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Critiques de Sunand Tryambak Joshi (25)
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Les chroniques de Cthulhu

Cette anthologie est le premier tome d'une série appelée "Black Wings of Cthulhu" en VO, où Sunand Tryambak Joshi spécialiste mondial des univers lovecraftiens réunit des « contes d'horreur lovecraftiens », qui je suis obligé de le signaler tiennent plus du panorama de l'horreur contemporaine que de l'hommage à l'homme qui a révolutionné le genre horrifique au XXe siècle.

Je ne suis pas très nouvelles à la base et il y a forcément à boire et à manger dans un recueil, mais je trouve quand même dommage que l'immense majorité d'entre elles soient écrites à la première personne, car c'est lassant à la longue d'enchaîner autant de jeux autour du je... Après je ne suis pas d'accord avec l'anthologiste qui en tant qu'auteur a une vision linéaire du genre alors que les lecteurs en on une vision spiralaire : on pose toujours les mêmes questions, mais on y apporte des réponses différentes avec le temps et l'expérience... Oui il faut s'adapter à son temps et traiter de préoccupations de notre époque avec le langage de notre époque, mais tout ne qui appartient au passé n'est pas forcément dépassé et à oublier ! (surtout avec le genre fantastico-horrifique qui est très primal : les fantômes, les lycanthropes, les vampires, les serial-killers et les animaux tueurs ne sont pas has been quand ils ne sont pas maltraités par des tâcherons sans imagination, car c'est les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures ^^)





Caitlin R. Kiernan, "L'Autre Modèle de Pickman (1929)" :

Les jeux littéraires postmodernes m'ont fait peur au début (avant de me faire rire ^^), mais on transpose joliment la nouvelle d'origine du monde de la peinture au monde du cinéma, de tellement bonne manière d'ailleurs que relier ce récit à celui du Maître de Providence n'était pas nécessaire. C'est simple, c'est efficace, on est bien dans le sujet et ici c'est une bonne idée d'avoir commencer le recueil par cette nouvelle bien stylée. L'auteure a vraiment du talent, il faudra donc que croise ses écrits à nouveau...





Donald R. Burleson, "Rêves de Désert" :

De nos jours un jeune homme de Providence fait des rêves de désert, et en décrivant ses visions au professeur Armijo il parvient à identifier les paysages de l'Arizona. Il part en pèlerinage sur le lieu des ses visions, et parvient de justesse à échapper à la gueule grand ouverte d'une horreur cosmique...

Une véritable nouvelle lovecraftienne, mais tellement proche de l'originale qu'elle ne parvient pas trop à dépasser le stade du pastiche. Mais bon heureusement qu'elle est là pour la caution du Maître de Providence, parce que c'est loin d'être le cas de toutes les nouvelles de ce recueil...





Joseph S. Pulver, Sr, "Marques" :

Le convoyeur dénommé Johnny doit amener un mystérieux colis à son employeur M. Phoenix, sauf que celui-ci pratique la magie noire, qu'il est prophète des Grands Anciens et que les astres sont propices. On est dans le style hard-boiled assez cool, et on n'est pas très loin d'une version courte et grimdark d'"Angel Heart" ^^





Michael Shea, "Deal de calmar" :

Entre délinquance et délabrement urbain à San Francisco, on suit les élucubrations du petit voyou Andre qui a besoin d'argent payé au prix du sang et d'un « témoin » pour son « élévation ». Intrigué par sa folie, le caissier Ricky Deuce l'accompagne pour jouer le rôle de témoin et découvre ainsi l'univers des Grands Anciens.... Désormais convaincu des mystères du cosmos, il décide de suivre le même chemin et part à la recherche des mêmes ingrédients que le barjot Andre qui n'est plus humain ou qui n'est plus vivant… le ton est plutôt léger avant les révélations horrifiques, et cette nouvelle est plus proche des univers de Clive Barker que de ceux de Lovecraft...





Sam Gafford, "Esprit de passage" :

Michael a un tumeur au cerveau, les hallucinations se multiplient et Lovecraft et ses créations se mettent à intervenir dans sa vie et à interagir avec lui. Si le sujet n'était pas si terrible, je dirais que l'écriture est très drôle car l'auteur multiplie références à la pop culture et critiques au vitriol de la société ultralibéral que nous subissons tous au quotidien (vous savez, celle au il faut avoir la santé car sinon il faut être riche pour être bien soigné : Monde de Merde !). de Lovecraft et de ses créatures rien ne fait peur à Michael, car l'horreur c'est le cancer qui est dans sa tête et qui le ronge physiquement et mentalement, et qui réduit son espérance de vie à quelques mois qu'il passera dans la douleur : c'est ainsi que nous suivons sa fin de vie et son grand saut vers l'oubli..





Laird Barron, "Le Broadsword" :

Un joyeux mélange de Stephen King, Clive Barker et Graham Masterton. le manoir hanté version société de consommation où les jeunes vandales qui pourrissent la vie des pensionnaires s'avèrent être des vampires psychiques interdimensionnels... Il se passent de drôle de choses, les résidents ne cessent de les signaler aux autorités qui en ont rien à secouer, pour certains c'est forcément un coup du gouvernement et on se met à traquer caméras et micros tandis que le narrateur Pershing qui commence à dormir le jour pour veiller la nuit suscite de plus en plus l'inquiétude chez ses proches...

C'est barré, c'est baroque, plein d'humour noir et de critique de la société. Malheureusement l'auteur réalise en moins de 50 pages la synthèse de "Ça" et des "Tommyknockers" et donc la chute qui aurait pu être horriblement réussie est un peu confuse, car après être parti dans tous les sens il a bien fallu que le récit retombe sur ses pieds... J'aimerais bien savoir ce dont l'auteur est capable en roman !





William Browning Spencer, "Usurpation" :

On dirait un épisode d'"X-Files"... Brad et Meta voyagent sur une route déserte du côté d'El Paso, ils sont attaqués par un essaim de guêpe chelou et c'est l'accident... Aucune trace de piqûres et aucune trace desdits insectes, et le Fox Mulder local explique à Brad que cela arrive souvent dans le coin et que c'est la preuve de l'existence d'une colonie alien dans les montagnes. Meta comme Dana Scully guérit miraculeusement de son cancer, mais elle se met à avoir un comportement étrange. Quand elle disparaît, il est persuadé que les aliens l'ont enlevée et il se précipite vers le lieu signalé par le Fox Mulder local sauf que... SPOILER ! Sympa, mais cela ne vaut pas "Delta Green" ^^





David J. Schow, "Le livre de Denker" :

Denker connaît la fortune et la gloire avec une machine à miracles, sauf qu'il s'agit d'un charlatan puisqu'il n'y nulle science là-dedans mais le Necronomicon (qui n'est pas nommé d'ailleurs ^^). Une petite pochade à l'humour absurde que n'aurait pas renié ce bon vieux Terry Pratchett, qui permet de faire une pause bienvenue dans ce recueil fantastico-horrifique...





W.H. Pugmire, "Les Habitants de Wraithwood" :

Le jeune délinquant Hank est en cavale après avoir déconné une fois de plus, et il trouve asile dans un hôtel-bar clandestin du temps de la Prohibition (syndrome "Psychose" ? ^^). Sauf que le lieu tient de l'hôpital psychiatrique avec une ribambelle de cosplayers freaks qui de jour en jour ne recule devant rien pour ressembler aux détournements gothiques des tableaux de maîtres trônant dans leurs chambres... D'ailleurs celui de la chambre d'Hank est un tableau du tristement célèbre Richard Pickman... Une variation vénéneuse voire glauque du "Portait de Dorian" Gray, en compagnie des créations de Caspar David Friedrich, Léonard de Vinci, Füssli, John Everett Millais, Oskar Kokoschka, Gutav Klimt, le Titien, Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti, Goya...





Mollie L. Burleson, "Le Dôme" :

Au Nouveau-Mexique (encore ? Je sais bien que l'Etat ensoleillé est le lieu de villégiature de pléthore d'écrivains américains mais quand même hein), Tom est intrigué par la brocante abritée par le bâtiment dénommé le dôme où le propriétaire surveille constamment l'oeil au centre de la coupole... Un jour il pense voir à travers l'oeil un autre monde et une créature tentant de venir dans le notre, il crie et il s'enfuit... On ne retrouvera jamais le propriétaire... Mouais, c'est beaucoup succinct pour en tirer véritablement quelque chose !





Nicholas Royle, "Rotterdam" :

Un technicien est en repérage à Rotterdam pour adaptation de "Le Molosse" de Lovecraft. Son patron le retrouve se place, ils boivent beaucoup et apparemment il finit par le trucider. Avec sang froid il se débarrasse du corps, de l'arme du crime et des traces du délit : serial killer ou schizophrène ? Fin !

Une des nouvelles favorites de l'anthologiste semble-t-il, mais il n'y a rien de lovecraftien là-dedans et c'est un des récits les moins réussi du recueil : aussitôt lu aussitôt oublié !!!





