe et nuancé. Elle est pétrie de contradictions. Douce et rêveuse, pleurant facilement parfois...peut-être trop pour que ce soit sincère, quand elle semble se plaire assez vite à utiliser les armes de ses concurrentes : colère, bouderies, victimisation, cruauté...

Songlian s'ennuie, le Maître vieillit et rencontre quelques problèmes de virilité qui perturbent la vie sexuelle de ces femmes...et leur donne aussi une forme de pouvoir sur lui, qui malgré ses colères récurrentes ne tranche pas spécialement et dépend lui-même de ses dames. Songlian, elle, ne tarde pas à avoir de multiples problèmes psychologiques à régler : si elle est censée donner un enfant au Maître, elle a aussi au fond d'elle ce rêve de devenir mère, rêve qu'elle sent s'éloigner...à moins que le fils de Yuru, Feipu, qui est davantage de sa génération, ne provoque en elle quelques émois...

Mais l'environnement est décidément redoutable, entre sa servante Yan'Er qui ne l'aime pas et veut manifestement sa mort, et cet inquiétant puits dans les jardins du Palais dont on dit qu'il a vu des concubines y être noyées des années auparavant...faute d'être restées fidèles au vieux Maître. Songlian ne tarde pas à avoir des angoisses et mélancolies...



Un roman qui se lit avec un réel plaisir et nous fait découvrir le sort de la femme chinoise, finalement pas si différent des cours royales européennes, à ceci près que ces moeurs étaient encore en usage il n'y a finalement pas si longtemps !

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Epouses et concubines

Lorsque son père ruiné se suicide, Songlian, étudiante de 19 ans, n'a que deux choix possibles pour s'en sortir : travailler ou se marier. Sans doute aurait-elle mieux fait de travailler mais Songlian préfère se marier avec un homme riche. Bien sûr, son statut ne lui permet pas d'espérer mieux qu'un titre de "petite" épouse, autrement dit de concubine. Elle devient donc la Quatrième Epouse de Chen Zuoquian.



En entrant dans le cercle très fermé de cette famille, Songlian découvre les intrigues de pouvoir auxquelles se livrent sans cesse les trois autres concubines pour s'assurer la préférence du maître. Favorite de Chen Zuoquian et confinée dans son pavillon, elle ne peut échapper à la malveillance insidieuse de sa servante et des concubines. Pour échapper à cette atmosphère aliénante, la jeune fille se réfugie dans un jardin abandonné où une tonnelle de glycine dissimule un puits mystérieux. Mais les concubines évoquent des rumeurs effrayantes au sujet de ce puits...



A la fois déprimée et perturbée par les agissements des autres épouses, Songlian commet quelques maladresses qui lui valent la colère de son maître. Ce dernier finit par lui préférer une autre des concubines. Perdant ses repères, rongée par l'ennui, Songlian cède à la cruauté et s'en prend à sa servante. Mais comme le découvrira malheureusement Songlian, le sort des concubines n'est guère plus enviable que celui des servantes qui sont esclaves au service de la famille.



Je suis souvent déçue par un roman quand je le lis après en avoir vu une bonne adaptation cinématographique. Mais là, pas du tout, le film de Zhang Yimou est plutôt fidèle au roman et on retrouve dans les deux oeuvres la même atmosphère oppressante, cruelle et inquiétante qui enveloppe Songlian et l'entraîne doucement vers les rivages de la folie.



Une jolie découverte qui m'a donné envie de lire un autre roman de Su Tong.



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Epouses et concubines

Terribles conditions que celles des femmes chinoises au début du 20eme siècle. Su Tong nous montre que même au sein des familles riches, elles doivent être serviles. "Épouses et concubines" est au pluriel parce que la polygamie se pratique dans la famille de Chen Zuoqian. D'ailleurs, s'il s'agit d'épouses, il n'y a pas de mari mais un maître auquel il faut se soumettre.

