Le monde était un royaume de cendres. Il n'était rien de plus brillant que le soleil et le soleil ne tolérait nulle concurrence. Il brûlait tout ce qui rivalisait avec lui. Le soleil était l'œil du cannibale. Il était affamé de tout et, promptement rassasié, il brûlait tout ce dont il venait se rassasier. Et tout recommençait. En ce monde l'amour ne saurait durer. Le mal, principe de vie, pouvait durer, mais non point dans les individus. Rien ne durait chez les individus. Mensonges et promesses. Grâce à eux, les jeunes continuaient à bouger. Mais les aînés savaient mieux à quoi s'en tenir ; ils cultivaient le cynisme. Ils étaient seulement curieux. La curiosité était la passion qui durait. La curiosité survivait. Je fixais le sol et ne sentais rien. Si la fenêtre s'était ouverte et que mon bras avait explosé en un nuage de cendre, je n'en aurais pas été plus surprise.