Jonathan Thomas, "Tentante Providence" :

Justin un artiste de Providence qui a connu son petit succès avec ses photographies dénonçant l'agonie de la ville ville défigurée et mutilée par la gentrification qui multiplie les immeubles de bureau, les banques, les assurances et les boutiques de smartphones sans âme toutes tous interchangeables... Il a croisé une nuit le fantôme d'HPL, et tente désespérément de renouveler l'expérience en trouvant quels facteurs lui ont permis de se connecter avec les mânes du Maître de Providence... de fil en aiguille il se prend le chou avec son supérieur hiérarchique, le médiatique et carriériste professeur Palazzo, et lors d'une prise de bec ils tombent tous les deux dans un trou du monde : seul l'un d'entre eux échappera aux créatures qui l'habitent ^^

Il y avait de l'idée, mais la fin n'est pas très bien gérée (j'ai dû la relire plusieurs fois tellement j'avais l'impression qu'il manquait des pages pour suivre l'enchaînement des faits et leur résolution)





Darrell Schweitzer, "Hurlements dans la nuit" :

Transfiction postmoderne : on ne sait pas de qui ça parle et ce que cela raconte, pas de début, pas de fin et une écriture impressionniste... Apparemment on serait avec un individu perturbé qui aime l'obscurité et les créatures qui la peuple et qui lui parlent, il y aurait eu des actes de violence, il passe par l'Hôpital Psychiatrique et fait profil bas pendants des années avant que tout ne recommence et qu'il passe du côté de la nuit... A oublier voire à zapper !





Brian Stableford, "La Vérité sur Pickman" :

Le région reculée de l'Île de Wight, une vieille maison coloniale isolée du reste de la population, des tunnels sombres et humides, une ambiance vénéneuse digne de "Moonfleet" ou d'un Alfred Hitchcock de la bonne époque, et une masquerade c'est-à-dire une para-humanité cachée... On attend le twist thriller, on attend le chute horrifique et le sad end amenant le triomphe des forces de la nuit, mais la véritable horreur est bien plus intime que cela... Ah bravo Monsieur Brian Stableford ! On commence par passer à la moulinette tout l'héritage lovecraftien et on finit par amener l'horreur par là où on ne l'attendait pas... le professeur américain Thurber enquête sur le cas Pickman et la vague de folie qui frappa Boston dans les Années Folles, et il voyage jusqu'au trou perdu anglaise de où habite le dénommé le petit-fils de Silas Eliot pour lui racheter un tableau méconnu de l'artiste maudit qui était sans doute aussi inhumain que ces modèles. Ce dernier connaît la vérité, et il voudrait bien que le professeur ne l'apprenne pas et ne la dévoile pas au grand jour, car il a deviné est que le chercheur cherche un échantillon ADN de l'artiste dégénéré pour en démontrer l'inhumanité. Il y a donc de bons dialogues au chacun joue au chat et à la souris dans une parti de » je sais que tu sais que je sais que tu sais », sauf que...

L'auteur touche-à tout est exégète, anthologiste, éditeur, grand spécialiste de la littérature française et grand connaisseur de la Science-Fiction (il travaillerait en France, il serait sans doute chez ActuSF ! ^^)... C'est donc tout naturellement qu'il aborde le fantastique par l'angle scientifique : génétiques, allèles récessives, facteurs mutagènes, et en réfléchissant sur l'inné et l'acquis on aborde la question des folies collectives dans l'histoire (comme l'Affaire de Hautefaye, où le dénommé Alain Monéys a été lynché, brûlé et dévoré par les habitants du village le 16 août 1870 : que voilà un fait divers qui pourrait inspirer des émules français du Maître de Providence !). Dans tous les cas j'en aurais sacrément appris sur la syphilis et les toutes dernières théories sur cette sombre maladie...





Philip Haldeman, "Tunnels" :

Le jeune David fait de plus en plus souvent d'horribles rêves de créatures fouisseuses remontant vers la surface, au point d'hésiter à descendre en dessous du troisième étage de son immeuble... Pour son grand-père c'est le signe qu'Ils les ont retrouvé, et que les astres Leur seront bientôt propices, pour ses parents tout cela n'est que fantasques élucubrations... Mais Murphy sait : des immigrants exploités, des ouvriers souvent en danger sur les chantiers du métro new-yorkais, et au coeur des ténèbres l'horrible rencontre avec des vers géants télépathes... Pour se protéger les survivants se sont regroupés, mais Ils ont remonté leur piste et que faire face à un tremblement de terre localisé à leur seul immeuble ?

Un récit peut-être plus proche du Brian Lumley lovecraftien que que Lovecraft lui-même, mais un non récit quand même !





"La correspondance de Cameron Thaddeus Nash, Annotations de Ramsey Campbell" :

Le spécialiste de Lovecraft invente le personnage fictif de Cameron Thaddeus Nash, fanboy de Lovecraft qui passe de lettre en lettre l'admiration absolue à l'exécration absolue envers son idole... Complètement parano il est développe un délire de persécution, persuadé qu'il est un génie de la littérature fantastique et que tout le monde veut le plagier et/ou l'empêcher d'être publié car le reste de la production souffrirait trop de la comparaison. Il est aussi victime du la peste élitiste, et il finit par être persuadé également que le monde ne le mérite, car il ne fait pas de la littérature de l'imaginaire mais de la littérature du réel... A ce stade de son délire il se transforme en « reclus de Providence » tel que certains imaginait Lovecraft, et persuader que tout le mythe que ce dernier a inventé est la réalité : il décrit ses voyages psychiques à travers l'univers infini, ses rencontres et ses conversations avec des créatures cosmiques inconnues des humains et la manière donc celles-ci le transforme peu à peu en quelque chose d'autre...

C'est truffé de références, relevant parfois de l'érudition voire de l'exégèse, mais la fausse note du canular vient que la manière de s'exprimer de Cameron Thaddeus Nash est beaucoup trop moderne pour appartenir aux Années Folles ^^





Michael Cisco, "Violence est fille de confiance" :

Transfiction postmoderne : on ne sait pas de qui ça parle et ce que cela raconte, pas de début, pas de fin et une écriture impressionniste... Apparemment on serait avec des cultistes rednecks avec une ambiance de torture porn, donc on serait dans un massacre à la tronçonneuse lovecraftien vu du côté des bourreaux... A oublier voire à zapper !





Norman Partridge, "Démons mineurs" :

Très bonne nouvelle où se télescope les univers de Lovecraft et de Frank Miller (remember "Sin City" ^^). Les astres ont été propices et des créatures de cauchemar déboulent de tout partout en même temps : le shérif John Dalton et son adjoint Roy Barnes doivent faire face à l'apocalypse et se transforment en chasseurs d'horreur... Roy pense qu'il y a un lien entre ce qu'il se passe et les vieux livres qu'il ont trouvé dans le coffre d'un étrange suspect décédé le jour où tout a commencé, quand un monstre sorti d'on ne sait où s'est mis à dévorer les ouvriers d'un chantier. Roy est tout près de la vérité, mais John en a rien à secouer, et quand les militaires commencerons à tout nettoyer il se gardera bien de leur révéler ce qu'ils sait... On reprend pas mal de codes de l'apocalypse zombie à la George A. Romero, mais ici les morts-vivants sont remplacés par les créatures du mythe : ça ferait un bon film !





Adam Niswander, "Histoire surnaturelle" :

On dirait un épisode des "Contes de la crypte" et on suit la transformation en protoplasme pensant de l'employé de bureau dénommé Thompson, racontée de l'intérieur par la narration à la première personne. Original certes, mais pas génial pour autant.





Michael Marshall Smith, "Substitution" :

Une transfiction veggan ? Le narrateur surveillé par sa femme Helen un bobo banlieusard adepte du mourir en bonne santé : on mange bio et light, donc pas de sucre, pas de sel, pas de gras, 5 fruits et légumes par jour et surtout pas de viandes empoisonnées par les toxines (mais il s'enfile en cachette de sa femme des sandwichs au corned beef et au raifort ^^). Bien sûr il se fait livrer toutes ses courses à domicile parce que le temps c'est de l'argent (et puis c'est aussi à la mode dans sa classe sociale de commander en ligne sur son blackberry, on ne pas va quand même pas se déplacer et devoir côtoyer les classes nombreuses donc dangereuses ?). Un jour il y a substitution dans les commandes avec arrivée surprise de steaks juteux et charcuterie italienne, et le mari se met martel en tête de découvrir avec qui les commande ont été interverties... Après avoir découvert qu'il s'agissait d'une femme célibataire, il se met à fantasmer sur elle avant d'agir en vrai stalker, sauf qu'à sa première séance de voyeurisme il découvre qu'elle mange de la viande crue... Effroi et horreur... Mdr on dirait un "Chair de poule" à la sauce Stephen King !





Jason Van Hollander, "Susie" :

La mère de Lovecraft est au sanatorium, elle se prend pour Shub-Niggurath (à moins qu'elle ne soit le vaisseau de Shub-Niggurath ^^) et pense à son fils, prophète des Grands Anciens qui doit attendre que les astres soit propices pour tous les délivrer de leur éternité... Il y a de l'idée, l'auteur ayant bien bourlingué dans le genre fantastico-horrifique mais la nouvelle est trop courte pour vraiment en tirer quelque chose... C'est dommage !





Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018
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Je suis Providence, tome 1

Je viens d'acheter ce livre et je ne l'ai pas encore lu.

Pourquoi chroniquer un livre sans l'avoir lu me demanderez-vous ?

Pour vous livrer cette petite réflexion personnelle :



Quand ce livre a été proposé à la souscription via une page Facebook, j'ai été aussitôt intéressé, mais je me suis dis que je pouvais attendre que le livre paraisse…



Quand il a été mis en vente et que je l'ai feuilleté en librairie, je me suis dis : "Qu'est-ce que c'est que ce pavé indigeste et mal fichu !?"



Voilà qu'enfin, parait (mars 2021) une édition semi-poche dans la collection "Hélios" des éditions actu-sf, à un prix raisonnable et surtout "Entièrement révisée", comprenez "débarrassée de ses nombreuses coquilles".



Une leçon à tirer de ceci ?



Oui, en ce qui me concerne tout au moins, la patience est parfois payante…Une pensée pour celles et ceux qui ont payé plein tarif pour un livre disons...pas tout à fait prêt...

Pour le reste, je ne doute pas qu'il soit passionnant.
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Les chroniques de Cthulhu

Cthulhu rules !



Ce recueil, assemblé par un spécialiste lovecraftien S.T. Joshi est, en fait, le premier des cinq tomes de "Black Wings of Cthulhu" déjà sortis aux Etats-Unis.

La belle illustration de Loïc Muzy sur la couverture vient d'un chouette livre illustré "Cthulhu - Créatures du mythe" - il manque seulement la toute petite silhouette de l'Empire State Building à côté - pour comparer la taille...

Eh oui, Cthulhu est grand; et ses tentacules s'incrustent bien dans le fantastique moderne.



Pourquoi même les auteurs "sérieux", comme Borges, deviennent fans de Lovecraft ? Peut-être parce que malgré lui, et malgré la piètre opinion qu'il avait de ses propres récits, Lovecraft a réussi à créer ce qu'on appelle "un mythe fondateur". Un mythe basé sur la supposition que l'humanité n'est pas seule, que les forces cosmiques infiniment plus puissantes sont tapies dans l'ombre. L'humanité ? Elles s'en fichent ! Elles étaient là bien avant !



Lovecraft n'était pas un super écrivain, mais il a clairement apposé sa marque. Vous reconnaissez "l'horreur lovecraftienne" dès que vous tombez dessus.

Mais "lovecraftien n'est pas Lovecraft. Derleth, Bloch ou Leiber ne sont pas Lovecraft; les auteurs des histoires dans le présent recueil non plus, et pourtant...

Ils s'accommodent bien aux processus de l'horreur cosmique, ils ne créent pas de pastiche - ils le modernisent ! On sort enfin de la Nouvelle Angleterre. Deux éléments qui manquent complètement chez Lovecraft, à savoir l'humour et la présence féminine, sont bien là.

le recueil a ses hauts et ses bas; mais c'est tellement subjectif... nous ne cherchons pas tous les mêmes "frissons".

Il y a les histoires "graphiques" et les histoires "cérébrales"; et chaque admirateur de "maître" doit y trouver son bonheur.



Alors, ces histoires ?

Un coup de coeur absolu pour le vétéran de l'horreur R. Campbell et "La correspondance de C.T. Nash". Non seulement il sait de quoi il parle, il nous sert une histoire hilarante (et imprévisible) qui monte crescendo tout en respectant scrupuleusement les trames lovecraftiennes.

Viennent ensuite "Broadsword" et "Les habitants de Wraithwood", dans un style plutôt classique et bien mené.

"Démons mineurs", pour son côté visuel dans le style "walking-dead-post-apocalypse".

"Substitution", qui fait plus penser à Graham Masterton. Les mecs, ne fantasmez pas sur les femmes dont vous ne savez strictement rien, ça peut dérailler...

"Rêves de désert" - peut-être la plus "lovecraftienne". le très peu qui s'y passe nous mène vers la fin où il ne se passe rien, mais c'est écrit de telle façon qu'on a l'impression qu'il se passe quand-même quelque chose.

"Histoire surnaturelle" - plus "classique" que ça, tu meurs ! Par contre, imbattable après le couvre-feu en colo, si vous avez 8 - 10 ans...

...et tiens, il y en a une qui porte mon prénom ( et ce n'est pas Pickman...) - mais celle là, je suis passée complètement à côté.



Globalement c'est un recueil agréable, même si j'ai bien peur que sa sortie est imputable à la "vague lovecraftienne" qui envahit le marché depuis un certain temps. La popularisation du Grand Cthulhu ? "Les Vermis Mysteriis" de Prynne/Bloch enfin libérés de leurs mystères ? Chacun son "Nécronomicon" sur la table de chevet ?

Ben tiens !

On n'a pas forcément besoin d'être fan de Lovecraft pour apprécier ces histoires. Et il y en a de bonnes. Mais aucune, jusque là, n'a réussi à détrôner mon "number one ever" qui reste "Call him Demon" de Henry Kuttner.

N'est ce pas, Pulpcraft ?



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Je suis Providence, tome 1

Je mets tout juste la moyenne et encore je suis gentil.

Ces deux ouvrages sont encensés par des méga-fans, les blogueurs en service presse et les amis d'ActuSF (c'est un tout petit milieux, tout ça, en vrai), totalement acquis à la cause, c'est normal, cette somme était très attendue. C'est effectivement une référence mondiale, et on y apprend pleins de trucs, peut-être même trop, mais libre au lecteur de lire en travers certaines pages trop pointilleuses. Là n'est pas le problème.

Ce qui justifie ma mauvaise note, c'est l'atroce et scandaleuse édition française. Il y a des centaines, je dis bien des centaines, de coquilles, fautes, et erreurs. Au moins une toutes les deux ou trois pages, bien lisible – et parfois même des très graves, comme des phrases avec des mots dans le désordre ! Mince, quoi ! Un éditeur qui sort un livre sans l'éditer, c'est fou… Et c'est sans parler de la maquette maladroite (l'espace entre le texte et le trait de séparation des notes qui change tout le temps, ça fait tellement amateur, même avec Word on fait une maquette plus propre et régulière), ou des incohérences éditoriales (dès le début, la préface nous parle d'un cahier photo… qui n'est pas dans cette édition française).

Alors, oui, on sait que cet ouvrage est dense, touffu, et une relecture professionnelle, c'est coûteux. Mais est-ce qu'il n'aurait pas fallu retarder la sortie de six mois, et les faire payer 10 € de plus chacun (après tout, ils ne sont pas très chers, pour une telle somme – peut-être parce que le papier et la reliure font vraiment très cheap, genre impression à la demande) et avoir quelque chose de propre ? Les deux volumes sont clairement sortis dans la précipitation, sans doute pour coïncider avec ce fameux "mois Lovecraft". La belle affaire, maintenant que tout le monde a oublié cet "évènement", mais que les livres pourris restent, eux.

Et les justifications du responsable, Christophe Thill, ne justifient pas qu'au final on se retrouve avec l'impression de lire un brouillon, et pas un livre de référence. Ou alors ils ont publié le mauvais manuscrit, je sais pas…

Même les couvertures semblent avoir été inversées (l'âge de HPL et la tranche ne correspondent pas)…
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Je suis Providence, tome 1

Le commentaire de Martine : COUP DE CŒUR!

Pour tous ceux et celles qui ont lu les textes de H.P. Lovecraft et qui ont aimé la noirceur de son âme, cette biographie peut être une bonne lecture afin de mieux comprendre l’homme qui a écrit des textes aussi noirs, fantastiques et horrifiques. C’est aussi intéressant comme lecture afin de découvrir la personne qui est si connue, pour toutes les personnes qui sont néophytes de la grandeur de l’œuvre de Lovecraft.

Cette biographie nous amène dans un périple au cœur de la vie personnelle et intime de H.P. Lovecraft, nous en apprenons beaucoup sur lui, mais aussi de l’entourage qui gravite autour de lui.

C’est un homme tourmenté, ayant des difficultés pour échanger avec les autres, c’est un homme hanté d’un besoin de solitude. H.P. Lovecraft a l’amour de la littérature avec ses propres influences comme Edgar Allan Poe, c’est de son amour pour cet auteur, que naît le désir de transmettre par écrit des réflexions intelligentes sur des sujets variés, et de composer des histoires de fictions qui feront découvrir aux lecteurs des sentiments de peur, de haine, d’oppression, etc.

Lors de ma lecture, j’ai aimé les analyses et les liens faits avec les écrits de Lovecraft, je pus aller relire certains de ces écrits puisque je possède une version originale et intégrale de toute l’œuvre de H.P. Lovecraft. C’est super-intéressant quand il nous est possible de relire ou lire un texte quand on en fait la mention ou l’analyse dans un document.