L'histoire est celle de Songlian, jeune fille de dix-neuf ans qui devient la 4ème épouse de Chen Zuoqian de trente ans son aîné. Elle le devient par obligation puisqu'elle n'a plus les moyens de poursuivre ses études après la mort de son père. Les quatre femmes se retrouvent en concurrence et la plus sournoise n'est pas celle qui fait le moins de sourires.

Même si ce n'est pas le nom utilisé, elle devient esclave de cette famille puisqu'elle doit vivre dans le pavillon qui lui est attribué pour rester à la disposition du maître. Son seul loisir est d'aller se promener dans le jardin où elle découvre un puits maudit qui va la hanter.

C'est une histoire poignante, celle d'une jeune femme brisée par des règles féodales. J'aurais juste aimé une Songlian soit un peu plus combative voire solidaire pour éviter de sombrer.





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Challenge Riquiqui 2021

Challenge Cœur d'artichaut 2021

Challenge XXème siècle 2021

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Epouses et concubines

Ce roman a été traduit en France en 1992 et l'adaptation qu'en fit le réalisateur Zhang Yimou contribua à faire connaître cet exceptionnel écrivain se distingant ici par son approche "néoréaliste" d'une société impériale aux moeurs évidemment machistes et absurdement tyranniques ; on admirera la subtilité jamais démentie dans la description des affres de cette demi-douzaine de personnages vivant tous ici "en vase clos", comme ce lyrisme paisible du ton, associé à une extrême sobriété de la langue employée par l'auteur, à la fois percutante et sans aucun effet... L'écriture de Su Tong est à la fois extrêmement picturale et hypersensible. On imagine bien que l'oeuvre de ce romancier, né en 1963 à Suzhou, ne demande qu'à être universellement et intégralement connue...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Le dit du loriot

Dans un petit village de la Chine des années 80, trois adolescents, Baorun, Liu Sheng et Princesse se rencontrent. Princesse, est une petite orpheline qui a été recueillie par le jardinier de l'hôpital psychiatrique. Liu Sheng est un séducteur qui a un certain pouvoir sur les deux autres car sa famille a acquis une relative prospérité. Baorun vit dans la pauvreté avec ses parents et Grand-père.

Mais voilà que Grand-père commence à perdre la tête (il "perd son âme") et se met à creuser des trous partout au pied des arbres, à la recherche d'une lampe qui contiendrait d'après ses dires un véritable trésor, c'est-à-dire deux os ayant appartenu à ses ancêtres qu'il lui faut honorer d'urgence, s'il veut retrouver sa raison. Les parents de Baorun décident de le placer à l'asile, où il commet tant de bêtises que la famille décide de mettre en place une surveillance étroite. C'est finalement Baorun qui s'en charge. Il devient un expert dans l'art d'attacher son grand-père sans lui faire mal, pour éviter qu'il ne s'enfuit de l'asile d'une part, mais aussi de creuser partout ce qui l'épuise, et coûte très cher à la famille qui doit à chaque fois payer les dégâts ainsi occasionnés.

Ses deux amis viennent lui prêter mains fortes.

Les trois jeunes gens se disputent en permanence. Princesse est l'objet de toutes les attentions des garçons qui sont tous deux tombés amoureux de cette jeune fille coléreuse et injuste.

Ils vont saborder par leur maladresse toutes leurs chances...

Mais un soir tout bascule car les garçons commettent l'irréparable : ils violentent la jeune fille. Un des deux devra payer...ce sera Baorun.

Nous les retrouverons dix ans plus tard !



C'est un roman que j'ai trouvé très difficile à aborder et dans lequel j'ai mis beaucoup de temps à entrer. La mise en place m'a paru longue, bien qu'on comprenne rapidement les liens qui unissent les personnages entre eux.

L'auteur situe son histoire dans les années 80, une période où la société chinoise est en pleine évolution puisque la Chine est en en route vers le capitalisme.

