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Critiques de Susana Fortes (44)
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Le destin de Laura U.

Le destin de Laura U. est d’abord et avant tout l’histoire d’une famille, celle des Ulloa, qui commence au début du XXe siècle. Quand le patriarche meurt, ses avoirs sont divisés en deux. L’aîné obtient les riches plantations de Cuba et le cadet les terres ancestrales de Galice, dans le nord de l’Espagne. Mais pourquoi était-il important de diviser la famille par un océan entier ? La rivalité des deux frères (et deux belles-sœurs) n’explique pas tout. Ce mystère, et d’autres encore, finiront par refaire surface.



Mais Le destin de Laura U. est d’avantage qu’une banale saga familiale. C’est l’évocation de la vie au début du siècle dernier, avec beaucoup de réalisme mais sans jamais tomber dans les longues descriptions. Elle en dit juste assez pour que le lecteur puisse se situer et, surtout, s’imprégner des lieux, apprivoiser les personnages, sentir l’ambiance, etc. J’étais tellement passionné par le destin de cette famille que j’ai lu le livre en une seule journée. L’auteure Susana Fortes, que je découvre, m’a conquis.



D’abord, ses lieux sont décrits admirablement bien, ils s’imposent à l’esprit. D’un côté, la Galice austère et traditionnelle : le carcan des mœurs bourgoises de province, le cancan des voisins, la folie, la gravité des gens, la tempérence préconisée par le clergé. De l’autre, Cuba exotique et libre : la chaleur et l’humidité, le travail des employés métis, le repos de midi des propriétaires dans le jardin luxuriant à boire une limonade.



Ensuite, il y a ces personnages, une poignée seulement, mais plus grands que nature. Les deux frères Jacobo et Rafael, leurs épouses respectives (la belle roturière Rebeca et la riche et jalouse Elvira) ainsi que la jeune Laura. Puis la vieille nourrice Juana, qui en sait beaucoup, sans oublier quelques fantômes… Presque un huis-clos ! Assez rapidement, l’aîné meurt mystérieusement. Alors, le cadet rapatrie sa belle-sœur et sa nièce (et héritière) dans son château malgré les présages.



C’est alors que l’intrigue se précise. Et l’écriture de Susana Fortes est à la hauteur. Le passé est remué, les sentiments enfouis et qu’on croyait cachés refont surface. C’est sombre et exaltant à la fois. L’ambiance devient de plus en plus lourde, alors que des passions se déchaînent et que des superstitions s’emparent de l’esprit des gens. Il est clair que créer une atmosphère est une grande force de l’auteure.



Pour finir, je me demande si le choix du patronyme était dû au hasard ? Il y a quelques années, j’ai lu le roman Le château d’Ulloa, écrit par Emilia Pardo Bazan en 1886. Ça raconte la décadence de la famille Ulloa dans le nord de la Galice, avec des accents gothiques malgré qu’il appartienne au courant naturaliste. Une autre histoire de secrets de famille…
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Le complot Médicis

Une autre belle découverte de l’auteure espagnole espagnole Susana Fortes. Dans son dernier roman, Le complot Médicis, une chercheuse en histoire qui prépare sa thèse, Ana Sotomayor, étudie les carnets de Pierpaolo Masoni. Ce peintre de la Renaissance a été l’un des témoins de l’attentat qui visait Laurent de Médicis et sa famille, en 1478 et ses écrits pourraient apporter un éclairage nouveau sur les événements de la conjuration des Pazzi. Mais les recherches de l’étudiante attirent l’attention d’une organisation qui, on le devine, souhaiterait que certaines informations ne soient pas rendues publiques, voire tout simplement connues.



Donc, en plus de raconter les aventures modernes d’Ana Sotomayor, l’auteure donne la parole à Pierpaolo Masoni. Deux trames narratives, deux histoires, mais qui sont interreliées à plus de cinq cents ans d’écart.



Susana Fortes est passée maître dans l’art de créer une ambiance appropriée. Je l’ai remarqué dans ses deux romans précédents, que j’avais adoré : En attendant Robert Capa ainsi que Le destin de Laura U. Cet autre roman, Le complot Médicis, ne fait pas exception. Tout y est décrit avec détails intéressants, donnant l’impression au lecteur d’y être. Tant dans le milieu universaire du tournant du millénaire, avec ses bibliothèques et ses cafés, que dans la Florence du XVe siècle, avec ses ruelles sombres, ses ateliers d’artistes, ses églises et ses palais.



Mais il n’y a pas que des descriptions. L’amateur d’action sera également satisfait. Et tout juste comme je me disais que ce roman prenait des allures des allures de thriller et qu’Ana Sotomayer se transformait en Robert Langdon, l’auteure prend les devants et rejette du revers de la main mon hypothèse. « Ne tombe pas, surtout toi, dans le panneau du Da Vinci Code, du Protocole des Sages de Sion ou de toutes ces prophéties new age qui ne sont que pure supercherie. » (page 169). Bon, personnellement, moi, j’y vois une ressemblance quand même…



Qu’est-ce qui m’a empêché de mettre cinq étoiles à ce roman ? D’abord, la protagoniste Ana, à laquelle je ne me suis jamais identifié. Le fait qu’elle partage la vedette avec Pierpaolo Masoni lui enlève du « temps d’antenne », faisant en sorte que sur environ 350 pages, je n’en passe que la moitié avec elle. Aussi, il faut bien l’admettre, la partie de l’intrigue qui la concerne est beaucoup moins dramatique et ponctuée d’action (à quelques exceptions près) que celle sur Laurent de Médicis. Il est difficile de rivaliser avec les complots meurtriers de la Renaissance…
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En attendant Robert Capa

André Friedmann, plus connu sous le nom de Robert Capa, sans doute un des photographes de guerre les plus connus fait la connaissance de Gerta Pohorylle, jeune femme Polonaise, arrivée à Paris. Leur rencontre va les amener à travailler ensemble, à partager leur passion et à s'aimer.