Cette biographie est très exhaustive et bien fournie, elle regorge d’informations minutieuses sur la vie de cet homme qui ne peut laisser personne indifférent même au XXIe siècle. Lovecraft est une référence dans la littérature fantastique, il est aussi une source d’inspiration à un bon nombre d’auteurs que j’aime lire, comme Stephen King, Maxime Chattam, Guillermo Del Toro, Clive Barker, John Carpenter et Neil Gaïman. Dans ce livre, S.T. Joshi nous retrace l’aspect historique, politique et social qui permet de bien se situer au cœur de la vie de l’époque du début du XXe siècle. S.T. Joshi nous partage, dès les premières pages, qu’il a travaillé vingt ans sur la biographie de Lovecraft, et lors de la lecture, on comprend bien pourquoi le biographe a mis autant d’années, car son livre comporte énormément d’informations, c’est un récit bien étoffé et bien travaillé.

Je vous invite à prendre le temps de connaître cet homme de la littérature qui a composé de beaux textes qui sont pour quelques-uns, libre de droits, vous pouvez les trouver sur des sites de livres soit numérique, soit audio sur l'internet. Pour l’œuvre de S.T. Joshi, Lovecraft. Je suis Providence, c’est mon coup de cœur flagrant pour la prestance intellectuelle de cet écrit qui me permet de m’intéresser encore plus à Howard Phillips Lovecraft.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Les chroniques de Cthulhu

Merci aux deux critiques précédents qui ont pris la peine de résumer et d'évaluer chaque nouvelle, l'une après l'autre, de ce recueil. Je me contenterai d'une remarque plus générale sur l'ensemble, qui est d'un niveau inférieur au médiocre, assez plat et ennuyeux. L'ennui a deux sources : d'abord, l'abus de la première personne (en soi, un narrateur à la première personne, dans le genre fantastique, est souvent une garantie d'efficacité) donne l'occasion aux auteurs de se livrer à de longs bavardages approximatifs qui ralentissement inutilement le rythme de l'histoire. L'ennui a une autre cause : comme il s'agit d'histoires lovecraftiennes, le danger est grand de tomber dans le pastiche du modèle ou le ressassement de choses connues. Je trouve remarquable ce phénomène littéraire des continuations, qui nous ramène au Moyen-Age et à ses merveilles littéraires ; mais pour continuer un auteur, ou pour adopter son univers, il faut un double talent : être un auteur original, apte à trouver sa propre voix, et être un lecteur capable de commenter et de jouer avec le texte originel qui lui sert de base. Ici, la plupart des noms réunis ne sont ni des auteurs intéressants, ni des lecteurs et des continuateurs habiles de Lovecraft. Quelques exceptions : Pulver, dont "Marques" est écrit en style presque supportable ; Shea, "Deal de calmar", qui réussit bien sa transition des bas-fonds (le social) au surnaturel ; Royle, intéressant pour son crime parfait et sa description de Rotterdam ; Partridge, dont les "Démons mineurs" a de la nervosité et du punch. Et enfin peut-être "Substitution" de M.M. Smith, pour sa caricature de la vie quotidienne du bobo à travers ses manies alimentaires. Les autres récits ne sont pas dépourvus de qualités, mais ils sont bien trop longs et verbeux.
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Je suis Providence, tome 1

Pour qui aime se plonger dans les recoins macabres des littératures de l'imaginaire, le nom de Lovecraft finit toujours par ressurgir.

Héritier d'Edgar Allan Poe à qui il voue une passion sans borne, le maître de providence s'inspire fortement de son mentor dans ses écrits, mais aussi dans sa manière d'envisager son existence ; se réclamant toujours d'une ère plus "romantique" que la sienne, une ère profondément inscrite dans son esprit.



Sunand Tryambak Joshi livre une œuvre colossale éditée en France aux Éditions ActuSF puis ici dans une version poche révisée de la collection Hélios des Indés de l'imaginaire (ActuSF, Mnémos et Les moutons électriques).





Voici donc le premier volume de cette biographie consacrée à Howard Phillips Lovecraft et je remercie grandement Babelio et le collectif des Indés de l'imaginaire pour m'avoir permis de découvrir ce livre.

l'univers de Lovecraft me fascine depuis déjà longtemps et voici l'occasion d'en savoir plus (beaucoup plus) sur un auteur qui m'émerveille autant qu'il m'inspire.



S.T. Joshi se sert de la prolifique correspondance de Lovecraft avec sa famille et ses amis pour retracer sa vie.

Une grande partie de celle-ci est complètement dédiée au journalisme amateur, et de nombreux extraits concernant cette période viennent enrichir l’œuvre.



Il faut passer une longue et fastidieuse (mais nécessaire) première partie traitant de la généalogie de l'écrivain pour embarquer dans sa jeunesse captivante où l'on découvre un enfant précoce, avide de connaissance dans les domaines scientifiques.

Sa personnalité forte et fière d'une aristocratie pourtant fanée l'amène très tôt à afficher une hauteur suffisante. Mais il faut dire que l'enfant a de nombreuses capacités intellectuelles qui le conduisent à écrire de la poésie en s'inspirant de nombreux auteurs du XVIII ème siècle.

Et c'est plus son abnégation que son talent (même s'il montre d'évidentes capacités) qui le maintient à écrire pendant sa jeunesse puis à fonder et collaborer à différents journaux amateurs.



De cette jeunesse, il gardera des amis fidèles et se fera aussi des ennemis.

Adoptant une position très critique envers les œuvres publiées dans les journaux auxquels il participe, Lovecraft s'affirme et se fait une place de plus en plus importante dans le petit monde du journalisme amateur.

Les extraits à propos des critiques et leurs réponses sont de véritables batailles entre lettrés défendant leur point de vue. Assez croustillants à suivre, les échanges en deviennent parfois pénibles devant l’exigence et l'entêtement de Lovecraft, allant souvent jusqu'à la provocation...



Mais son attachement pour une certaine vision de la poésie et de la prose, aussi obstiné soit-il, nous prouve aussi son amour indéfectible pour une époque qu'il souhaite à tout prix maintenir, ou plutôt ramener, alors que le monde qui l'entoure évolue à une vitesse sidérante.

À ce titre, sa découverte de l'auteur irlandais Lord Dunsany, le conforte dans cette idée que d'autres que lui nourrissent autant de nostalgie dans des époques fabuleuses aux croyances plus oniriques.



Sur fond de première guerre mondiale et devant son incapacité à défendre ses valeurs de manière active, en participant au conflit, le jeune Lovecraft a du mal à se placer dans la vie sociale autrement que par ses écrits.

Ayant perdu tôt son père, c'est sa mère et ses tantes qui l'entourent, et subviennent réellement à ses besoins. Sa relation particulière avec sa mère, pour cet enfant doué mais d'une certaine manière incapable, est relatée dans le livre par des interventions aussi touchantes que saugrenues dans lesquelles on se rend compte de la position d'enfant gâté de H. P. Lovecraft.





Il est assez perturbant de rentrer ainsi dans la vie d'une personnalité que l'on ne connaît que finalement très peu.

Le travail de S.T. Joshi permet une analyse profonde et contextuelle mais manquant parfois de matière (correspondances manquantes). Néanmoins, les détails sont légion et garnissent cette biographie de nombreux événements et anecdotes. Moi qui pensais survoler une bonne partie de cet ouvrage, j'ai la plupart du temps été captivé par ce qui y était relaté.

Et pas seulement par l'analyse des poésies ou des nouvelles mais aussi par la personnalité souvent détestable de cet homme. Son racisme démesuré, pour un homme aussi instruit, est assez hallucinant ; même avec le contexte de l'époque, c'est absolument abjecte et risible.



Vivant dans sa bulle constituée des épopées mythiques, de la grande époque de la Rome antique, de la prose de ses auteurs préférés, mais aussi de sa conception philosophique entretenue par ses croyances cosmiques, Lovecraft vit à jamais dans l'abîme d'un autre temps.

Ce qui ne l'empêchera pas de trouver l'amour, un seul amour. Bravo à Sonia H. Davis d'avoir su capter ce cœur si fermé malgré les difficultés que le couple a connu et le comportement solitaire de son mari.





Ce livre se ferme sur la période New-yorkaise de Lovecraft où l'on ressent un changement profond dans sa conception de la vie. Providence ne l'a jamais quitté, tels sa dévotion pour l'art, les Lettres et le cosmicisme ; mais quelque part, une certaine maturité longtemps refoulée semble poindre et s'emparer de son être à la dérive.



Parfois difficile à suivre, cette biographie n'en demeure pas moins exceptionnelle pour qui cherche à cerner un homme à la personnalité singulière et un auteur inévitable des lectures de l'imaginaire.

Félicitations à S.T. Joshi d'avoir compilé autant d'informations et de les avoir mises en forme pour nous présenter l'intimité d'un auteur indispensable.