Il y a un mélange d'humour qui vire parfois au loufoque (surtout autour de la folie du grand-père), d'une certaine poésie que l'on retrouve chez les auteurs chinois et d'une dureté de propos qui peut choquer.

Le roman est divisé en trois parties, chacune mettant à l'honneur un des personnages mais les autres sont tout de même présents.



La condition de la femme est mise en avant, mais aussi la vie quotidienne de cette génération de jeunes qui vivent pour la première fois dans l'espoir d'une vie meilleure mais qui perdent peu à peu leurs repères et les valeurs ancestrales transmises depuis des générations. En fait, c'est une génération sacrifiée ou presque, car aucune amélioration de leur condition de vie n'est possible dans l'immédiat.

J'ai trouvé ce roman très long à lire, trop tortueux bien que très réaliste et je me suis souvent perdue dans sa lecture, tant il y a de digressions et de scènes qui n'apportent rien à l'histoire elle-même, ni à l'ambiance. Aucun des personnages ne m'a paru réellement sympathique, à part le grand-père qui reste finalement le plus humain de l'histoire.

J'ai cependant aimé les descriptions de la vie quotidienne dans la petite rue des Cédrèles, un quartier qui conserve encore les traditions ancestrales, un véritable refuge pour les différents personnages.



C'est donc une lecture à réserver à celles et ceux qui aiment la littérature chinoise...
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Epouses et concubines

L'écrivain chinois Su Tong restitue avec beaucoup de sensibilité le monde clos des cours, monde de femmes, entre épouse et concubines.

La jeune Songlian, acculée par la faillite de son père, se voit contrainte d'épouser un riche commerçant cinquantenaire. Elle devient la 4ème épouse.



Ayant fait des études, Songlian rejette tout d'abord les intrigues incessantes des autres femmes. Pourtant elle s'y retrouve plongée malgré elle. Jusqu'à sombrer dans la folie à la vision d'un événement tragique.



Bien que très court, le roman offre une grande richesse. La concision du texte n'est là que pour renforcer l'importance des non-dits. On découvre également la condition de la femme dans cette Chine des années 20, qu'elle soit épouse, concubine ou esclave. Pour les deux premières catégories, pas de reconnaissance sans la venue au monde d'un fils. Les femmes sont, aux yeux de l'époux, des biens interchangeables, au gré de ses caprices. Ce qu'il laisse sous-entendre au-travers de sa "collection": la chanteuse d'opéra, la jeune fille intellectuelle... autant de moyens de varier ses plaisirs.
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Epouses et concubines

Que peut devenir une femme dans la Chine des années 20 quand sa famille est ruinée, rien à part se marier. Seulement pour Songliang, il n'y a qu'une place de 4ème épouse d'un homme de 50 ans. Pour elle, commence alors une vie confinée dans un des pavillons de la demeure familiale, avec pour seul but plaire au maitre car c'est le seul moyen d'assurer sa position. Elle n'est que concubine, quasiment une prostituée, et tant qu'elle n'aura pas d'enfant du maitre, elle n'a aucun statut légitime. Commence alors un jeu d'intrigue entre les épouses pour s'attirer les faveurs du maître mais aussi pour attirer la disgrâce sur ses rivales.Pour les femmes et les servantes de la famille, tous les moyens sont bons, mensonges, envoutements et délations. De plus un mystérieux puits attire Songliang qui commence à voir des fantômes. Au milieu de cela Songliang se noue d'une amitié équivoque pour le fils ainé de son mari, qui lui est effrayé par les femmes et très lié à son ami d'enfance.

La solitude de Songliang et le destin tragique de la troisième épouse, surprise en plein adultère et jetée dans le puits auront raison de sa santé mentale.

En quelques mois la jeune étudiante pleine de vie est devenue une femme brisée par le poids des conventions et de la tradition.