Il va l'initier à son art. Elle va avoir l'idée lumineuse de changer leur nom, André Friedman va alors devenir Robert Capa et elle-même va se transformer en Gerta Taro. Le succès va suivre. Tous deux vont devenir des incontournables pour figer des scènes de guerre. On a tous la photo en tête de la mort d'un soldat republicain.



Susana Fortes nous emmène dans le Paris des intellectuels, dans le Marais , et nous fait rencontrer, Man Ray, Ernest Hemingway, James Joyce, ... puis nous conduit en Espagne durant la guerre civile.

Susanna Fortes nous offre leur histoire d'amour multiple, celui de leur art, celui de la liberté et celui qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Passionnés et passionnants, leur lutte antifasciste mêlée à la photographie se lit avec grand plaisir.

J'ai vraiment aimé ce récit qui est bien plus qu'un roman car très documenté , il nous apprend beaucoup sur la guerre civile en Espagne et sur les années précédents la Seconde Guerre mondiale.



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Le destin de Laura U.

Attention, ce roman est une vraie pépite ! Une merveille qui n'est malheureusement pas assez connue! Susana Fortes nous raconte le destin d'une famille espagnole au début du XXe siècle avec un style d'écriture qui n'est pas sans rappeler les grands auteurs sud-américains et leur réalisme magique.



On fait la connaissance de la famille Ulloa. le patriarche, comte de Gondomar, est mort et en homme autoritaire qu'il a toujours été, impose un mariage à son fils cadet Rafael, tandis que l'aîné, Jacobo, doit partir s'installer à Cuba avec femme et enfant. le destin de cette famille nous est en partie raconté par Juana, la gouvernante qui a élevé les deux garçons ainsi que la fille de Jacobo, Laura, quand elle était bébé. A la mort de Jacobo, sa femme et sa fille Laura, rentre en Espagne.



Le roman est passionnant est magnifiquement écrit. On se passionne forcement pour cette famille qui cache de nombreux secrets et on les découvre aux fils des pages avec beaucoup de plaisir. La fin est vraiment réussite et m'a beaucoup plu.



Je lisais Susana Fortes pour la première fois, mais certainement pas la dernière !
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En attendant Robert Capa

J'ai choisi ce livre dans l'opération masse critique parce que, comme tout le monde, je connaissais et j'appréciais les clichés, ou plutôt certains clichés du célèbre photographe Robert Capa (André Friedmann), mais guère plus que ces images.

L'auteur, Susanna Fortes, réussit dans cet ouvrage à le faire vivre sous nos yeux, lui et celle dont il est tombé fou amoureux, celle qui lui a donné le nom sous lequel nous le connaissons : Gerta Pohorylle.

Elle nous entraine au milieu des années 30, nous présente cette jeune femme, libre et farouche, nous décrit leur rencontre, leur passion, leur vie, comment il lui apprend la photographie, comment elle s'occupe de sa carrière... Ce sont deux héros, au sens romanesque du terme.

J'ai particulièrement apprécié la façon dont elle nous guide dans leur quotidien, faisant un bond dans le futur (à la mort du père d'André par exemple) et nous ramenant à leur présent à eux, sans jamais nous égarer, en douceur.

Elle peint ce couple avec talent, les fait vivre, charnels, passionnés... Et en même temps elle décrit cette période charnière et trouble, par petites touches de pinceaux.

Tout au long de ma lecture j'ai eu envie d'aller chercher de nouvelles images, ne pas rester sur les 3, 4 clichés que nous connaissons tous, et mon regard a été différent.

Rien que pour ça... merci madame Fortes !
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En attendant Robert Capa

En juillet j’ai passé quelques jours en Arles. Outre le plaisir de retrouver une jolie petite ville chargée d’histoire, j’ai visité pour la première fois de nombreuses expos des Rencontres de la photographie (49è édition en 2018). C’était donc l’occasion de sortir ce roman et quelques autres de ma pile à lire et de faire une petite thématique liée à la photo.



D’emblée j’ai été charmée par l’écriture (la traduction me semble donc excellente) : Susana Fortes déploie une langue élégante, imagée, capable de décrire autant les images, les photos, les reportages du jeune Robert Capa et de sa compagne que les paysages intérieurs et les tourments de la jeune Juive polonaise exilée à Paris. Même si le titre évoque la jeunesse du célèbre photographe qui fondera l’Agence Magnum, c’est bien sa compagne Gerda Taro qui est le personnage principal de ce roman.