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Je suis Providence, tome 1

Chaque chapitre est passionnant, et puis à partir de la rédaction des premières œuvres importantes (1919-1920), il devient impossible de lâcher ces volumes imposants. Une lecture essentielle pour les fans et les nouvellistes..
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Je suis Providence, tome 1

Je suis providence fut une lecture plus qu'intéressante ! Lovecraft étant un auteur à la personnalité complexe et nébuleuse, cette biographie m'a permis de mieux le cerner. L'auteur évoque aussi l'entourage de Lovecraft et ses influences littéraires. Ce livre est très complet (raconté de façon chronologique) et est sûrement la plus exhaustive qui existe. Le travail fournis par S.T Joshi est titanesque (il a mis 20 ans pour l'écrire).



L'ouvrage étant assez dense, je n'ai fait que rarement de longue session de lecture. Il vous demandera une certaine concentration mais cela en vaut la peine. Il est bien sûr plus pertinent d'avoir lu quelques livres de Lovecraft avant de se lancer dans sa biographie.



Aussi, il met en lumière la façon doit il a inspiré d'autres grands auteurs du 21ieme siècle. Il évoque également avec beaucoup de justesse la société dans laquelle a évolué Lovecraft et son impact sur son oeuvre, cela permet aux lecteurs d'abordé autrement ses ouvrages avec de nouvelles clés de lecture.





J'ai aimé le faite que l'auteur évoque aussi les aspects problématiques de l'oeuvre du papa de Cthulhu, Joshi n'hésite pas à donner son avis sur le sujet et à critiquer vivement certains points noirs.



Bref, une biographie à mettre entre les mains des plus grands fans comme des novices.
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Je suis Providence, tome 1



Saluons le travail colossal effectué par Christophe Thill et son équipe de traducteurs pour nous donner enfin la version française de Je Suis Lovecraft de S.T. Joshi (Actu SF 2019), reprenant le primo-texte de 1996 (cf 1996), avec de très utiles annotations fournissant la référence française (lorsqu’elle existe) des ouvrages ou documents cités par le biographe. J’avais lu ce document lors de sa parution aux USA et je l’ai repris avec beaucoup de plaisir en français. Cela se lit pratiquement comme un roman, et la vie de l’auteur est décortiquée avec tellement de minutie et de précisions que l’on suit pratiquement Lovecraft au jour le jour dans sa courte vie. Que Joshi soit un fan ne fait aucun doute, mais on est toujours surpris par le caractère acéré de sa plume, critiquant l’homme de Providence sur ses points faibles bien sûr (le racisme comme il se doit !), mais aussi sur beaucoup de ses textes dont il met en exergue les faiblesses (selon lui). Cela dit, j’ai beaucoup apprécié la dernière partie de l’étude, dans laquelle Joshi retrace ce qu’il s’est passé après la mort de Lovecraft, à savoir cette extraordinaire montée en puissance des éditions, des rééditions, des études, des pastiches, des produits dérivés (Art, films, musique, jeu de rôle), transformant le « Reclus » en une véritable icône de la culture contemporaine.



Quelques petits commentaires personnels sur le « héros » de ce pavé de près de 1400 pages :

° On est évidemment frappé par la précocité de l’auteur qui commence à manier la plume en vers et en prose dès l’âge de sept ans. Et de se lancer, à l’âge où on joue aux billes avec les copains, dans la publication de fanzines sur la science, l’astronomie ou… les chemins de fer.

° Le mythe du « Reclus » est un demi-mythe. Il est vrai qu’il a vécu jusqu’en 1914 dans un univers confiné, orchestré par sa mère et ses tantes, privé pour l’essentiel d’école et donc de relations sociales eu égard à sa mauvaise santé. Mais il sortira progressivement de ce cocon grâce à la découverte de la « Press Amateur » qui lui permettra de nouer de nombreux contacts (en adhérant à l’UAPA), et de prendre son envol en créant son propre « fanzine », The Conservative. C’est en 1921, année de la mort de sa mère, qu’il effectuera sa véritable mutation, comme s’il se libérait d’une chape de plomb…. Le nouveau Lovecraft partira à New York, se mariera (pour peu de temps) puis arpentera les États-Unis (et le Québec) à la rencontre de ses nombreux correspondants.

° On a beaucoup écrit sur Lovecraft et la nourriture, au point d’en sortir une caricature : des boîtes de conserve (notamment de chili con carne), des glaces et du café archi-sucré. Cela n’est pas faux, notamment lors de ses dernières années de « pauvreté » à Providence. Il est vrai aussi qu’il ne buvait pas d’alcool, ne fumait pas et avait en sainte horreur les produits de la mer. Au point de quitter la table lorsqu’un des ses amis avait commandé du poisson, pour aller manger un sandwich au bistrot d’en face. Mais il aimait les restaurants, et notamment un petit italien de Manhattan où il allait se régaler avec Sonia. Laquelle Sonia le gâtait avec ses petits plats qui lui valurent une crise pondérale ! On notera aussi sa faiblesse pour les banquets de Thanks Giving auxquels il était annuellement invité par ses amis. Et on découvrira, avec E.H. Price, sa rencontre avec le curry, d’autant plus apprécié qu’il était « super-hot ».

° Lovecraft et les femmes est un autre sujet incontournable ! Il a découvert avec horreur « les choses de la vie » dans un ouvrage d’anatomie, mais avouera avoir été perturbé par sa libido naissante à l’âge de la puberté. Joshi suppose un petit coup de cœur entre Lovecraft et une auteure amateure, Winifried Virginia Jackson, mais sans grandes preuves il est vrai. Le véritable mystère ce cet homme qui n’aimait pas le sexe sera son mariage surprise avec Sonia Greene. Une « affection intellectuelle » comme on le devine dans les mémoires de Sonia ? Il est à cet égard regrettable qu’elle n’ait point gardé sa correspondance avec l’auteur. En tout état de cause, et après le rapide fiasco de cette union, il ne sera plus question de femmes autres que ses tantes dans la vie de l’écrivain.

° Beaucoup pensent que Lovecraft était un auteur de fiction et en aucun cas un philosophe. Ce n’est pas le point de vue de Joshi qui consacre un chapitre assez dense à cet aspect de l’œuvre auquel il dédiera, du reste, l’un ces cinq tomes de ses Collected Essays (volume V, Hippocampus Press, 2006, 382 pages). On connaît tous les fondamentaux : matérialisme mécanique, athéisme, indifférentisme, mais aussi cosmicisme. L’homme n’est qu’une poussière négligeable dans un univers qui l’ignore. Mais ce qui trouble beaucoup de ses lecteurs, c’est l’arrière-plan occulte de nombre de ses fictions, reposant sur d’obscurs manuscrits ésotériques (authentiques ou inventés comme le Necronomicon) et d’inquiétantes créatures venues d’Ailleurs, quasi- divinités pour les uns, extraterrestres pour les autres. Le biographe balaye d’un trait de plume toute connotation ésotérique dans l’œuvre, citant par exemple l’un des correspondants de Lovecraft, William Lumley : « Comme de nombreux occultistes modernes, il était convaincu de la réalité du Mythe de Lovecraft. Le fait que Lovecraft et ses collègues affirmaient que tout cela n’était qu’invention ne le troublait pas le moins du monde… ». Je pense que l’ambiguïté qui plane sur ce sujet est la conséquence de la place qu’accorde l’auteur au rôle des rêves dans sa création littéraire. Il s’en est expliqué :

(Lettres à C.A.S du 17 octobre 1930 et à FBL du 27 février 1931, in Selected Letters). Ces deux documents, exhumés par John L. Steadman (cf 2015, H.P. Lovecraft and the Black Magical Tradition), sont d’une grande importance dans le cadre du débat inépuisable sur le « matérialisme ésotérique » de Lovecraft (Fritz Leiber, quant à lui, parle de « matérialisme surnaturel ! »). Lovecraft y explique que les humains n’ont qu’une connaissance limitée de la réalité et que ses visions cosmiques proviennent d’Ailleurs, plus précisément d’un « réservoir subconscient de visions ». Il est du reste très clair sur le sujet dans de nombreuses nouvelles. Ainsi dans Par-delà le mur du sommeil (1919) : Je me suis souvent demandé si la majeure partie des hommes ne prend jamais le temps de réfléchir à la signification formidable de certains rêves, et du monde obscur auquel ils appartiennent. Sans doute nos visions nocturnes ne sont-elles, pour la plupart, qu’un faible et imaginaire reflet de ce qui nous est arrivé à l’état de veille (n’en déplaise à Freud avec son symbolisme puéril) ; néanmoins, il en est d’autres dont le caractère irréel ne permet aucune interprétation banale, dont l’effet impressionnant et un peu inquiétant suggère la possibilité de brefs aperçus d’une sphère d’existence mentale tout aussi importante que la vie physique, et pourtant séparée d’elle par une barrière presque infranchissable.

