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Citation de missmolko1


Ils passaient d'un sujet à un autre. Rebeca, qui était friande de toutes les nouvelles du pays, se laissait éblouir par les descriptions que faisait son beau-frère de ce monde regretté, si différent de celui des tropiques. Un monde de toits défoncés, de champs de maïs que survolaient des nuées de grues, qu'atteignaient parfois aussi les mouettes, le vent humide de la baie et son odeur de salpêtre. Elle l’écoutait parler de sa contrée natale comme si les mots avaient le pouvoir miraculeux de lui restituer, l'espace d'un instant, ce paysage de vignobles bien dessinés, ce bleu profond des contreforts de la montagne où la rivière traçait sa courbe argentée, ces coteaux où paissait le bétail, ces petites fermes que séparaient des murets de pierre; il lui semblait voir les lumières jaunes des maisons qui ponctuaient le ciel, les soirs d'hiver, sitôt le soleil couché; elle sentait presque l'odeur du fumier dans les étables, celle du bois verre qu'on brûlait dans les chemins entre les longs murs des enclos; elle croyait entendre les sabots des vaches, le grincement des charrettes sur les chemins pierreux et même, par moments, les voix des femmes qui évoquaient à voix basse sur la plazza del Crucero, leur broc de lait sur la tête, les étranges événements qui se produisaient, telle l'apparition, dans une cellule du couvent de Santa Clara, du corps dénudé d'une novice qui s’était pendue avec le cordon de son habit consacré le jour même.
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