C’est tout un monde parisien d’une richesse et d’un rayonnement bouillonnant que nous découvrons sous les yeux de celle qui s’appelait encore Gerta Pohorylle. La rive gauche est le lieu de rencontres d’intellectuels, d’artistes tant français qu’exilés. Parmi eux, André Friedmann, photographe hongrois qui marche à l’instinct, enthousiaste cherchant l’action. Gerta va d’abord lui servir de modèle, il va lui apprendre les bases de la photographie avec son ami David Seymour, elle va ensuite lui servir de manager et créer ce personnage de Robert Capa pour qu’il vive enfin correctement de son travail. Elle deviendra la photographe Gerda Taro (un peu oubliée par l’histoire, ce roman lui rend une seconde vie), la compagne de Capa dans une relation fiévreuse, complexe, qui s’accommode mal de leurs désirs d’indépendance à chacun.



Dans ce monde prêt à plonger dans la seconde guerre mondiale, malgré l’exaltation créée par le Front populaire, l’Espagne plonge dans la guerre civile. Ce pays lâché par ses voisins européens devient le symbole de la lutte anti-fasciste. Robert et Gerda rejoignent les Brigades internationales et réalisent à leurs côtés plusieurs reportages : Capa sera marqué toute sa vie par la plus célèbre de ses photos Mort d’un soldat républicain, dont l’histoire vraie est racontée dans le roman. Il sera marqué aussi à tout jamais par sa relation avec Gerda, brutalement brisée par la guerre.



Je ne peux que vous conseiller ce roman passionnant qui parle des débuts d’un grand photographe du 20è siècle, de sa compagne Gerda Taro, mais qui traite aussi de l’exil, de l’identité, des soubresauts de l’Europe confrontée au fascisme, de résistance et qui est également une grande histoire d’amour.
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En attendant Robert Capa

La "préhistoire" de Robert Capa, son invention et quasiment l'invention du photo -journalisme. Ce ne sont plus les soldats qui prennent les photos du front, mais les journalistes aux côtés des soldats, mourant parfois pour une image. Capa y prendra la photo qui le rendra célèbre, Mort d'un soldat républicain ; photo qui le laissera rongé de culpabilité.

Roman assez court, En attendant Robert Capa n'en est pas moins une évocation assez brillante du Paris des années 1930, entre masse cosmopolite des réfugiés,, troubles politiques, et bouillonnement intellectuel ; Gerta et André y croisent et y côtoient Hemingway, André Breton, Henri Cartier-Bresson... Tous ceux qui feront la légende de la capitale entre les 2 guerres. Et évidemment la guerre d'Espagne, avec ce qu'elle a de désespéré et d'héroïque pour ceux qui la vievent et y participent. Le sentiment d'isolement d'un pays qui est la répétition et le terrain de test de ce que sera la guerre à venir, la grande, la mondiale.

Roman sur la photographie également, sur le futur de Capa, sur les futures photos emblématiques d'un évènement et leurs conséquences sur la vie de leur auteur. Une sorte de théorie de la photographie telle que la vivait Capa et sa compagne Taro.

Roman d'amour enfin, entre deux caractères bien trempés, entiers qui tous deux ont déjà vécu la peur et l'horreur dans leur pays d'origine et qui n'osent se laisser aller. C'est également la peur de devoir d'effacer derrière un homme qui pousse Gerta/Gerda à partir seule sur le front, au mépris du danger. Pour ne pas laisser cet amour la dévorer ; pour ne pas dévorer cet amour.

C'est un roman qui ne laissera pas forcément un souvenir impérissable mais dont le sujet est original : la naissance du photo-journalisme et de son représentant le plus emblématique. De nombreuses digressions, sur Capa ou la photographie en général, émaillent le texte : elles sont intéressantes, mais ralentissent parfois l'intrigue.

Une écriture claire, concise, sans fioritures ni dialogues inutiles.
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Le complot Médicis

Hasard de mes pérégrinations ...en tout cas c'est en pleine découverte personnelle de Florence que j'ai pu finir cette lecture et d'en apprécier encore plus la pertinence et refaire en quelque sorte l'itinéraire des héroïnes et héros de Susana Fortes.

Susanna Fortes m'avait déjà séduit, il y a peu plus d'un an avec son livre, dans un registre totalement différent ; "En attendant Robert Capa" par la précision et la qualité de son travail et dont je ne peux que d'ores et déjà recommander la lecture.

Roman à deux voix, la très contemporaine Ana Sotomayor, jeune étudiante, à l'histoire personnelle délicate, et celle, en écho du jeune Luca, apprenti intégrant l'atelier de Verrochio et devenant l'élève de Pierpolo Masoni, sujet de la thèse d'Ana.

Nous voilà plongé dans un livre alternant avec précision et concision le contexte de la Renaissance Italienne sous la férule ferme de Laurent de Médicis, des ateliers d'artistes de l'époque et des conspirations politiques entre Rome, le Vatican, la France et cette cité-état mais aussi l'histoire de l'art avec une entrée de plein pied dans l'œuvre du peintre Masoni dit "Il Lupetto" et les messages passés par cet art.

C'est sous la tutelle du professeur Rossi qu'Ana, fraichement débarquée à Florence pour mener à son terme sa thèse sur Pierpaolo Masoni, peintre aveugle contemporain des Médicis, au destin tragique va se lancer dans une approche totalement inédite et imprévue d'une des conspirations majeures contre Laurent Le Magnifique, dont le peintre sera un témoin direct.