Il existerait dans l’Univers des entités (entities or life-forms) capables de donner un véritable supplément à nos sens limités. Les Grands Anciens n’existent certes pas en l’état, et on s’est beaucoup mépris sur leur caractère divin. Mais ces formes sont plutôt de nature extrahumaine et ont inspiré la préhistoire de l’humanité. Encore une fois, il n’y a rien de « surnaturel » ici. Cela dit, il n’est pas surprenant que certains hommes cherchent à suivre le même chemin que lui pour découvrir les merveilles des autres architectures, paysages, géométries etc… Les expériences les plus gratifiantes sont celles visant à « recapturer » des fragments de souvenirs flottant dans le subconscient. Mais s’agit-il vraiment de souvenirs ? Le rêve s’appuie sur la réalité et l’expérience du rêveur, qui subissent maintes transformations, marque de fabrique de l’onirisme. Mais quid des visions de cités fantastiques, de murailles cyclopéennes, de sculptures improbables, de gravures étonnantes et d’écritures inconnues ? Voilà matière à un large débat qui pourrait rejoindre les intuitions développées par Lovecraft dans A travers les Portes de la Clef d’Argent (1932-33) sur l’Archétype Universel.

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Je suis Providence, tome 1



La vie de H. P. Lovecraft est racontée et commentée de manière documentée. S. T. Joshi procède de manière chronologique, en évoquant d’abord la période antérieure à la naissance de Lovecraft pour parler de sa généalogie, pour aller jusqu’à sa postérité. Il suit l’évolution de l’auteur, à la fois en tant qu’individu, penseur et auteur, ce qui lui permet de distinguer différentes « périodes » de l’auteur, mais aussi ses goûts et pratiques culturelles, comme sa fascination pour l’antiquité latine et le 18ème siècle britannique, son attitude de gentleman, son attrait pour les chats, son ascétisme (il mangeait très peu), mais aussi son asexualité et son manque total de romantisme, puisqu’il n’a littéralement jamais dit à Sonia Greene, à laquelle il a été marié, qu’il l’aimait, le fait qu’il condamne fermement la consommation d’alcool… Les causes de ces traits de caractère et son attitude sont examinées par S. T. Joshi et permettent de découvrir la personnalité de H. P. Lovecraft dans sa globalité, et d’observer comment celle-ci évolue au cours de sa vie.

C'est très trop exhaustif et mis à part les fans inconditionnels on peut sans problème passer à un e lecture transversale par moments. (ce premier tome fait 700 pages d'une écriture absolument miniscule...)Ceci dit c'est tout à fait i,téressant:

Je suis Providence est une biographie colossale sur un auteur qui l’est tout autant. S. T. Joshi documente avec précision et à partir de sources primaires la vie de H. P. Lovecraft, le Maître de Providence, en traitant de sa vie et de ses récits, tant dans leurs aspects les plus problématiques que dans la manière dont ils ont marqué les littératures de l’imaginaire, et la littérature tout court. La pensée de Lovecraft est également analysée par le biographe et mise en relation avec sa fiction, pour donner de nouvelles clés de lecture de son œuvre.

Le plus : Comme il l'explique dans son introduction l'auteur n'a pas hésité à prendre parti en faveur ou contre Lovecraft sur différents sujets philosophiques, littéraires ou personnels, envoyant aux orties l'idée de l'objectivité dans la biographie. Idée qui m'a toujours paru ridicule.Il exprime son avis objectif assez clairement pour que les lecteurs en désaccord avec lui puissent réfléchir et formuler leur propre conviction.
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Les chroniques de Cthulhu

Les Chroniques de Cthulhu, anthologie dirigée par S.T. Joshi, Bragelonne/Sans Détour, 2017.



80 ans après la disparition du Maître de Providence, la fiction néo-lovecraftienne continue d’affluer dans les rayons de nos bibliothèques. Le pastiche pur et dur à la Derleth a certes pratiquement disparu des étals pour faire place à des textes d’ambiance dont le lien avec Lovecraft n’est pas toujours évident. Et on restera sur sa faim en matière « d’horreur cosmique », touche rarement reprise avec succès par les continuateurs. Cela dit le recueil concocté par Joshi est agréable à lire et contient plusieurs petites perles comme cette correspondance imaginaire entre l’auteur et un écrivaillon anglais en mal de publication.



Cthulhu



Deal de Calmar de Michael Shea. Un petit texte atroce mettant en scène un vendeur d’alcools dans une boutique de nuit. Entre un grand black qui lui demande de l’argent pour conclure un pacte et le conduit dans un manoir isolé au sommet d’une colline. Un grand réservoir est attenant à la demeure dans lequel se trouve Cthulhu qui attend son heure.



Usurpation de William Browning Spencer. Brad Phelps rentre en voiture de El Paso, en compagnie de son épouse Meta, alors qu’un essaim de guêpes envahit l’habitacle. Il perd le contrôle de son véhicule et se réveille à l’hôpital, sérieusement blessé. Meta est indemne. Il reçoit la visite d’un certain Pr Michael Parkington qui lui explique qu’il a été victime d’une hallucination ; son corps du reste ne porte aucune trace de piqûre. Il ajoute que la région de Silo où s’est produit l’accident dissimule un grand mystère, et que ce type d’hallucination est fréquent chez les automobilistes qui la traversent. Il lui remet son ouvrage, Montagnes Hantées : l’Atlantide du Désert dans lequel il explique que l’Atlantide a sombré près de Silo. Il rentrera à Austin où il réside, en compagnie de son épouse qui reprend son travail de bibliothécaire. Suite à la disparition de cette dernière – disparition produit de son imagination -, il retournera à Silo où un indigène local le conduit au sommet d’une montagne au pied de laquelle se trouve un grand lac. Et d’avoir la révélation : « Il est là ». Follement pressé d’embrasser son destin, il se jeta de la corniche et tomba vers le Père de tous les Univers, où rien ne se perdait, où tout était dévoré.

Un très bon texte qui revisite astucieusement l’horreur cthuluienne.



Avec Le Dôme, Mollie L. Burleson nous entraîne à Sand Rock, une petite ville du Nouveau-Mexique, où Tom vit paisiblement sa retraite. Il y a au centre de la ville une immense bâtisse en mauvais état qui abrite une sorte de brocante, tenue par un vieil homme sale et particulièrement désagréable. Lors de ses rares emplettes, Tom remarque sur le plafond de l’entrepôt une grande lucarne en forme d’œil. On raconte dans la ville que le commerçant est souvent plongé dans un énorme livre de magie, qu’il a les mains palmées et sent le poisson. On laisse également entendre que se réunissent dans ses locaux les membres d’un culte bizarre. Lors d’une nouvelle visite à la brocante, Tom constate que la lucarne est ouverte, qu’elle donne (en pleine journée ensoleillée) sur un ciel noir d’encre et semble cacher une créature grouillante de tentacules. Tom s’enfuit. Le local sera fermé par les autorités et on ne reverra jamais le commerçant.



Histoire Surnaturelle d’Adam Niswander nous relate l’histoire d’un brave père de famille sans histoire qui a le malheur de ramasser sur le trottoir un médaillon orné d’une chose dotée de tentacules, avec un gros œil rouge au milieu. Il va subir une transformation effrayante, ses os « fondant », lui donnant l’apparence d’un gros mollusque doté de branchies !



Horreur



Marques de Joseph .S. Pulver. Un quidam fait un long trajet en voiture pour livrer un colis à Phoenix à une heure précise. Il sera accueilli par un personnage malsain qui le trucidera. Je n’ai pas vu où était l’inspiration lovecraftienne.



Même remarque pour Violence est fille de confiance de Michael Cisco mettant en scène une famille de dégénérés kidnappant des femmes pour les sacrifier et déguster leur cœur, selon un rituel familial !



Avec Démons Mineurs, Norman Partrige nous entraîne sur la piste du gore. Un shérif d’un coin perdu des States enquête sur des crimes horribles, les victimes étant transformées en redoutables zombies, « les faces de sang ». Il faudra l’intervention de l’armée pour éradiquer le fléau.



Le Broadsword de Laird Barron met en scène un certain Pershing Dennard qui vit hanté par le souvenir de son ami Terry Walker qui a disparu lors d’une expédition dans la jungle, et qu’il n’a pu retrouver. Il réside maintenant, à 70 ans, dans le Broardsword, un ancien hôtel de luxe transformé en appartements. Divorcé, il fréquente la charmante Wanda avec laquelle il ne se décide pas à partager la vie. Ses nuits sont peuplées de cauchemars, visite d’une dame en noir et surtout conversations répugnantes qui émanent des canalisations. Le fils d’un de ses voisins sera retrouvé trucidé alors qu’il est « aspiré » par la tuyauterie pour plonger dans d’infects bas-fonds où il retrouve Terry qui crie vengeance. Revenu dans le monde de l’éveil, il subira de subtiles transformations et finira par égorger avec un râle de plaisir Wanda. Un texte bien ficelé dans lequel il est cependant difficile de détecter l’ombre du Maître.