Le sort de ces femmes parait bien résumé par la conclusion: le maître se rends compte que Songliang n'est plus celle qu'elle a été, elle est désormais une ex-épouse qui erre dans la maison et les jardins, et il prend une nouvelle épouse... comme on prendrait un nouvel animal de compagnie.
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Le dit du loriot

Les veines du burlesque et du pittoresque se retrouvent dans de nombreux romans chinois contemporains, entre autres dans ceux de Mo Yan et de Yu Hua, pour ne citer que deux représentants émérites. Su Tong se situe un peu à part, notamment dans son livre le plus célèbre, Epouses et concubines. Cependant, Le dit du loriot pourrait presque se rattacher au style évoqué plus haut : l'intrigue est en effet sinueuse et l'auteur nous gratifie de scènes parfois loufoques ou grotesques (évitons le terme surréaliste mis à toutes les sauces) avec une certaine verdeur pour ne pas dire crudité dans ses moments les plus "relâchés". En gros, le thème apparent est celui de la relation entre une fille et deux garçons, ces deux derniers ayant violenté la première et le moins coupable l'ayant payé en purgeant une peine de prison de 10 ans. Le dit du loriot est scindé en trois parties, chacune d'entre elles s'attachant plus particulièrement à l'un de ces personnages tout en précisant que les deux autres larrons ne sont jamais très loin. Portrait générationnel de la Chine de l'ère capitaliste ? Oui, dans un certain sens, Su Tong insistant sur l'absence de moralité et la perte d'un certain nombre de valeurs ancestrales. Pour ajouter au tableau, l'autre figure importante du roman est "Grand-père", lequel, pauvre de lui, a perdu son "esprit", littéralement s'entend, et le recherche partout sans succès. Si l'intrigue générale est assez tortueuse et les digressions abondantes, les pages les plus réussies du livre concernent la vie dans une rue d'une petite ville provinciale où le poids de la rumeur et des réputations reste de première importance alors que, peu à peu, les nouveaux riches font leur apparition. Aucun des protagonistes de Le dit du loriot n'est à proprement parler sympathique, ils semblent plus ou moins perdus dans une société en évolution rapide qui gomme tous les repères. Le livre étire parfois trop sa trame narrative mais séduit en grande partie par sa vivacité et son alliance de réalisme et de fantaisie.
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Epouses et concubines

Qiqie Chengqun


Traduction : Anne Au Yeung & Françoise Lemoine





Ce roman réjouira avant tout les amateurs de textes courts. Il dépasse en effet de très peu les cent-vingt pages. Mais attention : sous un style faussement dépouillé, se dissimulent bien des chausse-trappes, des non-dits et des silences qui laissent libre cours à l'imagination du lecteur.


Nous est racontée l'histoire de Songlian qui, à dix-neuf ans, se voit contrainte d'abandonner ses études universitaires pour épouser un riche quinquagénaire, Chen Zuoqian. Nous sommes dans la Chine des années vingt et les concubines sont encore à l'honneur. D'ailleurs, c'est en qualité de quatrième épouse que Songlian fait son entrée chez les Chen.


Elle est appelée à co-habiter avec trois autres épouses : Yuru, l'aînée, qui a la responsabilité pleine et entière de la maisonnée ; Zhuoyun, tout sucre, tout miel et l'altière Meishan, ancienne chanteuse d'opéra. Peu à peu, les rivalités, les sympathies et les antipathies vont se révéler, enfler ... avant un dénouement aussi tragique que celui du film.


Un texte purement asiatique, c'est-à-dire qu'il nécessite peut-être un effort de la part du lecteur occidental désireux d'en saisir toute la réelle profondeur. ;o)
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Epouses et concubines

Ayant beaucoup aimé l'adaptation faite par Zhang Yimou, j'avais très envie de découvrir le roman à l'origine du film, d'autant plus qu'il est écrit par le talentueux Su Tong.



J'ai énormément apprécié le style de l'auteur, l'ambiance feutrée et quelque peu tendue qu'il a installée ainsi que sa virulente critique de la société ancienne chinoise, et notamment de la polygamie.