C'est aussi sous la tutelle de Masoni que le jeune Luca, aux origines très modeste, va, à la fois, comprendre l'art de la peinture, les canons de l'époque, les finesses et arcanes des rapports entre les personnages illustres de la cité de Florence et les artistes qui vivent de leur mécénat d'une part mais aussi les conflits d'influence et la violence que les grandes familles italiennes et européennes opposent à la famille des Médicis.

Le lecteur va suivre simultanément les aventures réciproques de chacun et pouvoir ainsi rassembler les pièces du puzzle d'une formidable machination qui mêle destins originaux, puissance de l'art, personnages troubles, calculs et conflits, le tout avec des répercussions d'un siècle à l'autre. Du rythme, du suspense, de la culture et une musique entrainante. On évite la reprise de romans de type "Da Vinci Code" (très bon livre au demeurant) et si Susana Forges n'hésite pas à lui adresser directement un clin d'œil vers le milieu de son livre, elle réussit la performance d'installer un style qui lui est propre et porteur


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Le complot Médicis

Ana Sotomayor, jeune étudiante espagnole en histoire de l'Art arrive à Florence pour y terminer sa thèse sur la peintre Piepaolo Masoni. En étudiant ses carnets de notes, véritables témoins de son quotidien tant dans le domaine artistique que dans le domaine du quotidien, elle va se prendre de passion pour un événement marquant de l'époque, la conjuration des Pazzi. Une véritable tentative de coup d'Etat contre la famille de Médicis et plus principalement dirigée contre la mainmise de Laurent le Magnifique sur le destin de la république Florentine.





L'auteure alterne les chapitres traitant des recherches d'Ana aidée par son directeur de thèse, le professeur Rossi, un ami de son père décédé, et les chapitres présentant la vie à l'époque par la voix de Luca di Credi, jeune apprenti de Masoni. Cette succession de chapitres nous plonge à la fois au coeur de l'action, nous présentant l'atmosphère dans la ville ainsi que les différentes étapes de préparation du complot tout en nous donnant du recul par l'analyse que fait Ana de ces carnets. Cette enquête à partir du tableau de Masoni, La Madonna di Nievole va attirer à Ana les foudres de la curie vaticane. Il y a des secrets qu'il ne fait pas bon ébruiter.





Le complot Médicis est un roman passionnant qui nous plonge dans un monde ou l'intrigue politique , les cabales pour s'accaparer le pouvoir étaient permanents, le Vatican n'étant pas en reste. Un roman qui nous fait vivre cette période du quattrocento italien, en nous plongeant dans l'atmosphère irrespirable de cette Florence tant convoitée. On est plongé également dans le vie de ses ateliers de peintres, on y apprend comment on y travaillait sous l'oeil acéré du maestro.
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En attendant Robert Capa



N°563 – Avril 2012



EN ATTENDANT ROBERT CAPA – Susana Fortes -Éditions Héloïse d'Ormesson.

Traduit de l'espagnol par Julie Marcot.



Fuyant l'Allemagne nazie, Gerta Pohorylle, jeune juive allemande, admiratrice de Greta Garbo, « avec un passeport polonais », vient d'arriver à Paris. « Elle à 24ans et elle est vivante » ! Elle ne va pas tarder à rencontrer, un peu par hasard, un autre réfugié, photographe, Hongrois, ambitieux mais désargenté. Ces deux-là étaient faits pour se croiser et le fait qu'ils le fassent dans la capitale française est plus qu'un symbole. Gerta y voit un signe, une chance ! Lui, c'est André Friedmann, juif lui aussi, qui vit avec son Leica comme on vit avec une femme. Dans ce Paris d'avant-guerre, pleins d'intellectuels, ils croisent au hasard des cafés ou des cercles, dans le tourbillon germanopratin, James Joyce, Man Ray...

Pourtant, entre eux, ce n'est pas vraiment le « coup de foudre », juste, de la part de Gerta, une sorte d'observation curieuse. Elle adopte cependant cet homme [« Ne t'inquiète pas, ce qu'il te faut c'est un manager...Et c'est moi qui vais être ton manager »]. Pour lui, elle est « la patronne » et il l'initie à la photographie en même temps qu''il devient son amant.



Foncièrement antifasciste, André part pour l'Espagne, d'abord comme reporter-photographe et Gerta, restée à Paris, apporte sa pierre à la réaction républicaine qui se doit de faire front aux bruits de bottes qui approchent, qu'ils viennent de Berlin ou d'ailleurs. Pourtant Gerta et André sont amoureux l'un de l'autre, prennent la décision un peu folle de couvrir la guerre d'Espagne comme photo-reporters en s'inventant les pseudonymes américains de Gerta Taro et Robert Capa. C'est une manière pour eux d'échapper à leur judéité autant que d'inaugurer leur nouvelle vie ensemble. En changeant de nom, André devient un américain triomphant et audacieux, en devenant Taro, Gerta s'approprie phonétiquement le nom de Garbo, son actrice fétiche.



