Avoir recours à une mère porteuse est sans doute la forme de procréation la plus questionnante. La représentation d'une mère qui se sépare de son nouveau-né à sa naissance pour le confier à d'autres personnes évoque des images d'abandon douloureux. Or, dire que la gestation pour autrui est d'office plus pathogène qu'une autre forme de procréation est précoce car nous n'en savons tout simplement rien à l'heure actuelle. Du reste, la problématique de la mère porteuse va bien au-delà de l'homoparentalité et rejoint plus globalement la question de l'instrumentalisation du vivant.
Vu le "parcours" nécessaire pour avoir un enfant, en tant qu'homosexuel, on peut supputer à quel point ces enfants sont désirés. [...] Si un homosexuel a affronté autant de difficultés et d'hésitations et qu'il a finalement fait le choix de la paternité en surmontant tous les obstacles que cela suppose, il est très probablement disposés à s'impliquer fortement dans ce projet familial et de rester même au-delà des conflits familiaux éventuels.
Lorsqu'un enfant demande à ses parents, tous deux du même sexe, d'où il vient et comment il a été créé, que vont-ils raconter à l'enfant ? D'après les recherches cliniques menées jusque-là, la plupart des couples d'homosexuels racontent à l'enfant la vérité, à savoir les circonstances de sa conception : le recours à un donneur, à une mère porteuse, etc.
La sexualité de l'adulte, qu'il soit hétérosexuel ou homosexuel, reste sous-tendue par l'infantile, c('est-à-dire par le potentiel ("polymorphe-pervers") de "tout faire", au moins dans les fantasmes. Il est donc impensable, sauf en cas de psychose, qu'un adulte n'"implante" pas, entre autres, l'idée d'un coït fécond hétérosexuel dans l'enfant.
Il est important de signaler que la recherche sur l'homosexualité et l'homoparentalité risque également de se voir stigmatisée. [...] La situation commence doucement à s'améliorer, mais chaque chercheur est interrogé sur le choix de sa recherche et doit se justifier, à l'instar des homosexuels et de leurs enfants.
... d'un point de vue psychanalytique, on n'est pas étonné que l'enfant de parents homosexuels soit capable de faire la différence des sexes, qu'il n'ait pas de troubles d'identité sexuelle et qu'il ne soit pas plus "préformé" dans son orientation sexuelle qu'un enfant avec des parents hétérosexuels.
Le problème pour un enfant de parents homosexuels est que chaque signe de souffrance ou de trouble dans son parcours risque d'être attribué au fait que ses parents soient de même sexe. Tout signe d'"anormalité", de comportement marginal, écorne l'image de la famille homoparentale.
La question du deuil de l'ancien couple est donc aussi fondamentale que complexe et l'attitude du père en dépendra. Or si ses affects liés à la séparation sont encore très vifs, il se peut que le couple recomposé ne vive pas sur la même longueur d'ondes, pas dans le même "temps psychique": temps du détachement, du renoncement pour le père dans notre contexte; temps de découverte du passé familial, de l'assimilation pour la belle-mère. Si le décalage de ces temps différents entre homme et femme est trop important, les malentendus risquent de se multiplier [...]
L'expérience clinique révèle que beaucoup de couples homosexuels cherchent ) entourer leurs enfants de "parrains" et de "marraines" justement pour qu'ils aient des repères quant aux différences des sexes.
La "coparentalité" est une formule de parentalité par laquelle une femme et un homme s'associent pour donner la vie et élever un enfant, sans pour autant former un couple ou vivre en commun. [...]
Quant à la vie quotidienne de l'enfant, la coparentalité est une constellation proche de celle des familles recomposées à la suite de divorce et/ou de remariage : l'enfant vit entre deux foyers, sauf qu'il n'a pas vécu de séparation douloureuse antérieure.
[...] ... aucune législation n'encadre une telle constellation familiale.