J'ai été extrêmement touchée par Song Lian, jeune fille brillante qui n'a eu d'autres choix que d'interrompre ses études à la mort de son père pour se marier et devenir la troisième concubine d'un homme riche. Nous découvrons dans ce roman son destin, son quotidien dans cet univers cruel de femmes où tous les coups semblent permis, surtout si cela permet d'avoir la préférence du mari commun. Il n'est possoble de faire confiance à personne et il semble difficile de tirer son épingle du jeu. L'auteur nous montre ici toute l'ingéniosité des femmes, utilisée malheureusement à mauvais escient, mais surtout la tristesse de leur sort. Elles ne sont vues que comme objets de décoration que l'homme utilisent selon son bon plaisir.



En un roman court, Su Tong a réussi avec brio à nouer une intrigue qui tient la route, à nous émouvoir par ce destin cruel et à nous indigner de ce système injuste qu'est la polygamie, le tout porté par une très belle plume.



*livre lu en VO*
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Epouses et concubines

Songlian, une jeune étudiante de 19 ans arrive dans la maison Chen comme quatrième épouse. Elle fait la connaissance avec les trois premières épouses Yuru, Zhuoyun et Meishan. Chacune des quatre épouses a un caractère bien particulier. La jalousie aidant, on assiste à des scènes terribles entre femmes.

Une histoire très dure sur le concubinage dans la Chine du début du XXème siècle. On voit comme il est dur de partager un homme entre plusieurs femmes. Celles-ci se disputent sans cesse ses faveurs et la vie en communauté en devient plus rude. On rencontre des scènes du même genre dans Jin Ping Mei même si elles sont moins tragiques. L’homosexualité aussi est abordée sans être vraiment nommée.

Une écriture simple, qui ne dit pas grand-chose et laisse transparaître beaucoup de choses par des brèves scènes. Un auteur que je n’hésiterai à relire !

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Epouses et concubines

L'adaptation sur grand écran d'Epouses et Concubines a été le film qui m'a fait plonger dans la culture chinoise. Je le revoie chaque année !



Il était donc impératif que je lise enfin l'oeuvre littéraire ! Et je n'ai pas été du tout déçue. J'ai vibré de la même manière que pendant le film. Je me suis retrouvée dans cette ambiance angoissante, dans cette bulle en-dehors du temps, un temps suspendu pendant quelques pages. Des pages d'une rare violence et sournoiserie.



Notre héroïne a un caractère bien trempée, on ne peut à 100% l'aimer mais elle est téméraire et elle sait ce qu'elle veut. Elle subit sa condition de femme, de concubine.



Un jeu morbide s'installe entre toutes les épouses, le jeu de celle qui obtiendra les faveurs du Maître et ce à n'importe quel prix, tous les moyens sont bons. Seul la fin compte. Une histoire de fantômes, de femmes qui se sont jetées dans un puit par déshonneur hante les lieux et attire inexplicablement Songlian...



Épouses et concubines nous offre un huit clos digne de certains thrillers où les traditions et certaines moeurs s'entrechoquent. Chaque page nous entraîne avec beaucoup de suspense vers la fin, une fin terrible...qu'il m'est arrivée de relire à voix haute..
Lien : https://www.labullederealita..
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À bicyclette

Les 33 nouvelles de ce court ouvrage renferment, chacune, une histoire, une anecdote.

Et cela parle de la Chine, avec ses règles communistes, et d'individus qui ont en commun la simplicité de leur existence.

Il y est aussi beaucoup question de commerces, et de rapport à la vie quotidienne.

C'est pragmatique, parfois cru, mais néanmoins plein de poésie.

Chacune de ces nouvelles peut faire l'objet d'une lecture à haute voix.

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Je suis l'empereur de Chine

Empereur à l’âge de quatorze ans, Duanbai manque de maturité face à la charge de pouvoir qui lui incombe. Jeune et innocent, il devient un instrument malléable au profit de sa grand-mère Dame Huangfu et de sa mère Dame Meng. Ces concubines le manipulent aussi.