Ce conflit les fascine autant qu'il les révolte et ils rendent compte en images du quotidien des républicains au front ou dans les villes et villages. Cette guerre fait d'eux un couple mythique qui ne vit que pour son métier de photographe de guerre et sa passion d'informer, armés de leur appareil photo ou à l'occasion d'un fusil, tissant leur propre légende, exposant leur vie. Leur amour fait contrepoids à la violence des combats et, petit à petit, ils changent leur vision romantique de la guerre. Si des atrocités ont été commises de part et d'autre, eux ont choisi leur camp, celui des républicains. Comme ils sont jeunes, leur vie se déroule au mépris du danger, tantôt houleuse et cahoteuse, tantôt passionnée, au sein même de ce conflit sanglant. Pourtant l'amour de leur métier se conjugue assez mal avec celui, à la fois sensuel et épisodique qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Gerta est éprise de liberté et d'indépendance mais a du mal à exister professionnellement dans l'ombre de Capa. Certains de ces clichés sont attribués à Robert; le journalisme de guerre n'est pas vraiment une affaire de femme ! Cependant, quand elle apparaît, au front ou à l'arrière, tous ces hommes un peu frustes n'ont d'yeux que pour elle. Pourtant, elle n'est pas vraiment une beauté au sens des canons traditionnels, mais il émane d'elle une sorte d'aura. « La guerre l'avait dotée d'une beauté différente, de survivante » écrit joliment Susanna Fortes.



C'est aussi un hommage aux journalistes de terrain qui risquent leur vie pour l'information du plus grand nombre, mais c'est aussi un récit passionnant, émouvant et poétique où le lecteur croise Raphaël Alberti, Ernest Hemingway, autant qu'une version romancée de la vie libre, passionnée et solaire de ces deux amants, une mise en lumière de celle de Gerta dont on ne connaissait jusqu'alors que très peu l'existence. Elle se révèle sous la plume de l'auteur être une femme courageuse, passionnée et passionnante quand le nom seul de Capa était connu autant d'ailleurs que certaines de ses photos dont l'une d'elles, devenue célèbre, représente un milicien espagnol anonyme, fauché par une balle. Capa ne se remit jamais de ce cliché par ailleurs sujet à polémique.



C'est un roman très bien documenté sur cette Guerre civile ( d'aucuns l'ont baptisée « incivile ») qui déchira l'Espagne de 1936 à 1939 et qui annonça la Deuxième Guerre Mondiale. L'auteur mêle donc dans ce travail, la fiction à la réalité. C'est une histoire tragique aussi puisqu'elle se termine par la mort de Gerta, la première femme reporter tuée pendant la Guerre Civile, fauchée à la bataille de Brunete en juillet 1937 à l'âge de 27 ans [« C'est à cet instant qu'elle comprit que toute une vie tenait dans l'éclair d'un millième de firmament, car le temps n'existait pas. »].

Elle qui vivait dans l'espoir d'une victoire des républicains ne vit pas leur défaite. Elle sera enterrée au cimetière du Père Lachaise, en présence de milliers de personnes, son éloge funèbre prononcée par Pablo Neruda et Louis Aragon. Elle ne quittera jamais plus la mémoire de Capa qui s'en voulait de l'avoir abandonnée aux combats meurtriers de l'Espagne. Sa vie à lui est désormais en pointillés, et quand il débarque, le jour J à Omaha Beach avec la première vague d'assaut, il pense aussi à cette mort qu'il a si longtemps défiée. S'il survit, comme par miracle au débarquement et au conflit, c'est en Indochine en 1954, à l'âge de 40 ans que le destin les réunira.



Il se dégage de ce roman une formidable énergie autant qu'un amour de la vie de la part de ces êtres, morts jeunes, que le monde fascinait mais qui n'étaient pas faits pour lui, qui mettaient constamment en balance leur vie sachant qu'ils n'en étaient que les usufruitiers. Ils ont pris des risques pour vivre intensément l'instant, pratiquer l'art de la photo unique qui résume tout, mais aussi pour satisfaire leur idéal d'informer, de témoigner, d'être présents là où il n'y avait personne d'autre, et d'y arriver avant les autres ! Avec eux, la photo est devenue une véritable arme.



L'occasion de ce récit a été inspiré à Susanna Fortes, un peu par hasard à cause de la découverte de négatifs et de clichés de Capa et de Gerta, en 2008, au Mexique. Il a le grand mérite de mettre en lumière la personnalité de cette femme d'exception qui n'était jusque là qu'une silhouette.





© Hervé GAUTIER - Avril 2012.

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Le complot Médicis

Cet ouvrage est bien fait et bien écrit.

L'alternance des chapitres, qui nous transporte tour à tour de l'époque des faits historiques à la période contemporaine de leur relation, est très réussie et ne nuit pas à la compréhension de l'intrigue. Elle y participe même avec le commentaire de la bouche de cette étudiante en thèse et de son tuteur. Ils nous préparent tous deux à la sauvagerie de cette journée d'avril 1478, au cours de laquelle le complot ourdi contre Laurent le Magnifique a trouvé son aboutissement.

J'ai cependant toujours eu du mal à concevoir qu'une conjuration puisse franchir les siècles et trouver un prolongement de nos jours pour nourrir une nouvelle intrigue impliquant nos enquêteurs d'archives. Même si Susana Fortes veut nous persuader du contraire (page 319 – édition 10-18).

Faut-il s'y faire ? C'est en effet de mode. En attestent les volumes à gros tirage sur fonds d'énigme historique que quelques plumes célèbres nous délivrent à grand renfort de promotion. Avec la perspective d'une adaptation cinématographique bourrée d'effets spéciaux propres à entretenir le suspens et susciter l'angoisse.