Rotterdam de Nicholas Royle est en quelque sorte une suite à la nouvelle de Lovecraft, Le Molosse. L’écrivain, qui porte le prénom de Joe, vient d’en réaliser une adaptation cinématographique et est envoyé par son producteur à Rotterdam, afin de repérer des lieux insolites pour opérer le tournage. La plongée dans les bas-fonds de Rotterdam est haute en couleurs et il partagera de nombreuses chopes de bière en compagnie de Mains qui vient de le rejoindre. Mains est chargé du script et le courant ne passe guère entre les deux hommes, chacun ayant un point de vue bien particulier quant au déroulement du scénario. Joe se réveillera dans sa chambre d’hôtel avec une belle gueule et bois et un corps atrocement trucidé au pied de son lit. L’écrivain dépècera soigneusement le cadavre, nettoiera méticuleusement la chambre maculée de sang et partira prendre le ferry, profitant de la traversée pour se débarrasser de quelques sacs encombrants !



Hurlements dans la nuit de Darrell Schweitzer fait partie de ces nouvelles « planantes » que l’on a l’impression d’avoir souvent lues. Il s’agit de l’histoire d’un petit garçon vivant dans une famille déchirée (sa mère et sa sœur se suicideront, l’alcool aura raison de son père) qui aime se promener en petite tenue la nuit où il se sent enveloppé par des créatures invisibles. Il rencontrera un vieil homme qui ressemble à une créature de pierre vivante qui l’initiera. Et ensemble, ils partiront dans les espaces infinis rejoindre le Chaos Primordial.



Tunnels de Philippe Haldeman met en scène un petit garçon David, qui vit dans un immeuble au luxe suranné avec ses grands-parents et sa tante ; son père est parti et sa mère a disparu. Il est hanté par de rêves récurrents dans lesquels il est agressé par de gros vers tapis dans les sous-sols de la demeure. Il finit par apprendre de son grand père que celui-ci a participé, avec d’autres résidents de l’immeuble, à la construction d’un métro souterrain et découvert une fosse grouillant de créatures monstrueuses. Un résident fait la garde dans les sous-sols chaque nuit. L’attaque inévitable se produira et les habitants déverseront des bidons d’essence pour vaincre les créatures, mettant feu à l’immeuble par la même occasion.



Avec Substitution, Michael Marshall Smith nous fait découvrir le charme des livraisons de courses à domicile. Le narrateur est un peu épuisé par le régime bio/végan que lui fait suivre son épouse et ouvre avec ravissement un sac rouge, déposé chez lui par erreur par le coursier, rempli de viande. Sa femme, furieuse, fait enlever le paquet, mais notre « héros » se met à fantasmer sur la ménagère qui habite près de chez lui et qui aime les steaks bien juteux ! Il s’arrange avec le livreur pour obtenir son adresse et se met à l’espionner, découvrant que c’est un vampire.



Lovecraft himself



Esprits de Passage de Sam Gafford. Une petite perle dont le héros, employé dans une Librairie à Providence, est affecté d’une grave tumeur au cerveau qui perturbe ses perceptions. Lovecraft lui tient souvent compagnie, et il croise en permanence de nombreux personnages du Mythe. Il mourra en devenant un personnage de fiction.



Dans Tentante Providence, Jonathan Thomas met en scène l’artiste Justin qui revient à Providence après une absence de 30 ans. Il n’a pas pu refuser une exposition de ses photographies organisée par l’Université Brown où il a fait ses études, et notamment rédigé un mémoire sur Lovecraft. Un Lovecraft que le hantait puisqu’il avait cru rencontrer son fantôme alors qu’il était gardien de nuit sur le campus afin de financer ses études. Il retrouve un Providence qu’il a du mal à reconnaître. La maison de Lovecraft a été « déménagée » pour faire place au développement tentaculaire de l’Université. Beaucoup de vieilles maisons ont disparu et les bistrots de sa jeunesse ont fait place à des fast-food. Son pèlerinage est empreint de nostalgie et de boulimie : burgers, pizzas et sandwichs ont du mal à remplir son estomac ! Lors d’une pérégrination nocturne sur les lieux de Celui qui hantait les ténèbres, il rencontre à nouveau le Maître dans un petit square où se dressait, avant d’ère rasée, l’église de la nouvelle. Il croit voir encore Lovecraft dans l’arrière-boutique désaffectée d’un ancien glacier. L’écrivain est en grande conversation avec une bande de jeunes chevelus qui semblent lui faire signe. De retour à l’Université, il aura un violent conflit avec Palazzo, responsable de l’exposition, qui refuse obstinément de lui rembourser ses frais de déplacement. Le plafond de la galerie s’ouvrira sur l’espace vide où une créature extraterrestre s’agite et plonge ses tentacules. On ne retrouvera que la perruque de l’organisateur, Justin prenant ses jambes à son cou pour quitter au plus vite la maléfique Providence.



Ramsey Campbell nous présente la très étrange correspondance de Cameron Thaddeus Nash, Un document récupéré par August Derleth en 1968 qui devait être publié dans l’Arkham Collector, puis, Derleth changeant d’avis, dans un essai de Campbell sur HPL. Le projet n’a pas abouti, les originaux ont été perdus, mais heureusement le narrateur en avait gardé une copie. Il s’agit d’un échange entre un admirateur anglais, Nash, et le Maître de Providence, le premier, béat d’admiration, se présentant comme un grand rêveur qui se propose de soumettre au second les textes tirés de ses excursions oniriques. Lovecraft, comme à l’accoutumée, fera son travail consciencieusement, suggérant ici un nouveau titre plus percutant, là une révision complète. Il s’engage de surcroît à essayer de placer la prose de Nash auprès de Weird Tales. Mais l’interlocuteur anglais supporte mal les modifications et piaffe d’impatience de voir publier ses écrits. Le ton se gâte, Nash devient de plus en plus agressif et commence à injurier Lovecraft, le traitant de noms d’oiseaux (Lovecrotte !) tout en critiquant sévèrement ses nouvelles. Il estime être un rêveur hors pair, Lovecraft ne lui arrivant pas à la cheville et le menace de lui envoyer sa photo afin que notre écrivain puisse mesurer comment ses voyages dans les Contrées du Rêve ont pu le transformer. Ce qu’il finira par faire et, peu avant l’aube du 15 mars 1937, Providence sera réveillé par un hurlement effrayant provenant de la maison de Lovecraft. On y trouvera la photo d’un visage dont il manque le bas, remplacé par un vide étoilé.





Necronomicon



Le Livre de Denker de David J. Schow met en scène le type même du savant fou, le Pr Langford Meyer Denker qui vient de rater de peu le prix Nobel de Physique. Son invention est une machine permettant d’ouvrir une porte dimensionnelle. Elle est décrite somme une gigantesque mécanique gothique et n’est pas sans évoquer les machines folles de Carrouges ou de Ducamp. La communauté scientifique s’élèvera avec véhémence contre cette création, qualifiée de supercherie grotesque. Ce qui est pourtant tout à fait intéressant, c’est que le cœur de la machine est un Livre. Un Livre conçu pour ne jamais être lu, une contre-doctrine réceptacle de savoir inconnus et traqué pendant des millénaires, un appât à fanatiques, un Graal pour obsédés, un ouvrage que l’on referme en mourant. Denker fera travailler de nombreux cryptographes et linguistes sur des extraits d’une version arabe que l’on croyait perdue. Il testera les embryons de traduction sur des philosophes, des dérangés, des enfants, des autistes et des victimes d’Alzheimer et lui donnera pour titre L’Ultime Outre-Tome, un titre qu’il modifiera ensuite en L’Autre Tombe. Quoi qu’il en soit, le moteur de la machine est opérationnel et Denker la fera transporter dans l’espace pour obtenir de meilleurs résultats !

Une brillante revisitation du Necronomicon dont le nom n’est pas cité.



Pickman



Notre cher Richard Upton Pickman continue d’inspirer les « pasticheurs fous ». Avec L’Autre Modèle de Pickman, Caitlìn R. Kiernan met en scène un ami de Thurber , perturbé par le suicide de ce dernier. A la demande de la famille, il met de l’ordre dans les papiers du défunt et tombe sur quelques croquis représentant une jolie jeune femme. Les coupures de presse jointes au carton à dessin lui apprennent qu’il s’agit d’une actrice de seconde zone, Vera Endecot dont l’histoire est pour le moins sulfureuse : participation à des orgies, meurtre, satanisme… Obsédé par l’actrice, et après de longues recherches, il finit par la rencontrer. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même et avoue avoir servi de modèle à Pickman, en raison de sa particularité physique : sa colonne vertébrale se prolonge par une queue. Elle avoue aussi que Endecot est un pseudo pour dissimuler sa véritable identité, celle d’une famille d’Ipswich. On la retrouvera quelque temps après pendue à un arbre et affreusement déchiquetée.

Il est amusant de noter que le narrateur, qui se veut un pur rationaliste, consacre un long développement à Charles Fort et aux « imbécilités » qu’il véhicule dans Le Livre des Damnés.