Dans ce roman on découvre les fastes et dérives de la cour impériale ainsi que les luttes de pouvoir au niveau des familles. L’empereur dispose de tout pouvoir, peut exécuter ses sujets comme bon lui semble mais en même temps, il est enfermé dans sa prison doré, sous le joug des traditions, des coutumes et du code de bienséance.

Je frissonne d’horreur devant certaines pratiques ignobles de l’époque comme les concubines contraintes de se suicider lorsque l’empereur meurt afin d’être enterrée avec lui. Même schéma pour les servantes attachées à une maîtresse. Ou bien les enfants vendus par leurs parents pour survivre. Ou les garçons castrés pour servir d’eunuques à la cour.

Mais, je suis assez déçue par ce roman. Le personnage principal est antipathique et évolue peu. Les évènements mettent du temps à s’enchaîner si bien que je me suis parfois ennuyée. La chronologie est un peu floue aussi.

J’ai trouvé le style d’écriture froid, plat, sans aucune sensibilité et poésie. L’auteur se contente de décrire les faits bruts.

Bon, c’est quand même un roman qui permet de découvrir les pratiques de la cour impériale chinoise donc à lire pour ceux qui seraient intéressés par le sujet.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Le dit du loriot

J'adore cette histoire pleine de rebondissements, d'anecdotes, de circonstances annexes, qui décrivent une Chine complexe, où la bureaucratie et la corruption coexistent avec l'enrichissement et la consommation, les commérages avec les superstitions. Ça commence par un grand-père qui a perdu l'esprit, et court après les esprits de ses ancêtres, que sa famille juge opportun d'expulser à l'asile, pour récupérer sa chambre et la louer. Belle scène de démantèlement du vieux lit ancien, en bois, fourgué à un antiquaire qui en retirera un bon prix.

Baorun, le petit-fils balourd, se voit dédié à la surveillance dudit grand-père, fugueur et creuseur invétéré, toujours en quête des mânes de ses ancêtres. Entrent en scène la petite fille mal élevée, Princesse, qui provoque l'attirance et le rejet, Liu Sheng, le copain malin qui arrange des combines, et la séance foireuse de patinage au Palais du Peuple, qui engendrera un processus fatal de vengeance, duperie, machination. On retrouve les protagonistes 10 ans plus tard, la petite peste est devenue une vraie salope, le petit malin un magouileur efficace, et le balourd l'est resté.

Tout ça donne une peinture sociale très vivante, pleine de renseignements sur la vie des Chinois petits, moyens et grands, embarqués dans la course à l'enrichissement, où le pragmatisme et l'avidité, le mépris des valeurs ancestrales, coexistent avec un certain respect des codes et règles sociales (particulièrement dures aux femmes, qui deviennent des putes ou des épouses, et particulièrement dures aux pauvres, qui n'ont pas les moyens de corrompre quiconque). On en retient qu'il est difficile d'échapper à son destin, ou à la fatalité, ou à l'injustice du monde. On regarde disparaître le monde d'avant, un monde où le palais du peuple et sa patinoire représentaient un must en matière de distraction (la séquence sur le dresseur déchu et ses chevaux de cirque est émouvante). Et on se réjouit, parce que cette noirceur du monde est écrite avec humour et vivacité.