L'intrigue historique n'était-elle en outre pas suffisamment sulfureuse pour la rehausser du piment d'une aventure amoureuse moderne, entre le maître et l'élève, même si elle est plutôt originale. Je n'en suis pas sûr.

J'ai quand même apprécié cet ouvrage qui ne se contente pas d'une simple relation de faits historiques mais sait faire monter en puissance et mettre en scène la machination sanglante contre les Médicis, en ne tombant toutefois pas dans le piège du cours d'histoire.

L'étude est sérieuse et la documentation fouillée. Le maître et son élève sont plutôt séduisants de par leur originalité.

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En attendant Robert Capa

Ce roman nous entraîne sur les pas de Robert Capa, mais Robert Capa, au départ de cette aventure, était un couple. Ainsi nous découvrons Gerta Taro, jeune exilée allemande à Paris dans les années 30. Elle rencontre alors André Friedman qui l’initie à la photographie. Ensemble ils photographient le Paris de l’avant deuxième guerre mondiale. Dans ce milieu des exilés, ils fréquentent les cercles politiques et intellectuels de ce Paris foisonnant de ces années d’entre deux guerres. Ils travaillent alors ensemble sous le patronyme de Robert Capa, pour plusieurs agences de photo. Dès le début de la Guerre d’Espagne, Gerta et Robert Capa suivent les combats des brigades internationales aux côtés des combattants républicains. Leurs photographies feront alors le tour du monde et resteront des symboles de cette guerre civile. Capa y gagnera une notoriété internationale et Gerta restera dans l’ombre. Elle sera tuée en 1937 lors de combats près de Madrid.

Le roman de Susana Fortes nous raconte cette vie romanesque et décrit très bien le climat politique et intellectuel de cette époque et c’est surtout un bel hommage à cette jeune femme photographe, femme de conviction et de courage.

Il faut ensuite lire le livre de François Maspero, « l’ombre d’une photographe » qui est aussi un beau portrait de cette femme.

L’adaptation de ce roman espagnol au cinéma est prévu prochainement avec Eva Green dans le rôle de Gerta Taro, qui sera, je l’espère, un bel hommage à cette photographe.
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Le complot Médicis

Le Complot Médicis, Quattrocento dans la version originale parue en 2008, a été publié par les éditions Héloïse d'Ormesson en 2014. Le style est fluide, agréable à lire, tout en étant recherché..."L'homme l'observa avec étonnement. c'était un gaillard replet, la tête couverte d'un capuchon en vieux cuir. Il passa un bras par l'ouverture de sa cape usée et lui indiqua la direction à suivre, accompagnant le geste d'une litanie si compliquée que c'est à peine si le garçon en comprit un mot." (Page 22)..."Luca pila de mauvaise grâce le cinabre dans le mortier, le mêla à la poudre d'ocre brûlé comme le lui avait appris son maître, et malaxa le tout avec l'acharnement que l'on met à combattre un ennemi invisible...le gris du ciel et la pierre argentée dans le contre-jour des matins d'hiver, les toits rouges des demeures patriciennes, les coupoles étincelantes, le fleuve dont les reflets cuivrés se diluaient au crépuscule en un brouillard mauve et ténu à mesure que le soleil déclinait..." (Page 123)

Fil rouge: l'histoire du tableau de Masoni la Madonna di Nievole.

L'intrigue:

26 avril 1478. Jour de Pâques. Laurent de Médicis réchappe de justesse à la conjuration des Pazzi.

De nos jours. Ana Sotomayor, étudiante boursière en histoire de l'art, se rend à Florence afin de rédiger sa thèse consacrée à Pierpaolo Masoni, l'un des peintres les plus énigmatiques et les plus talentueux du Quattrocento. La découverte de ses neuf cahiers, certains à peine plus grands qu'un jeu de cartes, dans lesquels le peintre consignait chaque jour le moindre événement, réoriente son axe de recherche: en effet, parmi de nombreuses précisions de toutes sortes, elle y découvre le récit de cette fameuse journée du 26 avril 1478, racontée avec force détails, restituant la violence de l'attentat qui faillit faire basculer le destin de Florence.

Que s'est-il vraiment passé ce jour-là? Qui était dans la confidence de la trahison? Qui est le "troisième homme", fomenteur du complot contre les Médicis, qui avait ordonné de renverser le Conseil, institution dominée par la famille du Magnifique? De tous les Florentins anonymes qui se pressaient pour assister à la messe, combien étaient au courant? Combien dissimulaient une arme sous leurs vêtements? Dans un monde où la religion occupait la place d'honneur, un massacre en pleine cathédrale le jour de Pâques, dépassant en violence et en sauvagerie bien des crimes commis au nom de la religion, a dû avoir un retentissement énorme pour les témoins de l'époque.

Ana se lance alors dans une enquête à rebours sur la trace des commanditaires d'un des complots les plus célèbres de l'histoire italienne, sans se douter que ses recherches vont faire d'elle la cible d'une police parallèle et des hommes de main du Vatican qui souhaitent que certains secrets ne remontent jamais à la surface. A n'importe quel prix...