C’est au tour de Brian Stableford de poursuivre les investigations sur le peintre démoniaque avec La Vérité sur Pickman. Silas Eliot, petit fils d’un ami de Pickman, vit isolé dans une maison de l’île de Wight et reçoit la visite de Aleister Thumber, petit-fils du Thumber de la primo-nouvelle. C’est un savant biologiste qui travaille sur les processus de dégénérescence qui ont affecté Pickman et ses « modèles ». A ce titre, il souhaite compulser les archives de Silas sur l’artiste, à la recherche d’un ADN « pur ». Il remarque dans la salle de séjour un tableau étonnant. En fait, il ne s’agit pas d’une œuvre de Pickman, mais de Silas qui a attrapé le virus de dégénérescence, particulièrement contagieux…



W.H. Pugmire nous donne, avec Les Habitants de Wraithwood, un texte d’un surréalisme particulièrement malsain. Hank Foster ne se remet pas du décès de sa mère, une grande critique d’art, et plonge dans l’alcool, la drogue et le vol. Après un petit stage derrière les barreaux, il s’enfuit d’un centre de réinsertion et échoue, complétement ivre, dans une forêt. Il sera recueilli par un personnage qui lui fait penser à Jésus qui le conduit dans un manoir, un ancien hôtel du temps de la prohibition. Et de pénétrer dans un univers truffé de reproductions de tableaux et habité par une sorte de « Adams Family » ; une vieillarde nymphomane, une ravissante créature évanescente, un nain cul-de-jatte qui exsude une délicieuse saveur. La nourriture est toujours la même, de la viande blême passée dans une machine à spaghettis. On lui donnera une chambre décorée par un odieux tableau de Pickman, un inachevé retrouvé dans une galerie mal famée de Boston. Les relations entre tout ce joyeux petit monde sont particulièrement complexes et se solderont par la pendaison de la jolie jeune femme dont le corps sera jeté dans l’étang du parc où des sphères brillantes semblent attendre leur pâtée.



Rêves



Rêves de Désert de Donald R. Burleson. Un récit archi-classique d’un jeune employé de bureau de Providence qui rêve d’un désert étrange où se trouve une statue non moins curieuse. Il se rendra sur place et retrouvera les éléments de son rêve.

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Je suis Providence, tome 1

Impossible de lire ce pavé en un mois !

Je déposerai mon avis de lecture complet une fois l'étude terminée.



De prime abord je peux déjà dire à quel point cette biographie est fournie. Trop même ! Il faut vraiment s'accrocher pour enfin avoir des informations précises sur Lovecraft et non uniquement sur son arbre généalogique, la jeunesse de ses proches, l'état de la maison dans laquelle il aurait grandit... C'est certes un travail titanesque mais à quel prix ? Le lectorat a t'il réellement besoin de ses détails purement universitaires qui découragent l'avancé de la lecture. Lecture qui se veut passionnante de surcroît !

En espérant que les avis déposés ici et là soutiennent l'intérêt de cette biographie. Il faut vraiment prendre cette lecture comme des chapitres de vie à étudier de temps en temps. La religion, la folie, l'écriture, la vie, la famille etc



Je n'ai jamais lu de H.P Lovecraft et cela n'a en rien gêné ma lecture. Au contraire, j'ai encore plus envie de découvrir son œuvre dans l'imaginaire que je me suis faite de sa vie et de ses influences. Je pense notamment à Doré et son enfer de Dante !



À suivre donc...



Un grand merci à la m.e Actu SF pour l'envoie.
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Je suis Providence, tome 1

La première édition est excessivement chère pour la qualité qu'elle offre : des erreurs de traductions que même Google Trad ne ferait pas, des fautes de frappe, d'orthographe, de syntaxe.

La réponse de l'éditeur : on a préféré le sortir en temps et en heure, pour éviter les frustrations.



Frustrations qui n'en sont que plus grandes. Bravo ActuSF, vous avez foiré complètement, sur ce coup-là.
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Je suis providence, tome 2

Je suis Providence est une biographie colossale sur un auteur qui l’est tout autant. S. T. Joshi documente avec précision et à partir de sources primaires la vie d’H. P. Lovecraft, le Maître de Providence, en traitant de sa vie et de ses récits, tant dans leurs aspects les plus problématiques que dans la manière dont ils ont marqué les littératures de l’imaginaire, et la littérature tout court. La pensée de Lovecraft est également analysée par le biographe et mise en relation avec sa fiction, pour donner de nouvelles clés de lecture de son œuvre, et les mythes et rumeurs entourant l’auteur sont également totalement battus en brèche pour nous donner une meilleure compréhension de l’homme qu’était vraiment Howard Philips Lovecraft, derrière son image malheureusement fausse et toujours trop présente de « Reclus de Providence. ».

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://wordpress.com/post/l..
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Je suis Providence, tome 1

J'écris cette critique alors que je n'ai lu que plus ou moins 15% de cet ouvrage dense. Très dense. Trop dense.

Le travail derrière cette biographie de Lovecraft a dû être colossal, rien que pour cela il mérite le respect. Par contre, on peut se poser la question de savoir si la quantité de détails fournis est réellement nécessaire à la compréhension de l'existence de l'auteur de Providence.



La meilleure façon d'aborder cet ouvrage massif est sans doute de le parcourir de temps en temps, lorsqu'on a quelques minutes à tuer, et on sautera sans scrupules les passages qui n'apportent rien ou presque.

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Je suis Providence, tome 1

Biographie hautement exhaustive ! Et c'est très impressionnant jusqu'où la passion peut parfois emmener. Que ce soit l'histoire professionnelle ou sentimentale d'HPL, son enfance, son arbre généalogique, les anecdotes, les correspondances, la lecture est très dense en information. De nombreuses notes personnelles sont abordées et étudiées, on peut d'ailleurs y voir que la plume particulière de Lovecraft n'était pas destinée uniquement à ses poèmes ou ses nouvelles. Extrêmement riche en détails, le travail qui en ressort est simplement titanesque.

Au fil du livre on parcours les mœurs de l'époque, le contexte social et politique, la différence avec le XXIeme siècle est intéressante à regarder par le prisme du monde artistique notamment.



Bien que l'auteur donne son avis sur certains sujets, cette biographie permet de bien comprendre qui était réellement Lovecraft en apportant une perspective objective sur son histoire. Beaucoup de choses sont remises en ordre par rapport à l'image toute faite (et souvent erronée pour des raisons mercantiles) qu'on peut lire ici et là. Et c'est peu dire que Lovecraft était exceptionnel malgré ses défauts.



Dommage que le livre soit bourré de coquilles et d'une mise en page bancale. Cette premiere édition ne vaut pas son prix.
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Je suis Providence, tome 1

Ce livre est effectivement un monument, une somme de travail devant laquelle on ne peut que s'incliner. On peut cependant s'interroger sur l'opportunité de certains développements, tel celui consacré à la guerre pichrocoline intervenue entre HPL et divers contradicteurs dans la rubrique du courrier des lecteurs d'Argosy au sujet d'un obscur écrivain (ce n'est qu'un exemple). Si l'ouvrage pêche, c'est donc surtout par un souci excessif d'exhaustivité. Je me suis demandé si l'auteur avait pensé à "l'idiot de la famille " de Sartre, dont le propos était de dire tout ce que l'on pouvait savoir d'un être humain. Dans ce sens, c'est une réussite. Et c'est ce qui pousse à poursuivre la lecture malgré son côté objectivement fastidieux.

Cela dit, je suis loin d'être un admirateur inconditionnel de Lovecraft et de son oeuvre. Mais ce n'est pas le propos ici.
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Je suis Providence, tome 1

Je suis Providence est une biographie colossale sur un auteur qui l’est tout autant. S. T. Joshi documente avec précision et à partir de sources primaires la vie d’H. P. Lovecraft, le Maître de Providence, en traitant de sa vie et de ses récits, tant dans leurs aspects les plus problématiques que dans la manière dont ils ont marqué les littératures de l’imaginaire, et la littérature tout court. La pensée de Lovecraft est également analysée par le biographe et mise en relation avec sa fiction, pour donner de nouvelles clés de lecture de son œuvre, et les mythes et rumeurs entourant l’auteur sont également totalement battus en brèche pour nous donner une meilleure compréhension de l’homme qu’était vraiment Howard Philips Lovecraft, derrière son image malheureusement fausse et toujours trop présente de « Reclus de Providence. ».

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Les chroniques de Cthulhu

Voici un recueil de nouvelles dans l’univers de Lovecraft, l’auteur hanté par ses rêves. Les vingt et quelques nouvelles sont toutes contemporaines, ce qui peut perturber le lecteur assidu des nouvelles du maître. Mais passé ce côté pouvant même rebuter, les nouvelles pourraient être intéressantes et prenantes. Malheureusement, le style est moyen et les récits n’ont pour ainsi par une chute ou un dénouement digne d’être édités. Pour ma part, seules deux ou trois nouvelles sortent du lot et sont un vrai plaisir de lecture et méritent de faire partie d’un livre de ce genre. Mais l’ensemble, même si c’est une bonne initiative, est décevant, et nous renvoie irrémédiablement vers la lecture de l’auteur original qu’est Lovecraft. Imité mais jamais égalé, Lovecraft reste au-dessus, indéniablement.
Lien : https://lectureroman.wordpre..
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