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À bicyclette

Que dit la quatrième de couverture d'A bicyclette, dernier ouvrage de l'écrivain chinois Su Tong, auteur, entre autres, d'Epouses et concubines ? "Ces nouvelles, bizarres et délicates, se situent toutes à la fin de la Révolution culturelle. Elles traduisent le choc entre la vieille Chine des dynasties disparues et le communisme puis l'économie actuelle du " tigre ". Eh bien, désolé, monsieur l'éditeur, mais ce ne sont pas des nouvelles et les récits ne sont pas politiques pour un yuan ! Voyons voir de plus près : A bicyclette, qui n'est pas une auto-biographie non plus, évoque les souvenirs d'enfance de Su Tong dans la ville de Suzhou, dans de courts chapitres qui dépassent rarement 3 pages. L'écrivain esquisse ainsi l'ambiance d'une époque, juste après la Révolution culturelle, à travers des portraits de commerçants et de petites histoires vraies, souvent incongrues, au point de se rapprocher parfois de la fiction. Nostalgie d'une ère révolue, au fort goût d'enfance, photographies jaunies par le temps qui semblent à des années lumière de la Chine d'aujourd'hui. Su Tong en profite pour se dévoiler, parler de son statut d'écrivain, exprimer une philosophie toute simple de l'existence. Un livre humble, tendre et amusant, qui éclaire sur la personnalité d'un romancier qui, malgré le succès, n'a pas oublié où sont ses racines.
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Epouses et concubines

J'ai beaucoup aimé ce court roman. Il se lit très facilement et très rapidement mais n'en reste pas moins un récit riche et délicat. Su Tong retranscrit magnifiquement le quotidien de ses femmes dont la destinée est d'attendre le bon vouloir de leur maître, dénonce les rigidités sociales et prend la défense des femmes, principales victimes d’un pouvoir masculin tout puissant.



Epouses et Concubines nous entraine dans la Chine d'avant la Révolution où la place de la femme ne peut que faire frémir. Je me suis aisément laissé porté par un étrange suspens (que va devenir Songlian ?) et la fin de l'histoire m'a donné quelques frissons dans le dos...
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Je suis l'empereur de Chine

Su Tong, auteur du célèbre épouse et concubine, nous propose encoire une fois de nous immerger dans le mode passionnant d'un empereur de Chine.

Duanbai est nommé à 14 ans empereur de Xie à la mort de son père. Surprotégé et déconnecté du réel, il commence son règne dans une posture d'enfant immature et cruel, où la vie de ses sujets ne représente rien pour lui. Les rênes du pouvoir son réellement tenus par sa mère et sa grand mère. Sa nomination au demeurant surprenante lui vaut nombre inimitiés notamment de ses frères. Il grandit au milieu de luttes de pouvoir entre royaumes mais aussi au sein même de sa maison et de son gynécée. Son destin, qui semble tout tracé, révelera pourtant nombre de rebondissement.

Su tong nous démontre encore une fois tout son talent pour nous décrire un monde où la magnificence ne cache pas pas toutes le turpitudes et trahisons de la maison d'un empereur de Chine. Le récit se fait du point de vue de Duanbai, ce qui nous permet de nous immerger complètement dans ce monde où les décisions de l'Empereur sont respectées quel que soit leur impensable impact. Ce personnage principal, insupportable et inconscient de la portée de son pouvoir, est au début du roman très antipathique. Enfant élevé comme centre du monde, ses décisions sont mues par son plaisir égoïste. Seule la presence de la mère douairière, permet au royaume de fonctionner. Confronté au fur et à mesure du délitement de son royaume, il devient au cours du récit moins coléreux et imprévisible pour être plus mature avec des qualités d'empathie. Son parcours est surprenant mais je n'en raconterais pas plus pour ne pas spoiler l'intrigue.

Le style est efficace, très facile à lire, restituant parfaitement l'évolution du garçon: très simple au début du roman, l’écriture se fait de plus en plus subtile et profonde. Même si ce roman n'est pas aussi prenant qu' Epouses et concubines, il permet d'apprécier toute les qualités de l'auteur.
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Je suis un écrivain, un diplomate et homme politique camerounais, né le 14 septembre 1929 à Ngoulemakong, près de Ebolowa (Cameroun) et mort le 10 juin 2010 à Yaoundé à l'âge de 80 ans. Je suis l'auteur des livres : Une vie de boy et Le vieux nègre et la médaille, publiés en 1956.

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