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Citation de LydiaB


J'avais envie de rester seule avec lui, même seulement une minute. Les autres le sentirent et chacun inventa une excuse pour sortir dans le couloir. Alors je l'enlaçai et l'embrassai. Il s'écarta :

- Ne t'assieds pas près de moi. Prends une chaise.
- Mais ce n'est rien. (Je fis un geste de dérision avec le bras.) As-tu vu où s'est produite l'explosion ? Qu'est-ce que c'était ? Vous étiez les premiers à arriver...
- C'est certainement un sabotage. Quelqu'un l'a fait exprès. Tous nos gars sont de cet avis.

C'est ce que l'on disait alors, ce qu'on pensait.
Le lendemain, à mon arrivée, ils étaient déjà séparés, chacun dans sa chambre. Il leur était catégoriquement interdit de sortir dans le couloir. D'avoir des contacts entre eux. Ils communiquaient en frappant les murs : point-trait, point-trait... Les médecins avaient expliqué que chaque organisme réagit différemment aux radiations et que ce que l'un pouvait supporter dépassait les possibilités de l'autre. Là où ils étaient couchés, même les murs bloquaient l'aiguille des compteurs. A gauche, à droite et à l'étage en dessous... On avait dégagé tout le monde et il ne restait plus un seul malade... Personne autour d'eux. Pendant trois jours, je logeai chez des amis, à Moscou. Ils me disaient : Prends la casserole, prends la cuvette, prends tout ce dont tu as besoin... Je faisais du bouillon de dinde, pour six personnes. Nos six gars... Les sapeurs-pompiers de la même équipe... Ils étaient tous de garde cette nuit-là : Vachtchouk, Kibenok, Titenok, Pravik, Tichtchoura. Au magasin, je leur ai acheté du dentifrice, des brosses à dents et du savon. Il n'y avait rien de tout cela à l'hôpital. Je leur ai aussi acheté des petites serviettes de toilette... Je m'étonne maintenant du comportement de mes amis : ils avaient sûrement peur, ils ne pouvaient pas ne pas avoir peur, des rumeurs circulaient déjà. Et pourtant, ils me proposaient quand même : Prends tout ce qu'il te faut. Prends ! Comment va-t-il ? Comment vont-ils tous ? Est-ce qu'ils vivront ? Vivre... (Silence.)
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