Florence du XVe siècle: Des descriptions soignées afin de restituer au mieux l'ambiance de la ville: "Via Mattonaia, le garçon salua familièrement Michele di Cione, assis devant son fournil, le visage noirci par la poussière de brique. Les quartiers d'artisans comme celui de Sant'Ambrogio, avec ses gouttières envahies de mauvaises herbes, l'émouvaient profondément, le réconciliaient avec son enfance paysanne. Comprimé au milieu de la foule, il se fondit dans le bouillant vacarme des vendeurs à la criée du marché de gros. Il n'y avait pas de meilleur poste d'observation pour apprendre ce qui se tramait en ville que la piazza del Mercato Vecchio..."(Pages 45-46) =>Avouez que l'on s'y croirait!!

L'art de la mise en scène, dont la maîtrise permet de donner au roman un souffle supplémentaire, faisant vivre au lecteur les émotions des personnages avec plus d'intensité : "Ce fut son regard d'oiseau de proie sous ses paupières mi-closes qui le trahit. Cesare Petrucci, pressentant le traquenard, dégaina sa cinquedea à lame triangulaire et contraignit le jeune prêtre à reculer jusqu'à la porte, sans qu'aucun des soldats de sa suite n'accoure à son secours, car tous se trouvaient pris à leur propre piège dans l'aile nord du palais, dans la salle de la Chancellerie qui protégeait un labyrinthe de chicanes et de portes cadenassées, justement conçu par les architectes pour résister à n'importe quelle attaque." (Page 287)



Le +: la particularité du roman Le Complot Médicis est que son intrigue repose sur la création de l'œuvre la plus controversée de Masoni, La Madonna di Nievole.

L'auteur y fait revivre avec beaucoup de dynamisme et de réalisme un monde aussi beau que cruel, celui de la Florence des Médicis où régnait pouvoir, argent, sombres secrets, intrigues politiques et complots dans le but de les préserver ou les conserver.

Le Complot Médicis se distingue par son érudition passionnante, riche en anecdotes et détails, comme la fabrication des pigments pas les peintres ou leurs apprentis, très bien documenté. Enrichir sa culture générale tout en se divertissant. Pari réussi.
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En attendant Robert Capa

Dans le Paris des années 30, Gerta, une juive allemande, va croiser la route d'André Friedmann, un photographe hongrois de talent, entier et engagé. De leur romance naitra un goût immodéré pour la contestation et surtout pour le témoignage, car c'est à eux deux qu'ils vont créer le célèbre photo-reporter Robert Capa.

Leur histoire, passionnée, tourmentée et flamboyante nous entraîne dans la guerre d'Espagne, sur le front antifasciste...

Une histoire très touchante, l'intégrité des personnages, leur engagement prend souvent à la gorge.

Petit bémol toutefois sur l'écriture : le style de l'auteur, en retraçant l'histoire de ces héros pleins de panache, en devient parfois grandiloquent...peut-être est-ce dû à une traduction maladroite ?

Il serait toutefois dommage de passer à côté de ces vies hors du commun...
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En attendant Robert Capa

Capa était une légende un mythe.

A LIRE !
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Le complot Médicis

Quand une thésarde en histoire de l'art revêt l'imper de détective et se retrouve à faire dangereusement cohabiter la Florence actuelle et celle du XVe siècle. Hantée par "La Madonna di Nievole", un portrait de la Vierge qui renfermerait un terrible secret, Ana Sotomayor retrace le parcours de son auteur, un peintre oublié qui fut témoin direct de la fameuse Conjuration des Pazzi, tentative manquée d'assassinat sur les Médicis qui aboutit à un massacre sans nom en pleine cathédrale florentine. Ça, c'est ce que j'appelle "faire revivre le passé"! J'ai trouvé ce roman historique intriguant et captivant, il transporte. L'écriture est fantastique, par son style et le détail soigné des descriptions, fruit d'un minutieux travail de recherche. Comme un clin d’œil à l'objet central de l'intrigue, l'autrice joue sur les palettes de couleurs pour rendre chaque nuance des environnements dans lesquels évoluent ses personnages contemporains et ceux de la Renaissance italienne. Un livre à mettre entre les mains des démotivés du "Nom de la Rose" et son érudition poussée à l'extrême et ceux allergiques au "Da Vinci Code" et sa sauce à l'américaine.
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En attendant Robert Capa





Gerta Pohorylle et André Friedmann, ça vous dit quelque chose? Non? Et si je vous dis Gerda Taro et Robert Capa? Oui bien sûr, ce sont deux photographes connus. Et pourtant ce sont les mêmes personnes.



Susana Fortes nous donne la clé de ce mystère dans un très beau roman, particulièrement bien documenté. Il commence à Paris en 1933. Gerta, une Juive polonaise fuit Leipzig et la montée de l’antisémitisme avec son amie Ruth Cerf. Ses frères Karl et Oskar sont des militants communistes, comme son fiancé Georg, ce dernier s’est exilé en Italie. Les deux jeunes femmes arrivent à Paris fin 1933 un peu par hasard.



De très nombreux exilés qui fuient l’antisémitisme et/ou le fascisme se retrouvent à Paris, ils fréquentent les cafés de la Rive gauche et de Montparnasse, en particulier le Dôme et le Capoulade qui deviennent des hauts lieux de la gauche et de l’intelligentia en exil, les manifestes se succèdent. Gerta est très active dans ce milieu grâce à sa connaissance des langues étrangères.



