Susan Isaacs parle de son roman "Ce cher disparu"
Non sous-titré.
Richie était un séducteur-né. Il savait exactement ce qu’il fallait mettre dans les rapports pour allécher les clients. Des phrases courtes, percutantes. Pas de grands mots ronflants. Avec une pincée de jargon informatique pour donner un aspect scientifique à la chose.
J’avais vu suffisamment de films noirs pour savoir qu’en pareilles circonstances il ne faut pas allumer ses phares. Ce que les films ne montrent pas cependant, c’est que, sans lumière, la seule façon de savoir qu’il y a un obstacle devant vous, c’est quand votre pare-chocs se plie en deux avec un crac retentissant pour accueillir un tronc d’arbre.
Rick donnait aux femmes ce que la plupart des hommes ne leur donnent pas. Et je ne parle pas simplement de ses prouesses sexuelles. Rick n’était pas un don juan, et certainement pas un satyre. Mais, lorsqu’il courtisait une femme, la vie de celle-ci s’ouvrait soudain comme une fleur. Tout devenait attrayant. Vivant. Il était très attentionné.
Il arrive un moment où le cuir chevelu se met à vous picoter, où le cœur tressaille et les mains se mettent à trembler, après quoi la panique monte d’un cran et vous ne sentez plus rien.
Le meurtre de Richie n’était pas un acte de violence gratuit. J’en suis certaine. Si je veux établir la preuve de mon innocence, je dois retrouver l’assassin. Mais il ne s’agit pas d’un roman de John Dickson Carr où la vérité nous est révélée au terme d’une subtile déduction à l’avant-dernier chapitre. Il serait illusoire de vouloir démasquer l’assassin, mais je pourrais au moins enquêter sur la vie menée par Richie ces dernières années.
Dans le roman policier américain, l’épouse, et a fortiori l’épouse répudiée, arrive toujours en tête de liste des suspects. En particulier si le lieu du crime est le domicile conjugal et si l’arme du crime est un de ses couteaux de cuisine. Et lorsque la femme a laissé ses empreintes digitales sur le manche, alors là, c’est le bouquet !
Tel père, tel fils : joueurs, séducteurs, charmeurs, et apparemment pas trop embarrassés par leur conscience. Ce que Richie n’avait jamais compris, cependant, c’est qu’Alex l’aimait énormément. Et c’était précisément là que s’arrêtait la ressemblance. Richie était aussi passionné qu’un concombre. Alex, en revanche, avait un cœur en or.
Il m’arrivait de me demander si Stephanie ne regrettait pas d’avoir échangé son métier d’avocate contre celui de femme au foyer. Elle me faisait de la peine, avec son mari indifférent, toute cette beauté gâchée. Mais la compassion a des limites.
Il est très difficile de dire non à un jeune et bel étalon aux yeux verts qui, avec une lenteur exquise, fait errer sa langue au creux de votre nuque, puis autour de votre cou pour remonter ensuite vers l’oreille tandis que votre corps tout entier – à l’exception d’un ou deux neurones incorruptibles – s’écrie : « Super ! Extra ! Encore ! » Et plus difficile encore lorsque ses bras vous encerclent et qu’il presse son corps tout entier contre le vôtre.
Il n’y avait pas que son visage qui le fascinait ; il y avait aussi ce qu’elle cachait sous son gros pull bleu et son pantalon de tweed.