Elle travaille comme secrétaire, puis rencontre André Friedmann, un autre exilé. Il l’initie à la photographie et peu à peu elle devient son manager et son grand amour.



Le roman raconte la vie de Gerta de son arrivée à Paris fin 1933 à son décès en juillet 1937 lors de la guerre d’Espagne. Le roman est très documenté et tous les personnages ont vraiment existé. Le point de vue adopté est celui de Gerta. On vit les 4 dernières années de sa vie avec elle. Parfois l’auteur fait intervenir un narrateur qui connaît la fin de l’histoire pour donner un aspect plus dramatique comme par exemple lorsque la mort de David Seymour (Chim) ou de Capa sont décrites alors qu’il mourront en 1947 et 1954.



Gerta est un personnage très attachant, tout comme Robert Capa.C’est une femme moderne et indépendante qui annonce Simone de Beauvoir. J’ai beaucoup aimé l’éclairage donné par l’auteur sur le Paris des années 1930 et la guerre d’Espagne. Comme tout est vrai dans ce roman, on est très proche d’un document, mais il est écrit de façon romanesque. Ce roman permet une plongée dans ces années où le destin de l’Europe a basculé sans retour.



C’est un livre très court, de 240 pages, mais très dense et d’une lecture exigeante.




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En attendant Robert Capa

"Certains gagnent à être connus! Vous serez conquis ou remboursés..."



C'est en lisant cette phrase sur la jaquette du livre que j'ai découvert ce petit bijou.

Promis, c'est le récit qui m'a le plus marquée ces cinq dernières années! Les éditions 10/18 ont gagné leur pari...



Nous sommes en 1935. Le Front Populaire n'est plus très loin! Gerta Pohorylle, Juive allemande, fuit son pays pour la capitale française. Gravitant dans des cercles intellectuels de gauche, elle fait la connaissance d'un certain André Friedmann, Hongrois antifasciste assez vantard mais très séduisant. Photographe passionné, il l'initie à cet art. Tous deux prendront bientôt de fausses identités américaines et deviennent pour la profession Robert Capa et Gerda Taro.

Gerda est jeune, belle, résolument moderne. Elle a décidé une bonne fois pour toute de faire un pied de nez à la société bien pensante et possède un talent inouï pour la photographie; l'élève est sur le point de dépasser le maître. Elle et Capa sont amants. Elle défend ses opinions bec et ongles et partira couvrir la Guerre d'Espagne pour des reportages photos périlleux...



Ce bouquin est un remarquable portrait de femme! Le style est percutant, le récit passionnant et on ne peut qu'être en admiration devant l'audace de Gerda Taro.

A découvrir absolument!!!
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Le complot Médicis

Le Complot Médicis est un livre qui se lit comme un roman policier, qui m'a fait voyager dans une des plus belles villes d’Europe, mais qui nous montre que derrière la beauté, quelque soit l’époque, se cachent la violence, la volonté de pouvoir, la dissimulation, le lucre.
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En attendant Robert Capa

Ce livre me faisait de l'oeil depuis sa sortie, et plus encore après avoir vu l'exposition sur « La valise mexicaine » à l' International Center of Photography en avril. Juive polonaise pour elle et juif hongrois pour lui, Gerta Pohorylle et André Friedmann se sont rencontrés à Paris, victimes tous deux de l'antisémitisme qui les avaient contraints à quitter leur pays. Je suppose que cette rencontre est romancée, mais l'auteur n'en a pas fait trop, pas de coup de foudre immédiat, plutôt un intérêt partagé. André est alors photographe, Gerta vit de petits boulots, partage une colocation avec une amie, pense à son ami Georg parti en Russie. Ils fréquentent les mêmes cercles de réfugiés politisés et finissent par se rapprocher l'un de l'autre. Gerta devient une sorte de manager pour le photographe, lui trouve le nom de Robert Capa, le faisant passer pour un américain fantasque, génial photographe, et cela marche. Elle se laisse aller aussi tà la tentation de regarder au travers de l'objectif, et suit celui qui est devenu Robert, ainsi que son ami Chim, en Espagne, où ils vont couvrir la guerre civile aux côtés des républicains… Barcelone, Madrid, Cordoue, Tolède, Valence seront leurs étapes. C'est là qu'ils feront des clichés très émouvants pour ce conflit publiés dans les magazines Life, Vu ou Regard.

Un très beau sujet que ce très jeune couple de photographes engagés dans la guerre, les personnages sont attachants malgré ou grâce à leurs défauts, l'égoïsme de Robert Capa, l'orgueil de Gerda Taro. J'ai dévoré ce roman sans reprendre mon souffle ou presque. Et pourtant, après coup, un léger sentiment d'insatisfaction dû au style de l'auteur qui ne me convient pas totalement, avec sa manière d'alterner les phrases très courtes et les paragraphes plus lyriques. de même, les passages bien documentés sur les exilés parisiens, le photojournalisme, la guerre d'Espagne, se mélangent avec ce qu'il faut bien qualifier de romance. Bref, tout cela manque un peu d'unité, mais ce n'est que mon avis, et d'autres le trouveront sans doute très bien écrit.

Si vous aimez cette époque historique, les biographies romancées ou la photo, je vous suggère de vous faire votre avis par vous-même à l'occasion !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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